A65 Fortin antichars Finhaut arsenal

Ce fortin antichar situé sur la route conduisant à la Gare de Finhaut était équipé d’un canon d’infanterie de 4,7 cm. Il couvrait le secteur ouest en direction de Châtelard frontière. La nouvelle route de Finhaut n’existait pas et tout le trafic passait par l’ancienne route partant de Châtelard village et par Giétroz.

La nouvelle route ne justifiait plus le remplacement de la pièce ach de 4,7 cm par la nouvelle pièce de 9 cm. Il fut donc abandonné à cette occasion.

 

 

A63 Fortin d’infanterie Gare de Finhaut

Ce petit ouvrage est situé en dessous de la gare de Finhaut, entre la route Châtelard-Finhaut et la ligne de chemin de fer Martigny-Chamonix. Cet ouvrage abrite une mitrailleuse Mg 51 sur affût à pivot et permet de couvrir la route Châtelard-Finhaut en amont de la barricade antichars T 10. La ventilation était assuré par un système manuel.

A63 Fortin d’infanterie Gare de Finhaut

Ce petit ouvrage est situé en dessous de la gare de Finhaut, entre la route Châtelard-Finhaut et la ligne de chemin de fer Martigny-Chamonix. Cet ouvrage abrite une mitrailleuse Mg 51 sur affût à pivot et permet de couvrir la route Châtelard-Finhaut en amont de la barricade antichars T 10. La ventilation était assuré par un système manuel.

Les premiers revolvers d’ordonnance de l’armée suisse

Les essais pour doter l’armée suisse d’un revolver ont débuté en 1850, du temps du conseiller fédéral W.M. Corry. Jusqu’en 1875, année de la « nouvelle organisation » de l’armée fédérale, il existait, en Suisse, deux armées : les milices cantonales et l’armée fédérale.

Les armes suivantes ont été présentées. Ces essais : Colt Revolver « First Model Hartford Dragoon », Colt 1851 Navy, revolver Fornachon d’Yverdon, Perrin, Lefaucheux divers modèles, Francotte. 1870-71 C.F. Galand, Paris, calibre 11,6 mm, Galand modifié R. Schmidt, calibre 10,4 mm, fabriqué par Von Erlach Thun, revolver Smith & Wesson M.3, First Model American, cal. 44, Springfield, revolver Chamelot & Delvigne, calibre 10,4 mm, en bronze, fabriqué par Chamelot & Delvigne, Liège, percussion annulaire, en 1872, Chamelot & Delvigne, car. 10,4 mm, percussion centrale. Chamelot & Delvigne, modifié Schmidt, percussion annulaire, fabriqué par Pirlot Frères, idem deuxième modèle en 1872, percussion centrale, idem troisième modèle, cal. 9 mm, revolvers Gaser, Adams.

Les inventions les plus audacieuses

De 1860 à 1870, les inventions les plus audacieuses, dans le domaine des revolvers avec bâti d’une pièce, sont apparues dans l’armée fédérale. Le département militaire fédéral avait poursuivi une longue série d’épreuves destinées à l’adoption d’un revolver d’ordonnance. De nombreux officiers ne se contentaient plus du pistolet à percussion ; ils avaient acheté, à titre privé, des revolvers. Pour le service, ces armes devaient porter le poinçon du contrôleur fédéral d’armes. Ce sont des pièces rares, d’un prix élevé si une de ces pièces vient sur le marché. On en trouve dans des musées militaires cantonaux et dans des collections privées. Elles sont très recherchées par les collectionneurs à cause du poinçon du contrôleur d’arme qui prouve leur utilisation dans l’armée. Nous trouvons plusieurs Lefaucheux : un M.1860 au calibre 11 mm fabriqué par Eugène Lefaucheux, Paris, un Lefaucheux fabriqué à Liège par Beuret Frères au calibre 9 mm, le Remington New Model Army au calibre 44, en 1865, un nouveau Lefaucheux en 11 mm, en 1870, un Lefaucheux calibre 9 mm fabriqué par Beuret Frères.

Vers 1870, l’armée a acheté des revolvers à percussion annulaire au calibre 9 mm pour les sous-officiers de l’artillerie montée et un revolver au calibre de 12 mm attribué aux guides à cheval, ces deux armes étaient dotées d’un mécanisme Chamelot-Delvigne, perfectionné par Pirlot Frères, Liège.

Au mois de septembre 1871, une « Commission fédéral pour l’adoption d’un revolver » est nommée, présidée par le général Hans Herzog, qui avait été le chef des troupes fédérales mobilisés par la « Couverture des frontières » lors de la guerre Franco-Allemande de 1870 ; ceci fait suite à une décision de janvier 1871 du département militaire fédéral. Cette commission, complétée de quatre colonels, étudie divers types de revolvers. Différents systèmes furent essayés, sans toutefois qu’aucune des constructions aient été jugées aptes dans son état original à la guerre. En mars 1872, il reste trois armes en compétition.

Les trois compétiteurs

Le revolver Galand, de C.F. Galand, français d’origine, établi à Liège, arme à six coups, avec disque d’extraction, calibre 12 mm, canon avec rayures polygonales, cartouches Perrin, brevet N+ 3038 de 1868. Il avait été commandé dix exemplaires le 29 juin, avec 2500 cartouches.

La deuxième arme est le revolver Smith & Wesson, modèle 1869 à six coups, avec étoile d’extraction, calibre 11mm, canon avec six rayures concentriques, extraction par brisure du canon.

Le troisième revolver est un Chamelot-Delvigne, à six coups, percussion central, calibre 10,4 mm, canon à quatre rayures concentriques au pas de 250 mm.

Cette arme a été modifiée par le major Rudolf Schmidt : il a allongé le canon, le calibre est de 10,4 mm au lieu de 11 mm, canon à quatre rayures, percussion annulaire, allègement du barillet par fraisures. Les derniers essais ont lieu les 20 et 21 mars et les 9 et 10 avril 1872, avec un tir à la cible à 150 m. Le Chamelot-Delvigne, modifié Schmidt, se révéla supérieur pour la simplicité, la solidité et la précision. La Commission confirma la valeur de l’arme pour le service en campagne et recommanda au département militaire fédéral l’adoption du revolver Chamelot-Delvigne, modifié Schmidt, le 16 avril 1872. Rudolf Schmidt était un remarquable armurier ; son nom apparaît officiellement en 1867. Il est capitaine dans l’armée fédérale. A 35 ans, sa renommée comme expert en armement n’est plus à faire. Le conseil fédéral le nomme « chef contrôleur d’armes portatives » pour l’armée fédérale. Sa mission : surveiller la transformation des fusils à percussion se chargeant par la bouche avec le système Milbank modifié Amsler choisi par la commission, le 12 octobre 1866, et adopté par le conseil fédéral en 1867. Il concevra, pour les fusils et carabines Vetterli, une hausse modèle 1881. Il s’intéresse aux revolvers et apporte des modifications au revolver Chamelot-Delvigne que le conseil fédéral adoptera le 24 août 1872 sous le nom de Chamelot-Delvigne-Schmidt. Nommé major, il dirige, dès 1871, les ateliers de montage, la future « fabrique fédérale d’armes à Berne » (Waffenfabrik Bern). Sur ordre du général Herzog, il se rend à liège pour traiter avec la firme Pirlot Frères, constructeurs des revolvers Chamelot-Delvigne. La firme de Liège construira 800 exemplaires du modèle 1872. Le major Schmidt profite de son déplacement en Belgique pour faire un « voyage d’étude » aux manufactures allemandes, belges et françaises. En 1873, il créera la « fabrique fédéral d’armes à Berne » (W + F) et en sera le directeur. C’était pour des motifs d’uniformité dans la construction que le département militaire avait conservé la percussion annulaire. Son constructeur, la firme Pirlot Frères à Liège, s’était engagé, par contrat, à livrer 800 pièces jusqu’à la fin de février 1873. Ces revolvers furent remis à la troupe du mois d’avril à la fin novembre, après contrôle du contrôleur fédéral à la nouvelle « fabrique fédérale d’armes de Berne ». En 1877, une commande supplémentaire de cent pièces fut passée, qui mit fin au premier achat de ce premier revolver M.1872 de l’armée suisse. Ce revolver a été transformé en 1878 de percussion annulaire en percussion centrale ; non transformé, il est introuvable dans sa version originale, il vaut une petite fortune et même transformé, il est très rare. Il est intéressant de connaître les termes de la convention et les détails de construction signés, pour la Suisse par le major R. Schmidt et ratifié par le conseiller fédéral Cérésole, chef du département militaire fédéral et pour la Belgique par Pirlot Frères.

Convention pour le revolver 1872

Entre le département militaire de la confédération Suisse et Messieurs Pirlot Frères, fabricants d’armes à Liège, pour : fourniture de huit cents revolvers système Chamelot-Delvigne, modifié Schmidt, suivant les indications détaillées par Monsieur Rodolphe Schmidt, major-fédéral.

Art. 1 – Construction et matière :

Messieurs Pirlot Frères s’engagent à fournir les revolvers exactement à l’ordonnance fixée, les pièces séparées identiques afin de pouvoir être changées sans ou avec un léger ajustement. Un modèle poinçonné servira de type. Les matières à employer doivent être de la meilleure qualité.

Art. 2 – Épreuve :

Le canon et le cylindre seront soumis à l’épreuve et doivent porter le poinçon de celle-ci.

Art. 3 – Contrôle :

Le contrôle de l’arme (pièces détachées, fonction et tir) se feront à Berne par le contrôleur fédéral suisse et Messieurs Pirlot Frères s’engagent à remplacer, à leurs frais, toute arme ou pièce détachée ne répondant pas aux conventions et prescriptions.

Art. 4 – Prix et transport :
Pour chaque revolver accepté par le contrôle fédéral, le département militaire suisse payera un prix de cinquante francs. Le paiement s’effectuera au comptant ou par traite à vue, pour le montant de chaque facture de cent revolvers accompagnée du certificat d’acceptation. Les armes sont à livrer aux risques de Messieurs les fournisseurs, jusqu’à domicile et les frais de transport sont à la charge du receveur.

Art. 5 – Termes de livraison :

Messieurs Pirlot Frères s’engagent à fournir le modèle jusqu’au 31 août 1872, ensuite :

Deux cents revolvers fin décembre 1872

Trois cents revolvers fin janvier 1873

Trois cents revolvers fin février 1873

Sous droit de déduction de cinq francs par arme et par mois de retard. Avec l’exécution de ces fournitures pour l’autorité fédérale, il ne sera point effectué de fourniture particulière de revolvers à l’ordonnance actuelle.

Pour le département militaire de la confédération Suisse et sous réserve de sa ratification :

Signé : Pirlot Frères

Signé : R. Schmidt, Major fédéral

Le Département militaire fédéral ratifie la convention ci-dessus ainsi que les détails de construction du revolver suisse, visé ci-contre, pour qu’il y soit donné suite, conformément au modèle qui sera définitivement adopté par Monsieur le Major Schmidt et qui servira de type.

Berne, le 20 août 1872. Département militaire fédéral Signé : L.S. Cérésole.

Les détails de construction ont été définitivement arrêtés avec finissage du type poinçonné et les observations à celui-ci concernant longueur, dimension du cylindre et du canon.

Liège, le 20 septembre 1872. Signé : R. Schmidt, Major fédéral.

Après le contrôle de la fabrique fédérale d’armes de Berne, ces revolvers furent remis à la troupe du mois d’avril 1873 au mois de novembre de la même année. Une commande supplémentaire de cent armes fut passée en 1877, qui mit fin aux achats de ce premier modèle de revolver de l’arme suisse.

Un modèle quasi introuvable

L’arme dans son état original est quasi introuvable, car par un arrêté du 27 septembre 1878, le département militaire fédéral ordonnait la transformation des modèles 1872 pour l’utilisation d’une cartouche à percussion centrale. Le lieutenant-colonel R. Schmidt avait apporté des modifications au M. 1872 devenu le M.1872 modifié 1878. Ces modifications comportaient des crans d’arrêt dans le cylindre, le pied du ressort de la porte de charge s’engageait dans chaque cran d’arrêt pour arrêter successivement chaque chambre en face de  l’ouverture de charge et de la baguette. L’arme non transformée se reconnaît à son chien très bas, l’absence du ressort de la porte de charge du côté droit du revolver et l’absence des crans d’arrêt du barillet.

Pour l’adoption de la percussion centrale, le département militaire fédéral avait procédé à de nouveaux et nombreux essais et tests. Les armes suivantes ont été testées : 1873-74, revolver Steiger, Thun, premier modèle, calibre 9 mm, percussion centrale, barillet pour cinq cartouches.

Idem, variantes N° 2 et 3. Trois modèles présentés par Schmidt en 1874 et 1875. En 1877, 1 modèle J. Warmant, fabricants Scholberg et Gadet à Liège, calibre 10,4 mm, percussion centrale. 1 revolver système J. Warmant et E. Krauser, calibre 10,4 mm, fabricant Fabrique fédérale d’armes, Berne.

Ces nouveaux essais et tests amenèrent l’adoption d’une arme présentée par l’armurier-fabricant Warmant de Liège, munie de sept améliorations proposées par le Lt-colonel R. Schmidt. Ce nouveau revolver d’ordonnance connu comme modèle 1878 ou modèle 8**** (Warmant-Schmidt). Le prototype a été construit par Schölberg & Gadet à Liège.

Les 46001 revolvers M.1878 ont été fabriqués à la Waffenfabrik Bern, ainsi que tous les contrôles. Les modèles privés ont été fabriqués par la S.I.G (Waffenfabrik Neuhausen (Société suisse industrielle, Neuhausen).

Décision du département militaire fédéral du 23 juin 1879, décision du conseil fédéral N° 59 du 24 juin 1879.

Ce revolver sera fabriqué pour le prix de septante francs suisses l’unité selon l’ordonnance du 27 septembre 1878 ; le protocole a été signé par le chef du département militaire fédéral « Gisi ». Le prix par arme est confirmé au budget les 26 et 27 juin 1879.

Quelques mots sur la question du revolver pour les officiers à pied

(Revue militaire suisse N° 2, février 1882)

On sait que le conseil fédéra a adopté en 1878 pour les troupes montées un modèle de revolver de même calibre que celui des guides (mod. 1872 transformé) et de construction analogue.

Ce revolver a aussi été vendu à prix réduit à tous les officiers montés ou à pied qui en ont fait la demande. Cependant ces derniers sont loin d’être satisfaits de leur nouvelle arme. On reproche à celle-ci les inconvénients suivants :

  1. – Poids trop considérable
  2. – Volume trop grand qui rend l’arme peu transportable
  3. – Recul trop violent, cause de déviation du projectile
  4. – Munition trop volumineuse et trop lourde

Pour remédier à ces inconvénients, il est de toute nécessité de réduire le calibre. C’est ce qu’a compris la commission chargée de préaviser sur l’adoption d’un nouveau modèle.

Caractéristiques techniques modèle 1872

Désignation de l’arme : revolver Chamelot-Delvigne modifié Schmidt

Modèle : Ordonnance 1872

Constructeurs :  Chamelot-Delvigne, perfectionné par Pirlot Frères, modifié R. Schmidt

Fabricants : Pirlot Frères, Liège

Système : à simple et double actions

Nombre d’armes fabriquées : 900 pièces

Années de fabrication : fin décembre 1872 : 200 pièces ; fin janvier 1873 : 300 pièces ; fin février 1873 : 300 pièces ; en 1877 : 100 pièces complémentaires . Au total :  900 pièces

Longueur totale de l’arme :278 mm.

Hauteur hors tout : 160 mm

Épaisseur : 46 mm

Poids : arme non chargée : 1000 g

Forme et longueur du canon :  canon octogonal en acier, long de 150 mm

Calibre :10,4 mm, minimum 10,35 mm, maximum 10,45 mm

Rayures : 4 rayures tournantes à droite, largeur 4,5 mm, profondeur minimum 0,25 mm, maximum 0,3 mm

Pas :  un tour sur 250 mm

Carcasse :  fermée, en acier avec porte-poignée, canon vissé dans la console de la carcasse

Sous-garde :  rapportée, ovale, en acier

Détente :  longue, cintrée, lisse

Chien :  à crête striée, percuteur pointu, fixe pour la percussion annulaire

Ligne de mire :  longue de 175 mm

Guidon : rond sur cône à queue d’aronde

Mire : en U, rainuré sur le pan supérieur de la cage

Alimentation :  cylindre à six chambres, barillet allégé par fraisures

Portière de chargement :  à droite, s’ouvrant de haut en bas, perpendiculairement à l’axe de l’arme

Axe du barillet :  sans ressort, coiffé par la tête de la baguette

Extracteur : à baguette, avec ressort, la tête striée coiffe l’extrémité de l’axe

Poignée : monture faisant partie de la carcasse

Plaquettes :  en noyer strié fixées par une vis métallique et une rosette. A la base, boucle mobile de suspension

Nombre de pièces formant l’arme : 36

Sur la face gauche :  portière pour le contrôle du mécanisme

Numérotation de l’arme : sur la face verticale gauche du canon. Poinçons : au dessus du canon : le poinçon du banc d’épreuve près du tonnerre et la marque du fabricant : CDS.

Protection :  bronzé noir, à l’exception du chien et de la détente, couleur paille.

Prix de revient :  à la fabrication, cinquante francs suisses. Par arrêté du département militaire fédéral du 27 septembre 1878, ce modèle a été modifié pour la percussion centrale, selon les modifications proposées par R. Schmidt.

Caractéristiques techniques des modifications, modèle 1872 modifié 1878

Désignation de l’arme :  revolver Chamelot-Delvigne-Schmidt.

Modèle : 1872 modifié 1878

  1. – Le chien est plus haut pour la percussion centrale
  2. – Des crans d’arrêt sont taillés dans le cylindre.
  3. – Un ressort est adapté à la porte de chargement
  4. – Le pied du ressort de la porte de charge s’engage dans chaque cran d’arrêt pour arrêter successivement chaque chambre en face de l’ouverture de charge et de la baguette.

Caractéristiques techniques modèle 1878

Désignation de l’arme :  revolver Warnant modifié Schmidt

Modèle : 1878

Constructeurs :  Warnant Julien, Hognée près de Liège, Schmidt R.

Fabricants : Schölberg & Gadet Liège, fabrique fédérale d’armes à Berne

Fabricant des armes pour les privés : SIG (Société Industrielle Suisse, Neuhausen, Chutes du Rhin).

Nombre d’armes militaires fabriquées : 4601 pièces

Années de fabrication :  dès fin juin 1878

Système :  à simple et double actions

Longueur totale de l’arme : 280 mm

Hauteur hors tout :  160 mm

Épaisseur : 45 mm

Poids : arme non chargée : 1000 g

Forme et longueur du canon :  canon octogonale, long de 150 mm

Calibre : 10,4 mm, percussion centrale

Rayures :  canon vissé dans la console de la carcasse, 4 rayures tournantes à droite

Pas de rayures : un tour sur 250 mm

Carcasse : fermée, en acier avec la monture de la poignée

Sous-garde :  en acier, vissée à l’avant, de forme ovale

Détente : longue, arrondie, cintrée, lisse

Chien :  rebondissant, à crête strie, percuteur pointu fixe

Ligne de mire :  longue de 144,5 mm

Guidon :  hauteur 15 mm au-dessus de l’axe du canon, arrondi sur cône, soudé sur le canon

Mire : ovale, tranchée dans la bande supérieure de la cage

Alimentation : barillet en acier, à 6 chambres, diamètre du cylindre allégé par des fraisures 45 mm, longueur 27 mm

Portière de chargement : ce revolver n’en possède pas

Extracteur :  à baguette du côté droit, avec ressort d’arrêt, la tête striée vient coiffer l’extrémité de l’axe du barillet

Poignée : monture de poignée faisant bloc avec la carcasse. A la base, boucle métallique de suspension

Plaquettes : deux plaquettes en bakélite quadrillé avec une croix fédérale sont fixées à droite par une vis métallique et une rosette

Plaque de recouvrement : sur la face gauche de la carcasse, plaque de recouvrement donnant accès au mécanisme

Protection extérieure : arme bronzée

Numérotation de série : sur la console, face gauche, 4390

Inscriptions :  sur la console, face gauche + Waffenfabrik Bern

Poinçons :  du contrôleur d’arme + S, sur la console face gauche, idem + 0, sur le barillet + 0, 4390 ; idem sur le canon 4390

Prix de revient :  à la fabrication, 43 francs suisses

 

 

Frédéric  Pellaton 1990

Les premiers revolvers d’ordonnance de l’armée suisse

Les essais pour doter l’armée suisse d’un revolver ont débuté en 1850, du temps du conseiller fédéral W.M. Corry. Jusqu’en 1875, année de la « nouvelle organisation » de l’armée fédérale, il existait, en Suisse, deux armées : les milices cantonales et l’armée fédérale.

Les armes suivantes ont été présentées. Ces essais : Colt Revolver « First Model Hartford Dragoon », Colt 1851 Navy, revolver Fornachon d’Yverdon, Perrin, Lefaucheux divers modèles, Francotte. 1870-71 C.F. Galand, Paris, calibre 11,6 mm, Galand modifié R. Schmidt, calibre 10,4 mm, fabriqué par Von Erlach Thun, revolver Smith & Wesson M.3, First Model American, cal. 44, Springfield, revolver Chamelot & Delvigne, calibre 10,4 mm, en bronze, fabriqué par Chamelot & Delvigne, Liège, percussion annulaire, en 1872, Chamelot & Delvigne, car. 10,4 mm, percussion centrale. Chamelot & Delvigne, modifié Schmidt, percussion annulaire, fabriqué par Pirlot Frères, idem deuxième modèle en 1872, percussion centrale, idem troisième modèle, cal. 9 mm, revolvers Gaser, Adams.

Les inventions les plus audacieuses

De 1860 à 1870, les inventions les plus audacieuses, dans le domaine des revolvers avec bâti d’une pièce, sont apparues dans l’armée fédérale. Le département militaire fédéral avait poursuivi une longue série d’épreuves destinées à l’adoption d’un revolver d’ordonnance. De nombreux officiers ne se contentaient plus du pistolet à percussion ; ils avaient acheté, à titre privé, des revolvers. Pour le service, ces armes devaient porter le poinçon du contrôleur fédéral d’armes. Ce sont des pièces rares, d’un prix élevé si une de ces pièces vient sur le marché. On en trouve dans des musées militaires cantonaux et dans des collections privées. Elles sont très recherchées par les collectionneurs à cause du poinçon du contrôleur d’arme qui prouve leur utilisation dans l’armée. Nous trouvons plusieurs Lefaucheux : un M.1860 au calibre 11 mm fabriqué par Eugène Lefaucheux, Paris, un Lefaucheux fabriqué à Liège par Beuret Frères au calibre 9 mm, le Remington New Model Army au calibre 44, en 1865, un nouveau Lefaucheux en 11 mm, en 1870, un Lefaucheux calibre 9 mm fabriqué par Beuret Frères.

Vers 1870, l’armée a acheté des revolvers à percussion annulaire au calibre 9 mm pour les sous-officiers de l’artillerie montée et un revolver au calibre de 12 mm attribué aux guides à cheval, ces deux armes étaient dotées d’un mécanisme Chamelot-Delvigne, perfectionné par Pirlot Frères, Liège.

Au mois de septembre 1871, une « Commission fédéral pour l’adoption d’un revolver » est nommée, présidée par le général Hans Herzog, qui avait été le chef des troupes fédérales mobilisés par la « Couverture des frontières » lors de la guerre Franco-Allemande de 1870 ; ceci fait suite à une décision de janvier 1871 du département militaire fédéral. Cette commission, complétée de quatre colonels, étudie divers types de revolvers. Différents systèmes furent essayés, sans toutefois qu’aucune des constructions aient été jugées aptes dans son état original à la guerre. En mars 1872, il reste trois armes en compétition.

Les trois compétiteurs

Le revolver Galand, de C.F. Galand, français d’origine, établi à Liège, arme à six coups, avec disque d’extraction, calibre 12 mm, canon avec rayures polygonales, cartouches Perrin, brevet N+ 3038 de 1868. Il avait été commandé dix exemplaires le 29 juin, avec 2500 cartouches.

La deuxième arme est le revolver Smith & Wesson, modèle 1869 à six coups, avec étoile d’extraction, calibre 11mm, canon avec six rayures concentriques, extraction par brisure du canon.

Le troisième revolver est un Chamelot-Delvigne, à six coups, percussion central, calibre 10,4 mm, canon à quatre rayures concentriques au pas de 250 mm.

Cette arme a été modifiée par le major Rudolf Schmidt : il a allongé le canon, le calibre est de 10,4 mm au lieu de 11 mm, canon à quatre rayures, percussion annulaire, allègement du barillet par fraisures. Les derniers essais ont lieu les 20 et 21 mars et les 9 et 10 avril 1872, avec un tir à la cible à 150 m. Le Chamelot-Delvigne, modifié Schmidt, se révéla supérieur pour la simplicité, la solidité et la précision. La Commission confirma la valeur de l’arme pour le service en campagne et recommanda au département militaire fédéral l’adoption du revolver Chamelot-Delvigne, modifié Schmidt, le 16 avril 1872. Rudolf Schmidt était un remarquable armurier ; son nom apparaît officiellement en 1867. Il est capitaine dans l’armée fédérale. A 35 ans, sa renommée comme expert en armement n’est plus à faire. Le conseil fédéral le nomme « chef contrôleur d’armes portatives » pour l’armée fédérale. Sa mission : surveiller la transformation des fusils à percussion se chargeant par la bouche avec le système Milbank modifié Amsler choisi par la commission, le 12 octobre 1866, et adopté par le conseil fédéral en 1867. Il concevra, pour les fusils et carabines Vetterli, une hausse modèle 1881. Il s’intéresse aux revolvers et apporte des modifications au revolver Chamelot-Delvigne que le conseil fédéral adoptera le 24 août 1872 sous le nom de Chamelot-Delvigne-Schmidt. Nommé major, il dirige, dès 1871, les ateliers de montage, la future « fabrique fédérale d’armes à Berne » (Waffenfabrik Bern). Sur ordre du général Herzog, il se rend à liège pour traiter avec la firme Pirlot Frères, constructeurs des revolvers Chamelot-Delvigne. La firme de Liège construira 800 exemplaires du modèle 1872. Le major Schmidt profite de son déplacement en Belgique pour faire un « voyage d’étude » aux manufactures allemandes, belges et françaises. En 1873, il créera la « fabrique fédéral d’armes à Berne » (W + F) et en sera le directeur. C’était pour des motifs d’uniformité dans la construction que le département militaire avait conservé la percussion annulaire. Son constructeur, la firme Pirlot Frères à Liège, s’était engagé, par contrat, à livrer 800 pièces jusqu’à la fin de février 1873. Ces revolvers furent remis à la troupe du mois d’avril à la fin novembre, après contrôle du contrôleur fédéral à la nouvelle « fabrique fédérale d’armes de Berne ». En 1877, une commande supplémentaire de cent pièces fut passée, qui mit fin au premier achat de ce premier revolver M.1872 de l’armée suisse. Ce revolver a été transformé en 1878 de percussion annulaire en percussion centrale ; non transformé, il est introuvable dans sa version originale, il vaut une petite fortune et même transformé, il est très rare. Il est intéressant de connaître les termes de la convention et les détails de construction signés, pour la Suisse par le major R. Schmidt et ratifié par le conseiller fédéral Cérésole, chef du département militaire fédéral et pour la Belgique par Pirlot Frères.

Convention pour le revolver 1872

Entre le département militaire de la confédération Suisse et Messieurs Pirlot Frères, fabricants d’armes à Liège, pour : fourniture de huit cents revolvers système Chamelot-Delvigne, modifié Schmidt, suivant les indications détaillées par Monsieur Rodolphe Schmidt, major-fédéral.

Art. 1 – Construction et matière :

Messieurs Pirlot Frères s’engagent à fournir les revolvers exactement à l’ordonnance fixée, les pièces séparées identiques afin de pouvoir être changées sans ou avec un léger ajustement. Un modèle poinçonné servira de type. Les matières à employer doivent être de la meilleure qualité.

Art. 2 – Épreuve :

Le canon et le cylindre seront soumis à l’épreuve et doivent porter le poinçon de celle-ci.

Art. 3 – Contrôle :

Le contrôle de l’arme (pièces détachées, fonction et tir) se feront à Berne par le contrôleur fédéral suisse et Messieurs Pirlot Frères s’engagent à remplacer, à leurs frais, toute arme ou pièce détachée ne répondant pas aux conventions et prescriptions.

Art. 4 – Prix et transport :
Pour chaque revolver accepté par le contrôle fédéral, le département militaire suisse payera un prix de cinquante francs. Le paiement s’effectuera au comptant ou par traite à vue, pour le montant de chaque facture de cent revolvers accompagnée du certificat d’acceptation. Les armes sont à livrer aux risques de Messieurs les fournisseurs, jusqu’à domicile et les frais de transport sont à la charge du receveur.

Art. 5 – Termes de livraison :

Messieurs Pirlot Frères s’engagent à fournir le modèle jusqu’au 31 août 1872, ensuite :

Deux cents revolvers fin décembre 1872

Trois cents revolvers fin janvier 1873

Trois cents revolvers fin février 1873

Sous droit de déduction de cinq francs par arme et par mois de retard. Avec l’exécution de ces fournitures pour l’autorité fédérale, il ne sera point effectué de fourniture particulière de revolvers à l’ordonnance actuelle.

Pour le département militaire de la confédération Suisse et sous réserve de sa ratification :

Signé : Pirlot Frères

Signé : R. Schmidt, Major fédéral

Le Département militaire fédéral ratifie la convention ci-dessus ainsi que les détails de construction du revolver suisse, visé ci-contre, pour qu’il y soit donné suite, conformément au modèle qui sera définitivement adopté par Monsieur le Major Schmidt et qui servira de type.

Berne, le 20 août 1872. Département militaire fédéral Signé : L.S. Cérésole.

Les détails de construction ont été définitivement arrêtés avec finissage du type poinçonné et les observations à celui-ci concernant longueur, dimension du cylindre et du canon.

Liège, le 20 septembre 1872. Signé : R. Schmidt, Major fédéral.

Après le contrôle de la fabrique fédérale d’armes de Berne, ces revolvers furent remis à la troupe du mois d’avril 1873 au mois de novembre de la même année. Une commande supplémentaire de cent armes fut passée en 1877, qui mit fin aux achats de ce premier modèle de revolver de l’arme suisse.

Un modèle quasi introuvable

L’arme dans son état original est quasi introuvable, car par un arrêté du 27 septembre 1878, le département militaire fédéral ordonnait la transformation des modèles 1872 pour l’utilisation d’une cartouche à percussion centrale. Le lieutenant-colonel R. Schmidt avait apporté des modifications au M. 1872 devenu le M.1872 modifié 1878. Ces modifications comportaient des crans d’arrêt dans le cylindre, le pied du ressort de la porte de charge s’engageait dans chaque cran d’arrêt pour arrêter successivement chaque chambre en face de  l’ouverture de charge et de la baguette. L’arme non transformée se reconnaît à son chien très bas, l’absence du ressort de la porte de charge du côté droit du revolver et l’absence des crans d’arrêt du barillet.

Pour l’adoption de la percussion centrale, le département militaire fédéral avait procédé à de nouveaux et nombreux essais et tests. Les armes suivantes ont été testées : 1873-74, revolver Steiger, Thun, premier modèle, calibre 9 mm, percussion centrale, barillet pour cinq cartouches.

Idem, variantes N° 2 et 3. Trois modèles présentés par Schmidt en 1874 et 1875. En 1877, 1 modèle J. Warmant, fabricants Scholberg et Gadet à Liège, calibre 10,4 mm, percussion centrale. 1 revolver système J. Warmant et E. Krauser, calibre 10,4 mm, fabricant Fabrique fédérale d’armes, Berne.

Ces nouveaux essais et tests amenèrent l’adoption d’une arme présentée par l’armurier-fabricant Warmant de Liège, munie de sept améliorations proposées par le Lt-colonel R. Schmidt. Ce nouveau revolver d’ordonnance connu comme modèle 1878 ou modèle 8**** (Warmant-Schmidt). Le prototype a été construit par Schölberg & Gadet à Liège.

Les 46001 revolvers M.1878 ont été fabriqués à la Waffenfabrik Bern, ainsi que tous les contrôles. Les modèles privés ont été fabriqués par la S.I.G (Waffenfabrik Neuhausen (Société suisse industrielle, Neuhausen).

Décision du département militaire fédéral du 23 juin 1879, décision du conseil fédéral N° 59 du 24 juin 1879.

Ce revolver sera fabriqué pour le prix de septante francs suisses l’unité selon l’ordonnance du 27 septembre 1878 ; le protocole a été signé par le chef du département militaire fédéral « Gisi ». Le prix par arme est confirmé au budget les 26 et 27 juin 1879.

Quelques mots sur la question du revolver pour les officiers à pied

(Revue militaire suisse N° 2, février 1882)

On sait que le conseil fédéra a adopté en 1878 pour les troupes montées un modèle de revolver de même calibre que celui des guides (mod. 1872 transformé) et de construction analogue.

Ce revolver a aussi été vendu à prix réduit à tous les officiers montés ou à pied qui en ont fait la demande. Cependant ces derniers sont loin d’être satisfaits de leur nouvelle arme. On reproche à celle-ci les inconvénients suivants :

  1. – Poids trop considérable
  2. – Volume trop grand qui rend l’arme peu transportable
  3. – Recul trop violent, cause de déviation du projectile
  4. – Munition trop volumineuse et trop lourde

Pour remédier à ces inconvénients, il est de toute nécessité de réduire le calibre. C’est ce qu’a compris la commission chargée de préaviser sur l’adoption d’un nouveau modèle.

Caractéristiques techniques modèle 1872

Désignation de l’arme : revolver Chamelot-Delvigne modifié Schmidt

Modèle : Ordonnance 1872

Constructeurs :  Chamelot-Delvigne, perfectionné par Pirlot Frères, modifié R. Schmidt

Fabricants : Pirlot Frères, Liège

Système : à simple et double actions

Nombre d’armes fabriquées : 900 pièces

Années de fabrication : fin décembre 1872 : 200 pièces ; fin janvier 1873 : 300 pièces ; fin février 1873 : 300 pièces ; en 1877 : 100 pièces complémentaires . Au total :  900 pièces

Longueur totale de l’arme :278 mm.

Hauteur hors tout : 160 mm

Épaisseur : 46 mm

Poids : arme non chargée : 1000 g

Forme et longueur du canon :  canon octogonal en acier, long de 150 mm

Calibre :10,4 mm, minimum 10,35 mm, maximum 10,45 mm

Rayures : 4 rayures tournantes à droite, largeur 4,5 mm, profondeur minimum 0,25 mm, maximum 0,3 mm

Pas :  un tour sur 250 mm

Carcasse :  fermée, en acier avec porte-poignée, canon vissé dans la console de la carcasse

Sous-garde :  rapportée, ovale, en acier

Détente :  longue, cintrée, lisse

Chien :  à crête striée, percuteur pointu, fixe pour la percussion annulaire

Ligne de mire :  longue de 175 mm

Guidon : rond sur cône à queue d’aronde

Mire : en U, rainuré sur le pan supérieur de la cage

Alimentation :  cylindre à six chambres, barillet allégé par fraisures

Portière de chargement :  à droite, s’ouvrant de haut en bas, perpendiculairement à l’axe de l’arme

Axe du barillet :  sans ressort, coiffé par la tête de la baguette

Extracteur : à baguette, avec ressort, la tête striée coiffe l’extrémité de l’axe

Poignée : monture faisant partie de la carcasse

Plaquettes :  en noyer strié fixées par une vis métallique et une rosette. A la base, boucle mobile de suspension

Nombre de pièces formant l’arme : 36

Sur la face gauche :  portière pour le contrôle du mécanisme

Numérotation de l’arme : sur la face verticale gauche du canon. Poinçons : au dessus du canon : le poinçon du banc d’épreuve près du tonnerre et la marque du fabricant : CDS.

Protection :  bronzé noir, à l’exception du chien et de la détente, couleur paille.

Prix de revient :  à la fabrication, cinquante francs suisses. Par arrêté du département militaire fédéral du 27 septembre 1878, ce modèle a été modifié pour la percussion centrale, selon les modifications proposées par R. Schmidt.

Caractéristiques techniques des modifications, modèle 1872 modifié 1878

Désignation de l’arme :  revolver Chamelot-Delvigne-Schmidt.

Modèle : 1872 modifié 1878

  1. – Le chien est plus haut pour la percussion centrale
  2. – Des crans d’arrêt sont taillés dans le cylindre.
  3. – Un ressort est adapté à la porte de chargement
  4. – Le pied du ressort de la porte de charge s’engage dans chaque cran d’arrêt pour arrêter successivement chaque chambre en face de l’ouverture de charge et de la baguette.

Caractéristiques techniques modèle 1878

Désignation de l’arme :  revolver Warnant modifié Schmidt

Modèle : 1878

Constructeurs :  Warnant Julien, Hognée près de Liège, Schmidt R.

Fabricants : Schölberg & Gadet Liège, fabrique fédérale d’armes à Berne

Fabricant des armes pour les privés : SIG (Société Industrielle Suisse, Neuhausen, Chutes du Rhin).

Nombre d’armes militaires fabriquées : 4601 pièces

Années de fabrication :  dès fin juin 1878

Système :  à simple et double actions

Longueur totale de l’arme : 280 mm

Hauteur hors tout :  160 mm

Épaisseur : 45 mm

Poids : arme non chargée : 1000 g

Forme et longueur du canon :  canon octogonale, long de 150 mm

Calibre : 10,4 mm, percussion centrale

Rayures :  canon vissé dans la console de la carcasse, 4 rayures tournantes à droite

Pas de rayures : un tour sur 250 mm

Carcasse : fermée, en acier avec la monture de la poignée

Sous-garde :  en acier, vissée à l’avant, de forme ovale

Détente : longue, arrondie, cintrée, lisse

Chien :  rebondissant, à crête strie, percuteur pointu fixe

Ligne de mire :  longue de 144,5 mm

Guidon :  hauteur 15 mm au-dessus de l’axe du canon, arrondi sur cône, soudé sur le canon

Mire : ovale, tranchée dans la bande supérieure de la cage

Alimentation : barillet en acier, à 6 chambres, diamètre du cylindre allégé par des fraisures 45 mm, longueur 27 mm

Portière de chargement : ce revolver n’en possède pas

Extracteur :  à baguette du côté droit, avec ressort d’arrêt, la tête striée vient coiffer l’extrémité de l’axe du barillet

Poignée : monture de poignée faisant bloc avec la carcasse. A la base, boucle métallique de suspension

Plaquettes : deux plaquettes en bakélite quadrillé avec une croix fédérale sont fixées à droite par une vis métallique et une rosette

Plaque de recouvrement : sur la face gauche de la carcasse, plaque de recouvrement donnant accès au mécanisme

Protection extérieure : arme bronzée

Numérotation de série : sur la console, face gauche, 4390

Inscriptions :  sur la console, face gauche + Waffenfabrik Bern

Poinçons :  du contrôleur d’arme + S, sur la console face gauche, idem + 0, sur le barillet + 0, 4390 ; idem sur le canon 4390

Prix de revient :  à la fabrication, 43 francs suisses

 

Frédéric  Pellaton 1990

 

Le revolver d’ordonnance suisse M. 1882

Le revolver d’ordonnance suisse M. 1878 était trop volumineux et trop lourd. L’arrêté du Conseil fédéral du 27 septembre 1878 prévoyait l’étude d’un revolver plus léger, une réduction de calibre à 7,5 mm. La Commission choisit un modèle construit et présenté par le Lieutenant-colonel Rudolf Schmidt, directeur de la nouvelle Fabrique fédérale d’armes à Berne, un perfectionnement du modèle 1878 qui fut en dotation dans l’armée sous la désignation « Modèle 1882 ».

En complément de son arrêté du 5 mai 1882 relatif à l’introduction d’un revolver léger, le Conseil fédéral approuva le 25 novembre 1882 tous les détails de l’ordonnance. Les premières livraisons de la Fabrique fédéral d’armes de Berne à l’Intendance fédérale du matériel de guerre eurent lieu au printemps de 1883. C’est plus de 37000 revolvers (sans compter les armes privées fabriquées par la Fabrique fédérale et la SIG de Neuhausen) qui ont été fabriqués et livrés à l’armée.

On peut diviser en deux groupes les revolvers d’ordonnance. 1882 : avec les plaquettes de crosse en ébonite noire jusqu’à 20000 environ et plaquettes de poignée en bois (noyer) compris entre 20001 et 37254. La calotte du revolver fut pourvue en plus de l’anneau de suspension d’un logement rectangulaire pour ajuster un étui-crosse. Ce logement a été supprimé sur le nouveau modèle 1929.

L’évolution du modèle 1882

En 1885, l’armée suédoise soumit le revolver d’ordonnance suisse 1882 à de nombreux tests. L’arme fut classée au premier rang pour sa balistique et son poids. Ce revolver ne fut pas retenu mais la Commission s’arrêta sur un compromis en combinant les avantages du revolver suisse à ceux du revolver belge Nagant qui était en tête pour la robustesse de son mécanisme et sa simplicité.

Les grands avantages du Modèle 1882 est son démontage facile et son maniement simple. Le démontage se fait aisément dans l’ordre des chiffres frappés sur les pièces. En 1886, on introduit le système Abadie. Une importante amélioration était apportée au modèle 82, le système de M. Decherin de Saint-Etienne, France, pour assurer la sûreté. Il consistait en un arrêt fixé à la porte de charge pour suspendre la fonction du chien. En 1886, il était impossible de charger ou d’expulser les cartouches sans avoir ouvert la porte de charge, position dans laquelle le chien ne pouvait être armé. En 1886, le canon octogonal est pourvu d’un épaulement cylindrique de 2 à 3 mm de long pour permettre un meilleur ajustage et serrage. Les tolérances au calibre 7,5 mm sont comprises entre 7,45 et 7,60 mm. Les quatre rayures tournantes de gauche à droite, ont une profondeur de 0,2 mm et une largeur de 3 mm, avec un pas de 430 mm.

L’encoche de mire est placée à 12 mm et le guidon à 14 mm au-dessus de l’axe du canon. La longueur totale de l’arme est de 235 mm, la ligne de mire est longue de 144,5 mm. Le poids de l’arme non chargée est de 780 grammes.

Une ordonnance du 11 août 1893 du Conseil fédéral, prévoit dans son alinéa 2, la production d’un revolver M. 1882 avec pour seule innovation un anneau de support fixe ; à celui-ci se fixe une courroie en cuir avec un mousqueton, longue de 240 mm, large de 15 mm. Elle se passe autour du poignet… Seul le numéro prouve que l’arme n’est pas un faux. Au total du 1er septembre 1893 au 19 février 1897, il a été livré 337 revolvers cyclistes numérotés comme suit : de 3231 à 3487, de 5701 à 5740 de 7086 à 7125. Le revolver arma les cyclistes du 11 août 1893 au 20 juin 1900 mais fut en fait utilisé pendant environ 10 ans. Les armes retirées qui, pour une partie, l’anneaux fixe fut enlevé et remplacé par une bouche modèle 1882, furent remises à des unités spéciales comme le service auto ou la poste de campagne. Pour l’identification de revolvers 1882/93, seul des livrets de services de cyclistes de la période de 1882 à 1901 seraient très précieux. Attention de nombreux faux ont circulé, seul le livret de service prouvant que l’arme n’a pas été remise dans son état premier validerait le revolver cycliste. Les armes vendues à des privés ont été fabriqué par la Fabrique fédérale d’armes à Berne et par la Firme SIG à Neuhausen et pour la SIG les inscriptions étaient, soit en allemand, soit en français.

 

Frédéric Pellaton 1995

Le revolver d’ordonnance suisse M. 1882

Le revolver d’ordonnance suisse M. 1878 était trop volumineux et trop lourd. L’arrêté du Conseil fédéral du 27 septembre 1878 prévoyait l’étude d’un revolver plus léger, une réduction de calibre à 7,5 mm. La Commission choisit un modèle construit et présenté par le Lieutenant-colonel Rudolf Schmidt, directeur de la nouvelle Fabrique fédérale d’armes à Berne, un perfectionnement du modèle 1878 qui fut en dotation dans l’armée sous la désignation « Modèle 1882 ».

En complément de son arrêté du 5 mai 1882 relatif à l’introduction d’un revolver léger, le Conseil fédéral approuva le 25 novembre 1882 tous les détails de l’ordonnance. Les premières livraisons de la Fabrique fédéral d’armes de Berne à l’Intendance fédérale du matériel de guerre eurent lieu au printemps de 1883. C’est plus de 37000 revolvers (sans compter les armes privées fabriquées par la Fabrique fédérale et la SIG de Neuhausen) qui ont été fabriqués et livrés à l’armée.

On peut diviser en deux groupes les revolvers d’ordonnance. 1882 : avec les plaquettes de crosse en ébonite noire jusqu’à 20000 environ et plaquettes de poignée en bois (noyer) compris entre 20001 et 37254. La calotte du revolver fut pourvue en plus de l’anneau de suspension d’un logement rectangulaire pour ajuster un étui-crosse. Ce logement a été supprimé sur le nouveau modèle 1929.

L’évolution du modèle 1882

En 1885, l’armée suédoise soumit le revolver d’ordonnance suisse 1882 à de nombreux tests. L’arme fut classée au premier rang pour sa balistique et son poids. Ce revolver ne fut pas retenu mais la Commission s’arrêta sur un compromis en combinant les avantages du revolver suisse à ceux du revolver belge Nagant qui était en tête pour la robustesse de son mécanisme et sa simplicité.

Les grands avantages du Modèle 1882 est son démontage facile et son maniement simple. Le démontage se fait aisément dans l’ordre des chiffres frappés sur les pièces. En 1886, on introduit le système Abadie. Une importante amélioration était apportée au modèle 82, le système de M. Decherin de Saint-Etienne, France, pour assurer la sûreté. Il consistait en un arrêt fixé à la porte de charge pour suspendre la fonction du chien. En 1886, il était impossible de charger ou d’expulser les cartouches sans avoir ouvert la porte de charge, position dans laquelle le chien ne pouvait être armé. En 1886, le canon octogonal est pourvu d’un épaulement cylindrique de 2 à 3 mm de long pour permettre un meilleur ajustage et serrage. Les tolérances au calibre 7,5 mm sont comprises entre 7,45 et 7,60 mm. Les quatre rayures tournantes de gauche à droite, ont une profondeur de 0,2 mm et une largeur de 3 mm, avec un pas de 430 mm.

L’encoche de mire est placée à 12 mm et le guidon à 14 mm au-dessus de l’axe du canon. La longueur totale de l’arme est de 235 mm, la ligne de mire est longue de 144,5 mm. Le poids de l’arme non chargée est de 780 grammes.

Une ordonnance du 11 août 1893 du Conseil fédéral, prévoit dans son alinéa 2, la production d’un revolver M. 1882 avec pour seule innovation un anneau de support fixe ; à celui-ci se fixe une courroie en cuir avec un mousqueton, longue de 240 mm, large de 15 mm. Elle se passe autour du poignet… Seul le numéro prouve que l’arme n’est pas un faux. Au total du 1er septembre 1893 au 19 février 1897, il a été livré 337 revolvers cyclistes numérotés comme suit : de 3231 à 3487, de 5701 à 5740 de 7086 à 7125. Le revolver arma les cyclistes du 11 août 1893 au 20 juin 1900 mais fut en fait utilisé pendant environ 10 ans. Les armes retirées qui, pour une partie, l’anneaux fixe fut enlevé et remplacé par une bouche modèle 1882, furent remises à des unités spéciales comme le service auto ou la poste de campagne. Pour l’identification de revolvers 1882/93, seul des livrets de services de cyclistes de la période de 1882 à 1901 seraient très précieux. Attention de nombreux faux ont circulé, seul le livret de service prouvant que l’arme n’a pas été remise dans son état premier validerait le revolver cycliste. Les armes vendues à des privés ont été fabriqué par la Fabrique fédérale d’armes à Berne et par la Firme SIG à Neuhausen et pour la SIG les inscriptions étaient, soit en allemand, soit en français.

 

Frédéric Pellaton 1995

 

 

Le revolver de cycliste ordonnance 1882-1893

C’est une arme rare qui suscite toujours des controverses parmi les collectionneurs d’armes d’ordonnance. Ce revolver, qui ne se différencie des modèles 1882 et 1887 que par l’anneau d’attache serti dans la calotte, n’a été distribué, aux sections de cyclistes, que du 11 août 1893 au 11 juin 1900.

Lors des manœuvres du « Premier corps d’armée » en 1890, on utilisa des volontaires détachés de leur unité comme cyclistes. Le 3 juin 1891, le Conseil fédéral soumit aux Chambres fédérales, un projet de loi fédérale établissant la formation de compagnies cyclistes.

Les cyclistes étaient obligés de fournir leur machine, elle était considérée comme louée par la Confédération pour l’armée. Le corps devait se composer de 232 hommes au total. Les soldats qui avaient déjà fait leur école de recrues dans l’infanterie ou une autre arme, purent être incorporés, à titre définitif, dans le corps des cyclistes, après l’accomplissement d’une école de cyclistes de 22 jours.

L’uniforme, l’armement et l’équipement des cyclistes militaires ont été réglés par l’ordonnance du Conseil fédéral du 11 août 1893 qui resta en vigueur jusqu’au 11 janvier 1898 et pour l’armement jusqu’au 20 juin 1900.

Le deuxième alinéa de l’ordonnance prescrivait : « Un revolver du modèle 1882, avec un anneau support fixe et une baïonnette d’infanterie, modèle 1889 avec dragonne de laine cramoisie. A l’anneau du revolver se fixait un mousqueton par lequel se terminait une courroie en cuir longue de 24 cm et large de 1,5 cm ; l’arme était logée dans un étui de cuir noir avec un passant sur sa face postérieure qui le maintenait sur le devant du corps, à gauche, par le ceinturon ».

 Ce n’est qu’à partir du 1er mars 1901 que le revolver fut retiré et remplacé par le fusil court, modèle 1900 et la baïonnette quadrangulaire.

La fabrique fédérale d’armes de Berne livra, le 1er septembre 1892, une première série de 257 revolvers, puis le 9 juillet 1896, 40 revolvers et le 19 février 1897 une dernière série de 40 revolvers, soit au total 337 armes dont le numéros de contrôle sont :

1er septembre 1892 : 257 revolvers des N° 3231 à 3487

9 juillet 1896 :           40 revolvers des N° 5701 à 5740

19 février 1897 :        40 revolvers des N° 7086 à 7125

Total :                         337 revolvers

Le revolver a été choisi parce que c’était l’arme de poing la plus légère et la plus confortable à manier ; les résultats du tir au revolver sur la bicyclette en mouvement était exceptionnellement bon.

Ce qui fait la valeur d’une pièce de collection, c’est sa rareté, et le revolver de cycliste n’échappe pas à cette vérité. Une bonne partie de ces revolvers, lorsqu’ils ont été échangés contre le fusil court, modèle 1900, ont été retransformés dans les ateliers fédéraux et sont devenus des revolvers M 1882. Il en resta peu qui n’ont pas été retransformés.

 

Caractéristiques techniques

 Désignation de l’arme : revolver de cycliste, modèle 1882-1893

Constructeur : Rudolf Schmidt, contrôleur fédéral d’armes

Fabricant : fabrique fédérale d’armes, Berne

Années de transformation :  1892, 1896 et 1897

Nombre d’armes transformées :  337 revolvers

Longueur totale : 235 mm

Épaisseur : 37 mm

Longueur du canon :  115 mm

Hauteur, boucle comprise :  140 mm

Calibre : 7,5 mm (minimum 7,45 mm, maximum 7,59 mm)

Canon :  octogonal à 4 rayures de 3 mm

Pas :  un tour sur 430 mm, de gauche à droite

Barillet :  pour 6 cartouches, diamètre 37,5 mm, longueur 36 mm

Mire :  encoche de mire en U sur la carcasse

Guidon : de forme ronde, sur bloc haut de 7 mm brasé sur le canon

Ligne de mire :  longue de 144 mm

Plaquettes de crosse :  en caoutchouc durci, celle de gauche avec croix fédérale, celle de droite avec rosace et vis métallique. Elles sont finement striées.

Poids de l’arme :  non chargée, 750 g

Nombre de pièces :  33

Cartouche :  modèle 1886, douille laiton à bourrelet, balle en plomb chemisée, longueur totale 35 mm, poids 11,45 g, à percussion centrale

Sûreté :  suspension de l’action du chien d’après Abadie ; avec la porte de charge ouverte, on ne peut abattre le chien. On ne peut ni charger, ni expulser les cartouches sans avoir ouvert la porte de charge

Chien :  à percuteur fixe, à crête striée, fonctionnant en simple et double action

Détente : fortement galbée et arrondie

Pontet :  de forme ovale, faisant bloc avec la plaque de recouvrement

Poinçons et marques :  suivant les conventions et prescriptions régissant la fabrication et la fourniture des pièces du revolver, les poinçons sont appliqués à une place qui se trouvera cachée lorsque l’arme sera montée. Chaque pièce est soumise au contrôle et poinçonnage réglementaire par le contrôleur d’armes et sont munies du poinçon qui constate l’acceptation et qui s’applique aux places désignées, ou le poinçon qui signale le rebut et qui s’applique sur la place défectueuse. Ces poinçons portent la première lettre du nom du contrôleur d’armes et sont pourvus de la croix fédérale. Le poinçon pour la réception des armes finies a une forme légèrement différente.

Numérotation de l’arme : on trouve cette numérotation en entier sur le cylindre, sur la face gauche en haut du châssis, sur-le-champ vertical gauche du canon sur la porte de charge ; les trois derniers chiffres se trouvent sur les autres pièces

Protection extérieure :  bronzé noir de guerre, à l’exception de la détente, de la portière de chargement, du chien, de l’axe du cylindre et de la baguette d’éjection qui sont jaunes

Démontage : le démontage est facilité par la numérotation de 1 à 12 de certaines pièces, soit :

  1. axe du cylindre. 2 cylindre. 3  plaque de recouvrement à gauche et plaquette de crosse. 4 ressort de percussion. 5 levier. 6  pousseur. 7  détente. 8 chien avec chaînette. 9 vis (deux tours) du ressort de baguette. 10  ressort de baguette. 11 broche de baguette. 12 baguette (expulseur),

(termes employés dans l’armée suisse)

On prend l’arme dans la main gauche, on tourne la baguette vers la gauche jusqu’à ce que sa tête touche le canon, (cela dégage le ressort de l’axe du cylindre). 1.  retirer l’axe du cylindre. 2.  sortir le cylindre, etc.

Le remontage :  s’effectue tout simplement en sens inverse

Précision : rayon de dispersion de tous les touchés (100%) à 30 m, 13 cm ; à 50 m, 23 cm ; à 100 m, 36 cm ; à 120 m, 50 cm ; à 150 m, 60 cm.

Pénétration dans du bois de sapin :  à 50 m, 78 mm

  1. Pellaton 1985

 

 

Barricades ach et ouvrages minés 2ème guerre mondiale

Dès l’annonce de l’entrée en guerre de l’Allemagne contre la Pologne, la Suisse se couvre de barricades. Vu l’urgence de la situation et l’incertitude quant aux intentions réelles des Allemands, de nombreux travaux sont entrepris par la troupe dès les premiers jours de la mobilisation pour renforcer le terrain, barrer les axes de pénétration et contrôler les voies de communication. Un effort tout particulier est consacré en priorité au secteur frontière, mais l’intérieur du pays n’est pas oublié. Ces travaux, effectués dans l’urgence, viennent compléter les mesures déjà prises depuis les années 1930, elles visent à renforcer les positions de barrage et les ouvrages minés déjà existants. Les unités compartimentent le terrain, cloisonnent le territoire et cherchent à mieux contrôler les transversales situées dans leur secteur d’engagement, notamment les axes de pénétration nord-sud. On multiplie les positons de barrage jusqu’au cœur du pays, de façon à permettre une défense élastique en profondeur, avec l’idée sous-jacente de défendre chaque pouce de terrain en s’appuyant sur le terrain en utilisant toutes les possibilités qu’offre le relief.

Partout, de petits détachements se mettent au travail. En secteur frontière, on improvise des barricades avec des troncs d’arbre et des rondins, en attendant mieux. Sur les routes, des puits sont creusés et bétonnés dans la chaussée pour y installer des barricades antichars. Dans tout le pays, on s’assure que les ponts, les viaducs et les tunnels sont prêts à être détruits ; des explosifs sont installés sous les voies de chemin de fer et les ouvrages d’art qui n’étaient pas encore minés. Parallèlement, les positions de barrage existantes sont renforcées ou prolongées. Des milliers de mètres cubes de béton sont ainsi coulés pour ériger des dents de dragons et des « toblerones ». On craint les sabotages et plus encore une attaque par surprise ou un coup de main de la cinquième colonne. Partout, des sentinelles veillent et montent la garde nuit et jour. Le pays se couvre de barbelés, tel un hérisson qui sort ses piquants…

Finalement, l’attaque ne viendra pas, mais par prudence, on continua sans relâche à renforcer le pays jusqu’à la fin de la guerre, au cas où l’un des belligérants aurait l’intention de violer la neutralité suisse. Dès 1948, l’émergence de la guerre froide et la menace d’un conflit ouvert opposant en Europe les Russes aux Occidentaux ne firent que renforcer ce processus. Ce n’est qu’au milieu des années 1990, après la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’Union Soviétique, que la Suisse entreprit une refonte complète de son système de défense, avec pour corollaire l’abandon d’une grande partie des fortifications. A ce jour, on estime qu’environ 21’000 fortifications modernes ont été construites en Suisse pour un territoire montagneux d’à peine 41’000 km2