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À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz

Fort de Douaumont – Meuse – (1914-1918) – France

Le fort de Douaumont, appelé brièvement fort Gérard, est un ouvrage fortifié situé dans la commune de Douaumont-Vaux (département de la Meuse), dans la commune déléguée de Douaumont. Il s’agit d’un des forts de la place forte de Verdun, faisant partie du système Séré de Rivières.

Construit entre 1884 et 1886 et modernisé entre 1901 et 1913, le fort fut un des lieux emblématiques de la bataille de Verdun en 1916 : pris par les troupes allemandes en février, il est repris par les Français en octobre de la même année. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, ses ruines attirent les touristes ; il est depuis 1970 classé monument historique.

Un fort en maçonnerie

Après la guerre franco-allemande de 1870 qui a vu la perte par la France de l’Alsace-Lorraine, un plan de défense de la nouvelle frontière est établi par le général Séré de Rivières, comprenant notamment de vastes extensions de quatre places fortes dans l’Est de la France : les camps retranchés de Verdun, de Toul, d’Épinal et de Belfort. Dans le cas de Verdun, finalement (il y eut plusieurs phases de modernisation) fut construite une double ceinture composée de 19 forts, 7 ouvrages (de petits forts), 118 batteries d’artillerie, 23 abris d’infanterie et 17 petits ouvrages d’infanterie (en terre et rondins, formant une « ligne de surveillance »), délimitant un périmètre de 43 kilomètres et couronnant les côtes de Meuse. Parmi eux, le fort de Douaumont est le fort le plus au nord du camp retranché sur la rive droite de la Meuse, en pointe, mais épaulé par ses voisins, l’ouvrage de Thiaumont au sud-ouest et le fort de Vaux au sud-est.

Le fort est situé sur le sommet, à 395 mètres d’altitude, au sud-est du village de Douaumont (aujourd’hui rasé). Cette position permet à l’artillerie de tirer tous azimuts, le long de la crête menant à Froideterre à l’ouest jusqu’à Vaux à l’est, en passant par la côte du Poivre, les Chambrettes (dans l’axe de l’actuel champ de tir de Wavrille) et le bois d’Hardaumont. Si le premier projet d’un fort date de 1873, un second projet est établi en 18841. Le fort de Douaumont est construit tardivement, de 1884 à 1886. Il s’agissait au début d’un fort du type Séré de Rivières, le plus vaste de la place forte avec ses 7,4 hectares clos2. Les larges fossés secs (14 mètres de large pour six de profondeur) dessinent un hexagone irrégulier avec deux côtés en pointe vers le nord, deux flancs presque parallèles et une gorge (le côté vulnérable, tourné vers le milieu de la place forte) composée de deux côtés légèrement rentrants. La défense des fossés était confiée à trois caponnières, deux simples aux saillants nord-ouest et nord-est (couvrant chacun un fossé de flanc) et un coffre double au saillant nord (couvrant les deux fossés de pointe). L’entrée du fort se trouvait au milieu de la gorge, dans le fossé, défendue par un fossé diamant, un pont-levis métallique et un redent avec corps de garde.

Au centre du fort se trouve le casernement composé de casemates voûtées ouvrant vers le sud à l’air libre, donnant côté nord dans une galerie enterrée. Les pièces étaient aménagées en cuisines, chambrées, boulangerie, infirmerie, forge et stocks de munitions, assez pour accueillir une garnison de 891 hommes3. S’y rajoutent des magasins à poudre noire et des citernes d’eau en sous-sol. Autour de ce massif central sont disposées en arc de cercle les plateformes de tir de l’artillerie, séparées entre-elles par sept traverses-abris (pour protéger le personnel et les munitions en cas de bombardement). L’armement d’origine était de six canons de 155 mm, six autres de 120 mm et quatre de 95 mm, auxquels se rajoutent les six canons révolver de défense des fossés (installés dans les caponnières). Le projet de 1884 comprenait l’installation de deux tourelles Mougin modèle 1876 armées chacune de deux canons de 155 mm, mais elles ne furent finalement pas rajoutées. Tous les bâtiments et murs sont construits en maçonnerie de moellons (la pierre calcaire est tirée des carrières d’Haudromont) , le tout recouvert d’une épaisse couche de terren .

Par le décret du 21 janvier 1887, le ministre de la Guerre Georges Boulanger renomme tous les forts, batteries et casernes avec les noms d’anciens chefs militaires. Pour le fort de Douaumont, son « nom Boulanger » est en référence au général puis maréchal Étienne Maurice Gérard, natif de la Meuse (1773-1852) : le nouveau nom devait être gravé au fronton de l’entrée. Dès le 13 octobre 1887, le successeur de Boulanger au ministère, Théophile Ferron, abroge le décret. Le fort reprend officiellement son nom précédent.

Un fort modernisé

Dès sa construction, le fort en maçonnerie est presque immédiatement périmé : les progrès en chimie appliquée permettent de développer de nouvelles charges propulsives et de nouveaux explosifs. Les nouveaux obus sont désormais capables de perforer les terrassements et de détruire les structures maçonnées. Face à cette « crise de l’obus-torpille », la première solution appliquée est de retirer les canons des grands forts et de les disperser, dans de plus petites batteries, si possible défilées. La seconde solution est de renforcer la protection des fortifications existantes : le fort de Douaumont est un des premiers à bénéficier d’une couche de béton épaisse de 1,5 à 2,5 mètres, placée en 1887-1888 au-dessus des maçonneries de la caserne, du couloir d’entrée et des traverses-abris, avec interposition d’une couche de sable d’un mètre, le tout encore recouvert de terre.

En 1889, les fossés sont modifiés : si pour l’escarpe de gorge et la contrescarpe des autres côtés sont conservés les murs en maçonnerie de six mètres et demi de haut (six pour l’escarpe), l’autre côté du fossé est réduit à un talus incliné (donnant moins de prise aux bombardements) avec une grille. Les caponnières sont remplacées par des coffres de contrescarpe reliés au fort par des gaines souterraines bétonnées passant sous les fossés. Pour la gorge sont aménagées deux casemates de flanquement de part et d’autre de l’entrée7.

Une deuxième phase de modernisation a lieu de 1901 à 1903, avec la construction en béton armé d’une casemate de Bourges armée de deux canons de 75 mm tirant en flanquement vers l’ouvrage de Thiaumont (où une autre casemate assure le flanquement vers Douaumont, couvrant ainsi l’intervalle par un tir croisé) et de deux tourelles de mitrailleuses pour la défense rapprochée des glacis et des dessus du fort. Cet armement est complété en 1906-1909 par l’installation d’une grosse tourelle Galopin (armée d’un canon de 155 mm pour le tir lointain), puis en 1911-1913 d’une autre tourelle d’artillerie, un peu plus petite (armée de deux canons de 75 mm) pour la défense rapprochée. Pour permettre l’observation, cinq observatoires cuirassés sont implantés sur les dessus du fort. Enfin, en 1906, le fort est entouré sur son glacis par un réseau de barbelés de 30 mètres de large. L’artillerie est désormais uniquement sous béton (casemate de Bourges) ou sous cuirassements (tourelles).

Cet armement fait de Douaumont un des ouvrages les plus puissants du camp retranché de Verdun, au même titre (l’armement y est identique) que le fort de Moulainville et le fort du Rozelier ; mais il est inférieur au fort de Vacherauville, ce dernier étant plus moderne (construit de 1910 à 1914, entièrement en béton armé) et mieux armé (deux tourelles de 155, une de 75 et deux casemates de Bourges). Mais de nouveaux renforcements étaient prévus : depuis 1913 deux annexes sont en chantier sur le glacis du fort, d’une part à l’est (à l’emplacement de l’ancienne batterie 3-4) une seconde tourelle pour deux canons de 75 mmn, d’autre part au sud une batterie cuirassée pour deux tourelles armées chacune d’un canon de 155 mm court (à tir courbe). Les travaux sont interrompus en juillet 1914 : seule la maçonnerie de la première est terminée, la seconde n’est qu’une fouille, désignée en 1916 comme la « carrière 2808 ».

La tourelle Galopin

Le fort renferme une des tourelles du modèle Galopin. Ces tourelles furent construites de 1907 à 1909. C’est un canon de 155 R, ce qui veut dire de 155 mm raccourci, qui se trouvait en haut sous la coupole, et était orientable à 360°.

Il s’agit d’une tourelle à éclipse qui monte pour tirer et redescend aussitôt. La manœuvre pour monter la tourelle était effectuée par quatre artilleurs à l’aide d’un système de cabestans et des démultiplications. En tournant, ils faisaient armer un contrepoids de lancement. Au moment de mettre la tourelle en batterie (position haute permettant le tir), le contrepoids déverrouillait à son tour les deux gros balanciers et leurs contrepoids. Ceux-ci, descendaient et faisaient monter la tourelle (le principe d’un tire-bouchon à bras). La coupole montait dépassait le point de tir de quelques millimètres, faisait sortir un coin et redescendait se caler sur celui-ci : elle est prête au tir.

Pour la descendre, il suffit d’effacer le coin et la tourelle redescendait plus bas qu’en position d’éclipse, faisant ressortir un autre coin, remontait de quelques millimètres et se calait dessus. Le système est simple, c’est l’équilibre des deux contrepoids avec le poids de la tourelle. Ainsi on a 37 tonnes de contrepoids et 37 tonnes de tourelle. Les obus utilisés étaient montés depuis l’arrière un par un à l’aide d’une noria (monte-charge fonctionnant sur le principe d’une roue à aube) puis arrivés à l’étage intermédiaire, passés dans une seconde noria jusqu’à la chambre de tir. Un obus de 155 (modèle « lourd » exclusivement utilisé dans les tourelles) pesait 43 kg et le canon lui donnait une portée de 7,2 km. Le tir de ces tourelles était relativement rapide. Il n’y avait aucun inconvénient au moment du tir, les effluves de la combustion de la poudre dus aux tirs étaient chassés à l’extérieur (encore plus quand la culasse était ouverte) et un système de ventilation assurait une bonne ventilation du reste du local.

Le bruit à l’intérieur de la tourelle était tout à fait acceptable, la volée du tube étant à l’extérieur et enchâssée dans une rotule, 80 % du bruit était chassé à l’extérieur. Les tourelles de 155 de ce type étaient même moins bruyantes, pour les servants, que certaines pièces d’artillerie utilisant des canons courts employant la même munition.

Première Guerre mondiale

Le fort n’est connu qu’à cause de son rôle pendant la Première Guerre mondiale, essentiellement pendant la bataille de Verdun de février à décembre 1916.

Début du conflit

Lors de la mobilisation française de 1914, la garnison du fort est d’abord composée le 29 juillet par une partie de la 9e compagnie (qui occupe aussi les ouvrages de Thiaumont et de Froideterre, ainsi que le village de Bras) du 164e régiment d’infanterie, de la 1re batterie du 5e régiment d’artillerie à pied et d’un détachement du génie. Dès le 3 août, les ouvrages de Froideterre et de Thiaumont, ainsi que les villages sont tenus par le 44e régiment d’infanterie territoriale, seul le fort de Douaumont gardant une pleine compagnie d’active du 164e RI jusqu’au 23 août (remplacée à ce moment-là par la 5e compagnie du 44e RIT) : le village de Douaumont et ses abords sont mis en état de défense (tranchées, barricade, puis barbelés).

Le 6 septembre 1914 au matin, la tourelle de 155R du fort ouvre le feu, visant les Jumelles d’Ornesn, un relief sur lequel étaient signalés des travaux allemands ; dans l’après-midi, la tourelle ainsi que quatre canons de 120 mm placés sur le fort tirent sur de l’infanterie allemande à la lisière des bois d’Herbebois et de la Wavrille. Les tirs reprennent les jours suivants, soutenus par les batteries voisines. Le fort reçoit ses premiers obus allemands le 8 octobre 1914, avec 137 impacts dans l’enceinte ou à proximité immédiate, dont 23 tombant sur le casernement, bouleversant les terrassements. En décembre 1914 et février 1915, la tourelle de 155 réalise plusieurs tirs sur les Jumelles d’Ornes, où les Allemands ont installé un observatoire ; en représailles, le fort est pilonné les 15 et 17 février 1915 avec 40 obus de 38 cm et de 42 cm le premier jour et encore une vingtaine le surlendemain : la couche de béton est percée au-dessus de la boulangerie (d’où un gros éboulement de terre dans la cour de la caserne. Le couloir d’accès à la tourelle de 75 est disloqué  et la tourelle de 155 a besoin de deux jours de travaux pour la remettre en état. Le 4 février 1915, la « station de tir contre aéronefs » du fort tire sur un Aviatik et le force à se poser, les deux passagers allemands finissant prisonniers. Pendant le reste de l’année 1915, le fort reçoit des obus allemands de 15 et de 21 cm.

Désarmement du fort en 1915

La stabilisation de la ligne de front à l’automne 1914 modifie le type de combat, l’artillerie lourde prenant une place dominante. Or, l’armée de campagne française manque de munitions (il y a même rationnement) et de pièces de gros calibre, alors que les fortifications regorgent des deux. D’autant que les fortifications belges et françaises, même modernes, ne résistent pas aux nouvelles pièces d’artillerie lourde allemandes : la place de Longwy, la position fortifiée de Liège, le fort de Manonviller, le fort de Charlemont, le fort des Ayvelles, la place de Montmédy, la position fortifiée de Namur, la place forte de Maubeuge, le

Mais les places fortes ne dépendent pas alors du général en chef, mais du ministère de la Guerren . Dès le 28 septembre 1914, le GQG obtient du ministère qu’il envoie une partie des pièces d’artillerie et les stocks d’obus des places fortes (sauf pour Paris, Toul et Verdun), comme des colonies, vers le front. Le 20 octobre 1914, le GQG ordonne de « réduire au strict minimum les garnisons des forts ». Enfin, grâce au décret du 5 août 1915 qui met les places situées dans la zone des armées sous les ordres du général en chef, le GQG peut vider les arsenaux et désarmer forts et batteries.

En conséquence, seules les tourelles conservent leurs canons (avec une très faible dotation en munitions), les autres pièces étant versées aux nouveaux régiments d’artillerie lourde et envoyées sur le front (qui en a besoin pour l’offensive de Champagne). Au fort de Douaumont, la casemate de Bourges perd ses deux canons de 75 mm avec leurs affûts et munitions. La garnison du fort se limite désormais à 56 artilleurs de la territoriale, commandés par un gardien de batterie (l’adjudant Chenot) : ce n’est plus qu’un cantonnement à dix kilomètres à l’arrière du front pour les troupes de passage. Le général Coutanceau, gouverneur de Verdun, ayant protesté contre ce désarmement de la place est remplacé le 10 août 1915 par le général Herr à la tête de la nouvelle « région fortifiée de Verdun » (équivalente à une armée), nouvellement créée.

La destruction partielle du fort est préparée en cas d’évacuation, prévoyant de faire sauter à l’explosif les tourelles, observatoires, fossé de gorge et une partie du réseau de barbelés. Le génie stocke à cette fin au fort cinq tonnes de poudre noire ainsi que des centaines de cartouches de cheddite et de mélinite ; un petit groupe de sapeurs est envoyé creuser derrière le mur d’escarpe de gorge six fourneaux de mine écartés de huit mètres entre eux. Ces travaux sont encore en cours au début de l’année 1916 ; les tourelles sont minées et inaccessibles.

Prise en février 1916

Le 21 février 1916, premier jour de l’offensive allemande sur Verdun, le fort de Douaumont fait partie des cibles de l’artillerie lourde allemande : il reçoit environ 800 obus les 21 et 22. Chaque jour, le front se rapproche du fort : l’artillerie allemande réalise une préparation ravageant le front français, puis l’infanterie allemande conquiert le terrain. Le 25 février, l’attaque perce largement les lignes, mais s’arrête comme prévu à environ 600 mètres du fort. Le 24e régiment d’infanterie allemandn  a atteint son objectif, le bois de Chauffour, mais reçoit des obus allemands : les officiers (l’Hauptmann Hans Joachim Haupt, chef de la 7e compagnie, le lieutenant de réserve Eugen Radtke de la 6e et l’Oberleutnant Cordt von Brandis de la 8e) décident alors de pousser plus loin.

Évitant le village de Douaumont où est retranché un bataillon du 95e RI français, les compagnies du 24e allemand franchissent le glacis et le réseau de barbelés, arrivant en fin d’après-midi, sous la neige, jusqu’à la grille de la contrescarpe au nord-est du fort. Dans le fort, les 57 territoriaux de la garnison, ainsi qu’un isolé du 164e RI, six artilleurs du 102e RA, un sergent du génie et cinq hommes de corvée, se sont réfugiés dans le sous-sol du casernement (pour se protéger du pilonnage), sans liaison avec les unités environnantes et sans personne dans les observatoires. Une brèche est découverte dans la grille et quelques volontaires sautent dans le fossé, trouvent des poteaux télégraphiques et les dressent pour aider les suivants à descendre. Le sergent Kunze (des pionniers du régiment) se glisse dans le coffre oriental par le créneau de tir, puis de petits groupes d’Allemands remontent les galeries. Les Français du fort sont faits prisonniers. La perte du fort, important point d’appui, observatoire et abri de premier ordre entraîna pour les deux camps adverses des conséquences matérielles et morales considérables. Les Allemands organisèrent tout de suite la défense du fort de Douaumont : dans la soirée du 25 février, ils étaient 19 officiers et 79 sous-officiers et hommes de troupes de cinq compagnies différentes à occuper le fort de Douaumont. Le fort, excellent observatoire pour l’artillerie, devient le pivot de la défense allemande sur la rive droite de la Meuse. Brandis et Haupt reçurent la médaille Pour le Mérite et des communiqués allemands sont publiés, le premier le 26 février à midi :

« Le fort blindé de Douaumont, le pilier nord-est de la ligne principale des fortifications permanentes de la place forte de Verdun, a été pris d’assaut hier après-midi par le régiment d’infanterie du Brandebourg no 24. Il est solidement au pouvoir des troupes allemandes. »

« À l’est de la Meuse, devant Sa Majesté l’empereur et roi, qui était sur le front, nous avons obtenu des succès importants. Nos vaillantes troupes ont enlevé les hauteurs sud-ouest de Louvemont, le village de Louvemont et la position fortifiée qui est plus à l’est. Dans une vigoureuse poussée en avant, des régiments de Brandebourg sont arrivés jusqu’au village et au fort cuirassé de Douaumont qu’ils ont enlevés d’assaut. »

Échec français en mai 1916

Une fois allemand, le fort est utilisé comme abri pour les troupes montant ou descendant du front, ainsi qu’observatoire d’artillerie (les tourelles sont utilisées comme observatoires blindés et éclipsables). C’est désormais l’artillerie française qui arrose d’obus le fort (notamment du côté de sa gorge) et son glacis. Côté français, il est très tôt question de reprendre Douaumont, notamment à l’état-major de la 2e armée, commandée depuis le 28 avril par le général Robert Nivelle (remplaçant Philippe Pétain, jugé pas assez offensif) qui a donc la charge de défendre Verdun. Les moyens engagés se révèlent insuffisants : si les tirs de destruction commencent le 16 mai, la préparation se limite au matin du 22, la contrebatterie est inefficace car l’artillerie française est surclassée, tandis que le mortier de 370 mm Filloux est incapable de percer le béton du fort. Dans la nuit du 19 au 20, l’unité chargée de l’assaut, la 5e division d’infanterie (36e, 74e, 129e et 274e RI) du général Charles Mangin, monte en ligne entre la ferme de Thiaumont et l’étang de Vaux.

Le 22 mai, une contre-préparation allemande frappe les premières lignes françaises ; l’assaut frontal est malgré tout déclenché à 11 h 50 : le 129e RI, renforcé par trois compagnies de sapeurs (les 3/1, 3/4 et 3/51) du 3e génie, atteint le fort en 15 minutes, passe dans le fossé, puis monte sur la partie occidentale du fort. La casemate de Bourges et le coffre nord-ouest sont pris à coup de grenades, mais les fantassins, bloqués en surface par le fauchage des mitrailleuses et à l’intérieur par les barricades de la garnison allemande (du 12e régiment de grenadiers)n, décimés par les tirs fusants de l’artillerie et les contre-attaques allemandes, ne peuvent que s’accrocher au terrain, dans les trous d’obus et en creusant des bouts de tranchée. Le 23, les restes de quelques compagnies de renfort (notamment du 34e RI, dépendant de la 35e DI) arrivent à passer à travers le barrage d’artillerie allemand, mais, encerclés, manquant de munitions, d’eau et de vivres, les survivants français de l’assaut se rendent le 24 mai.

Les pertes du 129e RI sont le 20 mai (montée en ligne) de 17 morts et 46 blessés ; le 21 mai (aménagement des parallèles d’attaque) de 31 morts, 162 blessés et 11 disparus ; le 22 mai (contre-préparation et assaut) de 66 morts, 386 blessés et 220 disparus, soit la moitié de l’effectif théorique ; le 23 mai (en défense) de 36 tués, 204 blessés et 136 disparus ; ce qui reste du régiment est relevé sur le front par les éléments du 34e et 49e RI dans la nuit du 23 au 24 mai. Pour préparer et soutenir cet assaut, l’artillerie française a consommé du 17 au 25 mai 447 000 obus, dont 152 000 d’artillerie lourde, soit une masse de 7 000 tonnes.

Reprise en octobre 1916

Une seconde attaque française est planifiée en septembre 1916 par l’état-major du groupement D-E (commandé par le général Charles Mangin) pour reprendre Thiaumont, Douaumont et Vaux, à trois kilomètres au nord des lignes françaises.

Elle fut confiée aux 38e (général Margueritte), 133e (Marceau) et 74e DI (Belrupt) sur un front total de sept kilomètres. Les hommes, très chargés (ils emportèrent notamment quatre jours de vivres, deux masques à gaz, 200 cartouches, ainsi que des outils) sont armés en plus de leur fusils et grenades, de fusils-mitrailleurs Chauchat, de tromblons VB et de canons de 37 mm. Des répétitions ont été organisées à l’arrière, les cadres équipés de boussoles et la troupe entraînée à suivre le barrage roulant d’artillerie. L’assaut est prévu pour le 17 octobre avec six jours de préparation, mais le 12 le temps est tellement mauvais que toute l’opération est repoussée. Le 20, le temps s’améliore, permettant de déclencher une préparation raccourcie à quatre jours et de fixer le jour J au 24 octobre.

Préparation d’artillerie

Le soutien d’artillerie est particulièrement dense, avec douze canons de 65 mm, 272 de 75 mm (68 batteries), quatre de 80 mm, huit de 90 mm, 28 de 95 mm, 24 de 100 mm, 24 de 105 mm, 40 de 120 mm L, 64 de 155 mm C, 44 de 155 mm CTR, 24 de 155 mm C S, 96 de 155 mm L et 40 mortiers de 220 mm29. Cette artillerie, à laquelle se rajoute l’ALGP, surclasse désormais son homologue allemand. L’espace aérien est dominé par la chasse française ; le repérage cartographique des cibles est confié à sept escadrilles d’avions d’observation et à dix aérostats.

Les tirs de contre-batterie commencent dès le 3 octobre, avec ensuite quatre jours de matraquage pendant lesquels la riposte allemande décroît peu à peu. Du 21 au 26 octobre, l’artillerie française déverse 530 000 obus de 75 mm, 101 000 coups de 155 mm et plus de 170 000 obus d’autres calibres sur le front d’attaque : cette préparation détruit les tranchées, écrase ou obstrue les abris et assure une contre-batterie efficace (prévoyant 600 obus de 155 mm pour chaque batterie allemande repérée). Le 22, Mangin ordonne pour 15 h le déclenchement d’un barrage roulant ainsi que des simulacres d’attaque d’infanterie : 158 nouveaux emplacements d’artillerie allemands se dévoilent en faisant une contre-préparation et des barrages, s’exposant ainsi aux tirs français.

Pour frapper le fort de Douaumont sept pièces d’ALGP sont engagées, quatre autres pour Vaux. Douaumont est la cible pendant quatre jours d’un total de 96 obus tirés par deux obusiers de 400 mmn , 156 obus de 370 mm, 290 obus de 280 mm et 416 obus de 270 mm. Le 23 à 12 h 30, un obus de 400 perfore le béton du fort et explose dans l’infirmerie, tuant une cinquantaine d’Allemands ; à 12 h 40 un autre obus fait s’effondrer la casemate no 8 ; puis c’est au tour de la voûte du couloir principal ; un autre obus passe par le trou et va exploser plus bas, dans un dépôt de grenades, déclenchant un incendie qui répand des gaz toxiques. À 14 h, l’éclairage est coupé. La garnison allemande évacue le fort le 23 entre 17 et 18 h, alors que l’artillerie française mène un l’« arrosage d’obus spéciaux » (800 coups de 90 et de 95 mm chargés au gaz) sur et autour du fort.

Assaut d’infanterie

Dans la nuit du 23 au 24, les derniers éléments des trois divisions d’attaque montent en ligne, relevant celles qui avaient aménagé le secteur (parallèles de départ et boyaux de communication) : la 38e remplaçant la 55e, la 133e la 130e et la 74e la 63e DI. À l’heure H-30, une partie de l’artillerie française effectuent un « tir de peignage sur la zone d’attaque » (tir de harcèlement, donc lent, des arrières) et des tirs de neutralisation des batteries allemandes (au gaz), une autre partie assure l’encagement des cibles, tandis que l’artillerie lourde et l’artillerie de tranchée (14 batteries) terminent leurs tirs de destruction. À partir d’H-5, les canons de 75 mm concentrent leurs tirs sur la première ligne allemande, à raison de quatre obus percutants par minute et par pièce. Enfin, à l’heure H (11 h 40), les observatoires allemands sont aveuglés à coups d’obus fumigènes et le tir s’allonge sous forme d’un barrage mobile d’obus percutants (qui avance de 100 m toutes les quatre minutes). Les bataillons sortent de leurs tranchées et avancent dans un brouillard épais, au milieu des cratères qui se touchent, remplis d’eau et de boue. Le brouillard masque l’attaque, si bien que le barrage allemand n’est déclenché que 12 minutes plus tard.

Dans le secteur de la 38e DI, sur la gauche du front d’attaque, le régiment d’infanterie coloniale du Maroc (RICM) est chargé de prendre le fort, épaulé par le 4e régiment mixte de zouaves et tirailleurs (4e RMZT) qui doit prendre Thiaumont. Le fort a de nouveau une garnison allemande depuis 7 h du matin, mais composée seulement du capitaine Prollius et de 26 pionniers. Le RICM (commandé par le lieutenant-colonel Régnier, PC dans l’abri des Quatre-Cheminées) attaque du ravin des Vignes avec trois bataillons : le 4e (du commandant Modat, blessé dans l’assaut) qui prend la première position allemande malgré quelques difficultés, le 1er (du commandant Croll) qui passe devant à partir de 13 h 40 pour encercler le fort et le 8e (du commandant Nicolaÿ) qui doit « nettoyer » les dessus et l’intérieur du fort. Atteignant l’objectif, le bataillon Croll est seul : Nicolaÿ s’est déporté vers l’est dans le brouillard (sa boussole étant déviée par le métal de son équipement). Croll envoie alors ses hommes dans les fossés puis sur la superstructure du fort, y rencontrant des éléments du 321e RI, avant d’être enfin relevé par le 8e bataillon, qui arrive en colonnes guidé par un prisonnier allemand. Les coloniaux, renforcés par des sapeurs (de la compagnie du génie 19/2n , celle de la 38e DI) et des lance-flammes (une section de sapeurs-pompiers équipée d’engins Schilt), pénètrent dans le fort vers 15 h. Deux de ces sapeurs, Jean Ygon et Paul Dumont, se distinguent : alors qu’Ygon, aidé d’un autre sapeur, capture vingt soldats allemands, deux mitrailleuses et trois canons, le maître-ouvrier Dumont, qui a pris le commandement de quatre marsouins, est le premier soldat français à pénétrer dans le fort ; à son tour, il y capture quatre officiers et vingt-quatre soldats allemands.

Pendant la journée du 24, le RICM perd 500 hommes, dont 111 tués et 389 blessés. Le 25, le chef de bataillon Nicolaÿ est nommé commandant d’armes du fort de Douaumont ; le lieutenant-colonel Régnier installe son PC dans le fort. Les 26 octobre, deux contre-attaques allemandes sont repoussées près du fort ; les divisions d’assaut françaises sont relevées le 30. Le 4 décembre 1916, Dumont et Ygon se voient attribuer tous les deux la Légion d’honneur47, dont ils seront les deux seuls militaires du rang récipiendaires à l’occasion de la reprise du fort (les hommes du rang reçoivent normalement la médaille militaire). Le nom de sergent Paul Dumont fut donné en 2010-2011 à la 273e promotion de l’École nationale des sous-officiers d’active. Enfin, le chef de bataillon Pierre Nicolaÿ est fait officier de la Légion d’honneur (né en 1872 à Saint-Avold, il est tué le 16 décembre 1916 à Louvemont).

Aménagements en 1916-1918

Travaux allemands

La carapace de protection du fort de Douaumont est épaisse de plus de six mètres (composée de maçonnerie en pierre, recouverte de sable, de béton spécial et de terre) mais a en grande partie disparu en raison des divers bombardements et du prélèvement du sable pendant l’occupation allemande durant le premier conflit mondial. Pour renforcer la protection de la façade du casernement, particulièrement atteinte par les obus français, les Allemands l’ont renforcée avec un empilement de sacs de sable et de terre de plusieurs mètres d’épaisseur. Le fort permettait de loger théoriquement 800 hommes environ mais en 1916, il y en eut parfois jusqu’à 3 000 voire 3 500.

Le fort contenait des citernes cimentées. Cependant, avec les bombardements, elles furent rendues inutilisables (fissurées par les vibrations) et le ravitaillement en eau était particulièrement difficile, les occupants étant rationnés à 250 ml d’eau par jour. Jusqu’à 1916, on utilisait pour l’éclairage des bougies et des lampes à pétrole qui, à cause de la surpopulation et d’inévitables dégradations, n’étaient que peu ou pas utilisées. Les Allemands, remédiant à cet état, avaient mis en service au fort des groupes électrogènes. Au moment de la reprise du fort par les troupes françaises le 24 octobre 1916, ils en avaient amené d’autres plus puissants qui étaient en cours de montage et qui leur auraient permis d’électrifier quasiment tout le fort. La ventilation était assurée par des ventilateurs à main. Les toilettes existaient à l’intérieur du fort mais en nombre insuffisant (quatre) et dans un état de saleté repoussante ; les Allemands remédièrent à ce problème en installant plus de vingt toilettes à l’extérieur, à l’abri du bombardement, et condamnèrent celles de l’intérieur. Le fort présente aussi une pièce, aménagée par les troupes allemandes, dans laquelle on désinfectait les uniformes et le personnel avec de la vapeur d’eau chaude.

Le fort servait de lieu de passage et de repos à l’infanterie allant en ligne, le seul endroit où une troupe pouvait se reposer sans danger. La sortie en était difficile, l’artillerie française tenant sous son feu les issues du fort. Aussi, pour réduire les pertes à la sortie du fort, les Allemands entreprirent la construction d’une communication souterraine, appelée « tunnel sud » dans l’axe même du fort. Fin octobre, 60 mètres seulement étaient achevés.

Sépultures collectives

Le 8 mai 1916, la vie du fort occupé par les Allemands fut troublée par un événement imprévu. La veille, les bombardements français avaient été très violents et l’ouvrage avait reçu les blessés ; un bataillon au repos et de nombreuses troupes se trouvaient dans le fortn. À 6 h du matin, une violente explosion accidentelle, celle d’un dépôt de grenades due à une erreur humaine, mit le feu à un dépôt voisin de lance-flammes. Les pertes furent lourdes, les Allemands commencèrent à enterrer les morts mais comme on en retrouvait toujours, le commandement les fit placer dans deux casemates qui furent murées. Des 800 à 900 soldats qui périrent, 679 sont enterrés derrière cette croix : c’est le cimetière allemand du fort. Le fort reçu le surnom de Sargdesckel, le « couvercle de cercueil » à cause de sa forme allongée et bombée.

Le 14 décembre 1916, un obus allemand de 420 mm tombe au-dessus d’un piédroit du casernement, perçant le béton et la maçonnerie, faisant s’effondrer les deux casemates voisines : 21 soldats français sont tués. On put en sortir quatorze pour les enterrer à l’extérieur, les sept autres, dont les noms sont inscrits sur une plaque, furent déchiquetés et reposent encore derrière un mur épais qui mure maintenant la casemate.

Travaux français

Dès le premier jour de la reprise du fort par les Français, les sapeurs du génie le réaménagent pour le rendre mieux défendable et habitable : barricades, chicanes, positions de mitrailleuses, rétablissement de l’éclairage et de la ventilation, évacuation des cadavres et des décombres. Les groupes électrogènes allemands sont révisés et remis en service. Trois petits puits sont aménagés pour l’approvisionnement en eau, complétés par des cuves métalliques de 400 litres (les citernes étant fissurées). Les coffres de contrescarpe et la casemate de Bourges sont remis en état et réarmés ; le casernement est dégagé de ses sacs de sable et de terre, sa façade est partiellement refaite, comprenant des créneaux de tir pour mitrailleuses. Deux réseaux de barbelés, chacun de dix mètres de large, sont déployés dans les fossés et sur le glacis, chaque coffre étant lui-même entouré.

Rapidement le creusement des « galeries de 17 » est lancé, ordonné par le commandant Harispe : expérimentées au fort de Moulainville à partir de mai 1916 et ordonnées pour tous les forts et ouvrages de la région fortifiée de Verdun à partir d’aoûtn , elles doivent permettre de s’enfouir davantage, en forant des puits d’accès sous la caserne, l’observatoire de commandement, la casemate de Bourges, les quatre tourelles (chacune couplée à un observatoire cuirassé) et les trois coffres, puis en reliant ces forages par des galeries à près de 30 mètres de profondeur. Ces galeries, peu étayées mais éclairées à l’électricité, ventilées et aménagées (dortoirs, magasins et usine), ont pour fonction de garantir l’accès aux différents organes de combat et de protéger la garnison même pendant les pires pilonnages. Le creusement des galeries se poursuit jusqu’en 1918, comprenant des portes étanches pour en mettre des portions en légère surpression (équivalent à un abri-caverne). Le « tunnel sud » creusé par les Allemands est prolongé, débouchant en surface à 500 mètres environ au sud, dans le ravin de la Caillette. Deux embranchements menaient à deux autres sorties, l’une à la carrière à 180 m du fort et l’autre à 300 m. L’entrée la plus éloignée est à proximité d’une voie ferrée de 60 cm (celle du « Tacot »), tandis qu’une voie étroite de 40 cm pénètre dans l’entrée de guerre du fort, ce qui permet un meilleur ravitaillement et de stocker facilement les munitions pour les deux tourelles d’artillerie (4 700 cartouches 75 mm et 1 500 coups de la tourelle de 155 mm est retrouvée par les Français en bon état ; une fois vérifiée, elle participe au soutien de l’attaque du 15 décembre 1916 (sur la côte du Poivre) en tirant quinze obus. La tourelle de 75 mm fonctionne mal, les voussoirs de son avant-cuirasse ayant été en partie disloqués par un gros obus français. La tourelle de mitrailleuses nord-est est transformée en observatoire d’artillerie en découpant sa muraille pour y installer des jumelles ; celle du nord-ouest qui a été détruite est aménagée en observatoire. Le fort reçoit la visite du sénateur Georges Clemenceau qui y passe la nuit du 6 au 7 janvier 1917. L’artillerie allemande poursuit des tirs de harcèlement sur et autour du fort, notamment pendant l’offensive française d’août et septembre 1917. Au total, il est estimé que 120 000 obus, tant allemands que français, sont tombés d’octobre 1914 jusqu’en novembre 1917 sur le fort et son glacis.

Après-guerre

La paix revenue, le fort est constellé de cratères d’obus, les fossés sont méconnaissables, la moitié des tourelles est hors-service, le béton est fissuré et la caserne est devenue trop humide.

Remise en état partielle

L’Armée française occupant une partie de l’Allemagne, la priorité n’est pas dans l’immédiat après-guerre à l’entretien ni à la construction des fortifications permanentes. À partir de décembre 1925, date de création de la Commission de défense des frontières (qui devient la Commission d’organisation des régions fortifiées, CORF, en 1927), des études théoriques sont menées. En 1926, l’âge des forts de Verdun et leur éloignement de la nouvelle frontière franco-allemande entraînent leur déclassement partiel. En 1928, débutent des chantiers de construction dans les Alpes-Maritimes (le Rimplas dans la vallée de la Tinée), puis en 1929 en Lorraine (le Rochonvillers et le Hackenberg de part et d’autre de la Moselle) et en Alsace (le Hochwald au pied des Vosges) : c’est le début de la construction de la ligne Maginot.

Bien que la nouvelle ligne de fortifications laisse Verdun et ses forts très en arrière, ceux-ci sont considérés, comme ceux autour de Metz et de Belfort comme formant des places fortes de seconde ligne. L’artillerie de la place forte de Verdun, comprenant les casemates de Bourges et les tourelles d’artillerie des forts, est confiée le 5 mai 1929 au 3e groupe du 163e régiment d’artillerie de position (163e RAP, caserné à la citadelle), qui devient à partir du 30 octobre 1933 le 3e groupe du 151e RAP. De 1937 à 1939, les avant-cuirasses des tourelles et le béton armé autour sont refaits, tandis que deux nouvelles tourelles de mitrailleuses (qui étaient en stock) remplacent les anciennes détruites pendant les bombardements. Une partie des galeries creusées en 1917 est bétonnée.

Combats de juin 1940

À la mobilisation de fin août 1939, le groupe du 151e RAP forme l’ossature du nouveau 160e RAP, dont le 2e groupe est chargé d’armer les fort de Verdun de la rive droite, au sein de la 2e armée. En janvier 1940, le régiment quitte Verdun, laissant la garde des forts à la 10e batterie nouvellement créée.

Lors de la campagne de France en 1940, alors que le front français est percé dans les Ardennes (15 mai) puis sur la Somme (5 juin) et l’Aisne (9 juin), ordre est donné aux troupes déployées en Champagne, en Lorraine et en Alsace de battre en retraite. Du 11 au 12 juin, les unités défendant le secteur fortifié de Montmédy (le secteur de la ligne Maginot au nord de Verdun) décrochent, formant une division de marche (division légère Burtaine), suivi à partir du 12 juin plus à l’est par toutes les autres unités. Ordre est donné de ne pas défendre la ville de Verdun, mais le 13 juin la 3e division d’infanterie coloniale (du 18e corps de la 2e armée) se déploie au nord-ouest, sur la cote 340, le Mort-Homme et Regnéville, avec comme mission d’arrêter les forces allemandes ; celles-ci attaquent le 14 (36e, 76e et 299e divisions). À Verdun, les ponts sont sabotés et les derniers états-majors évacuent, tandis que sur la rive droite la division légère Burtaine bat en retraite (à pied) le plus vite possible vers le sud.

Le 15 juin, les troupes allemandes entrent dans Verdun ; quelques forts sont utilisés pour ralentir la poursuite pendant toute la journée, notamment ceux de Douaumont (la tourelle de 155 mm tire quelques coups à cette occasion), de Dugny et du Rozelier, tenus par des unités des 132e et 155e RIF, en arrière-garde de la division Burtaine. Lors de la reddition du fort, les deux tourelles (de 155 et de 75) furent sabordées ; c’est le soldat Victor Chrétien qui se serait chargé de ce travail pour la tourelle de 155 mm.

Lors du reste de la Seconde Guerre mondiale, le champ de bataille de Verdun et notamment le fort de Douaumont servent de destination touristique pour les troupes d’occupation allemandes

wikipedia

Fort Großherzog von Baden (1914-1918) – Fort Frère – Strasbourg – France

Le Fort Großherzog von Baden – Fort Frère est un ouvrage de la ceinture fortifié allemande de Strasbourg, construit entre 1872 et 1875. Initialement dénommé « Fort V » ou « Fort Oberhausbergen », il est baptisé le 1er septembre 1873, « Fort Großherzog von Baden » (en l’honneur du Grand-Duc de Bade Frédéric Ier, gendre du roi de Prusse et empereur allemand, Guillaume Ier). Après la Première Guerre mondiale, il a été dénommé « Fort du Maréchal Pétain » (3 avril 1919) puis après la Seconde Guerre mondiale, Fort Frère. Il s’agit d’un grand fort détaché à fossé sec. Son plan, a servi de plan modèle pour la construction des forts détachés dits « de type Biehler » (du nom du Generalmajor Biehler, chef de la 3e inspection des ingénieurs et du 3e département du Comité des Ingénieurs à Berlin qui fait réaliser un plan type de fort détaché, à partir du plan projet du fort n°5 de Strasbourg). On peut ainsi considérer le fort Frère comme le père de tous les forts détachés du nouvel empire allemand de la période de 1872 à 1882 environ. Restauré depuis l’an 2000 et ouvert au public par une association de bénévoles, il est accessible à la visite et constitue le grand fort de type Biehler, le mieux conservé en Europe. Nous vous invitons à venir découvrir ce superbe monument de l’architecture militaire européenne de la fin du XIXe siècle, situé à quelques kilomètres du centre de Strasbourg.

Poste de commandement du Kronprinz Rupprecht de Bavière près de Varennes en Argonne – France

Rupprecht était le fils de Louis III de Bavière, le dernier roi de Bavière et de Marie-Thérèse de Modène, archiduchesse d’Autriche-Este, nièce de François V, dernier duc de Modène.

Au commencement de la Première Guerre mondiale, Rupprecht avait sous ses ordres la 6e armée allemande en Lorraine. En août 1914, il réussit à contenir les Français durant la bataille de Lorraine et lança une contre-offensive dès le 20 août, repoussant l’armée française hors de l’Empire; cette action d’éclat le fit considérer comme le « vainqueur de Metz » .

Il ne put toutefois réussir à percer les lignes ennemies (Bataille de la trouée de Charmes). Durant la guerre de positions qui s’ensuivit, Rupprecht resta sur le front de l’ouest jusqu’à la fin du conflit.

En 1916, Rupprecht devint Generalfeldmarschall (maréchal) et prit le commandement du groupe d’armées « Prince héritier Rupprecht ». Il fut reconnu comme étant un des meilleurs commandants royaux de l’armée allemande durant la Première Guerre mondiale.

Les documents photographiques annexés vous feront découvrir les ruines des bâtiments qui furent son Poste de commandement près du village de Varenne en Argonne. Tous les bâtiments sont dispersés dans une forêt. Ils sont tous construits en béton et certains présentent encore des peintures et des moulages en bon état.

La visite est très intéressante.

Camp allemand de Marguerre (1914-1918) –Meuse – France

Avant 1914, monsieur Marguerre travaillait comme ingénieur dans un centre de recherche à Berlin. Avec la guerre, il prend le grade de capitaine et se voit confier la direction d’une section spéciale de la Vème Armée allemande, dirigée par le fils de l’Empereur d’Allemagne.

L’armée a pour mission de stabiliser le front en installant de solides positions défensives et en construisant des camps de repos pour les soldats de passage. Le capitaine Marguerre et sa section sont affectés sur la zone de Spincourt. Ils doivent créer un camp et une centrale à béton pour tester l’utilisation de ce matériau en temps de guerre. La section spéciale du capitaine Marguerre va créer de toutes pièces, en pleine forêt, un lieu surprenant par sa conception moderne et par la qualité de ses aménagements.

Parmi leurs missions, les hommes du capitaine Marguerre devaient élaborer et tester des techniques rapides des abris bétonnés. La technique se voulait efficace. Les blockhaus sont érigés sans fondations afin de tester des méthodes de construction sur un simple lit de sable ou de terre. L’emploi de matériaux à portée d’une zone de combat (tôles, planches et branchages) comme éléments de coffrages est aussi mis à l’étude.

Malgré la différence des techniques utilisées pour leur construction, ils correspondent à un plan « type » : une entrée en chicane et un corps du bâtiment. Une meurtrière donnant sur le sas de l’entrée permettait aux sentinelles autant de surveiller les abords de l’abri que d’en défendre l’approche. Le corps du bâtiment, de par sa longueur et son peu d’accessibilité, servait à loger et à protéger les hommes d’une section (environ 50 hommes).

Le bunker achevé, le plafond est recouvert de larges bandes de papier goudronné. Elles assurent une meilleure salubrité à ce bâtiment chargé d’accueillir pour quelques temps des hommes en provenance de la zone de combat proche.

Le camp trouve sa personnalité dans ses décors. Au-dessus de la porte centrale, l’inscription indique que « ce campa été construit par la section de la BEton FAbrik sous la direction du capitaine Marguerre ». Cela souligne, s’il en était besoin, la rareté d’un tel ensemble et la fierté de ses bâtisseurs. Les bacs à fleurs au pied des bâtiments, les ouvertures ouvragées, les fausses colonnades, les faux colombages et les peintures murales rendent ce camp remarquable. Cette volonté décorative traduit le souci de recomposer l’ambiance du foyer familial allemand, de laisser l’empreinte d’une « Heimat » qui devait un tant soit peu adoucir le quotidien du soldat.

Le canon allemand« Max de 380 mm » de Duzey  (1914-1918) – Meuse – France

Sorti de l’oubli grâce à un programme de réhabilitation et de mise en valeur historique mené en 1998-1999, le site du canon « Max » de Duzey, tapi dans les bois de l’arrière-front allemand devant Verdun, offre aux visiteurs une étonnante plongée dans l’histoire de cette artillerie secrète. En 2014, un canon de marine cédé par la base de Gâvres a été installé.

La batterie de Duzey

Près de la commune de Duzey, dans le Bois de Warphemont, (à 25 km au Nord-est de Verdun), se trouve un des rares sites (une trentaine seulement fut implantée sur le front Ouest au cours de la guerre) de canons lourds à longue portée installés par les Allemands durant la Première Guerre mondiale. En effet, le site abrite la cuve ayant accueilli un canon de marine, le « Langer Max », qui a bombardé Verdun le 21 février 1916. Le canon implanté à l’origine fut fabriqué par Krupp (compagnie industrielle allemande du secteur de l’acier) pour équiper un cuirassé de la marine allemande. La cuve qui accueillit le canon a une profondeur de 4 mètres et un diamètre de 23 mètres. Le site fut classé Monument Historique en 1924.

Un canon de marine à pied sec

Dès l’automne 1914, les Allemands projettent de mettre en place des pièces à forte puissance et longue portée pour mener le siège des villes et places fortes françaises que l’invasion a mises à leur portée. C’est le cas de Verdun, entourée aux deux tiers par la Ve Armée allemande. Pour cela, des canons de marine, en cours de test pour doter des cuirassés de nouvelle génération, sont utilisés. Avec un calibre de 381 mm (38 cm) et une portée maximale de 45 km, ces 38SLK45 baptisés « Langer Max » surclassent les plus puissantes pièces terrestres, notamment les fameuses « Berthas » de 42 cm. Dès décembre 1914, deux pièces sont déployées non loin de là à la Ferme de Sorel et à Loison. En septembre 1915, c’est au tour du « Max » de Duzey d’être installé sur un nouveau type de plate-forme plus performant, au sein d’une véritable base d’artillerie.

Une base secrète

Pour cela, on a aménagé un profond hémicycle en béton armé, « tel un pont de navire », avec en son centre le pivot sur lequel reposent les 220 tonnes du canon et de son affût. Cette disposition sur pivot rotatif permet de tirer dans toutes les directions et il est désormais possible de dresser le canon (17 mètres de long pour 77 tonnes) à 45° afin d’atteindre une portée de 45 km. Tout autour de cet encuvement, le site ponctué de reliques de ballast et de sacs de ciments figés sur place témoigne de l’impressionnant complexe, à l’instar des cales d’un navire, qui est déployé : abris de commandement, tunnels-ateliers pour le stockage sécurisé des obus et la préparation des charges de poudre, voies ferrées pour l’acheminement des matériels et des munitions, et en retrait, logement pour les ingénieurs et les Commandos de Marine chargés d’activer la batterie. Afin de préserver le secret du site, on y a multiplié les camouflages, et des pièces d’artillerie voisines sont chargées de tirer en même temps pour camoufler la flamme et le panache de fumée de la pièce. Pendant longtemps, les canons Max resteront des canons fantômes, inspirant en 1915 une aventure.

d’Arsène Lupin, « l’Eclat d’obus ».

 

LE WEWELSBURG, « ORDENSBURG » DE LA S.S. – Allemagne

Dès son arrivée à la tête de la S.S, Heinrich Himmler caressa le projet de doter l’Ordre Noir d’un centre digne de ce nom, d’où l’ordre pourrait rayonner sur le futur Reich millénaire et étendre progressivement son ombre sinistre sur la « nouvelle Europe ».

Féru de culture nordique, de traditions germaniques, de mystique païenne et d’occultisme, le Reichsführer se mit donc à la recherche d’un lieu mystique qui soit digne de rivaliser avec la forteresse de Marienburg, l’ancien « Ordensburg » des Chevaliers Teutoniques, situé en Prusse orientale.

Cet ancien ordre religieux de moines guerriers, qui vivait l’épée à la main et s’enfermait derrière de lourdes forteresses au milieu des sombres forêts de l’est, fascinait littéralement le Reichsführer S.S. Au Moyen Age, les chevaliers Teutoniques avaient en effet conquis d’immenses territoires sur les Slaves et les Baltes, alors païens, repoussant d’autant les frontières du monde germanique. Ils avaient conquis la Poméranie, germanisé la Prusse, exterminé les peuplades baltes, repoussé ou assujetti les Slaves… Le parallèle était évident avec les projets du Führer visant à conquérir d’immenses territoires jusqu’à l’Oural pour doter l’Allemagne nazies d’un espace vital (« Lebensraum ») qui en ferait la première puissance mondiale…

Pour Himmler, l’ordre S.S. était donc appelé à marcher dans les pas des Teutoniques et à reprendre en quelque sorte la tâche laissée inachevée par les moines guerriers un demi-millénaire plus tôt… Il envisageait pour l’Ordre Noir un avenir radieux dans le futur Reich millénaire promis par le Führer, sous le symbole du « soleil noir » de la svastika…

Les anciens Teutoniques arboraient comme signe de reconnaissance une croix noire pattée sur fond blanc, symbole repris au 20e siècle par l’armée allemande sous le nom de « croix balkanique ». Les S.S., pour leur part, arboraient deux runes nordiques blanches sur fond noir, par référence à la mythologie scandinave et à la prétendue pureté « germanique » de leur sang « aryen »…Quant au IIIe Reich, Hitler avait choisi le symbole solaire de la Svastika (ou croix gammée), vieux symbole païen dont la diffusion très large, de la façade Atlantique au lointain et mystérieux Tibet, était tenue par les idéologues S.S. pour une preuve de l’ancienne migration des « Aryens ».

Le château du nouvel « Ordre Noir »

La quête d’un haut lieu mystique destiné à abriter le futur Ordensburg du nouvel Ordre Noir du IIIe Reich débuta dans la première moitié des années 1930, après la prise du pouvoir par les Nazis. Cette mission fut confiée par Himmler au S.S. Gruppenführer Karl Maria Wiligut, le conseiller personnel du Reichsführer pour les questions ésotériques. Wiligut se mit donc à arpenter le territoire du Reich à la recherche de l’endroit idéal. Après de nombreuses discussions avec le Reichsführer der S.S., le choix se porta finalement sur le Wewelsburg, un ancien château-fort ruiné situés près de Paderborn (Westphalie) que Wiligut avait découvert au cours de sa prospection. Non seulement le château occupait une position centrale par rapport au territoire du IIIe Reich, mais il présentait en outre un plan très particulier et unique en son genre en Allemagne, en forme de triangle (les angles correspondant à de fortes tours rondes). Himmler, toujours avide de mysticisme, y voyait un symbole.

Mais ce qui emporta l’adhésion du Reichsführer fut la révélation, par les idéologues de la S.S., que l’origine du Wewelsburg remontait à l’époque de Heinrich Ier, roi de Franconie, considéré dans l’historiographie allemande comme le véritable fondateur du premier empire germanique (Ier Reich). Le symbole était lourd de sens et tenait d’autant plus à cœur à Himmler que le Reichsführer vouait un véritable culte au roi Heinrich Ier qui portait le même prénom que lui. Il voyait dans ce fait un signe du destin et la preuve que lui-même était appelé à jouer un rôle primordial aux côtés du Führer dans la consolidation du IIIe Reich allemand et dans l’avènement d’un nouvel ordre mondial…

En 1934, Himmler ordonna d’acquérir le Wewelsburg pour 100 ans auprès du district de Büren, afin de le rénover et de le transformer. Des fonds importants furent aussitôt débloqués par le bureau central de la S.S., à Berlin. Dès 1935, le Reichsführer imposa un moratoire sur les divers projets prévus pour le Wewelsburg et décida d’en faire le futur centre politique, militaire et religieux du pouvoir de l’Ordre Noir…En conséquence, le château fut incorporé dans la compétence personnelle exclusive du « Reichsführer der S.S »… Himmler était pressé, car il souhaitait pouvoir célébrer dès 1936 dans son nouvel « Ordensburg » le jubilé du millénaire de la mort du roi Heinrich Ier (919-936). La date des festivités fut officiellement fixée au 2 juillet 1936 et Himmler débloqua de nouveaux crédits pour financer la cérémonie, conjointement avec la ville de Quedlinsburg.

L’ « Ordensburg » du S.S. Führerkorps

 D’importants travaux furent entrepris au Wewelsburg dont la ruine fut entièrement remise en état et passablement transformée. Sur ordre de Himmler, le château fut littéralement truffé de symboles païens ou prétendument aryens, et la décoration incorpora de nombreux éléments ou tableaux ésotériques évoquant la mythologie nordique, la quête du Graal ou encore les vieilles légendes germaniques du cycle des Nibelungen (Siegfried). Car le château était appelé, après la victoire finale, à devenir le centre névralgique de l’ « Ordre Nouveau », du nouveau monde germanique et du IIIe Reich triomphant.. De là, le « soleil noir » de la S.S. était appelé à rayonner non seulement sur le futur Reich millénaire, mais sur l’ensemble de la « Festung Europa », voire sur le monde entier…

C’est dans les murs du Wewelsburg que Himmler réunit tous les hauts gradés de la S.S. du 11 au 15 juin 1941, pour leur annoncer, en primeur et sous le sceau du secret, le déclenchement prochain de l’opération « Barbarossa » : l’invasion de l’Union soviétique par les troupes allemandes. C’est également durant ce « Gruppenführertagung » devant l’élite suprême de l’ordre S.S., que le Reichsführer développa les projets du Führer pour le futur du Grand Reich et qu’il dévoila le véritable but de l’opération à l’Est : asservir et exterminer la population des pays slaves, soit environ 30 millions de personnes qualifiés de « Untermenschen », afin de permettre au nouveau Reich de s’étendre vers l’Est jusqu’à l’Oural pour exploiter et coloniser ces vastes territoires à son profit… C’est au Wewelsburg qu’ont été évoqués pour la première fois en public, devant une assistance triée sur le volet, les camps de la mort, les chambres à gaz et les sinistres fours crématoires qui allaient malheureusement devenir une réalité dès l’année suivante…

En tant qu’« Ordensburg » officiel de l’ordre S.S., le Wewelsburg peut donc être considéré comme le point de départ de la sinistre politique d’extermination pratiquée par le régime nazi, qui fut mise en œuvre par les S.S. dans les camps de la mort…Le château était également appelé à devenir le centre spirituel de la nouvelle religion païenne et germanique prônée par Himmler. Il devait également servir de représentation pour le S.S. Führerkorps et de lieu de réunion pour les grandes manifestations de l’Ordre Noir du Reichsführer. Ses sous-sols abritaient également divers services de l’Ahnenerbe » (société pour les Ancêtres »).

Himmler ordonne la destruction du Wewelsburg

En mars 1945, lorsqu’il devint évident que le IIIe Reich et le régime nazi allaient disparaître sous les coups des Russes et des Alliés occidentaux, Himmler ordonna au S.S. Hauptsturmführer Heinz Macher de raser le Wewelsburg : il ne fallait à aucun prix que le château de l’Ordre Noir tombe intact aux mains des troupes américaines qui progressaient rapidement vers l’Elbe. Des charges de destruction explosives furent installées par les S.S. en divers endroits et mises à feu, mais seules certaines parties du château furent détruites, notamment dans la tour nord. En revanche, le dynamitage transforma l’  Ordensburg » en un gigantesque brasier qui ravagea l’ensemble du château, détruisant la majeure partie de la bâtisse et tous les trésors qu’il contenait..

Le Wewelsburg aujourd’hui

Aujourd’hui, le château a été entièrement restauré et a retrouvé tout son éclat d’antan. Une aile du bâtiment abrite l’une des plus belles auberges de jeunesse d’Allemagne tandis qu’une autre a été transformée en musée régional du territoire de Paderborn. De la période sombre où il servait d’  Ordensburg » du S.S. Führerkorps, le bâtiment ne conserve que peu de choses. La plupart ont été détruites dans l’incendie ou enlevées après-guerre…

Tube roquette modèle 50 et modèle 58/80 – Suisse

Tube roquette modèle 50

Le tube roquette 195o est destiné en premier lieu à combattre les objectifs blindés. Cette arme peut être employée avec succès contre des but mobiles jusqu’à une distance de 200 m et contre des buts immobiles ou  fixes, jusqu’à une distance de 300 m. S’il est engagé contre des buts de faible dimension, les distances de tir sont sensiblement plus courtes. Dans le combat de localité et autour des fortifications de campagne, le tube roquette peut encore être engagé avec succès aux distances allant de 40 à 100 m, mais en fonction de l’importance du but. La roquette est propulsée par une fusée. Elle ne produit donc aucun recul notable au départ du coup. Le projectile est à charge creuse, ce qui lui confère une force de pénétration très élevée.

Deux hommes servent l’arme : le tireur et le chargeur.

Données techniques :

Arme

Calibre                                                                                                                        8,3 cm

Longueur de l’arme prête au tir                                                                               194 cm

Longueur de l’arme repliée                                                                                       103 cm

Poids :             tube                                                                                                     12,6 kg

bouclier                                                                                                                         1,2 kg

lunette de pointage                                                                                                     1,1 kg

Poids total                                                                                                                   14,9 kg

 

Munition

Poids roq perf chg creuse 57                                                                                        1,7 kg

Poids roq perf chg creuse 59                                                                                        1,8 kg

Vitesse de fin de combustion roq perf chg creuse 57 et 59                           environ 200 m/s

Poids roq éclair 56 ZZ                                                                                                     2,3 kg

 

 

Tube roquette modèle 58

Le tube roquette 1958 est destiné à combattre les objectifs blindés. Son faible poids et ses petites dimensions facilitent son engagement et simplifient le camouflage. Cette arme peut être employée avec succès contre des buts mobiles jusqu’à 200 m et contre des buts immobiles jusqu’à 300m.

A des distances plus grandes, la profondeur de la zone dangereuse et, partant, la probabilité de toucher sont trop réduites.

Lorsque le tube est engagé contre des buts de faibles dimensions, la distance de tir est sensiblement plus courte. D’autre part, dans le combat de localité et autour des fortifications de campagne, les distances varient entre 40 et 100 m suivant la dimension du but.

Le tireur et le chargeur servent l’arme.

La roquette est propulsée par une fusée ; elle ne produit donc qu’un recul très minime au départ du coup. Le projectile est à charge creuse, ce qui lui confère une force de pénétration élevée.

Quant à l’engagement du tube roquette 8,3 cm 1958 pour éclairer la zone de combat, les distances de tir et d’éclairage possibles se situent entre 400 et 850 m.

Données techniques

Arme

Calibre                                                                                                                       8,3 cm

Longueur de l’arme                                                                                                 130 cm

Poids : tube                                                                                                              6,0 kg

bouclier                                                                                                                    1,3 kg

Poids total                                                                                                                7,3 kg

 

Munitions

Poids roq perf chg creuse 57                                                                                    1,7 kg

Poids roq perf chg creuse 59                                                                                    1,8 kg

Vitesse de fin de combustion roq perf chg creuse 57 et 59                         environ 200 m

Poids roq éclairage 56 ZZ                                                                                          2,3 kg

Vitesse de fin de combustion roq éclairante 56 ZZ                                     environ 115 m/s

Panzerfaust 3 – Suisse

Le Panzerfaust 3 est un lance-roquettes allemand destiné à la lutte antichar mais pouvant être engagé également contre des bâtiments. Fabriqué par la firme allemande DAG, cette arme est en service dans différentes armées.

Le tube est à usage unique, permettant son abandon sur le champ de bataille, dans un souci d’encombrement moindre en cas de changement rapide de position après un tir révélant sa position à l’ennemi. Seuls les dispositifs de visée et de mise à feu sont réutilisables.

L’Armée suisse l’introduisit en écoles de recrues dès 1994 où il remplaça le tube roquette 58/80. À l’exercice, il tire la munition d’exercice « UPAT » (abréviation de l’allemand « Übung Patrone »), sans charge creuse et n’explosant pas à l’impact. Avant de former la recrue à cette munition, l’Armée suisse utilise une cartouche de 7,5 mm GP11 avec balle traçante comme munition d’exercice pour le tir d’exercice préparatoire au Panzerfaust 3, avant de passer à la munition UPAT. Il est remplacé progressivement par le MATADOR dans l’infanterie et par le NLAW au sein des grenadiers

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Engin guidé antichar BB (sol-sol) 77 « DRAGON » – Suisse

Poids :                                             14,5 k (prêt au tir)

Cadence de tir (coups/min).         5 au plus (selon distance)

Munitions :                                     obus perforant à charge creuse

Portée pratique (en mètres) :       65 – 1000

L’engin  est filoguidé (guidage semi-automatique)

Transport :                                      -le conteneur est portable à dos d’hommes

-conteneur et support ne sont plus réutilisés

Canon d’infanterie 4,7 cm 1935 – Suisse

La plupart d’entre vous connaîssent le canon d’infanterie 4,7 cm 1935 / 41 tel qu’il était engagé dans l’infanterie et comme canon de casemate 37 sur affût de forteresse jusque dans les années 60 et 70. Par contre, peu de personnes savent que cette pièce, à l’origine introduite dans notre armée en 1935 en vertu d’une licence de l’entreprise Böhler, fut modernisée en 1941.Cette modernisation comprenait essentiellement:

  • Adjonction d’un bouclier contre les éclats
  • Adjonction d’un dispositif d’ouverture automatique de la culasse lors du recul du tube
  • Adjonction d’une détente pour le pointeur dans le mécanisme de pointage en dérive
  • Disparition du guidon auxiliaire à l’avant du tube.

Ces adaptations furent, en grandes parties, reprises du développement du canon anti-char 4,7 cm introduit en 1941.

Canon antichar 4,7 cm 1941 (can ach 4,7 cm 41).

Lorsqu’au cours de la Seconde Guerre mondiale, les blindages devinrent de plus en plus résistants, il s’avéra nécessaire d’introduire, dans les formations antichars, un canon antichar véritablement performant. Le canon d’infanterie 4,7 cm, largement distribué avec ses munitions antichar, l’arquebuse antichar 1941 de 24 mm et l’arquebuse antichar de 20 mm 1940 Solo dont il n’existait qu’un nombre restreint de pièces, étaient affublés, non sans de bonnes raisons, du sobriquet ironique de «frappe-porte anti-char». En effet, ils n’étaient, et ce dès leur introduction, guère adaptés à l’engagement contre des chars modernes. Le canon antichar 4,7 cm, développé sur la base du canon d’infanterie 4,7 cm 1935, était une pièce à haute performance présentant une vitesse initiale de 750 m / s. Il fut engagé

tant dans sa version de campagne (can ach4,7 cm 1941) que dans les forteresses. Afin d’atteindre une performance encore plus élevée, on utilisa, dans les forteresses, un réducteur permettant de tirer des munitions Janecek sous-calibrées. Toutefois, même ces performances étaient insuffisantes contre les blindages encore plus performants apparaissant vers la fin de la guerre et dans les années 50. C’est ainsi que tous les canons antichar 4,7 cm 41 furent transformés en canons antichar 9 cm 1950 qui étaient beaucoup plus efficaces grâce à la charge creuse.