LE CHARGEMENT PAR LA CULASSE SUIVANT LE SYSTÈME AMSLER-MILBANK 1867

 

Avec la balle à expansion et le fusil rayé de petit calibre, l’armurier était parvenu au terme de la longue marche qu’il suivait de­puis la mention, par Graziani, du trait à pou­dre portatif utilisé par les gens de guerre de Perugia en 1364.

SI les soldats de 1865 envoyaient leurs balles plus loin, avec plus de précision que les mousquetaires de Louis XIV ou les grognards de Napoléon, ils ne tiraient pas plus vite : deux coups par minute. Or, en trente secondes, un fantassin courait sur 100 mè­tres, disposant ainsi d’une liberté de manœuvre, entre deux salves, bien gênante pour l’adversaire. Pour inquié­ter l’assaillant, il aurait fallu ne pas espacer les rafales de plus de cinq secondes ! Possible, mais en engageant, à la fois, le sixième des tireurs seulement…

Un expert militaire admet que lorsqu’un ennemi, à 500 pas, s’avance au pas de course pour charger à la ba­ïonnette, la troupe assaillie ne peut tirer que quatre fois avant le choc ; la possibilité de mise hors de combat des attaquants est donc réduite avec les conséquences qui en résultent pour les attaqués s’ils sont inférieurs en nombre.

On a cherché très vite à restreindre le temps de charge en préparant à l’avance une « chambre » contenant la poudre et la balle introduite à l’arrière du canon. Il existe à Londres deux arquebuses d’un tel type qui ont ap­partenu à Henry VIII (1491-1547). L’une est datée 1537; sur la culasse, un couvercle à charnière s’ouvre de côté. Il existe encore neuf exemplaires de ces cham­bres d’acier prévues pour recevoir la charge. Charles-Quint appréciait aussi ce système ; son armurier, Peter Pech, avait construit pour lui, en 1553, une arquebuse à mèche à chargement par la culasse. Elle est conservée au musée bavarois de Munich.

L’histoire de l’armement est jalonnée de ces tentatives : celle de l’ingénieur français. Isaac de la Chaumette, est décrite dans la publication de l’Académie royale des sciences de 1704. Elle consiste en un bouchon à vis traversant toute la culasse de bas en haut. Ce bouchon est solidaire du pontet de sous-garde utilisé comme poi­gnée d’action. En se dévissant, le bouchon s’abaisse et dégage une entrée dans le canon par laquelle on in­troduit la balle et la poudre ; une platine à silex assure la mise à feu.

Patrick Ferguson (1744-1780) perfectionne l’invention de la Chaumette. Après des démonstrations éblouissan­tes – quatre coups par minute – il obtient la fourniture de son armement pour un détachement qui allait se joindre aux troupes anglaises chargées de mater la ré­bellion des Etats d’Amérique (1776).

En 1814, le chargement par la culasse frôle la solution définitive avec l’invention du bernois Samuel-Johannes Pauly (1766-1828). Il réalise l’unité de cartouche en réunissant, en un étui unique, l’amorce, la poudre et la balle. La longue culasse de son fusil, prolongée par un levier, se soulève en dégageant l’entrée du canon. Le percuteur à aiguille est solidaire d’un chien servant de levier d’armement. L’invention soumise à Napoléon alors qu’il arrivait à Paris après la désastreuse campagne de Russie, est repoussée, son intérêt très réel étant mineur par rapport à l’écrasante tâche consistant à briser la coalition des pays étrangers luttant contre la France.

L’invention de Pauly sera reprise par un de ses anciens ouvriers Jean-Nicolas Dreyse (1787-1867) qui fournit alors à la Prusse, en 1841, un fusil à chargement par la culasse, prototype de l’armement conventionnel que nous connaissons maintenant.

Les autorités militaires des grandes puissances admet­tent, vers les années 1850, la nécessité d’améliorer la puissance de feu de l’infanterie ; mais comment aug­menter la rapidité du tir ? On ne peut gagner aucune seconde sur la mise en joue, la visée, le départ du coup ; c’est donc du côté de la charge, sur la mise en place du projectile dans le canon, qu’il faut chercher. Seul, le chargement par la culasse – et avec une cartouche complète – permettrait d’intensifier la densité du feu.

Au cours de son histoire, la Suisse a toujours mis l’ac­cent sur l’action individuelle de ses soldats ; il faut donc leur fournir le fusil le meilleur. Or, les armes à char­gement par la culasse viennent de subir la dure épreuve des champs de bataille: guerre de Sécession (1861-1865), guerre du Danemark (1864), campagne de Bo­hême (juin-juillet 1866) opposant la Prusse à l’Autriche. Les experts militaires associent d’ailleurs le succès fou­droyant de l’armée prussienne à son fusil à chargement par la culasse, surclassant nettement celui de l’infanterie autrichienne qui se charge encore par la bouche.

Les autorités suisses sont placées devant trois obliga­tions :

– Il faut, pour toute l’armée, la nouvelle forme de char­gement ;

– Celle-ci doit être introduite très vite, car les armées étrangères s’affrontent aux frontières ;

– La Suisse doit faire respecter l’intégrité de son ter­ritoire.

On vante fort, maintenant, les armes à répétition qui ont été appréciées pendant la guerre de Sécession : ca­rabines Spencer et Henry, cette dernière décrite comme : … une des meilleures armes à répétition qui aient passé entre les mains des experts… Comme on le verra, c’est le facteur « rapidité de transformation » qui déterminera la décision.

Le département militaire comprend la nécessité d’as­socier les inventeurs d’Europe et d’Amérique à ses étu­des. Aussi, le 29 mai 1865, il publie le texte qui met au concours … un fusil modèle se chargeant par la cu­lasse  avec une prime de 20000 F pour le réalisateur du système qui sera adopté pour l’armement fédéral.

Les concurrents présentèrent cinquante et un fusils dont quatre seulement furent sélectionnés pour des essais ultérieurs, ceux de : Joslyn, Peabody, Milbank et Hugel. Un certain nombre de nos fusils devaient être trans­formés d’après ces quatre systèmes, par un … habile mécanicien, M. Amsler à Schaffhouse.

L’approbation du nouveau système dépend de « l’arrêté fédéral concernant les fusils se chargeant par la cu­lasse » du 20 juillet 1866. La commission d’experts, composée de cinq colonels et d’un lieutenant-colonel prend très vite une décision, puisque le 26 juillet 1866

– six jours après l’arrêté acceptant le principe du char­gement par la culasse – elle se réunit à Berne pour fixer le programme des essais.

Il y a eu, en 1866, trois séries d’essais avec des armes diverses. Le fusil d’infanterie et le fusil de chasseur, transformés par M. Amsler, furent comparés à d’autres, par exemple l’Enfield-Snider, le Chassepot, le Henry. Les fusils Prélaz-Burnand ne sont pas encore « sous la loupe » parce que leur transformation est une question non encore éclaircie et demande de nouveaux essais, mais l’éclaircissement viendra lors des essais de l’au­tomne 1866.

MUNITIONS

On a fait venir d’Amérique vingt-deux machines pour la fabrication des douilles, y compris les cartouches de cuivre. …Après que l’Assemblée fédérale aura décrété l’introduction des fusils se chargeant par la culasse et en même temps aussi celle de cartouches uniformes on pro­cédera dans la fabrication de capsules à des essais pour la confection des enveloppes métalliques de ces cartou­ches… … Dans le cours de la seconde moitié de l’année trois machines déjà se trouvaient organisées pour la nou­velle fabrication… …On a déjà commandé en Amérique de nouvelles machines.

Voici les caractéristiques des nouvelles munitions :

GROS CALIBRE:

– Hauteur totale : 40 mm, étui en tombac (93 % cuivre, 7 % zinc), hauteur 25 mm ;

– Calibre: 17,8mm, calibre du bourrelet 21mm;

– Projectile : plomb, conique, pointe aplatie avec une gorge à bord arrondi, sertie dans l’étui, expansion as­surée par une cavité en tronc de cône, profondeur 11,5 mm ;

– Poids de la cartouche: 51,360g;

– Poids de la balle: 40,470g;

– Longueur de la balle : 24,5 mm ;

– Vitesse de tir : 6-8 coups par minute (2 coups avec le chargement par la bouche!);

– Charge : 4,5 g de poudre noire n° 4.

PETIT CALIBRE:

– Longueur totale : 56 mm ;

– Poids total : 30,5 g ;

– Longueur de la balle à expansion : 25,5 mm ;

– Poids de la balle: 20,4g;

– Calibre: 10,5 mm;

– Longueur de l’étui : 38 mm, tombac ;- Charge : 3,6 g, poudre noire ;

– Forme de la balle : plomb, pointe arrondie, 4 rainu­res;

Vitesse initiale: 440 m/sec;

– Percussion : annulaire.

LES ESSAIS

Les experts divisent en trois groupes les fusils essayés. Dans l’un, la pièce de fermeture de la culasse se meut entièrement – ou en partie – à l’intérieur du fusil. C’est à cette catégorie qu’appartiennent les fusils Henry, Peabody. Spencer, Remington.

Le second groupe comprend les systèmes se fermant au moyen d’un clapet qui se meut sur une charnière; ce sont les Milbank, Joslyn et Amsler.

Le troisième groupe se rapporte aux armes dans les­quelles la fermeture est assurée au moyen d’un cylindre qui avance et recule dans l’axe du canon. Le type en est le fusil à aiguille prussien, avec une platine d’un mo­dèle tout à fait spécial.

On voit immédiatement que les armes du second groupe se prêtent particulièrement à une transformation des armes se chargeant par la bouche, parce que la pièce de fermeture peut s’adapter à l’extrémité raccour­cie du canon sans que la platine soit touchée et sans avoir à modifier une autre partie de l’arme. C’est la so­lution simple, rapide et économique et c’est la solution de M. Isaac Milbank de Greenfield-Hill (Connecticut, Etats-Unis) qui fait breveter son clapet le 5 septembre 1867. Ce système sera encore amélioré par Jacob Amsler (1823-1912), armurier à Schaffhouse. Il pré­sente le grand avantage d’admettre un extracteur ef­ficace.

La commission propose donc, dans son rapport du 12 octobre – et sur le résultat des essais de l’automne 1866 – la transformation des armes de petit calibre, suivant le système AmsIer-Milbank.

LE CLAPET AMSLER-MILBANK

II est contenu dans une carcasse prolongeant le canon et qui vient s’y visser. Le couvercle se soulève d’arrière en avant ; sous ce couvercle, une pièce cylindrique, for­mant obturateur, vient buter contre le culot de la car­touche. Un verrou rectangulaire, mobile, prolonge à l’ar­rière le clapet et s’engage, en oblique, dans la boîte de culasse. Les gaz de la poudre, agissant dans l’axe du canon, pressent le verrou qui, à cause de son appui en oblique, ne peut se soulever ; la fermeture est ainsi solidement maintenue.

Si l’on soulève le verrou à l’aide du gros bouton qui le prolonge à droite, il se dégage de l’oblique, s’élève et entraîne le clapet dont il est solidaire. C’est vraiment la solution parfaite, efficace et économique et il faut souligner la perspicacité des inventeurs qui ont imaginé un tel système. Il suffit de raccourcir le canon en sup­primant la masselotte de la cheminée dont l’emplace­ment subsiste, sans gêne, dans la plaque de platine où rien n’a été modifié. Le chien s’abat sur la tête de la broche percutante dont la pointe pénètre de un mil­limètre environ dans le fond métallique de la cartouche (inflammation périphérique).

Dans les armes de gros calibre (Prélaz-Burnand) l’ex­tracteur, solidaire du clapet, est à gauche ; celles de pe­tit calibre (carabines et fusils de chasseurs) l’ont à droite. Dans ces dernières, le gros bouton à droite est rem­placé par une languette qui prolonge le clapet vers l’ar­rière.

LES FUSILS DE GROS CALIBRES

Leur transformation n’est plus alors qu’une affaire de chronologie. Après la mise au point du clapet et de la munition pour le petit calibre, les études continuent et sont caractérisées par le texte de la circulaire que le département militaire de la Confédération suisse adresse aux autorités militaires des cantons le 7 mai 1867 : … Le Conseil fédéral a maintenant fixé les ordon­nances pour la transformation des fusils de grand et de petit calibre en fusils se chargeant par la culasse … Chargé de l’exécution des décisions du Conseil fédéra/, le département a pris /es mesures tes plus complètes pour pousser avec la plus grande énergie les travaux de trans­formation… Suit la liste des ateliers chargés de la mo­dification des fusils de grand calibre:

– MM. Socin et Wick à Bâle;

– Escher, Wyss et C » à Zurich ;

– Suizer à Winterhour ;

– Wahl et Aemmer à Bâle.

LES FUSILS DE PETITS CALIBRES

Ils ont été répartis entre vingt-cinq ateliers dont ceux de la S.I.G. à Neuhausen ; la surveillance du travail de transformation incombait au capitaine Rodolphe Schmidt de Bâle avec le titre de contrôleur-chef ; nous le retrouverons avec l’histoire du fusil de 1889.

Son rapport final sur les opérations de transformation fait ressortir combien celles-ci ont été pénibles : les en­trepreneurs paraissent s’être trompés dans leur juge­ment sur l’exécution d’un travail qui exigeait une exac­titude plus grande que celle prévue. La société indus­trielle suisse à Neuhausen fournissait aux ateliers les pièces brutes de la fermeture, mais la manière de les travailler conduisit à bien des déboires. Enfin, en juillet 1869, l’armée est en possession de 53368 fusils de gros calibres et 76 735 de petits calibres, avec des frais de transformation s’élevant à 18,20 F pour les premiers et 17,90F pour les seconds!

Cet armement restera en mains des soldats suisses jusqu’au Vetterli dont nous parlerons bientôt.

par Clément BOSSON 1975

 

 

 

 

LA CARABINE FÉDÉRALE MODÈLE 1851

En Suisse, l’armement individuel du soldat a été influencé par l’intérêt très vif qu’il suscitait chez les gouvernants et les citoyens. Il n’est pas inutile de rappeler, en quelques lignes, les circonstances qui ont amené la Suisse – tout petit pays – à adopter, la première en Europe, le petit calibre pour l’élite de son armée ; le corps des carabiniers.

Le renouveau qui suit la fin de l’occupation française (1798-1813) conduit à une réforme militaire basée sur une défense nationale et non plus cantonale. Selon décision de la Diète de Zurich, en juillet 1816, une commission de quatre membres met au point le règlement militaire général pour la Confédération suisse accepté le 20 avril 1817. Ce texte prévoit, en son chapitre 62 :

L’armement des carabiniers consiste dans une forte carabine rayée en spirale et un couteau de chasse arrangé, s’il est possible, de manière à servir de baïonnette.

Toutefois, l’armée fédérale est formée de contingents des cantons, souverains pour tout ce qui concerne l’armement et l’équipement, sous le contrôle assez lointain d’une commission militaire nommée par la Diète et fonctionnant comme une sorte de « Ministère de la Guerre ».

Mais on se rend vite compte de la nécessité d’apporter plus d’unité dans les décisions concernant la défense nationale. Les dispositions de « l’Acte fédéral » de décembre 1832 renforcent la centralisation et un des conseillers fédéraux devient le chef du Département militaire. L’armée fédérale est toujours formée de contingents cantonaux, mais son instruction et son organisation relèvent du pouvoir central. Cette organisation est vivement appréciée et l’armée fédérale devient vraiment l’instrument de protection des frontières de 1848. En mars les provinces de Lombardie et de Vénitie se révoltent contre l’Autriche, ce qui oblige la Suisse à garder ses frontières du Sud. En 1849 les troubles d’Allemagne exigent le même effort pour le Nord.

LES CARABINIERS EN SUISSE

L’organisation militaire des compagnies de carabiniers qui étaient le corps caractéristique de l’armée suisse au XIXe siècle, remonte à l’année 1751. Le capitaine Jean-Louis de Bonstetten fait à cette date l’essai d’une compagnie de « tireurs volontaires » dans le régiment d’Aigle, compagnie composée de bons tireurs, non mariés ! Troupe modèle de tenue et de souplesse, elle engage le capitaine Salomon Landolt de Zurich à créer dans son canton une compagnie des « chasseurs-carabiniers ». On parla dans tout le pays de sa mobilité, de l’exactitude de ses mouvements et surtout de la précision de son tir. Au moment de l’invasion française de 1798, tous les cantons comptaient une ou plusieurs compagnies de carabiniers.

En 1842, lorsqu’il faut en Suisse déterminer l’armement de l’infanterie, de l’artillerie et de la cavalerie, d’après les modèles français de 1840, il n’y a pas d’ordonnance précise pour l’arme des carabiniers. Le règlement en recommande les principales dimensions :

– Longueur totale: 1260mm,

– Longueur du canon : 900 mm,

– Poids : de 5 à 6 kg,

– Calibre de 23 balles à la livre, avec une tolérance de deux balles en plus ou en moins,

  • Canon avec un pas de rayure de 3/4 de tour à un tour sur sa longueur.

LES CARABINES À L’ÉTRANGER 1840-1850

La France adopte pour les bataillons de chasseurs à pied organisés par le duc d’Orléans et plus tard pour les zouaves – la carabine à tige du lieutenant-colonel Thouvenin, modèle 1846, au calibre de 17,8mm.

L’Angleterre utilise son modèle 1842, de 19,25 mm.

La Prusse remet aux chasseurs et aux fusiliers de la Garde la carabine du système Dreyse, modèle 1849, du calibre 15,43 mm, qui accuse quelques améliorations de détail par rapport au fusil de l’armée de 1841.

La Belgique choisit en 1848 la carabine à tige système Thouvenin au calibre de 17,5 mm pour ses chasseurs-carabiniers. Ce modèle est remis peu après aux chasseurs-éclaireurs de la Garde civique et aux bons tireurs des compagnies de débarquement de la marine.

Aux Etats-Unis, on utilise des carabines calibre 52 (13,20mm) et calibre 54 (13,71 mm) avec la carabine Harper Ferry, calibre 52 transformée en calibre 58 au cours de la guerre civile.

Signalons encore la seule arme d’ordonnance – à cheminée – réglementaire de carabiniers, dans un canton suisse, celle des compagnies bernoises, mise au point par Karl-Ferdinand Fischer en 1829, déjà avec un calibre de 14,8mm et d’un poids de 6190g (sans bretelle ni baïonnette).

L’INFLUENCE DES ÉVÉNEMENTS EUROPÉENS DE 1848-1850:

Cette difficile période montre l’utilité d’une concentration des pouvoirs, nécessaire pour mieux assurer la défense nationale.

L’organisation de l’armée – jusque-là formée de contingents cantonaux très indépendants quant aux obligations militaires – devient l’affaire du Conseil fédéral qui s’occupe, en tout premier, d’un armement uniforme et efficace des troupes de carabiniers.

Plusieurs textes importants témoignent des nouvelles conceptions, entre autres la loi fédérale sur l’organisation militaire de la Confédération du 8 mai 1850, complétée par la loi du 2 décembre 1850 sur l’armement et l’équipement des carabiniers.

L’autorité centrale s’occupe depuis un certain temps déjà des détails d’un nouvel armement portatif. On lit, dans le rapport du Conseil général à la « Haute Assemblée fédérale », sur sa gestion de 1849:

…Le modèle de carabine présenté le 16 octobre 1848 par le Conseil fédéral de la guerre n’a pas encore entièrement satisfait. Dans le courant de l’année (1849), il est venu de diverses parts même de particuliers (c’est nous qui soulignons) d’autres modèles différents du modèle fédéral, en partie par le calibre, en partie par la construction de quelques pièces. Durant l’occupation des frontières du Rhin. des essais ont aussi été faits avec des carabines de divers modèles et enfin, une conférence d’officiers de carabiniers a été convoquée à Hutten pour y traiter la question des carabines. Dans le but de ne rien omettre en vue du perfectionnement de cette arme nationale (c’est nous qui soulignons) on a désigné pour examiner les divers systèmes et établir un modèle définitif une nouvelle commission d’experts… Elle a commencé ses travaux avec le mois de novembre mais elle a dû les suspendre à cause de l’intensité du froid. La solution de cette question se trouvera en conséquence dans le prochain compte rendu.

En effet, le rapport de 1850 du Conseil fédéral revient en détail sur le sujet. La commission d’experts reprend ses travaux le 13 mars 1850, son rapport final est communiqué le 1er juillet aux cantons fournissant des carabiniers :

…ils ont été informés en même temps que le Conseil fédéral avait adopté, comme ordonnance fédérale, le modèle proposé par la commission…

Les hautes autorités sont satisfaites de l’arme proposée :

… Elle réunit en ce qui concerne la portée, l’exactitude et la force de percussion, des avantages que ne présente aucune autre arme de ce genre !

Les difficultés d’acheminement du matériel de guerre sont, à l’époque, bien sérieuses puisque le Conseil fédéral indique dans son rapport de 1850, présenté le 31 mai 1851 :

… Les carabines modèles n’ont malheureusement pas encore pu être envoyées aux cantons parce que ce n’est qu’après de longues négociations diplomatiques qu’il a été possible d’obtenir l’autorisation de faire transiter à travers les Etats respectifs les pièces d’armes nécessaires provenant de la fabrique de Liège.

Le rapport de gestion du Conseil fédéral de 1851 peut enfin – de nouveaux examens ayant été nécessaires par suite d’observations parvenues de Suisse orientale -faire état de la décision définitive

… Les membres de la commission pour la confection de modèles de carabines ont été convoqués à une délibération définitive  le 9 avril 18….

 Le 13 mai, le Conseil fédéral peut, en vertu des pleins pouvoirs qu’il avait reçu le 21 décembre 1850 de l’Assemblée fédérale, promulguer l’ordonnance concernant l’armement et l’équipement des carabiniers. Par missive du 20 mai, le Département militaire annonce aux gouvernements cantonaux respectifs que :

…L’Administrateur du matériel de guerre fédéral leur enverra un modèle de carabine à la nouvelle ordonnance…

La Suisse, pour la première fois, dotait son armée d’une arme identique pour tous les cantons.

CARABINE FÉDÉRALE 1851 PRINCIPALES DIMENSIONS

– Longueur totale: 1262mm.

– Poids avec baïonnette et bretelle : 5425 g

– Longueur du canon : 840mm,

– Calibre; 10,5 mm,

– Hausse : à cadran, graduée sur la joue gauche de 200 à 1000 pas, chaque 100 pas.

– Rayures : huit – largeur égale à celle des champs -profondeur 0,225 mm – un tour sur         900mm.

– Platine : ordinaire à chaînette double-détente.

– Canon : maintenu par deux goupilles sur le fût,

– Bronzage du canon : chocolat.

Baïonnette :

– Longueur de la lame: 485mm.

– Fixation : à glissière dans un logement soudé à droite à l’extrémité du canon maintenu par un ressort.

– Face: concave, dos renforcé par une arête.

Baguette :

Le refouloir porte un évidement de la forme de l’extrémité de la balle. Un talon limite l’enfoncement dans le canon pour ne pas écraser la poudre,

Accessoires portés par le carabinier :

– Moule à balles.

– Cuiller à fondre le plomb.

– Tournevis avec dé de cheminée.

– Tire-balle.

– Tire-bourre.

– Lavoir.

– Bouchon de carabine.

– Epinglette avec sa chaînette.

– Deux cheminées.

– Guidon de rechange.

– Emporte-pièce,

– Etoffe et graisse pour la confection des calepins.

Cartouche :

La cartouche ne contient que la seule charge de poudre de 4g. Le projectile, entouré de son enveloppe grasse. est transporté à part; c’est une balle à compression de 17g. La dotation de campagne est de 60 cartouches, 60 balles et 78 capsules.

-Vitesse à la bouche; 440 m/seconde.

LES MODIFICATIONS DE 1864

En 1864, le département militaire fédéral propose quelques améliorations de détail sur l’arme de 1851. Elles ne changent pas la ligne générale et sont acceptées par l’arrêté du Conseil fédéral du 10 décembre 1864. Ces modifications se présentent ainsi :

– Rayures : quatre au lieu de huit – un tour sur 750mm.

– Hausse : même graduation, mais avec la présentation de celle du fusil d’infanterie de 1863,

-Platine; celle du fusil 1863, avec une nouvelle cheminée permettant l’emploi de grosses capsules.

  • Baïonnette : lame yatagan de 525 mm de longueur.

Les deux carabines, modèle 1851 et 1864, transformées en 1867 pour le chargement par la culasse suivant le système à tabatière Milbank-AmsIer, restent en service jusqu’à l’adoption de la carabine Vetterli en 1871.

Auteur : Clément  Bosson

 

Mortier 50 livres Ord 1844

Année de fabrication:                         1844

 

Poids total   :                                      290 kg

 

Métal du tube:                                    bronze

 

Calibre:                                              22,35 cm

 

Longueur du tube:                              1,51 calibres = 33,5 cm

 

Tube:                                                  lisse

 

Portée:                                                600 m

 

 

Canon montagne 4 livres Ord 1864

Constructeur:                                     Rüetschi

 

Année de fabrication:                         1864

 

Poid du tubes:                                    103 kg                                               

 

Métal du tube:                                    bronze

 

Calibre:                                              8,45 cm

 

Longueur du tube:                                        10,35 calibres = 87,3 cm

 

Nombre de rainures:                          6

 

Affût:                                                  bois

 

Portée:                                                maximum 1600 m

 

Canon campagne 4 livres Ord 1862

 

Constructeur:                                     Rüetschi (tube)

 

Année de fabrication:                         1862

 

Métal du tube:                                    bronze

 

Calibre:                                              8,45 cm

 

Longueur du tube:                                        17,05 calibres = 144 cm

 

Rainures canon:                                           à droite

 

Portée:                                                maximum 3000 m

 

 

Canon 6 livres Ord 1843

 

Constructeur:                                     Golay

 

Année de fabrication:                         1843

 

Poids du tube:                                    450 kg

 

Métal du tube:                                    bronze

 

Calibre:                                              9,48 cm

 

Longueur du tube:                            16,57 calibres = 153,4 cm

 

Tube:                                                  lisse

 

Affût:                                                  bois

 

Portée:                                                maximum 1280 m.

 

 

Canon 6 livres Ord 1843

Constructeur:                                     Golay

 

Année de fabrication:                         1843

 

Poids du tube:                                    450 kg

 

Métal du tube:                                    bronze

 

Calibre:                                              9,48 cm

 

Longueur du tube:                                        16,57 calibres = 153,4 cm

 

Tube:                                                  lisse

 

Affût:                                                  bois

 

Portée:                                                maximum 1280 m.

 

 

Canon 6cm (2 livres) pour cadets Mod 1873

Constructeur:                                     Gebr. Sulzer, Winterthur

 

Année de fabrication:                         1873

 

Poids du tube:                                    145 kg

 

Métal du tube:                                    bronze

 

Calibre:                                              6 cm

 

Longueur du tube:                             136 cm

 

Portée:                                               maximum 2000 m

 

Prix:                                                   complet Fr. 2500.00

 

 

Canon 2 livres (6 cm) Mod 1860

Constructeur:                                     Tube: Rüetschi, Aarau

Affût: Gebr. Sulzer, Winterthur

 

Année de fabrication:                         1860

 

Poids du tube:                                    120 kg

 

Métal du tube:                                    bronze

 

Calibre:                                              6 cm

 

Longueur du tube:                            105 cm

 

Tube:                                                  lisse

 

Affût:                                                  bois

 

Portée:                                                maximum 600 m

 

 

 

OCC État du Valais (catastrophes)

L’Etat du Valais a créé un poste de commandement pour les situations de catastrophe, d’événements dommageables, de guerre. Ce poste de commandement est évidemment souterrain (il occupe un ancien poste de commandement intégré armée-Etat du Valais) et est ultra moderne et équipé des dernières versions concernant les transmissions, les détections de rayonnement nucléaire ou similaires, de la surveillance des barrages de retenue d’eau, des situations météo particulières, etc. Des exercices sont organisés régulièrement afin que le personnel soit apte à répondre à n’importe quel événement. La Police cantonale est également présente dans ce complexe.

Sur le terrain qui abrite ce PC, rien n’apparaît à l’exception d’une série de boxes pour véhicules et d’un genre de réduit de jardin. Dans l’un des boxes existe une porte blindée qui conduit au complexe souterrain. Le réduit de jardin présente la même particularité.

Les phots en annexe vous donneront un aperçu de cette construction très sophistiquée.