A 8675 Fort d’artillerie de Bühl – Andermatt – Uri – Suisse

Le fort, construit en 1892, a été utilisé comme installation de combat jusqu’en en 1947 et est maintenant utilisé comme base logistique de l’armée.

Après 1882, le poste de contrôle de Schöllenen est doté d’une vingtaine d’objets défensifs dans le cadre des nouvelles fortifications du Gothard et est continuellement modernisé pendant plus de cent ans. Le barrage comprend, entre autres, le fort Bühl, la cabane en rondins de Brückwaldboden à 1504 m d’altitude. Au-dessus des gorges de Schöllenen, un mur de granit est construit comme obstacle d’infanterie devant le fort Bühl, la caserne de guerre de Bühl et la galerie de flanquement d’Altkirch. Le fort Bühl est situé exactement au-dessus du tunnel du Saint-Gothard, 320 m plus bas. Le tunnel routier du Saint-Gothard, ouvert en 1980, est situé à environ 400 m à l’ouest. La barrière de Schöllenen est un monument historique militaire d’importance nationale

La commission de fortification, en tant que planificateur de la zone centrale de la forteresse du Gothard, a exigé la fortification de la colline sur le côté gauche de la montagne afin de bloquer l’accès d’Andermatt par les gorges de Schöllenen. La sécurité doit être assurée non seulement par des batteries d’artillerie, mais également  par des forts. Le fort Bühl devait être construit selon un nouveau concept, selon lequel toutes les armes et pièces étaient construites dans une tête de rocher, la maçonnerie construite comme protection dans les forts précédents n’était plus nécessaire.

En 1888, un pont sur la Reuss fut construit comme point d’accès. En 1890 les aménagements intérieurs, l’installation des portes définitives au-dessus de l’Urnerloch et au-dessous du Teufelsbrücke ainsi que la coquille de la Flankiergalerie Altkirch ont eu lieu. En 1892, le fort a été achevé.L’oouvrag de Bühl-Altkirch était exploitée par la brigade de forteresse 23 (jusqu’en 1951) et la compagnie d’artillerie de forteresse 13. Le but était principalement de bloquer la gorge des Schöllenen de l’Urnerloch au Teufelsbrücke. Le premier armement était deux tourelles blindées, chacune avec un canon de 12 cm (jusqu’en 1951) un support avec deux mortiers de 12 cm, qui ont été remplacés en 1903/04 par deux obusiers automoteurs de 12 cm modèle 1891 (jusqu’en 1951) trois Fahrpanzer de 5,3 cm (canons à tir rapide avec tourelles blindées rétractables modèle 1887,) deux canons en bronze de 8,4 cm dans une caponnière deux tourelles d’observation blindées rotatives, canons de 12 cm 1882 en tourelle blindée, canons de 12 cm 1882 dans la tourelle de char. En remplacement de l’ancien logement dans le tunnel d’accès, la caserne militaire Bühl  avec 340 lits derrière le fort Bühl en direction de Schöllenen a été construite pour l’artillerie de la forteresse en 1897/1901. Il avait une caponnière et un tunnel direct conduisant directement au fort. Dans les mêmes années, la caserne d’Andermatt (dite caserne de la paix) avec 400 lits pour l’entraînement de l’infanterie et de l’artillerie de position a été construite. De 1940 à 1991, un laboratoire de l’armée B a été exploité dans le Teufelswand L’armée utilise toujours ces constructions et il est impossible d’obtenir de visiter ces installations.

A8682 Fort d’artillerie de Stöckli –Uri – Suisse

Le Fort Stöckli faisait partie des fortifications du Gothard. Il est situé au nord d’ d’Andermatt à une altitude de 2400 m d’altitude. A l’époque, à la fin du 19ème siècle, il est l’un des ouvrages fortifiés les plus hauts d’Europe.

Sa construction a débuté en 1893. Ce fort faisait partie d’un concept défensif qui créait la « citadelle » d’Andermatt et couvrait le col de la Furka, le col de l’Oberalp et le col du Gothard.

Le fort Stöckli a constamment été modernisé, particulièrement durant la 1ère guerre mondiale.

En 1947 la décision de l’abandonner fut prise car il était obsolète. Il demandait un entretien constant en raison des conditions météorologiques.

Il fut encore utilisé comme cantonnement durant quelques années.

Au début, le fort comprenait une caserne et un abri avec un mur et des meurtrières ainsi que des tranchées défensives et des casemates de flanc. Un abri pour projecteur fut installé en 1915 ainsi qu’une galerie de fusiliers de 200 m de long recouvert de dalle de granit.  Des casemates  pour mitrailleuses et des emplacements permanents pour les batteries de position.  Il était équipé de canons de 12 cm.

En 1905, une station expérimentale pour la télégraphie sans fil fut installée à proximité du fort.

Il vaut la peine de visiter cet ouvrage (malheureusement en voie de se dégrader faute d’entretien !) si vous passez dans cette région. Il est atteignable par une route qui part de la liaison Andermatt-Col de l’Oberalp et conduit au plateau du Gütsch (qui est truffé de constructions militaires). Une petite marche de ¼ d’heure vous conduira au fort Stöckli.

A6020 Ouvrage d’artillerie de Magletsch – -St Gall – Suisse

Le fort d’artillerie de Magletsch (“le marteau”), a été construit durant  la deuxième guerre mondiale. Il constitue la pierre angulaire de la forteresse de Sargans.   La mission prioritaire du fort d’artillerie de Magletsch est la couverture du Rheintal, de Wildhaus à Feldkirch.

L’étage supérieur de l’ouvrage a été en partie terminé à la fin octobre 1940. L’infirmeriea été achevée en 1943. Compte tenu des arrivées d’eau, la totalité des galeries de 3,8 km a été bétonné..

L’armement principal comprend trois tourelles de 10,5 cm 39 L 52 et quatre canons 7,5 cm (supprimés dans les années 70), ainsi que dix mitrailleuses et lance-mines.  Dans les années soixante, deux lance-mines de forteresse 8,1 cm ont été ajoutés. La puissance de feu de Magletsch était particuièrement importante.

L’ouvrage a été conçu pour 381 hommes. Deux citernes contenaient 1.6 millions de litres d’eau potable. Trois groupes électrogènes fournissaient l’énergie électrique à l’ouvrage. Deux citernes à carburant contenaient 100’000 litres de mazout. Une puissante installation de ventilation et de filtration assurait la pureté de l’air dans l’ouvrage. Un central téléphonique équipait également l’ouvrage. Il était aussi doté d’une boulangerie, d’une blanchisserie et d’un hôpital de 70 lits.

Armement

3 tourelles avec canon de 10,5 cm
4 canons 7,5 cm (supprimés dans les années 70)
8 mitrailleuse Mg 51
2 position pour lm de 8,1 cm
2 lm de forteresse de  8,1 cm
Divers postes d’observation

Installations extérieures:

positions de DCA

abris d’infanterie

Équipage

Équipage 370 hommes

 

 

PC Brig frontière 6 – Zürich – Suisse

Une grange en bois à la lisière de la forêt : c’est l’entrée du PC de la Brigade frontière 6. Dès la porte franchie, on emprunte un long tunnel de 300 m qui conduit à l’intérieur de l’ouvrage, après avoir franchi des portes blindées, un sas de décontamination, des douches de décontamination. A la fin du tunnel, nous sommes à 50 m sous terre. L’intérieur de l’ouvrage (des bâtiments construit dans une grotte) comporte deux étages. Là, le tunnel débouche sur plusieurs étages avec des locaux abritant la salles des machines, les bureaux, les dortoirs, une cuisine et des sanitaires. C’est une maison construite dans la roche, recouverte de béton solide.

Axé sur frappe nucléaire
L’ouvrage à l’entrée du village tranquille est construit dans les  années 1961/62. Il est le le poste de commandement de l’ancienne brigade frontière 6. C’est le système de commandement le plus important pour la défense du Canton de Zurich à partir de la période de la guerre froide

Il a sa propre production d’électricité et est relié à l’égout. Il possède une ventilation, une déshumidification et des moyens modernes de communication.  Le bunker peut accueillir 100 personnes et a été construit si solidement qu’il résiste à une bombe nucléaire de cinq mégatonnes et également à des attaques d’armes chimiques. Dans l’ouvrage des troupes pourraient, en cas d’urgence,  rester pendant de longues périodes.
Une sortie de secours abouti dans la foret qui recouvre l’ouvrage.
Autour du poste de commandement, l’armée a creusé de nombreux petits refuges nucléaires dans le sol à partir de laquelle les troupes pouvaient, en cas d’urgence, défendre ce centre névralgique. Depuis le milieu des années 90, le système n’est plus nécessaire. Les autorités ont tout de même gardé l’ouvrage fonctionnel.

Précieuse infrastructure
Dans les bureaux, cartes, tableaux muraux et des affiches sur ce qu’il faut faire en cas d’attaque nucléaire Les parois des compartiments de l’équipage sont ornées de peintures de batailles des confédérés.

8685 Fort d’artillerie de Gütsch  – Uri – Suisse

Lieu Près d’Andermatt
Type d’ouvrage Fort d’artillerie de montagne
Construction 1941-42
Matériaux utilisés Creusé dans la roche, béton, acier
Utilisation 1942-1995
Effectifs 300

La forteresse de Gütsch était un ouvrage d’artillerie près de la commune d’Andermatt dans le canton d’Uri. Elle fut construite en 1942 au plus fort de la Seconde Guerre mondiale à une altitude de 2 300 m sous le vieux fort Stöckli. La forteresse peut être atteinte par la route derrière Nätschen ou avec le téléphérique de Göschenen.

Les fortifications de Gütsch et ses canons sur tourelles jouaient un rôle essentiel de défense de la région d’Andermatt. Construit pour la 9e Division en tant que substitut partiel au Fort Stöckli et à l’armement obsolète des forts Bäzberg et Buhl, le fort fut déclassé en 1995 ; il est maintenant le site d’une station météorologique et d’un parc éolien.

Description

La construction de la forteresse a débuté en août 1941 et s’est achevée en octobre 1942. Le fort était devenu pleinement opérationnel en juin 1944, après la finition des travaux intérieurs. La forteresse logeait 300 soldats.

Les remparts pour armes à feu individuelles datent de la Première Guerre mondiale et servaient à protéger le fort Stöckli. De nombreuses positions et des abris furent créés pour la défense anti-aérienne. Le travail a été complété par deux positions de tir vers le col de la Furka ou le col du Lukmanier. Des abris supplémentaires furent ajoutés durant la guerre froide.

L’armement se composait de :

  • trois tourelles blindées avec canons de 10,5 cm avec une vue sur 360 degrés et une portée de 22 km ;
  • trois casemates doubles avec cinq mitrailleuses (MG 11, puis MG 52) et des fusils-mitrailleurs pour la défense extérieure;
  • Plusieurs canons de 20 mm assuraient la défense antiaérienne.

Plus tard, une batterie de 2 pièces de 15,5 cm Bison fut installée a proximité de l’ouvrage. Actuellement, ces deux pièces sont démontées.

 

A8860 Fort d’artillerie de Bäzberg – Uri – Suisse

Fort Bäzberg avec trois canons sous tourelle et le casernement.

Le fort Bäzberg, en tant qu’artillerie (A8860), faisait partie des fortifications du Saint-Gothard dans la région d’Andermatt et en 1892, avec le fort Bühl à son pied, il fut l’une des premières œuvres rupestres d’Europe. Le fort, construit en 1892, a été utilisé comme installation de combat jusqu’en 1947 et a servi d’hébergement de montagne jusqu’en 2017.

Avec l’achèvement du premier tunnel du Saint-Gothard en 1882, l’importance de l’axe du Saint-Gothard et le besoin de sécurité militaire ont augmenté. La construction de la forteresse a commencé dans la région d’Airolo et sur le col du Saint-Gothard et s’est poursuivie dans la région d’Andermatt des deux côtés de la gorge de Schöllenen. Vers la fin du 19ème siècle, les trois ouvrages d’artillerie Fort Stöckli, Fort Bühl et Fort Bäzberg ont été construits.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’ouvrages d’artillerie du Gütsch a été constgruit et pendant la guerre froide. L’accès se fait par la route ou par le téléphérique militaire de Schöllenenschlucht La station d’arrivée se situe à 1850 m d’altitude.

Le fort du Bätzberg devrait servir de sécurité accrue avec son artillerie de grandeä capacité. Tout comme la forteresse Motto Bartola sécurisait le fort Airolo à Airolo, le fort Bäzberg était censé couvrir le fort Bühl, 400 mètres plus bas, depuis sa position élevée. Pour ce faire, une route d’accès complexe de quatre kilomètres a dû être construite. La construction de la route a commencé en 1889, la construction du fort en 1890.. En 1892, l’ouvrage était terminé. Dans les années suivantes, les locaux et l’armement ont été agrandis et améliorés. Après 1903, une batterie annexe permanente a été installée à l’extérieur de l’ouvrage qui pouvait atteindre le fond de la vallée entre Andermatt et Hospental.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le téléphérique militaire Z316 a été construit entre le Schöllenenschlucht (entrée de Teufelswand) et le Bääzberg. La station de montagne se trouve à côté de la caserne extérieure et est reliée au fort Bäzberg par un long tunnel.

Mission et armement

Le but de l’installation était principalement de bloquer le Schöllenen Engnis de l’Urnerloch au Teufelsbrücke.

Premier armement avec ajouts de 1902/1903:

  • trois tourelles blindées, chacune avec un canon de 12 cm
  • quatre 5,3 cm-Fahrpanzer (canons à tir rapide avec tourelles blindées rétractables modèle 1887)
  • deux tourelles d’observation blindées rotatives.
  • trois canons de 8,4 cm sur les supports de pivot central dans la batterie annexe
  • En 1951, l’artillerie obsolète et les tourelles blindées menacées d’attaques aériennes sont remplacées par deux lance-mines forteresse de 12 cm. C’est la raison pour laquelle l’ouvrage ne fut pas abandonné beaucoup plus tôt.

Bâtiments complémentaires

Position de la batterie Fleuggern

  • De 1911 à 1913 se trouvaient à 1900 m d’altitude, à 600 mètres au sud-ouest du fort Bäzberg, deux positions de demi-batterie pour quatre canons de position de 12 cm visant le col du Gothard ont été créées.
  • Position d’artillerie permanente du Fleuggern avec abri A 8656
  • Positions de batterie Rosmettlen 1911/1912 était à 2100 m au-dessus du niveau de la mer, au nord-ouest de Hospental. Cette positionn était occupé deux demi-batteries, chacune avec deux canons de position de 12 cm, et une position arrière pour une autre demi-batterie avec deux canons, tirant dans la direction Furkapass. Le poste a été doté d’abris, de magasins et de sept bâtiments d’hébergement.
  • Position d’artillerie permanente Rossmettlen avec abris A 8651/8653
  • Cabane en rondins Brückwaldboden construite en 1890/1891 à 1405 m d’altitude, pour sécuriser la route d’accès, un énorme blockhaus de deux étages avec des embrasures de tir pour fusil a été ajouté en 1891 dans trois courbes de la Bäzbergstrasse.

Actuellement, l’ouvrage n’est plus entretenu, les lance-mines de 12 n’étant plus en fonction.

 

A8630 Ouvrage d’artillerie Fuchsegg – Col de la Furka – Suisse

L’ouvrage d’artillerie de forteresse de Fuchsegg se trouve au-dessus de la vallée d’Urseren Realp. Die Festung liegt auf einer Höhe von rund 1990 m. La forteresse se trouve à une altitude d’environ 1990 mètres., ,,,.,, facie.

Son équipage comprenait: une section d’artillerie, une section protection d’ouvrage, une section d’infanterie de forteresse (défense extérieure) et une section de commandement.

La particularité de cet ouvrage est qu’il possède une boulangerie.

Le crédit de 7,3 millions (de l’époque) de francs suisses a été approuvé le 7 décembre 1940.

La planification initiale comprenait 285 hommes et trois tourelles blindées, plus tard une quatrième tourelle blindée a été ajoutée. Des systèmes de défense rapprochés étaient bien entendu également inclus. L’emplacement final à Fuchsegg a été déterminé en juillet 1941.

La construction de la forteresse de Fuchsegg a commencé le 1er septembre 1941. Le programme de construction prévoyait la construction des tourelles blindées et des magasins de munitions d’abord, puis la défense rapprochée et les obstacles, et seulement à la fin les logements et les installations techniques (y compris la boulangerie) pour la fin de 1943.

Les deux premières tourelles blindées de 10,5 cm furent installées le 10 février 1943 (toujours sans les tunnels souterrains pour le réapprovisionnement en munitions), la deuxième paire de tourelles blindées fut installée le 8 juillet 1943. La forteresse était définitivement prête à être utilisée à l’automne 1945.

Douze canons antiaériens de 20 mm ont été mis en place pour la défense aérienne et par crainte d’atterrissages aériens, ce qui a entraîné 120 hommes supplémentaires dans l’installation.

Le coût des travaux de construction s’est élevé à 15,4 millions de francs suisses de l’époque.

Ce fort était connu pour avoir beaucoup d’humidité. Les sols étaient presque toujours mouillés.

Il a été déclassifié en 1995 puis fermé et vidé.

 

 

L’A4b… la version ailée du V2 – Allemagne

La fusée expérimentale A4b était une évolution optimisée de la fusée A4 (mieux connue sous son nom opérationnel de V2). Il s’agissait en fait d’une fusée A4 équipée d’ailes et d’un nouveau système de propulsion beaucoup plus puissant. Sa portée, deux fois supérieure à celle du V2 classique, en faisait une arme idéale pour effectuer des frappes de harcèlement stratégique à longue portée, sur des cibles éloignées de 450 à 650 km. Une fois mise au point, les nazis projetaient de la produire en série et de la substituer aux A4 (V2) pour les tirs opérationnels stratégiques, de façon à élargir la liste des objectifs potentiels et à compenser le recul de la Wehrmacht. Il était prévu d’équiper l’A4b de la même tête militaire que celle du V2 : une ogive d’une tonne renfermant une charge explosive de 750 kg d’Amatol 60/40.

Le projet « A4b », élaboré au Centre expérimental de Peenemünde par l’équipe du Dr. Wernher von Braun, faisait partie d’un programme beaucoup plus vaste visant à optimiser et à accroître les performances de l’A4 / V2. Ce programme ultra secret était si sensible qu’il fut classé « Reichssache », le plus haut degré de confidentialité existant au sein du IIIe Reich. Absolument rien ne devait transpirer et seuls quelques hauts personnages triés sur le volet étaient officiellement au courant de ces recherches. Parmi eux figuraient Hitler, Himmler et Albert Speer. Pour leurrer les services de renseignement alliés, tout ce qui touchait à ce programme fut camouflé sous la désignation commerciale EMW, pour Elektrische Motor Werke.  Plusieurs pistes furent explorées en parallèles et les recherches furent menées dans deux directions différentes : l’une visait à augmenter considérablement la portée du V2 pour pouvoir frapper des cibles de plus en plus éloignées : elle donna successivement naissance aux projets de missiles-fusées A4b, A9 et A10. L’autre cherchait à développer des engins-fusées utilisant des types de carburants plus performants, plus faciles à fabriquer et à utiliser que l’oxygène liquide et l’alcool : elle donna naissance aux projets A6 et A8, des engins-fusées de reconnaissance stratégique à très grande-vitesse et à longue distance.

Le concept de l’A4b répondait avant tout au premier but, mais il servit également à explorer le second. Chronologiquement, il fut le premier à voir le jour (dès 1940 ) et fut mené parallèlement à la conception de l’A4. De tous les projets de développement imaginés sur la base de l’A4, il  fut le seul qui déboucha sur des tirs d’essai avant la chute du Reich.

Historique de l’A4b

Initialement, le concept du V2 ailé fut référencé A9 par l’équipe de Peenemünde. Ce n’est qu’en 1944 qu’il fut rebaptisé tardivement A4b (voir plus bas). Les études pour concevoir une version ailée et boostée de la fusée à carburants liquides débutèrent dès 1941. Elles furent menées parallèlement au développement de la fusée stratégique A4 (rebaptisée plus tard V2) et progressèrent sans incident jusqu’au mois d’octobre 1942. Suite aux nombreux problèmes techniques rencontrés avec l’A4 lors des premiers tirs d’essai à Peenemünde – qui montraient à l’évidence que la fusée n’était pas au point – , le général Dornberger décida en octobre 1942 de geler le programme A9 (jugé non prioritaire) pour concentrer toutes les compétences techniques sur  la mise au point de l’A4.

Le projet du V2 ailé fut donc stoppé durant une année et demie. Il ne reprit, avec une équipe réduite, qu’en juin 1944, lorsque la A4 put enfin être déployée sous la désignation opérationnelle de V2, après élimination des défauts de jeunesse. C’est à ce moment que le projet A9 fut rebaptisé A4b, pour le distinguer du projet de fusée de bombardement à longue distance (A9) qui en était une émanation directe, et du missile à deux étages A10 (d’où une certaine confusion dans l’esprit de certains chercheurs qui mélangent les projets !). Pour la clarté du discours, nous n’utiliseront plus que la désignation A4b pour désigner la version ailée, la version standard non ailée étant appelée A4 (ou V2).

Pour accroître la portée de l’A4, l’équipe de von Braun joua sur deux tableaux complémentaires : d’une part en modifiant la configuration générale de la fusée pour accroître la durée du vol (ajout d’ailes) ; d’autre part en augmentant la puissance du moteur-fusée en utilisant de nouveaux propergols expérimentaux. Dès 1941, von Braun mena ainsi des expériences au banc d’essai n° II de Peenemünde avec l’objectif d’augmenter la poussée du moteur de 25’200 kgp à 30’240 kgp. Pour la première fois le VISOL, un mélange 50/50 de benzol et de pétrole, fut utilisé comme comburant, en combinaison avec un nouvel oxydant, le SALBEI (95% d’acide nitrique et 5 % d’acide sulfurique). Ces nouveaux propergols, remplaçant l’alcool et l’oxygène liquide traditionnels de l’A4, offraient des potentialités nouvelles. Les tirs statiques effectués au banc d’essai n° II montrèrent que la pression dans la chambre de combustion augmentait jusqu’à 40 atmosphères et une vitesse d’éjection des gaz de 2310 mètre / seconde fut atteinte. Avec de telles vitesses au sortir de la tuyère, la A4b pourrait atteindre 7’290 km/h en fin de poussée, à environ 80’000 mètres d’altitude (contre seulement 5’400 km/h pour la A4 (V2) classique brûlant de l’alcool et de l’oxygène liquide. Wernher von Braun espérait même pouvoir atteindre des vitesses d’éjection des gaz de l’ordre de  3’000 mètres / seconde, en utilisant un autre mélange brûlant de l’oxygène et de l’hydrogène liquide. Il avait raison, mais ce concept avancé en propulsion n’a été réalisé avec succès par les Américains qu’au début des années 1960 avec le moteur Atlas-Centaure et les étages supérieurs de la fusée Saturne.

Parallèlement aux travaux menés pour améliorer la propulsion, les ingénieurs de Peenemünde cherchaient également à augmenter la portée du missile en modifiant la configuration même de la fusée. Dès 1940, bien avant le premier vol de l’A4 /V2, les ingénieurs avaient suggéré que la vitesse d’impact du missile (environ 875 mètre / seconde) et l’énorme énergie cinétique qui en résultait pouvaient être mieux utilisées pour augmenter la portée. Ceci devait être réalisé en dotant le missile de surfaces ailées autorisant une trajectoire aérodynamique avec des ondulations. Une fois parvenue à l’apogée de sa trajectoire balistique, après arrêt du moteur-fusée, l’ajout de surfaces portantes permettait à l’A4b de planer dans les couches supérieures de la haute-atmosphère au lieu de replonger directement vers le sol. L’A4b utilisait ainsi l’accélération acquise pour prolonger sa durée de vol et entamer sa descente selon un angle d’incidence beaucoup plus faible. D’où un accroissement notable de la portée qui passa à 450  km en utilisant le moteur classique de l’A4 et même à 650 km en utilisant les nouveaux propergols VISOL et SALBEI. Soit le double de la distance d’une fusée A4 / V2… Pour obtenir ce gain de distance, des ailes en forte flèche profilées pour le vol supersonique furent conçues. Il n’existait alors aucune réalisation équivalente au monde dans ce domaine et une longue série d’essais en soufflerie fut nécessaire en août 1944 pour valider le dessin de la voilure.

Pour accélérer la mise au point du missile, il fut décidé d’effectuer les premiers tests en vol avec une fusée A4 équipée d’ailes, mais dotée d’un moteur classique à oxygène liquide et alcool.

Le 27 décembre 1944, un premier prototype ailé de l’A4b fut tiré du pas de tir n° X de Peenemünde, mais le système de guidage tomba en panne presque aussitôt, déstabilisant la trajectoire de la fusée. Une seconde tentative effectuée du même pas de tir le 8 janvier 1945 se solda par un nouvel échec, dû cette fois à un défaut de la structure. Mais le 24 janvier 1945, un troisième prototype A4b fut lancé avec succès et passa sans difficulté le mur du son. Il atteignit une vitesse finale de 1320 mètres/seconde (4752 km/h) à une altitude de 80’000 mètres… von Braun tenait enfin son missile optimisé ! La chute rapide du IIIe Reich ne permit toutefois pas de procéder à d’autres lancements. Quelques semaines plus tard, von Braun et Dornberger évacuaient Peenemünde pour échapper à l’avance des Soviétiques, emportant avec eux ou détruisant le matériel et les documents sensibles. Le concept de l’A4b ailée, presque abouti, resta donc à jamais inachevé…

La A4b piloté…mythe et réalité

On trouve parfois mention d’un vague projet de fusée A4b pilotée, mais cela demeure généralement flou et les informations éparses sont souvent contradictoires, quand elles ne résultent pas d’une évidente confusion entre les différents projets développés à Peenemünde. Disons le d’emblée : il s’agit d’un mythe sans aucun fondement : à aucun moment, les Allemands n’ont envisagé de produire en série et à grande échelle une fusée A4b intégrant un poste de pilotage. L’A4b était un missile ailé à longue portée, radio-contrôlé à distance et dont le guidage reposait sur un système complexe de gyroscopes et d’accéléromètre intégrateur. C’était une sorte de super-V2 optimisé et équipé d’une voilure, mais rien de plus…

En revanche, il est vrai que von Braun a effectivement envisagé d’équiper un exemplaire A4b d’un poste de pilotage et d’un train d’atterrissage, mais dans un but purement scientifique. Cet engin d’essai unique, à vocation purement expérimental, fut officiellement désigné A7. Il était prévu de le construire à un seul exemplaire, et de l’utiliser à Peenemünde pour récolter en vol et ramener au sol de précieuses données scientifiques (mesures de vitesse, de portée, d’accélération, de trajectoire…). L’intention de von Braun était de créer ainsi une base de données scientifique fiable, susceptible d’être exploitée pour la conception du futur missile continental A9 et pour le missile transcontinental à deux étages A10. La fin de la guerre ne permit pas de concrétiser ce projet. Voilà pour la réalité historique…

 

Caractéristiques de la fusée  EMW  A4b :

 Type                              projet de missile stratégique ailé destiné à remplacer l’A4 (V2).

Concept                        fusée A4 équipée d’ailes en flèche et d’un nouveau système de propulsion

Masse                            16 260 kg en charge

Envergure                     3,50 m avec les ailes

Hauteur                         14,20 m

Propulsion                     moteur-fusée EMW de 32’000 kg de poussée

Ogive tactique              1 tonne (similaire au V2)

Charge explosive          750 kg d’Amatol 60/40 (similaire au V2)

Système de guidage      gyroscopes, accéléromètre intégrateur, équipement radio-contrôlé.

Comburant                    VISOL (mélange d’éther  viniléthylique et d’aniline).

Oxydant                        SALBEI (95 % acide nitrique avec 5 % d’acide sulphurique)

Catalyseurs                   T-Stoff et Z-Stoff actionnant la pompe d’injection du moteur

Vitesse espérée             7 290 km/h avec le VISOL et le SALBEI

5 400 km/h avec l’oxygène liquide et l’alcool standards

Portée                            450 km avec le moteur-fusée à alcool et oxygène liquide

650 km avec les nouveaux propergols VISOL et SALBEI

LE POLYGONE DE TIR « HEIDELAGER » DE BLIZNA – POLOGNE

Jusqu’à la mi-été 1943, tous les essais de tir de la fusée A4 furent réalisés au-dessus de la Baltique, à partir du pas de tir n°VII de Peenemünde. Le bombardement massif du centre de recherches par la R.A.F. dans la nuit du 27 août 1943 n’eut pas de graves conséquences pour le développement du V2 et n’entraîna qu’un retard de quelques semaines dans le développement du missile. On dénombra surtout des pertes humaines, mais les installations techniques ne subirent que des dégâts mineurs.  Ce raid aérien (opération « Hydra ») montra toutefois que Peenemünde n’était pas à l’abri des bombardements et que les Britanniques soupçonnaient qu’il s’y tramait quelque chose, même s’ils ignoraient la nature exacte des recherches qui y étaient menées. Craignant d’autres raids, le général Dornberger ordonna malicieusement de ne pas réparer les dégâts et de ne pas déblayer les gravats, de façon à suggérer un abandon du site pour leurrer les Alliés. La ruse fonctionna parfaitement et permit aux scientifiques de poursuivre impunément le développement de la A4 et de la A9/A10 à Peenemünde jusqu’à la fin de la guerre.

Pour ne plus attirer l’attention des Alliés sur Peenemünde, les essais de tir des fusées A4 et  V2 furent délocalisés vers l’est et transférés en Pologne, sur le polygone d’essais  « HEIDELAGER » de Blizna.

Situé dans une région peu peuplée, à l’écart des axes de circulations, ce site ultra-secret offrait des conditions optimales pour poursuivre en toute sécurité les tirs expérimentaux, à l’abri des curieux et des importuns. La clairière de « Heidelager » (« camp païen ») était un endroit très isolé comme l’affectionnaient les Nazis, tapi au fond d’immenses et sombres forêts de pins qui offraient une protection supplémentaire contre les indiscrétions. L’endroit présentait l’énorme avantage d’être hors de portée des bombardiers britanniques mais aussi des frappes aériennes soviétiques. En outre, Le site de « Heidelager » relevait directement de la S.S. et dépendait de Himmler en personne qui saisit cette opportunité pour s’immiscer dans le projet des fusées avec la ferme intention d’en prendre progressivement le contrôle. Etant donné le caractère hautement sensible des activités qui s’y déroulaient, les accès au polygone « Heidelgager » étaient sévèrement gardés et contrôlés. La zone d’essai était entourée par un vaste périmètre  de sécurité, patrouillé  jour et nuit, doublé par une zone d’interdiction à l’intérieur de laquelle personne n’était habilité à pénétrer sans autorisation spéciale. Quiconque s’y aventurait ou était surpris par l’une des patrouilles S.S. équipées de chiens était aussitôt abattu sans sommation et voué à une mort certaine pour protéger le sinistre secret des activités qui se tramaient au fond des sombres forêts de Blizna.

Les tirs d’A4 reprirent à Blizna dès novembre 1943, mais durant les premiers mois, seuls 20 % des fusées d’essai lancées atteignaient leur cible avec succès. Les 80 % restants se désintégraient ou explosaient mystérieusement en vol, ou retombaient au sol comme un bolide, au grand dam des techniciens de von Braun qui ne comprenaient pas ce qui clochait. Dornberger et les scientifiques n’étaient pas d’accord sur les causes de ces échecs qui démontraient que la fusée n’était pas au point. Durant l’année 1944, ce problème fut en grande partie résolu grâce au Generalmajor Rossmann qui suggéra d’isoler les réservoirs de combustible avec de la laine de verre, pour s’opposer au réchauffement lors de la rentrée dans l’atmosphère. Du coup, le taux de réussite des lancements grimpa subitement à 70%, mais environ un tiers des fusées lancées continuèrent à ne pas atteindre leur cible. Ce problème ne fut totalement résolu que dans les derniers mois du conflit, suite à divers perfectionnements techniques de la fusée et grâce au renforcement de l’enveloppe entourant les réservoirs par une feuille d’acier rivetée. En 1945, le taux de réussite des lancements approchait enfin les 100%, mais la guerre était finie…

Le polygone d’essais de Blizna fut utilisé jusqu’à fin juillet 1944, date à laquelle le général Dornberger ordonna son évacuation étant donné l’approche de l’Armée rouge. Les tirs d’essais furent alors transférés sur un nouveau site baptisé « HEIDEKRAUT », situé à une quinzaine de kilomètres à l’est de Tuchel, sur la lande du même nom. Des tirs expérimentaux y furent encore effectués jusqu’en janvier 1945, mais il fallut également abandonner ce site menacé par la progression des Soviétiques. Les équipes de lancement de Dornberger se replièrent alors dans la région de Wolgast, près de Peenemünde qu’elles quittèrent à la  fin février 1945 pour se réfugier à Rethen, sur la Weser, où la fin de la guerre les surprit…

Calais – port – blockhaus décoré-Pas de Calais-France

Un bunker allemand de la 2ème guerre mondiale situé dans le port de Calais détruit pour faciliter les transformations du port. Au rythme actuel, d’ici quelques années il ne restera pratiquement aucune trace de ces témoins du mur de l’Atlantique.