Le canon allemand« Max de 380 mm » de Duzey  (1914-1918) – Meuse – France

Sorti de l’oubli grâce à un programme de réhabilitation et de mise en valeur historique mené en 1998-1999, le site du canon « Max » de Duzey, tapi dans les bois de l’arrière-front allemand devant Verdun, offre aux visiteurs une étonnante plongée dans l’histoire de cette artillerie secrète. En 2014, un canon de marine cédé par la base de Gâvres a été installé.

La batterie de Duzey

Près de la commune de Duzey, dans le Bois de Warphemont, (à 25 km au Nord-est de Verdun), se trouve un des rares sites (une trentaine seulement fut implantée sur le front Ouest au cours de la guerre) de canons lourds à longue portée installés par les Allemands durant la Première Guerre mondiale. En effet, le site abrite la cuve ayant accueilli un canon de marine, le « Langer Max », qui a bombardé Verdun le 21 février 1916. Le canon implanté à l’origine fut fabriqué par Krupp (compagnie industrielle allemande du secteur de l’acier) pour équiper un cuirassé de la marine allemande. La cuve qui accueillit le canon a une profondeur de 4 mètres et un diamètre de 23 mètres. Le site fut classé Monument Historique en 1924.

Un canon de marine à pied sec

Dès l’automne 1914, les Allemands projettent de mettre en place des pièces à forte puissance et longue portée pour mener le siège des villes et places fortes françaises que l’invasion a mises à leur portée. C’est le cas de Verdun, entourée aux deux tiers par la Ve Armée allemande. Pour cela, des canons de marine, en cours de test pour doter des cuirassés de nouvelle génération, sont utilisés. Avec un calibre de 381 mm (38 cm) et une portée maximale de 45 km, ces 38SLK45 baptisés « Langer Max » surclassent les plus puissantes pièces terrestres, notamment les fameuses « Berthas » de 42 cm. Dès décembre 1914, deux pièces sont déployées non loin de là à la Ferme de Sorel et à Loison. En septembre 1915, c’est au tour du « Max » de Duzey d’être installé sur un nouveau type de plate-forme plus performant, au sein d’une véritable base d’artillerie.

Une base secrète

Pour cela, on a aménagé un profond hémicycle en béton armé, « tel un pont de navire », avec en son centre le pivot sur lequel reposent les 220 tonnes du canon et de son affût. Cette disposition sur pivot rotatif permet de tirer dans toutes les directions et il est désormais possible de dresser le canon (17 mètres de long pour 77 tonnes) à 45° afin d’atteindre une portée de 45 km. Tout autour de cet encuvement, le site ponctué de reliques de ballast et de sacs de ciments figés sur place témoigne de l’impressionnant complexe, à l’instar des cales d’un navire, qui est déployé : abris de commandement, tunnels-ateliers pour le stockage sécurisé des obus et la préparation des charges de poudre, voies ferrées pour l’acheminement des matériels et des munitions, et en retrait, logement pour les ingénieurs et les Commandos de Marine chargés d’activer la batterie. Afin de préserver le secret du site, on y a multiplié les camouflages, et des pièces d’artillerie voisines sont chargées de tirer en même temps pour camoufler la flamme et le panache de fumée de la pièce. Pendant longtemps, les canons Max resteront des canons fantômes, inspirant en 1915 une aventure.

d’Arsène Lupin, « l’Eclat d’obus ».

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz