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Mousqueton modèle 1931 – Suisse

L’École de tir de Wallenstadt reçoit pour des essais, à la fin de l’année 1930, des exemplaires d’un nouveau mousqueton provenant de la Fabrique fédérale d’armes à Berne. A cette époque, l’armée dispose de deux armes individuelles, le mousqueton et le long fusil. L’arme présentée par le directeur de la Fabrique d’arme, le colonel Furrer est plus précise que le fusil long ; ce modèle est adopté par le Conseil fédéral le 22 janvier 1932 et l’arrêté des Chambres fédérales du 16 juin 1933 prévoit que le mousqueton modèle 1931 est l’arme à feu de toutes les troupes portant fusil. Pour la fourniture de ce mousqueton, livré à la troupe dès 1935, les budgets de 1931 à 1935 se chiffrent à près de deux millions par année.

Caractéristiques:

Longueur totale 1105 mm. Longueur du canon 652 mm. Idem dès la boîte de culasse 610 mm. Calibre 7,51 mm (tolérance 7,50 à 7,57 mm). Rebut 7,64 mm. Canon à 4 rayures, largeur 3,9 mm, profondeur 0,14 mm (largeur des rayures est le double de celle des champs). Les rayures hélicoïdales font environ deux tours sur la longueur du canon, imprimant un mouvement de rotation à droite au projectile (pas de 270 mm). Hausse à joues profilées et incurvées, graduée de 100 en 100 m de 100 à 1500 m. Distance de la feuille de hausse à l’arrière du guidon 511mm. Ligne de mire 568 mm. Porte-guidon fixé par une cheville (pas de tenon ni de vis), encoche de mire ovale. Le guidon est protégé par les joues protectrices légèrement incurvées dans leur partie supérieure.

Il existe 5 sortes différentes de guidons interchangeables:

Le plus haut 7,1 mm désignation +

Haut               6,8 mm désignation +

Normal         6,5 mm désignation N

Bas                 6,2 mm désignation –

Le plus bas   5,9 mm désignation _

Magasin pour 6 cartouches, il croche dans la boîte de culasse et la planche du magasin se relève. Poids de l’arme 4000 g. Numérotation de l’arme de 520 151 à 999 999 et de 215 001 à 263 330. Crosse en noyer jusqu’en 1944 et en hêtre étuvé dès cette date (Numérotation dès 840 000). Variation du point d’impact à 300 m d’une sorte de guidon à l’autre -pour mousqueton m. 1911 : 18 cm -pour mousqueton m. 1931 : 16 cm

Détente : 3 leviers (détente, gâchette et articulation de détente) plus ressort et éjecteur mobile, logé dans la boîte. Baïonnette-poignard, modèle 1918 à double tranchant, lame de 300 mm, ou baïonnette-scie modèle 1914, lame de 480 mm. Le verrouillage de la culasse s’effectue en avant de l’ouverture de charge, c’est-à-dire directement en arrière de la chambre à cartouches. L’appareil de percussion est logé dans le cylindre. Vitesse initiale de la balle 780 m/sec. Fabricant : Fabrique fédérale d’armes à Berne ; prix de revient de l’arme 400 F. Pour l’utilisation du modèle 31 pour tirer les grenades antichar modèles 44 et 48, le magasin du mousqueton est remplacé par un magasin blanc pour les cartouches propulsives et un des deux modèles de tromblon se fixant au bout du canon.

LA BASE DE RADIOGUIDAGE V2 DE PRÉDEFIN (Pas-de-Calais)

Initialement, les savants de Peenemünde, sous la direction de Werner von Braun, avaient prévu de guider par radio les fusées V2 jusqu’à leur objectif, grâce à un système de faisceaux formés par des ondes (« Leitstrahl »). Cette solution garantissait une très grande précision et l’assurance de frapper à tous les coups ou presque la cible visée, sans dispersion. Mais elle présentait aussi le risque que les Britanniques découvrent une parade et un moyen de brouiller le système de guidage, pour leurrer et détourner les V2.

Dans la perspective du futur déclenchement de l’offensive des armes miracles V1 et V2 (Wunderwaffen), prévue initialement à la fin de 1943, l’Organisation Todt  (O.T.) reçut donc l’ordre de bâtir, dans le plus grand secret, un bunker radar et une base de radioguidage dans le département du Pas-de-Calais. Cette base était prévue initialement pour assurer le suivi et le radioguidage des fusées V2  lancées  depuis les bunkers de tir « KNW » d’Eperlecques (nom de code Mannschaftsbunker) et « SNW » de Helfaut-Wizernes (nom de code Bauvorhaben 21, correspondant à l’actuel site muséographique de La Coupole), distants respectivement de 38 et 24 km du site pressenti.

Le lieu choisi par les Allemands pour implanter cette base de radioguidage est situé à 16km au N-O de la ville de Saint-Pol,  à la sortie ouest du village de Prédefin (Pas-de-Calais), près de la route reliant cette localité à Heuchin.  La base comportait 2 groupes d’installations distinctes mais disposées sur le même axe, ce qui laissait bien deviner leur interdépendance : la station radar et le centre de radioguidage.

Le chantier commença au début de l’année 1943 et la construction de ce gigantesque complexe nécessita  50 000 sacs de ciment (2 500 tonnes) acheminés à pied d’œuvre par un petit chemin de fer auxiliaire relié à la voie ferroviaire Saint-Pol – Hesdin. Plus de 1200 ouvriers et techniciens travaillèrent à la réalisation des différentes installations, dont de nombreux travailleurs belges et polonais affectés aux travaux de maçonnerie, ainsi que quelques français du S.T.O. (Service du Travail obligatoire, instauré par Vichy à la requête de l’occupant). Les ouvriers étaient abrités dans les baraquements d’un camp installé dans le village de Prédefin et dirigé par le commandant Kramer, alors que les cadres de l’Organisation Todt logeaient dans un baraquement édifié à 200 m de la base en construction.

Entre-temps, les techniciens du centre de recherche de Peenemünde réussirent à mettre au point une plate-forme inertielle embarquée à bord de la fusée V2, constituée par un ensemble de gyroscopes accéléromètres intégrateurs. Cela permit, dans les premiers mois de 1944, de renoncer complètement au radioguidage envisagé initialement, il est vrai au prix d’une plus grande dispersion des impacts et d’une moindre précision. Le site de Prédefin, dont la construction était achevée, fut donc cédé par la Heer (armée de terre) à la Luftwaffe qui le transforma en une base de radiorepérage incluse dans le système défensif de l’espace aérien du Nord-Pas-de-Calais (défense aérienne de la Festung Europa).

Le bunker radar Mammut Friedrich

Situé à 500 m de la base de radioguidage/radiorepérage, le bunker était surmonté par un gigantesque radar Mammut FuMo 51 Friedrich.

Ce bunker en béton armé, construit pratiquement au ras du sol, mesurait 23 mètres de longueur par 12,50 m de largeur et 5,40 m de hauteur. Il comportait une dalle de couverture de 2,00 m d’épaisseur supportant 4 bases de béton de deux mètres par cinq, dans lesquelles étaient scellés les énormes pylônes métalliques de 30 m de haut supportant le gigantesque cadre rectangulaire du radar Mammut Friedrich, d’une envergure de 29 mètres. Entre les pylônes s’élevaient deux socles de béton de 1,20 x 1,20 m, mesurant chacun 3 m de hauteur, comportant intérieurement un faisceau de 12 tubes dépassant légèrement de la maçonnerie, pour les descentes d’antennes.

Au milieu de sa façade sud-ouest, le bunker comportait une entrée principale avec, à gauche,  deux escaliers secondaires conduisant vers l’intérieur. A droite s’ouvrait l’escalier menant au poste d’observation situé au-dessus de l’angle sud. L’accès au bunker était flanqué par un créneau de tir qui s’ouvrait sur une petite casemate intérieure, à l’angle ouest du bâtiment.

A l’intérieur, on trouvait un poste de commandement équipé de tableaux électroniques, deux salles de contrôle radar, une salle d’opération équipée de 2 tables « SEEBURG » et une salle des machines abritant un groupe électrogène de 500 kVA, une chaufferie et un système de ventilation aboutissant à un orifice ménagé dans la dalle de couverture.

A deux mètres cinquante du bunker se trouvaient 2 bâtiments annexes de 30 x 6 m, qui furent complètement détruits par les nombreux bombardements alliés. Ils comportaient des salles de transmission, des chambrées et un poste de garde. A 50 m se trouvait une cuve d’eau bétonnée et semi-enterrée, contenant l’eau de refroidissement du groupe électrogène, ainsi qu’un transformateur de 500 kVA relié au bunker et aux bâtiments annexes par des tranchées bétonnées à ciel ouvert.

La base de radiorepérage

A 400 mètres du bunker de la station radar, à gauche de la route Prédfin – Heuchin et en bordure de la voie ferrée reliant Saint-Paul à Hesdin, fut édifié un immense camp couvrant 25 000 m2,  au lieu dit « Bois Lewingle ». Son entrée était défendue par une barrière et un poste de police en béton, à côté duquel s’élevait un bâtiment de 3 étages abritant les locaux de la garde, une armurerie, et les cantonnements du détachement assurant la sécurité du périmètre.

Ce camp, initialement destiné à abriter les installations de suivi et de radio-guidage des V2, fut transformé en centre de radiorepérage aérien par la Luftwaffe. Il comprenait 2 radars WÜRZBURG et un radar FREYA en encuvements, des antennes de radio-transmissions, un centre d’écoute et de transmissions, deux émetteurs et une chaufferie. Les infrastructures étaient complétées par des abris, un poste de guet, une dizaine de bâtiments servant de casernements, un hôpital et une chambre à gaz pour la formation des sous-officiers. Le plus grand bâtiment mesurait 100 m de longueur et 20 m de largeur et comportait un large couloir central autour duquel s’organisaient  d’innombrables pièces, dont une cuisine, une salle de cinéma et une salle des fêtes. Devaient y loger le personnel de la station du bunker radar, celui du bunker de lancement V1 de Siracourt (Wasserwerk n°1 « Desvres ») et les détachements des bases légères V1 de la région.

Les toits en béton des bâtiments, enterrés au ras du sol pour qu’ils n’affleurent pas ou peu du terrain, étaient doté d’une légère pente bitumée et recouverts d’une couche de 30 centimètres de terre ensemencée d’herbe, pour mieux les confondre avec les prairies environnantes et éviter leur repérage aérien.  La base abrita, dès la fin 1943, une partie de l’Etat Major chargé du déploiement des V1, divers spécialistes et techniciens, 80 soldats téléphonistes et 600 femmes militaires allemandes (« souris grises ») employées aux transmissions.  Le site fut évacué par l’armée allemande en septembre 1944, devant la poussée rapide des armées alliées remontant de la Seine, en même temps que les autres installations V1 et V2 du Nord de la France.

Une reproduction factice de cet ensemble fut construite à 2 km à vol d’oiseau, sur le territoire de Fontaine-les-Boulans, pour leurrer les Alliés. Comme il y avait dans le camp des espions, cette reproduction fut bombardée par les Anglais avec des bombes en bois, ce qui dénote un humour tout britannique…

La base de radioguidage/radiorepérage et le bunker radar subirent au total une quinzaine de bombardements aériens visant à les détruire. Les premiers bombardements furent déclenchés les 6 et 9 janvier 1944 et le dernier raid eut lieu le 6 juillet de la même année, à 10h30.

Tout ce complexe est en partie intact et encore visible de nos jours, à l’exception de la base factice. Les installations sont toutefois difficiles à repérer dans la paysage, vu la croissance de la végétation qui a envahi la zone. Vous trouverez, ci-dessous, quelques clichés montrant leur état en 1944, à la libération, et celui actuel.

Actuellement (état 2008), les vestiges de la base, pourtant importants, sont très difficiles à localiser car ils sont enfouis et dissimulés sous la végétation qui a repris ses droits.

Les dessins figurants dans cet article sont la propriété de M. Jean Puelinck. En aucun cas ils ne pourront être reproduits d’une façon ou d’une autre sans son autorisation.

LE FUSIL VETTERLI (Suisse)

Le Vetterli – ou plutôt la famille des Vetterli – présente des particularités qui constituent un « cas » unique  dans l’histoire de l’armement. Jugez plutôt :

C’est la première arme à répétition adoptée dans une armée européenne. C’est aussi l’arme qui a été « suivie », tout au long de sa carrière, par son créateur avec une vigilance qui s’est traduite par de très nombreuses modifications. Enfin, c’est une « famille » nombreuse puisqu’elle compte, le long de ses vingt ans d’existence, quinze types différents… ceci, sans doute, pour combler les collectionneurs du siècle suivant !

Dans le langage militaire suisse, les Vetterli caractérisent une époque : « le temps du Vetterli ». Voici son histoire…

Dans son rapport à la Haute Assemblée fédérale sur l’armement, le Conseil fédéral suisse se prononce fermement pour l’adoption du chargement par la culasse et ajoute : …D’après notre manière de voir, la préférence devrait être accordée aux fusils à répétition contre les fusils à culasse simple, attendu que l’arme à répétition possède à un bien plus haut degré que l’arme simple les propriétés qui caractérisèrent les armes à chargement par la culasse. Le gouvernement laisse aux représentants du peuple la responsabilité de décider si on adoptera l’arme simple ou l’arme à répétition.

Ces vues témoignent d’une prescience rare ; en Europe, il n’y a aucun précédent.

La France introduira le Lebel vingt ans plus tard, précédé en 1878 du fusil Kropatschek pour sa marine, L’AIlemagne modifiera en 1884 le Mauser 1871 en y adaptant le système Kropatschek du ma­gasin-tube sous le canon. L’Italie attend 1887 pour compléter, par un magasin, son Vetterli-Vitali, L’Autriche, après un es­sai en 1886, adopte en 1888 la répétition d’après le système Mannlicher où la boîte-magasin fait corps avec le pontet ; enfin l’Angleterre fournira à son armée, après des essais poussés, le Lee-Medfort, mo­dèle 1889, avec magasin à 10 cartou­ches.

Les systèmes à répétition permettent de tirer chaque cartouche en deux secondes, alors qu’il en faut cinq à sept pour l’arme à un coup. L’avantage de la suppression d’un travail mécanique, à un moment cri­tique d’un combat, est mis en balance dans l’esprit des militaires du temps avec le risque, pour le soldat, de tirer inutile­ment et d’épuiser ainsi très vite ses mu­nitions. Il faut reconnaître qu’avec la pou­dre noire la vue de l’adversaire est voilée par la fumée et qu’alors, si on ne laisse pas à ce nuage la possibilité de se dissiper – avec largement le temps de recharger – le tir a lieu « au jugé’. C’est la raison de l’estimation des écrivains militaires : 10000 cartouches pour chaque homme hors de combat.

Sans tenir compte de la circonspection des chefs d’armée en Europe, en dehors de tous préjugés, l’Assemblée fédérale dé­crète, avec vingt ans d’avance répétons-le, le 20 juillet 1866 : … il est adopté pour les carabiniers et l’infanterie de l’armée fé­dérale (élite et réserve) une arme à répé­tition.

La Commission d’essais des fusils poursuit ses travaux; en janvier 1866 déjà, elle teste le fusil Henry et constate la précision et les qualités de l’arme. En octobre de la même année, elle a en mains le fusil Winchester, c’est-à-dire le même fusil, mais avec la trouvaille géniale du remplis­sage du tube-magasin sous le canon, par l’ouverture latérale ménagée sous la cu­lasse.

Les perfectionnements qui en résultent sont appréciés ainsi par la Commission :

…ils sont si marquants que ce n’est que depuis qu’ils ont été faits que le fusil Henry est devenu une véritable arme de guerre.

tandis qu’auparavant il n’avait aucun avan­tage sur les fusils à un seul coup du mo­ment que l’on avait épuisé le magasin.

Aussi la proposition est faite aux autorités fédérales, le 12 octobre 1866, d’acquérir 8 000 fusils Winchester pour les carabi­niers mais à la condition que l’arme soit construite au calibre suisse de 10,5 mm et non au calibre du constructeur de 11,17 mm (.44) et avec la cartouche char­gée de 4g de poudre au lieu de 1,8g.

Le « perfectionnisme » suisse se remarque déjà avec la volonté d’unification… Celle-ci inscrira dans l’histoire de l’armement le nom de Vetterli qui parviendra, partant de la Winchester au fusil qui porte son nom et qualifie une époque de l’armement hel­vétique ; le temps du Veterli.

Donc, le 28 novembre 1866. le Conseil fédéral adresse à l’Assemblée fédérale un long message traitant du nouvel arme­ment. Il envisage l’achat de 90 à 110 000 fusils Winchester  mais à condition que ceux-ci soient construits en Suisse. « La branche d’industrie nationale qui s’oc­cupe de cette partie a pris un beau dé­veloppement bien qu’elle doive lutter avec de grandes difficultés et elle a droit à des égards. » Le message apporte une préci­sion importante: …les machines des usi­nes de New Haven construisent le fusil Henry mais les fusils Winchester expédiés en Suisse pour les essais sont faits à la main… donc un long délai s’avérera néces­saire pour l’achèvement de l’armement fé­déral. délai accentué encore par la modi­fication du calibre et les recherches exigées par l’établissement de la munition ( 160 car­touches par fusil).

LA PREMIÈRE MENTION DU VETTERLI

La Commission technique comprend que le nouveau fusil à répétition au calibre et à la cartouche suisse doit être créé en Suisse. Dans le courant de septembre 1867, elle essaie à Thoune diverses ar­mes, entre autres … un fusil a 13 coups présenté par l’armurier Fetterli (sic) paraît réunir toutes les qualités désirables et sera vraisemblablement le modèle définitif.

L’opinion publique, dans tout le pays, se passionne pour ces problèmes de l’arme­

ment et bouscule les experts. L’atmo­sphère est tendue en Europe ; pour le peuple suisse, une arme efficace aux mains des soldats est la plus sûre pro­tection contre une agression possible. Le chroniqueur bernois de la Revue militaire suisse, dans le numéro du 4 novembre 1867, exprime l’amertume de ceux qui at­tendent :…Quant au modèle définitif… on le cherche toujours. C’est maintenant un fusil Vetterli, soit Winchester très perfec­tionné et simplifié qui est le bijou à la mode, sous la réserve, bien entendu que M. Amsler (l’armurier qui avait transformé les fusils pour le chargement par la culasse)  le favori de la Commission technique, n’an­nonce pas bientôt quelque chose de mieux. Les vues à ce sujet sont encore tellement dans le pot au noir qu’il serait même ques­tion de revenir de l’idée d’un fusil à répé­tition à celle du fusil simple… Qu’on se hâte d’en finir avec les essais et les perfection­nements. Qu’on se hâte d’avoir des armes et non plus des projets… Sera-t-il dit que grâce aux lenteurs de notre Commission technique, la Suisse sera la dernière en Eu­rope munie de son armement ? Ah ! les gens qui veulent tout accaparer pour eux, qui entreprennent tous les métiers et qui finalement ne savent rien faire à temps, se chargent d’une lourde responsabilité devant le pays.

FREDERIC VETTERLI

Johann-Frédéric Vetterli (1822-1882) originaire de Wagenhausen dans le canton de Thurgovie, entre en apprentissage chez un armurier de Schaffhouse. Il perfectionne ses connaissances à Paris, à la manufacture d’armes de Saint-Etienne et à Londres ou il prend femme à l’âge de 33 ans. Le grand patron de la jeune Société industrielle Suisse à Neuhausen, créée en 1853 pour construire des wagons, développée en 1860 par une section « armement », lui offre le poste de second directeur technique et Frédéric Vetterli entre en fonctions le 24 juin 1864. Nous trouvons, dans les savoureux mémoires d’Edouard Burnand, inventeur du système Prélaz-Burnand de 1867, et directeur du département « armes » de la S.I.G., la relation de la trouvaille de Vetterli en 1867, pour la construction d’une arme nouvelle en partant du Dreyse (fermeture dans l’axe du canon) et du Winchester (tube-magasin et transporteur). Frédéric Vetterli : …arrive dans son bureau en criant, eurêka ! J’ai trouvé le véritable fusil à ré­pétition. Et, ouvrant le pouce et l’index, fer­mant les autres doigts, il forme une équerre comme pour une sonnette. Il presse sur le bout du pouce, l’index se relève; c’est la branche qui élèvera le transporteur. L’inven­tion était faite, mais il fallait la mettre au point. Un ouvrier, fort intelligent, Elternich fournit un  précieux secours pour la mise en œuvre  de ce fusil qui va marquer la fin de ce siècle.

LA LONGUE ROUTE

Donc, en 1867, les milieux que cela concerne apprennent la prochaine diffu­sion de l’arme à répétition due à Frédéric Vetterli. Le 6 mars 1868, le Conseil fé­déral l’accepte et décide de mettre au concours la fabrication en Suisse de 80000 exemplaires. La mise au concours est annoncée quelques jours après, le 19 mars, avec un délai au 1er mai 1868 pour la remise des offres au département militaire fédéral. Les fabri­cants intéressés peuvent voir le modèle du fusil à répétition déposé au bureau de l’administration du matériel de guerre. La solution semble assez avancée pour que l’ordonnance, précisant les modalités d’exécution, soit publiée le 8 janvier 1869 et les conventions avec sept constructeurs signées vers le milieu de février. Mais, lors des exercices des écoles de tir de Bâle, au cours de 1869 (août et octobre), où une centaine de nouveaux fusils sont entre les mains de la troupe, il est néces­saire, souvent sur l’initiative de l’inventeur, d’apporter quelques changements impor­tants. Ceux-ci conduisent à un remanie­ment des types et des machines cause de retards considérables dans la livraison des fusils terminés conformes à l’ordon­nance. Ce que ce rapport ne dit pas, c’est que non seulement les modifications étaient cause de retard, mais qu’il y eut aussi une erreur administrative monumen­tale, les instructions de fabrication sont mises en œuvre non par l’inventeur, mais par la maison d’Erlach de Thoune. … De là, entre l’administration du matériel et le contrôleur chef, entre le contrôle et les fa­bricants, entre l’inventeur et l’administra­tion, des tiraillements qui avaient absorbé un temps précieux ! Le rapport de la Com­mission du Conseil des États sur la ges­tion du Conseil fédéral pour 1869, qui donne ces renseignements, se termine par l’indication du nombre de fusils livrés à fin mai 1870: 60 exemplaires !.

Jusqu’à quel point les essais « privés » des sociétés militaires du pays – largement publiés et pas toujours favorables au nou­vel armement – ont-ils perturbé l’avance­ment des travaux ? Certainement pour une part non négligeable. Enfin, la qua­trième édition des planches officielles donne le modèle parfaitement définitif’.

Un an après les « échantillons » cités ci-dessus, l’armée dispose de 12531 fusils vérifiés et à fin mai 1872, de 48 368 fusils. On est 4ncore loin des 119 000 pièces représentant le total des commandes.

 LE VETTERLI EN EUROPE

Citons rapidement une incursion du fusil Vetterli en Angleterre, devant le Comité chargé par le ministère de la guerre du choix d’un modèle définitif se chargeant par la culasse ; l’opinion des membres de ce Comité est favorable à l’arme à un coup : c’est le Martini-Henry qui sera adopté. Toutefois, les experts étudièrent le comportement de quatre systèmes à répétition dans les derniers mois de 1868. Le Vetterli fut opposé au Winchester ; ce dernier est jugé plus simple et mieux adapté à ce que l’on demande d’une arme militaire. En France, les démarches du colonel Edouard Burnand, directeur de S.I.G., sont patronnées par Gastinne-Renette, père et fils et ont lieu au camp de Châlons en septembre 1868. L’empereur, emballé par les résultats de l’arme, tient à obtenir 50000 mousquetons pour sa cavalerie. Le général Lebœuf, commandant le camp de Châlons, s’oppose à cet achat en fai­sant état du nombre de ses chassepots.

Le Vetterli est encore présenté à l’Egypte qui le fait essayer à Vincennes, devant Minié et Nessier, puis à Madrid, sans succès. A Turin, il tire à 500 mètres avec des ré­sultats si enthousiasmants que, le dernier jour des essais on réunit sur la place de tir un régiment d’infanterie et un de ca­valerie pour faire apprécier aux soldats l’arme que l’on allait mettre en leurs mains. Le résultat : un traité pour la ces­sion d’un brevet italien jusqu’à 500 000 armes. C’est le Vetterli à un coup, puis à magasin (1887), remplacé par le Paraviccino-Carcano en 1891. Ce fusil pré­sente la particularité d’avoir subi deux transformations importantes : la répétition en 1887 et la diminution du calibre à 6,5 mm par tubage du canon, en 1915.

LES PRIMES D’INVENTION

Donc, le 29 mai 1865, le département mi­litaire fédéral ouvre un concours auprès des « inventeurs-armuriers » ou « fabricants » pour un fusil modèle se chargeant par la culasse. Le texte prévoit expressé­ment une prime de 20 000 F pour récom­penser l’inventeur du système adopté. Cette prime sera répartie entre M. Amsler pour le système de transformation (8 000 F) et la Société Industrielle Suisse pour le fusil à répétition (10000 F). Or, la décision d’adjudication de la prime relève que le Fusil Vetterli est un système mixte, entre l’américain Winchester et le fusil prussien. La traditionnelle loyauté hel­vétique fut là en défaut : ni M. Milbank, ni la firme Dreyse, ni encore M. Olivier Winchester ne participèrent à la distribu­tion de la manne fédérale – ni même aux remerciements – pour leurs apports indis­cutables à l’armement suisse. Avec un siè­cle de retard, disons-leur merci ! et à nous… dommage !.

Fonctionnement

Les cartouches sont introduites dans le tube-magasin, sous le canon, par l’ouver­ture prévue à cet effet sur le côté droit de la boîte. Une cartouche est dans l’auget-transporteur, une autre dans le canon. En appuyant sur la détente, la gâchette articulée s’abaisse, la broche sous l’action du ressort est projetée en avant et frappe par un double choc de sa fourchette contre le bourrelet de la cartouche qui contient le fulminate et fait explosion par écrasement. La percussion ne se fait donc pas au centre de la cartouche mais à la périphérie du culot.

En retirant en arrière le cylindre obtura­teur, l’extracteur dégage la douille vide de la chambre et l’expulse au-dessus de l’arme. L’auget-transporteur s’élève et présente, devant le canon, la cartouche qu’il contient. Le mouvement en avant du cylindre obturateur pousse la cartouche, remet l’auget à sa place, en face du tube-magasin, lui permettant ainsi de recevoir une nouvelle cartouche. Le magasin peut être réapprovisionné en cours de tir.

Dimensions

Fusil à répétition, modèle 1869:

– Longueur totale : 1 300 mm ;

– Longueur du canon en acier fondu bronzé : 842 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 820 mm ;

– Calibre : 10,4 mm ;

– Poids total sans bretelle : 4 850 g (Waffenfabrik-Bern, nr 143248);

– 4 rayures concentriques : un pas sur 660 mm, largueur 4,5 mm, profondeur 225 mm ;

– Mécanisme d’obturation : par cylindre ;

– Magasin : tube sous le canon à 11 car­touches (plus une dans l’auget et une dans le canon);

  • Hausse: à cadran, graduée de 100 en 100m de 400 jusqu’à 1000m.

Cartouches :

– Longueur totale : 56 mm ;

– Poids total : 30,4 g ;

– Poids de la balle: 20,13g;

– Plomb dur :

– Pointe : arrondie ;

– Poids de la charge : 4 g de poudre noire ;

– Vitesse initiale à 25 m : 408 m/sec;

– Portée maximale : 2 800 m ;

– Élévation : 27° ;

– Longueur de l’étui : 38 mm en tombac (94 % de cuivre et 6 % d’étain) ;

– Inflammation : périphérique

-Cadence de tir avec magasin: 21 coups/minute.

Baïonnette :

– D’estoc à quatre carres: douille avec anneau ;

– Longueur de l’estoc : 480 mm.

Cette baïonnette est semblable à celle du fusil d’infanterie 1863, mais un peu plus légère : 290 g contre 365 g, par amincis­sement des carres.

Fusil de cadet, modèle 1870, numéro 3909, arme à un coup :

– Longueur totale: 1 130mm;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 659 mm ;

– Calibre : 10,4 mm ;

– Poids total sans bretelle: 3240g;

  • Hausse à cadran graduée : de 225 à 600m.

Projectile :

– Comme celui du fusil;

  • Poids de la charge : 3 g.

Il existe un premier modèle avec tôle de fermeture entourant la fenêtre d’expulsion de la cartouche qui est située sur le côté droit de la culasse.

FUSIL A RÉPÉTITION, MODÈLE 1871

 Quelques modifications sont apportées au modèle de 1869. Voici les principales: le couvre-culasse et le fermoir du magasin sont supprimés, la sous-garde est séparée en deux parties, celle du modèle 1869 servait de support pour le levier coudé (voir photographie mécanisme) et il fallait donc l’enlever pour sortir le transporteur. Dans le nouveau modèle, la partie anté­rieure – support du levier coudé – est in­dépendante et s’enlève seule pour le dé­montage. La largeur des anneaux passe à 15 mm afin de répartir la pression sur une plus grande surface et éviter de com­primer le tube-magasin lors du serrage des vis. Le canon est octogonal sur 75 mm au lieu de 65 mm. La feuille de hausse est allongée.

CARABINE A RÉPÉTITION. MODÈLE 1871

Le Vetterli de l’infanterie est bientôt suivi de l’arme des carabiniers, à double dé­tente, déterminée par la décision des au­torités fédérales du 27 février 1871. La carabine est moins longue que le fusil, son canon est maintenu par un anneau (au lieu de deux sur le fusil) et l’embouchoir est fixé par une vis traversante au lieu du te­non à ressort à ergot sur le fusil. Sur les premiers exemplaires construits, une tôle enveloppante glisse pour fermer l’ouver­ture d’éjection alors qu’une plaque obtu­ratrice est placée à l’entrée du magasin. La crosse est aussi plus courte, de sorte que la longueur totale des premières ar­mes est de 1 425 mm et le poids de 4 620 g avec la bretelle ; deux canaux d’évacuation des gaz sont ménagés au-dessus de la chambre à cartouche, jusqu’en 1877.

Dimensions

(voir fusil pour les renseignements non ci­tés):

– Longueur totale : 1 260 mm ;

– Longueur du canon : 783 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 762 mm ;

– Calibre: 10,4mm;

– Poids total sans bretelle : 4 540 g ;

  • Magasin: 10 cartouches, plus une dans l’auget et une dans le canon, double dé­tente : système Thury.

L’embouchoir est maintenu par un tenon à ressort à ergot au lieu de la vis tra­versante sur les premiers exemplaires.

FUSIL A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1878

Dans ce modèle apparaît la recherche du mieux de nos armuriers. Deux douzaines au moins de modifications améliorent l’uti­lisation de l’arme. Notons ci-dessous les plus marquantes, mais auparavant disons qu’une commission spéciale, nommée en 1877 par le département militaire fédéral, est responsable des changements propo­sés pour le fusil et la carabine. Son ex­pertise a conduit à une sensible amélio­ration de l’emploi des armes. Le nouveau modèle est prescrit par la décision du Conseil fédéral du 30 avril 1878, toute­fois, l’ordonnance d’application n’est pu­bliée qu’en mars 1879.

Modifications

A l’embouchoir est soudé, à droite : le te­non, pour la nouvelle baïonnette que nous présenterons ci-après. Le canon est main­tenu contre le fût par un seul anneau au lieu de deux. Le bois est lisse, sans le qua­drillage de prise pour la main gauche du modèle précédent. L’allongement des joues du pied de hausse permet d’insérer entre elles, presque complètement, la feuille de hausse qui est ainsi protégée contre les chocs. La graduation de 225 à 1 200 mètres est marquée et permet de décider des distances de 50 en 50 mètres; les deux canaux à gaz sont sup­primés. La boîte de culasse porte à gau­che le nom du fabricant, le numéro de l’arme et M 78. La détente a été allongée pour rendre le départ du coup plus facile. L’éperon de sous-garde assure une meil­leure pression du médius. L’allongement de la détente a obligé celui de la crosse qui est équipée d’une plaque de couche concave, comme celle de la carabine.

La modification la plus importante est celle de la baïonnette : l’ancien modèle d’estoc est remplacé par une longue ba­ïonnette-scie en fourreau de cuir.

Dimensions

– Longueur totale : 1 325 mm ;

– Longueur du canon : 843 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 822 mm ;

– Poids total sans bretelle : 4815g.

Comme là carabine 1881, le fusil 1878 comporte une fourchette de percussion de rechange dans une cavité sous la pla­que de couche. Les collectionneurs de ces armes, qui connaissent ce détail, trouvent très souvent la fourchette neuve à sa place.

Baïonnette-scie

– Longueur totale : 600 mm ;

– Longueur de la lame : 480 mm, pan creux d’un côté ;

– Pointe à deux tranchants dans l’axe;

– Poids : 485 g ;

  • Fourreau : en cuir noir pressé, gouttières de chaque côté. Il y aura jusqu’à la fin du Vetterli sept types de baïonnettes et trois modèles de fourreau.

CARABINE MODÈLE 1878

Cette arme se confond pratiquement avec le fusil modèle 1878, à l’exception de la double détente, celle de Thury ayant été modifiée par R. Schmidt. La baïonnette est semblable à celle du fusil.

FUSIL A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1881

La différence avec le modèle de 1878 ré­side dans le système de visée mis au point par Rudolf Schmidt. Les joues de protection du pied de hausse sont un peu plus hautes, celle de gauche est graduée à l’extérieur de 250 à 1 200 mètres, de 50 en 50 mètres; dans sa position infé­rieure, la hausse correspond toujours à 225 mètres. La feuille de hausse se meut à l’intérieur des joues, mais elle est ac­compagnée à gauche par une lame de renfort. Pour tirer aux distances de 1 250 à 1 600 mètres, une rallonge à glissière sort de la feuille de hausse, mais alors le cran de mire domine le canon de 94 mm I La boîte de culasse porte à gau­che le nom du constructeur, le numéro de l’arme et M 81. Les dimensions et perfo-mances sont celles du fusil modèle 1878.

CARABINE A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1881

Elle a la même ligne que le fusil, même plaque de couche, hausse semblable. Il a été fortement question, à l’époque, de supprimer la double détente pour réaliser la complète uniformité des armes de l’in­fanterie, mais cette tentative s’est heurtée à la volonté farouche des carabiniers de conserver leur principale distinction vis-à-vis des fusiliers, la « détente carabinière »… Au stand, celle-ci est favorable puisque le poids normal de 2 500 g est abaissé à 250g!

Les armes des corps spécialisés

MOUSQUETON DE CAVALERIE

… C’est à contre-cœur que la cavalerie est entrée en campagne avec des pistolets à canon lisse. La carabine qui, depuis quel­ques années, a été introduite à titre d’essai dans plusieurs écoles et cours, paraît jouir d’une grande popularité et si l’on réussit à établir une arme qui réunisse les conditions d’efficacité, de portée et de poids désirables, la cavalerie la recevra avec plaisir. Un re­volver sera de même bien accueilli par tes sous-officiers et trompettes aussitôt qu’un modèle convenable aura été adopté…

Donc, une première carabine de dragons est construite en 1871 avec un levier d’armement dessiné avec un épaississe-ment progressif, sans boule de prise, l’en­trée des cartouches et la culasse possé­dant leur dispositif d’obturation. Deux ca­naux pour l’évacuation des gaz sont amé­nagés à travers le canon.

Ce modèle est vite modifié : le levier de­vient classique avec sa boule terminale, la partie « prise » du fût quadrillée. Dès 1874, la hausse est prévue, suivant le système Schmidt, pour tirer à 600 mètres. La pro­tection de la culasse est supprimée, tou­tefois la fermeture du magasin subsiste. Dès 1878, on ne voit plus les deux ou­vertures pour les gaz.

Dimensions

– Longueur totale : 930 mm ;

– Longueur du canon : 470 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 448 mm ;

– Calibre: 10,4mm;

– Poids sans bretelle : 3 330 g ;

– Rayures : quatre ;

– Pas : un tour sur 550 mm au lieu de un tour sur 660 mm pour le fusil ;

-Vitesse initiale: 375 m/sec.;

– Tube-magasin : 6 cartouches plus une dans l’auget et une dans le canon ;

– Hausse : feuille de hausse se déplaçant entre les deux joues. Celle de gauche est taillée afin de ménager  une partie plate sur laquelle les traits marquent les distan­ces de 100 m en 100 m jusqu’à 600 m ;

– Pas de baïonnette.

MOUSQUETON A REPETITION POUR GARDE-FRONTIERES, MODELE 1878

En 1878, une petite série de mousque­tons est fabriquée ; il s’agit de l’armement des garde-frontières qui sort à 400 exem­plaires. Cette arme se présente comme le fusil de dragon, mais l’extrémité du canon est dégagée du fût et il y a un tenon pour la baïonnette-scie.

Dimensions

– Longueur totale : 945 mm ;

– Longueur du canon : 485 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 462 mm ;

– Poids sans bretelle : 3 540 g ;

– Hausse : de 225 m à 600 m comme celle du mousqueton de dragon.

MOUSQUETON A RÉPÉTITION POUR GARDE-FRONTIÈRES, MODÈLE 1895

280 mousquetons de dragon sont modi­fiés en 1895 pour être utilisés par les garde-frontières. C’est l’arme de la cava­lerie complétée par une bretelle, donc par un anneau soudé sous l’embouchoir. Ce mousqueton fait partie de la famille des Vetterli qui s’est répandue dans des em­plois mineurs. Le petit nombre d’armes ainsi transformées augmente encore l’in­térêt de celles qui subsistent.

***

Le système Vetterli comprend toute une famille d’armes avec les carabines, les mousquetons, le fusil de cadet. Tout au long de ses vingt années de service, il su­bit des dizaines de changements et d’améliorations de détail (le « perfection­nisme » helvétique). Lorsqu’il sera remplacé par le Schmidt-Rubin de 1889, les arse­naux fédéraux emmagasineront ces armes jusque vers 1950, date à laquelle les der­niers exemplaires seront cédés pour… trois francs ! Toute collection suisse d’armes d’ordonnance commence par le Vetterli… mais à un autre prix que les trois francs d’il y a un quart de siècle !

LE FUSIL VETTERLI (Suisse)

Le Vetterli – ou plutôt la famille des Vetterli – présente des particularités qui constituent un « cas » unique  dans l’histoire de l’armement. Jugez plutôt :

C’est la première arme à répétition adoptée dans une armée européenne. C’est aussi l’arme qui a été « suivie », tout au long de sa carrière, par son créateur avec une vigilance qui s’est traduite par de très nombreuses modifications. Enfin, c’est une « famille » nombreuse puisqu’elle compte, le long de ses vingt ans d’existence, quinze types différents… ceci, sans doute, pour combler les collectionneurs du siècle suivant !

Dans le langage militaire suisse, les Vetterli caractérisent une époque : « le temps du Vetterli ». Voici son histoire…

Dans son rapport à la Haute Assemblée fédérale sur l’armement, le Conseil fédéral suisse se prononce fermement pour l’adoption du chargement par la culasse et ajoute : …D’après notre manière de voir, la préférence devrait être accordée aux fusils à répétition contre les fusils à culasse simple, attendu que l’arme à répétition possède à un bien plus haut degré que l’arme simple les propriétés qui caractérisèrent les armes à chargement par la culasse. Le gouvernement laisse aux représentants du peuple la responsabilité de décider si on adoptera l’arme simple ou l’arme à répétition.

Ces vues témoignent d’une prescience rare ; en Europe, il n’y a aucun précédent.

La France introduira le Lebel vingt ans plus tard, précédé en 1878 du fusil Kropatschek pour sa marine, L’AIlemagne modifiera en 1884 le Mauser 1871 en y adaptant le système Kropatschek du ma­gasin-tube sous le canon. L’Italie attend 1887 pour compléter, par un magasin, son Vetterli-Vitali, L’Autriche, après un es­sai en 1886, adopte en 1888 la répétition d’après le système Mannlicher où la boîte-magasin fait corps avec le pontet ; enfin l’Angleterre fournira à son armée, après des essais poussés, le Lee-Medfort, mo­dèle 1889, avec magasin à 10 cartou­ches.

Les systèmes à répétition permettent de tirer chaque cartouche en deux secondes, alors qu’il en faut cinq à sept pour l’arme à un coup. L’avantage de la suppression d’un travail mécanique, à un moment cri­tique d’un combat, est mis en balance dans l’esprit des militaires du temps avec le risque, pour le soldat, de tirer inutile­ment et d’épuiser ainsi très vite ses mu­nitions. Il faut reconnaître qu’avec la pou­dre noire la vue de l’adversaire est voilée par la fumée et qu’alors, si on ne laisse pas à ce nuage la possibilité de se dissiper – avec largement le temps de recharger – le tir a lieu « au jugé’. C’est la raison de l’estimation des écrivains militaires : 10000 cartouches pour chaque homme hors de combat.

Sans tenir compte de la circonspection des chefs d’armée en Europe, en dehors de tous préjugés, l’Assemblée fédérale dé­crète, avec vingt ans d’avance répétons-le, le 20 juillet 1866 : … il est adopté pour les carabiniers et l’infanterie de l’armée fé­dérale (élite et réserve) une arme à répé­tition.

La Commission d’essais des fusils poursuit ses travaux; en janvier 1866 déjà, elle teste le fusil Henry et constate la précision et les qualités de l’arme. En octobre de la même année, elle a en mains le fusil Winchester, c’est-à-dire le même fusil, mais avec la trouvaille géniale du remplis­sage du tube-magasin sous le canon, par l’ouverture latérale ménagée sous la cu­lasse.

Les perfectionnements qui en résultent sont appréciés ainsi par la Commission :

…ils sont si marquants que ce n’est que depuis qu’ils ont été faits que le fusil Henry est devenu une véritable arme de guerre.

tandis qu’auparavant il n’avait aucun avan­tage sur les fusils à un seul coup du mo­ment que l’on avait épuisé le magasin.

Aussi la proposition est faite aux autorités fédérales, le 12 octobre 1866, d’acquérir 8 000 fusils Winchester pour les carabi­niers mais à la condition que l’arme soit construite au calibre suisse de 10,5 mm et non au calibre du constructeur de 11,17 mm (.44) et avec la cartouche char­gée de 4g de poudre au lieu de 1,8g.

Le « perfectionnisme » suisse se remarque déjà avec la volonté d’unification… Celle-ci inscrira dans l’histoire de l’armement le nom de Vetterli qui parviendra, partant de la Winchester au fusil qui porte son nom et qualifie une époque de l’armement hel­vétique ; le temps du Veterli.

Donc, le 28 novembre 1866. le Conseil fédéral adresse à l’Assemblée fédérale un long message traitant du nouvel arme­ment. Il envisage l’achat de 90 à 110 000 fusils Winchester  mais à condition que ceux-ci soient construits en Suisse. « La branche d’industrie nationale qui s’oc­cupe de cette partie a pris un beau dé­veloppement bien qu’elle doive lutter avec de grandes difficultés et elle a droit à des égards. » Le message apporte une préci­sion importante: …les machines des usi­nes de New Haven construisent le fusil Henry mais les fusils Winchester expédiés en Suisse pour les essais sont faits à la main… donc un long délai s’avérera néces­saire pour l’achèvement de l’armement fé­déral. délai accentué encore par la modi­fication du calibre et les recherches exigées par l’établissement de la munition ( 160 car­touches par fusil).

LA PREMIÈRE MENTION DU VETTERLI

La Commission technique comprend que le nouveau fusil à répétition au calibre et à la cartouche suisse doit être créé en Suisse. Dans le courant de septembre 1867, elle essaie à Thoune diverses ar­mes, entre autres … un fusil a 13 coups présenté par l’armurier Fetterli (sic) paraît réunir toutes les qualités désirables et sera vraisemblablement le modèle définitif.

L’opinion publique, dans tout le pays, se passionne pour ces problèmes de l’arme­

ment et bouscule les experts. L’atmo­sphère est tendue en Europe ; pour le peuple suisse, une arme efficace aux mains des soldats est la plus sûre pro­tection contre une agression possible. Le chroniqueur bernois de la Revue militaire suisse, dans le numéro du 4 novembre 1867, exprime l’amertume de ceux qui at­tendent :…Quant au modèle définitif… on le cherche toujours. C’est maintenant un fusil Vetterli, soit Winchester très perfec­tionné et simplifié qui est le bijou à la mode, sous la réserve, bien entendu que M. Amsler (l’armurier qui avait transformé les fusils pour le chargement par la culasse)  le favori de la Commission technique, n’an­nonce pas bientôt quelque chose de mieux. Les vues à ce sujet sont encore tellement dans le pot au noir qu’il serait même ques­tion de revenir de l’idée d’un fusil à répé­tition à celle du fusil simple… Qu’on se hâte d’en finir avec les essais et les perfection­nements. Qu’on se hâte d’avoir des armes et non plus des projets… Sera-t-il dit que grâce aux lenteurs de notre Commission technique, la Suisse sera la dernière en Eu­rope munie de son armement ? Ah ! les gens qui veulent tout accaparer pour eux, qui entreprennent tous les métiers et qui finalement ne savent rien faire à temps, se chargent d’une lourde responsabilité devant le pays.

FREDERIC VETTERLI

Johann-Frédéric Vetterli (1822-1882) originaire de Wagenhausen dans le canton de Thurgovie, entre en apprentissage chez un armurier de Schaffhouse. Il perfectionne ses connaissances à Paris, à la manufacture d’armes de Saint-Etienne et à Londres ou il prend femme à l’âge de 33 ans. Le grand patron de la jeune Société industrielle Suisse à Neuhausen, créée en 1853 pour construire des wagons, développée en 1860 par une section « armement », lui offre le poste de second directeur technique et Frédéric Vetterli entre en fonctions le 24 juin 1864. Nous trouvons, dans les savoureux mémoires d’Edouard Burnand, inventeur du système Prélaz-Burnand de 1867, et directeur du département « armes » de la S.I.G., la relation de la trouvaille de Vetterli en 1867, pour la construction d’une arme nouvelle en partant du Dreyse (fermeture dans l’axe du canon) et du Winchester (tube-magasin et transporteur). Frédéric Vetterli : …arrive dans son bureau en criant, eurêka ! J’ai trouvé le véritable fusil à ré­pétition. Et, ouvrant le pouce et l’index, fer­mant les autres doigts, il forme une équerre comme pour une sonnette. Il presse sur le bout du pouce, l’index se relève; c’est la branche qui élèvera le transporteur. L’inven­tion était faite, mais il fallait la mettre au point. Un ouvrier, fort intelligent, Elternich fournit un  précieux secours pour la mise en œuvre  de ce fusil qui va marquer la fin de ce siècle.

LA LONGUE ROUTE

Donc, en 1867, les milieux que cela concerne apprennent la prochaine diffu­sion de l’arme à répétition due à Frédéric Vetterli. Le 6 mars 1868, le Conseil fé­déral l’accepte et décide de mettre au concours la fabrication en Suisse de 80000 exemplaires. La mise au concours est annoncée quelques jours après, le 19 mars, avec un délai au 1er mai 1868 pour la remise des offres au département militaire fédéral. Les fabri­cants intéressés peuvent voir le modèle du fusil à répétition déposé au bureau de l’administration du matériel de guerre. La solution semble assez avancée pour que l’ordonnance, précisant les modalités d’exécution, soit publiée le 8 janvier 1869 et les conventions avec sept constructeurs signées vers le milieu de février. Mais, lors des exercices des écoles de tir de Bâle, au cours de 1869 (août et octobre), où une centaine de nouveaux fusils sont entre les mains de la troupe, il est néces­saire, souvent sur l’initiative de l’inventeur, d’apporter quelques changements impor­tants. Ceux-ci conduisent à un remanie­ment des types et des machines cause de retards considérables dans la livraison des fusils terminés conformes à l’ordon­nance. Ce que ce rapport ne dit pas, c’est que non seulement les modifications étaient cause de retard, mais qu’il y eut aussi une erreur administrative monumen­tale, les instructions de fabrication sont mises en œuvre non par l’inventeur, mais par la maison d’Erlach de Thoune. … De là, entre l’administration du matériel et le contrôleur chef, entre le contrôle et les fa­bricants, entre l’inventeur et l’administra­tion, des tiraillements qui avaient absorbé un temps précieux ! Le rapport de la Com­mission du Conseil des États sur la ges­tion du Conseil fédéral pour 1869, qui donne ces renseignements, se termine par l’indication du nombre de fusils livrés à fin mai 1870: 60 exemplaires !.

Jusqu’à quel point les essais « privés » des sociétés militaires du pays – largement publiés et pas toujours favorables au nou­vel armement – ont-ils perturbé l’avance­ment des travaux ? Certainement pour une part non négligeable. Enfin, la qua­trième édition des planches officielles donne le modèle parfaitement définitif’.

Un an après les « échantillons » cités ci-dessus, l’armée dispose de 12531 fusils vérifiés et à fin mai 1872, de 48 368 fusils. On est 4ncore loin des 119 000 pièces représentant le total des commandes.

 LE VETTERLI EN EUROPE

Citons rapidement une incursion du fusil Vetterli en Angleterre, devant le Comité chargé par le ministère de la guerre du choix d’un modèle définitif se chargeant par la culasse ; l’opinion des membres de ce Comité est favorable à l’arme à un coup : c’est le Martini-Henry qui sera adopté. Toutefois, les experts étudièrent le comportement de quatre systèmes à répétition dans les derniers mois de 1868. Le Vetterli fut opposé au Winchester ; ce dernier est jugé plus simple et mieux adapté à ce que l’on demande d’une arme militaire. En France, les démarches du colonel Edouard Burnand, directeur de S.I.G., sont patronnées par Gastinne-Renette, père et fils et ont lieu au camp de Châlons en septembre 1868. L’empereur, emballé par les résultats de l’arme, tient à obtenir 50000 mousquetons pour sa cavalerie. Le général Lebœuf, commandant le camp de Châlons, s’oppose à cet achat en fai­sant état du nombre de ses chassepots.

Le Vetterli est encore présenté à l’Egypte qui le fait essayer à Vincennes, devant Minié et Nessier, puis à Madrid, sans succès. A Turin, il tire à 500 mètres avec des ré­sultats si enthousiasmants que, le dernier jour des essais on réunit sur la place de tir un régiment d’infanterie et un de ca­valerie pour faire apprécier aux soldats l’arme que l’on allait mettre en leurs mains. Le résultat : un traité pour la ces­sion d’un brevet italien jusqu’à 500 000 armes. C’est le Vetterli à un coup, puis à magasin (1887), remplacé par le Paraviccino-Carcano en 1891. Ce fusil pré­sente la particularité d’avoir subi deux transformations importantes : la répétition en 1887 et la diminution du calibre à 6,5 mm par tubage du canon, en 1915.

LES PRIMES D’INVENTION

Donc, le 29 mai 1865, le département mi­litaire fédéral ouvre un concours auprès des « inventeurs-armuriers » ou « fabricants » pour un fusil modèle se chargeant par la culasse. Le texte prévoit expressé­ment une prime de 20 000 F pour récom­penser l’inventeur du système adopté. Cette prime sera répartie entre M. Amsler pour le système de transformation (8 000 F) et la Société Industrielle Suisse pour le fusil à répétition (10000 F). Or, la décision d’adjudication de la prime relève que le Fusil Vetterli est un système mixte, entre l’américain Winchester et le fusil prussien. La traditionnelle loyauté hel­vétique fut là en défaut : ni M. Milbank, ni la firme Dreyse, ni encore M. Olivier Winchester ne participèrent à la distribu­tion de la manne fédérale – ni même aux remerciements – pour leurs apports indis­cutables à l’armement suisse. Avec un siè­cle de retard, disons-leur merci ! et à nous… dommage !.

Fonctionnement

Les cartouches sont introduites dans le tube-magasin, sous le canon, par l’ouver­ture prévue à cet effet sur le côté droit de la boîte. Une cartouche est dans l’auget-transporteur, une autre dans le canon. En appuyant sur la détente, la gâchette articulée s’abaisse, la broche sous l’action du ressort est projetée en avant et frappe par un double choc de sa fourchette contre le bourrelet de la cartouche qui contient le fulminate et fait explosion par écrasement. La percussion ne se fait donc pas au centre de la cartouche mais à la périphérie du culot.

En retirant en arrière le cylindre obtura­teur, l’extracteur dégage la douille vide de la chambre et l’expulse au-dessus de l’arme. L’auget-transporteur s’élève et présente, devant le canon, la cartouche qu’il contient. Le mouvement en avant du cylindre obturateur pousse la cartouche, remet l’auget à sa place, en face du tube-magasin, lui permettant ainsi de recevoir une nouvelle cartouche. Le magasin peut être réapprovisionné en cours de tir.

Dimensions

Fusil à répétition, modèle 1869:

– Longueur totale : 1 300 mm ;

– Longueur du canon en acier fondu bronzé : 842 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 820 mm ;

– Calibre : 10,4 mm ;

– Poids total sans bretelle : 4 850 g (Waffenfabrik-Bern, nr 143248);

– 4 rayures concentriques : un pas sur 660 mm, largueur 4,5 mm, profondeur 225 mm ;

– Mécanisme d’obturation : par cylindre ;

– Magasin : tube sous le canon à 11 car­touches (plus une dans l’auget et une dans le canon);

  • Hausse: à cadran, graduée de 100 en 100m de 400 jusqu’à 1000m.

Cartouches :

– Longueur totale : 56 mm ;

– Poids total : 30,4 g ;

– Poids de la balle: 20,13g;

– Plomb dur :

– Pointe : arrondie ;

– Poids de la charge : 4 g de poudre noire ;

– Vitesse initiale à 25 m : 408 m/sec;

– Portée maximale : 2 800 m ;

– Élévation : 27° ;

– Longueur de l’étui : 38 mm en tombac (94 % de cuivre et 6 % d’étain) ;

– Inflammation : périphérique

-Cadence de tir avec magasin: 21 coups/minute.

Baïonnette :

– D’estoc à quatre carres: douille avec anneau ;

– Longueur de l’estoc : 480 mm.

Cette baïonnette est semblable à celle du fusil d’infanterie 1863, mais un peu plus légère : 290 g contre 365 g, par amincis­sement des carres.

Fusil de cadet, modèle 1870, numéro 3909, arme à un coup :

– Longueur totale: 1 130mm;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 659 mm ;

– Calibre : 10,4 mm ;

– Poids total sans bretelle: 3240g;

  • Hausse à cadran graduée : de 225 à 600m.

Projectile :

– Comme celui du fusil;

  • Poids de la charge : 3 g.

Il existe un premier modèle avec tôle de fermeture entourant la fenêtre d’expulsion de la cartouche qui est située sur le côté droit de la culasse.

FUSIL A RÉPÉTITION, MODÈLE 1871

 Quelques modifications sont apportées au modèle de 1869. Voici les principales: le couvre-culasse et le fermoir du magasin sont supprimés, la sous-garde est séparée en deux parties, celle du modèle 1869 servait de support pour le levier coudé (voir photographie mécanisme) et il fallait donc l’enlever pour sortir le transporteur. Dans le nouveau modèle, la partie anté­rieure – support du levier coudé – est in­dépendante et s’enlève seule pour le dé­montage. La largeur des anneaux passe à 15 mm afin de répartir la pression sur une plus grande surface et éviter de com­primer le tube-magasin lors du serrage des vis. Le canon est octogonal sur 75 mm au lieu de 65 mm. La feuille de hausse est allongée.

CARABINE A RÉPÉTITION. MODÈLE 1871

Le Vetterli de l’infanterie est bientôt suivi de l’arme des carabiniers, à double dé­tente, déterminée par la décision des au­torités fédérales du 27 février 1871. La carabine est moins longue que le fusil, son canon est maintenu par un anneau (au lieu de deux sur le fusil) et l’embouchoir est fixé par une vis traversante au lieu du te­non à ressort à ergot sur le fusil. Sur les premiers exemplaires construits, une tôle enveloppante glisse pour fermer l’ouver­ture d’éjection alors qu’une plaque obtu­ratrice est placée à l’entrée du magasin. La crosse est aussi plus courte, de sorte que la longueur totale des premières ar­mes est de 1 425 mm et le poids de 4 620 g avec la bretelle ; deux canaux d’évacuation des gaz sont ménagés au-dessus de la chambre à cartouche, jusqu’en 1877.

Dimensions

(voir fusil pour les renseignements non ci­tés):

– Longueur totale : 1 260 mm ;

– Longueur du canon : 783 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 762 mm ;

– Calibre: 10,4mm;

– Poids total sans bretelle : 4 540 g ;

  • Magasin: 10 cartouches, plus une dans l’auget et une dans le canon, double dé­tente : système Thury.

L’embouchoir est maintenu par un tenon à ressort à ergot au lieu de la vis tra­versante sur les premiers exemplaires.

FUSIL A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1878

Dans ce modèle apparaît la recherche du mieux de nos armuriers. Deux douzaines au moins de modifications améliorent l’uti­lisation de l’arme. Notons ci-dessous les plus marquantes, mais auparavant disons qu’une commission spéciale, nommée en 1877 par le département militaire fédéral, est responsable des changements propo­sés pour le fusil et la carabine. Son ex­pertise a conduit à une sensible amélio­ration de l’emploi des armes. Le nouveau modèle est prescrit par la décision du Conseil fédéral du 30 avril 1878, toute­fois, l’ordonnance d’application n’est pu­bliée qu’en mars 1879.

Modifications

A l’embouchoir est soudé, à droite : le te­non, pour la nouvelle baïonnette que nous présenterons ci-après. Le canon est main­tenu contre le fût par un seul anneau au lieu de deux. Le bois est lisse, sans le qua­drillage de prise pour la main gauche du modèle précédent. L’allongement des joues du pied de hausse permet d’insérer entre elles, presque complètement, la feuille de hausse qui est ainsi protégée contre les chocs. La graduation de 225 à 1 200 mètres est marquée et permet de décider des distances de 50 en 50 mètres; les deux canaux à gaz sont sup­primés. La boîte de culasse porte à gau­che le nom du fabricant, le numéro de l’arme et M 78. La détente a été allongée pour rendre le départ du coup plus facile. L’éperon de sous-garde assure une meil­leure pression du médius. L’allongement de la détente a obligé celui de la crosse qui est équipée d’une plaque de couche concave, comme celle de la carabine.

La modification la plus importante est celle de la baïonnette : l’ancien modèle d’estoc est remplacé par une longue ba­ïonnette-scie en fourreau de cuir.

Dimensions

– Longueur totale : 1 325 mm ;

– Longueur du canon : 843 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 822 mm ;

– Poids total sans bretelle : 4815g.

Comme là carabine 1881, le fusil 1878 comporte une fourchette de percussion de rechange dans une cavité sous la pla­que de couche. Les collectionneurs de ces armes, qui connaissent ce détail, trouvent très souvent la fourchette neuve à sa place.

Baïonnette-scie

– Longueur totale : 600 mm ;

– Longueur de la lame : 480 mm, pan creux d’un côté ;

– Pointe à deux tranchants dans l’axe;

– Poids : 485 g ;

  • Fourreau : en cuir noir pressé, gouttières de chaque côté. Il y aura jusqu’à la fin du Vetterli sept types de baïonnettes et trois modèles de fourreau.

CARABINE MODÈLE 1878

Cette arme se confond pratiquement avec le fusil modèle 1878, à l’exception de la double détente, celle de Thury ayant été modifiée par R. Schmidt. La baïonnette est semblable à celle du fusil.

FUSIL A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1881

La différence avec le modèle de 1878 ré­side dans le système de visée mis au point par Rudolf Schmidt. Les joues de protection du pied de hausse sont un peu plus hautes, celle de gauche est graduée à l’extérieur de 250 à 1 200 mètres, de 50 en 50 mètres; dans sa position infé­rieure, la hausse correspond toujours à 225 mètres. La feuille de hausse se meut à l’intérieur des joues, mais elle est ac­compagnée à gauche par une lame de renfort. Pour tirer aux distances de 1 250 à 1 600 mètres, une rallonge à glissière sort de la feuille de hausse, mais alors le cran de mire domine le canon de 94 mm I La boîte de culasse porte à gau­che le nom du constructeur, le numéro de l’arme et M 81. Les dimensions et perfo-mances sont celles du fusil modèle 1878.

CARABINE A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1881

Elle a la même ligne que le fusil, même plaque de couche, hausse semblable. Il a été fortement question, à l’époque, de supprimer la double détente pour réaliser la complète uniformité des armes de l’in­fanterie, mais cette tentative s’est heurtée à la volonté farouche des carabiniers de conserver leur principale distinction vis-à-vis des fusiliers, la « détente carabinière »… Au stand, celle-ci est favorable puisque le poids normal de 2 500 g est abaissé à 250g!

Les armes des corps spécialisés

MOUSQUETON DE CAVALERIE

… C’est à contre-cœur que la cavalerie est entrée en campagne avec des pistolets à canon lisse. La carabine qui, depuis quel­ques années, a été introduite à titre d’essai dans plusieurs écoles et cours, paraît jouir d’une grande popularité et si l’on réussit à établir une arme qui réunisse les conditions d’efficacité, de portée et de poids désirables, la cavalerie la recevra avec plaisir. Un re­volver sera de même bien accueilli par tes sous-officiers et trompettes aussitôt qu’un modèle convenable aura été adopté…

Donc, une première carabine de dragons est construite en 1871 avec un levier d’armement dessiné avec un épaississe-ment progressif, sans boule de prise, l’en­trée des cartouches et la culasse possé­dant leur dispositif d’obturation. Deux ca­naux pour l’évacuation des gaz sont amé­nagés à travers le canon.

Ce modèle est vite modifié : le levier de­vient classique avec sa boule terminale, la partie « prise » du fût quadrillée. Dès 1874, la hausse est prévue, suivant le système Schmidt, pour tirer à 600 mètres. La pro­tection de la culasse est supprimée, tou­tefois la fermeture du magasin subsiste. Dès 1878, on ne voit plus les deux ou­vertures pour les gaz.

Dimensions

– Longueur totale : 930 mm ;

– Longueur du canon : 470 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 448 mm ;

– Calibre: 10,4mm;

– Poids sans bretelle : 3 330 g ;

– Rayures : quatre ;

– Pas : un tour sur 550 mm au lieu de un tour sur 660 mm pour le fusil ;

-Vitesse initiale: 375 m/sec.;

– Tube-magasin : 6 cartouches plus une dans l’auget et une dans le canon ;

– Hausse : feuille de hausse se déplaçant entre les deux joues. Celle de gauche est taillée afin de ménager  une partie plate sur laquelle les traits marquent les distan­ces de 100 m en 100 m jusqu’à 600 m ;

– Pas de baïonnette.

MOUSQUETON A REPETITION POUR GARDE-FRONTIERES, MODELE 1878

En 1878, une petite série de mousque­tons est fabriquée ; il s’agit de l’armement des garde-frontières qui sort à 400 exem­plaires. Cette arme se présente comme le fusil de dragon, mais l’extrémité du canon est dégagée du fût et il y a un tenon pour la baïonnette-scie.

Dimensions

– Longueur totale : 945 mm ;

– Longueur du canon : 485 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 462 mm ;

– Poids sans bretelle : 3 540 g ;

– Hausse : de 225 m à 600 m comme celle du mousqueton de dragon.

MOUSQUETON A RÉPÉTITION POUR GARDE-FRONTIÈRES, MODÈLE 1895

280 mousquetons de dragon sont modi­fiés en 1895 pour être utilisés par les garde-frontières. C’est l’arme de la cava­lerie complétée par une bretelle, donc par un anneau soudé sous l’embouchoir. Ce mousqueton fait partie de la famille des Vetterli qui s’est répandue dans des em­plois mineurs. Le petit nombre d’armes ainsi transformées augmente encore l’in­térêt de celles qui subsistent.

***

Le système Vetterli comprend toute une famille d’armes avec les carabines, les mousquetons, le fusil de cadet. Tout au long de ses vingt années de service, il su­bit des dizaines de changements et d’améliorations de détail (le « perfection­nisme » helvétique). Lorsqu’il sera remplacé par le Schmidt-Rubin de 1889, les arse­naux fédéraux emmagasineront ces armes jusque vers 1950, date à laquelle les der­niers exemplaires seront cédés pour… trois francs ! Toute collection suisse d’armes d’ordonnance commence par le Vetterli… mais à un autre prix que les trois francs d’il y a un quart de siècle !

LE FUSIL PEABODY (Suisse)

L’armement de la Confédération helvétique

par Clément BOSSON

Le fusil Peabody, destiné à l’armement des carabiniers de la Confédération helvétique, est le seul, depuis 1851, qui n’ait pas été « pensé » en Suisse. Mais le temps pressait, la guerre était aux frontières du pays ; seuls les Etats-Unis disposaient – déjà ! – d’un po­tentiel industriel armurier capable de livrer très vite une arme de haute qualité. Ainsi ont été commandés 15 000 fusils Peabody mais, bien sûr, au calibre « suisse » de 10,4mm.

LE 22 juillet 1862, l’armurier Henry 0. Peabody, de Boston (Massachusetts, Etats-Unis) obtient, sous numéro 35 947, l’enregistrement de son brevet pour le fusil qui porte son nom. Il s’agit d’une arme très simple, très robuste et d’une remarquable conception. Peabody revient à l’idée du dégagement de la culasse, permettant d’introduire la cartouche dans le canon, réalisée au XVIIIe siècle par La Chaumette et Ferguson et reprise par Christian Sharps (brevet de 1848.

Avec le fusil Peabody, la boîte de culasse, dans laquelle vient se visser le canon, sert de logement au bloc ob­turateur qui pivote de haut en bas et de bas en haut autour d’un axe, sous l’action du pontet solidaire du bloc ; celui-ci en place constitue une des meilleures fer­metures permettant l’utilisation de charges élevées. Sur sa joue droite se loge et glisse le percuteur qui frappe la cartouche – à l’inflammation périphérique – lors du choc du chien. Quatre mouvements sont nécessaires pour la charge :

– Armer le chien;

– Faire basculer le bloc en bas et, par l’action de l’extracteur, enlever la douille vide;

– Introduire la cartouche;

– Fermer le bloc.

Ces manœuvres permettent de tirer normalement sept coups par minute.

Peabody, bien sûr, propose tout d’abord son invention à son pays. Les essais ont lieu en janvier 1865 avec d’excellents résultats ; mais la guerre de Sécession étant virtuellement terminée, le gouvernement préfère transformer les fusils réglementaires Springfield (1853) sui­vant le système à clapet de E. S. Allin, maître armurier de l’arsenal de Springfield. Il y avait, en effet, près de deux millions de fusils à chargement par la bouche, transformables en chargement par l’arrière et, plus tard, à calibre réduit par tubage du canon de .58 (14,73 mm),

L’inventeur part alors pour l’Europe afin de proposer son fusil, refusé par son pays; cette arme est adoptée par l’Espagne, avec une remarquable cartouche de .433 à percussion centrale, par le Portugal, la Russie, les Etats danubiens, la Turquie qui passe commande pour 650000 fusils qui sont encore en service lors de la guerre des Balkans (1912-1913). Le Canada en avait une certaine quantité (3 000 exemplaires). Toutes ces armes sortent des ateliers de la Providence Tool Company à Rhode Island (Etats-Unis). Pendant la guerre franco-allemande, 39 000 Peabody, au calibre espagnol, sont achetés par le gouvernement de Bordeaux.

Vers 1867, Frederich Martini (1833-1897), associé dans l’atelier de mécanique Martini et Tanner à Frauenfeld (Suisse), modifie le système de percussion de Pea­body en remplaçant le percuteur dans le bloc, agissant sous l’action du chien, par un percuteur placé horizon­talement, avec ressort à boudin, comme celui des cu­lasses mobiles à cylindre. Ce percuteur s’arme automa­tiquement par le mouvement de bascule du bloc ; ainsi, les gestes de la charge sont réduits à trois par la sup­pression de l’armé du chien. … à cause du droit de brevet de Peabody, ce système d’obturation a dû prendre la dé­nomination de Peabody-Martini.

L’Angleterre choisit ce système en 1871, combiné avec le canon de Alexander Henry, d’Edimbourg, comme nouvelle arme des troupes britanniques ; l’arme s’appelle alors Martini-Henry l’inventeur du mécanisme de base est bien oublié…

LE PEABODY EN SUISSE

En 1866, la guerre sévit dans plusieurs régions d’Eu­rope, l’armée suisse ne possède que des « fusils lents » à chargement par la bouche. Le Conseil fédéral adresse un long rapport, daté du 12 juillet, sur la nécessité d’adopter le chargement par la culasse ; cette affaire a déjà été largement abordée par la … mise au concours, le 29 mai 1865, d’un fusil modèle se chargeant par la culasse (Revue militaire suisse, 1865, page 279). Le message est suivi, le 20 juillet déjà, d’un arrêté deman­dant au paragraphe 3 : … Pour le cas où il serait possible d’obtenir immédiatement ou dans le plus bref délai, soit par voie d’acquisition ou autrement, un certain nombre de bons fusils se chargeant par la culasse, le Conseil fé­déral est en outre autorisé à les acquérir pour le dépôt fédéral (Revue militaire suisse, 1866, page 406).

Nos autorités estiment que cette acquisition n’est pos­sible qu’en Amérique du Nord, seul pays où l’industrie de l’armement est capable d’exécuter rapidement une commande (changement de calibre) et avec les muni­tions correspondantes. L’achat de 30 000 fusils est donc envisagé pour un montant total de trois millions et demi de francs.

Lors des essais des fusils appelés au concours, en au­tomne 1866, plusieurs Peabody, au calibre 38″, avaient été testés avec leurs projectiles de 25 grammes, pro­pulsés par 3,5 grammes de poudre américaine dans un étui de tombac (cuivre et zinc). En reconnaissant les qualités de l’arme, les experts sont d’avis que cette charge insuffisante demande des angles de mire plus élevés; il aurait fallu arriver à 4 grammes [Revue mi­litaire suisse, 1866, page 652).

Malgré cette différence avec une solution parfaite, le Conseil fédéral délègue aux Etats-Unis, au début de 1867, le capitaine Méchel afin d’y conclure un achat de 15 000 de ces armes au calibre suisse de 10,4 mm (Rapport du Conseil fédéra/, 1867, page 148). Une pre­mière livraison quitte l’usine de Rhode Island, le 10 oc­tobre 1867, par bateaux allemands. La fourniture com­prend encore deux mitrailleuses Gatling et vingt-deux machines pour la fabrication des douilles et des car­touches (Rapport de la commission du Conseil des Etats  sur la gestion du Conseil fédéral, 1867, page 15).

Le prix de revient de chacun des 15 006 fusils achetés, y compris la baïonnette et les pièces de rechange, est de 95,50 F (Rapport du Conseil fédéral, 1869, page 380). Ces fusils ont servi à armer les carabiniers de l’élite et de la réserve.

Dans son « rapport sur la mise de troupes sur pied en juillet et en août 1870 », le général Herzog écrit …il n’y a qu’une voix pour reconnaître l’excellence des fusils Peabody (réf.- Feuille fédérale suisse, 1870, volume III, page 882). Or, dans son texte, le commandant en chef de l’armée suisse s’exprime avec liberté, ne ménageant pas ses critiques ; son approbation de la qualité du Pea­body est donc parfaitement valable,

 Dimensions ;

– Longueur totale: 1 310mm;

– Longueur du canon rond: 812mm;

– Calibre : 10,4 mm ;

– 3 rayures : en hélice, trois champs de 5,5 mm égaux aux rayures, un tour sur 720 m ;

– Hausse à cadran : graduation sur les joues de 300 à 800 pas;

– Le levier du bloc de culasse sert de pontet de sous-garde.

Cartouche :

– Poids total : 30,4 g ;

– Poids de la balle : à expansion, en plomb, avec 2 rai­nures, pointe arrondie: 19,1g;

– Poids de la charge : 3,65 g de poudre noire ;

– Douille : en tombac ;

– Vitesse initiale: 435 m/s.

Baïonnette :

– D’estoc à 4 arêtes

– Longueur de la lame : 480 mm.

Les canons :

Changés en Suisse, après usure, sont un peu plus longs.

– Longueur : 820 mm ;

– Tonnerre : à 8 pans sur 80 mm

C’est ainsi que l’on rencontre, dans les collections « complètes », deux types de fusil Peabody à canon différent.

Le fusil Peabody sera remplacé, chez les carabiniers, par la carabine Vetterli, modèle 1871.

LE FUSIL 1863

L’armement de la Confédération helvétique

par Clément BOSSON

La transformation des fusils lisses au système Prélaz-Burnand n’a été considérée en 1859 que comme une mesure tran­sitoire destinée à préparer le chemin à l’introduction définitive d’un nouveau fusil d’infanterie… Ainsi s’exprime le Conseil fédéral dans son rapport présenté à la Haute assemblée fédérale sur sa gestion pendant l’année 1860.

Dès le 21 janvier 1860. le dossier s’étale sur la table des commissions d’experts. La querelle des calibres continue, les 10,5mm de la carabine et du fusil de chasseur sont jugés vraiment trop faibles. La Confé­dération helvétique ouvre alors un concours concernant un nouveau fusil doté d’une baïonnette. Sur ce dernier objet, précisons que l’armée fédérale ne connaissait que la baïonnette d’estoc, alors que la France avait introduit, dès 1842, un sabre-baïonnette qui était aussi une arme de main.

Au concours, doté de prix, 44 concurrents s’annoncent dont 30 viennent de Suisse et 14 de l’étranger. En fait. vingt concurrents présentent vingt-huit fusils.

La Commission des experts propose aussi un fusil, construit en huit exemplaires, par l’armurier Burri à Lucerne. Elle a d’abord proposé un calibre 13,5 à 15mm pour revenir ensuite au calibre 12 à 12,6 mm,

II résulte d’essais très poussés « … que le calibre de 4 lignes (12rnm) avec un projectile à expansion est le mieux qualifié et qu’un des fusils construit à Lucerne pré­sente des avantages sur tous les autres… ». Cependant, aucune des propositions, y compris celle concernant la baïonnette, n’est retenue et le rap­port conclut; ...la précipitation que l’on mettrait dans cette affaire serait d’autant plus à regretter que notre in­fanterie possède maintenant déjà une arme d’infanterie qui peut très bien soutenir la comparaison avec celle des autres armes…

Au cours de l’année 1861, la « Commission pour l’in­troduction des nouvelles armes à feu portatives », comp­tant cinq membres, continue les essais ; elle teste la balle expansive de l’armurier Buholzer de Lucerne, dans la carabine. Cette invention dispense de l’utilisation des fourres à balles et laisse assez de jeu à la balle à l’in­térieur du canon.

Aucun élément ne permet, en 1861, d’entrevoir un ré­sultat. La commission du conseil des Etats, sur la ges­tion du conseil fédéral, le constate : … /es premiers prin­cipes relatifs à la question de l’arme sont encore tellement contestés que nous pouvons attendre tranquillement l’is­sue et considérer une prompte solution comme étant un acte prématuré. Le premier État militaire de l’Europe, la France, peut nous servir d’exemple en matière de cir­conspection dans la tractation de la chose. Cette « attente tranquille » admise par cette Commission ne semble pas convenir à l’assemblée fé­dérale ; elle « houspille » l’exécutif par son arrêté du 7 février 1862… considérant que les essais dont le Conseil fédéral a été chargé par arrêté du 31 janvier 1860, concernant l’introduction d’armes à feu portatives rayées ne peuvent en aucune façon être considérés comme terminés, arrête: … les essais faits jusqu’ici doivent être continués et on devra spécia­lement dans ces essais soumettre les nouvelles armes ainsi que tes anciennes à un examen comparatif et ap­profondi. Il est ouvert à cet effet au Conseil fédéral un crédit de 100000F.

 La Commission renforcée (huit membres) se met au tra­vail sous la présidence du chef de département militaire au début de mars 1862. Il est décidé, tout d’abord, de faire confectionner une vingtaine d’armes dont les calibres s’étageraient dé 10,5mm à 13,5mm. Tout est prêt, armes et projectiles correspondant pour les épreu­ves qui ont lieu à Bâle du 20 juin au 5 juillet 1862, reprises en novembre.

Chaque arme tire à :

– 400 pas………………………  30 coups

– 600 pas……………………… 100 coups

– 800 pas………………………   40 coups

– 1 000 pas ……………………..50 coups

sans nettoyer le canon ou changer la hausse, ni mar­quer l’impact, ceci bien sûr après les coups d’essai.

Grandeur de cible de :

– 400 à 800 pas……………. hauteur 285cm

largeur 375 cm,

– 1 000 pas …………………  hauteur 345 cm,

largeur 570cm.

Les tireurs, choisis parmi les plus habiles, appuyaient l’arme sur un chevalet.

Les études de la Commission se concrétisent en trois rapports – fait plutôt rare – celui de la majorité signé par cinq membres, le 10 décembre 1862, tend à l’adop­tion d’un fusil au canon d’acier fondu, de 990 mm, avec le calibre de 13 mm et 4 rayures. Un autre rapport de minorité, établi par deux membres, préconise le calibre 11,4mm et enfin la position d’un solitaire, le colonel Wustemberger, en date du 19 décembre 1862, recom­mande l’unité de calibre pour toute l’infanterie – ca­rabiniers et chasseurs compris – soit celui des armes de ces derniers: 10,5mm.

Ces trois textes se réfèrent aux tableaux des résultats obtenus aux diverses distances et calibres ; l’argumen­tation de chacun fait état de considérations dans les­quelles la balistique est confinée aux seuls tableaux ; les arguments s’adressent aux membres des deux Conseils, le National et les Etats et sont imprégnés de bon sens puisque la décision définitive sera prise par une instance politique et non technique. Il faut le sou­ligner : les militaires proposent mais les civils choisis­sent. Leur choix sera difficile car, dans tout le pays, l’opinion publique s’est passionnée pour la question du calibre ; elle harcèle l’Assemblée fédérale de pétitions et de contre-pétitions ! L’une de celles-ci, signée par vingt-cinq colonels, se prononce pour le grand calibre de 13 mm ! Le message du Conseil fédéral à l’Assem­blée fédérale suisse, concernant l’introduction d’un nou­veau fusil d’infanterie et de l’unité du calibre pour toutes les armes à feu portatives pour l’armée fédérale, du 9 janvier 1863, serait à citer en entier, tant il fait ressortir avec pertinence les avantages et les inconvénients des systèmes proposés. Il schématise ainsi les avantages du grand calibre :

– Résistance à la déviation du vent;

– Plus grands effets destructifs ;

– Cartouches plus pratiques.

 

Les atouts du petit calibre sont :

– Meilleure trajectoire ;

– Recul moindre;

– Légèreté de l’arme et de ses munitions;

– Moins de cherté.

Le message, ensuite, devient massue ! le petit calibre est actuellement acclimaté chez nous pour la carabine depuis 12 ans, pour le fusil de chasseur depuis 6 ans. Nous possédons, en Suisse, plus de 20 000 de ces armes avec les munitions nécessaires. Nous estimons donc que si l’on n’a pas de motifs péremptoires pour quitter ce calibre, ce qui existe actuellement ne doit point être abandonné et nous n’avons pu trouver, ni dans le rapport de la majorité, ni dans les observations ultérieures des motifs plausibles qui nous poussent à une telle mesure.

Le texte officiel met en évidence la facilité d’emploi de la munition du calibre 10,5mm par l’invention de M. Buholzer, intendant de l’arsenal de Lucerne. Celui-ci a conçu un projectile expansif de petit calibre -jusqu’alors on avait cru que l’emploi de balles expansives n’était possible qu’avec de gros calibres -. Or, un quintal de plomb permet de fondre 4 745 balles Bu­holzer contre 1 872 projectiles de gros calibre, soit lar­gement plus du double.

LA DECISION

En date du 26 janvier 1863, le Conseil national s’est prononcé pour le petit calibre de 35″ (10,5 mm) par 72 voix contre 17 et le Conseil des Etats, le 28 du même mois, par 33 voix contre 5… Telle est la note, sèche comme un coup de trique, publiée dans la Feuille fé­dérale de 1863. La plupart des mi­litaires, membres des deux Conseils, faisaient partie de la minorité ! La Suisse, la première en Europe adoptait le calibre de 10,5 mm pour son armée. Pour bien com­prendre la signification de cette hardiesse, nous don­nons, ci-dessous, les calibres des armes européennes de l’époque en points, cette mesure faisant mieux res­sortir les différences que les millimètres :

– Nouveau calibre suisse…………… 35 points

– Fusil Prélaz-Burnand …………….. 59 points

La France et l’Italie ont conservé

le calibre de ……………………..     59 points

L’Angleterre a adopté celui de ….. 48 points

L’Autriche ………………………..      46 points

L’Espagne ………………………..     46 points

La Prusse ………………………       50,5 points

La Russie ………………………..      46 points

et pour ses carabiniers, une arme de 43 points.

 Le nouveau calibre de l’infanterie, semblable à celui des carabiniers et des chasseurs, est adopté par l’arrêté fé­déral du 28 janvier 1863 qui précise:

Art. 1. – Un calibre normal et unique de 35 points (10,5 mm) est fixé pour toutes les armes à feu de l’ar­mée fédérale (élite et réserve.

Art. 3. – Du 31 juillet 1863… l’introduction du nouveau fusil et des munitions nécessaires doit se faire en six ans dès le 1er janvier 1864. Le crédit ouvert à la Confé­dération est de 4 600 000 F pour sa part de frais

.La longueur du canon a été admise d’emblée – et par tous – à 990 mm soit 60 mm de plus que celle du second fusil de chasseur, modèle 1856, ceci pour fa­ciliter le tir sur deux rangs et l’escrime à la baïonnette. La longueur totale de l’arme s’inscrit ainsi à 1 380 mm. Cette longueur n’est pas diminuée – contrairement à l’usage ancien – pour les hommes de génie et de l’ar­tillerie. L’ordonnance, précisant les détails de construc­tion, est datée du 24 décembre 1863.

La munition du fusil d’infanterie, soit la balle expansive de l’armurier Buholzer, s’est révélée supérieure dans la carabine. La cartouche de celle-ci ne contenait que la poudre, la balle étant introduite au moyen d’une fourre alors que la nouvelle cartouche comporte la charge et la balle mises en place sans autre geste. Cette cartou­che allège le carabinier du moule à balles, de la poche à fondre, des fourres ainsi que les cylindres de bois pour fixer ces dernières. C’est un allégement non né­gligeable et une diminution des frais.

 

L’ARME

Longueur totale…………………… 1 380 mm ;

Longueur du canon d’acier

fondu et bronzé…………………..   990 mm ;

Calibre ……………………………. 10,5 mm ;

Rayures plates concentriques : quatre, profondeur cons­tante – largeur égale à celle des champs, largeur 3,75 mm, profondeur 0,225 mm ;

Un tour sur……………………….. 810 mm ;

Hausse : à embase graduée avec planche mobile à gra­duation de 400 à 1 000 pas ;

Platine ………………………….. à chaînette ;

Garnitures …………………….. en fer bronzé ;

Baïonnette : quadrangulaire suivant le modèle français, longueur de la lame 480 mm.

Le fusil est entièrement construit en Suisse, sauf les canons bruts provenant d’une usine de Düsseldorf, en Westphalie, que la Confédération achète et livre aux fabricants au prix de 6 F la pièce. Les essais, faits dans les principaux établissements métallurgiques, ayant dé­montré leur infériorité sous le rapport de la résistance et du prix , le prix payé par la Confédération, pour chaque fusil, est de 78F.

MUNITION

Balle expansive :

– poids de la balle: 18,7g;

– charge de poudre noire : 4 g ;

Cartouche faite de deux feuilles de papier graissé sur la hauteur de la balle ;

Vitesse initiale: 448/451 m/sec;

Dotation par homme : 60 cartouches, 84 capsules.

La Suisse conservera, pour toutes ses armes, son ca­libre de 10,5 mm jusqu’à la réduction au calibre 7,5 mm Schmidt-Rubin de 1889 qui sera alors définitive puisqu’on la connaît encore à l’heure actuelle.

 

Matériel d’éclairage 19ème siècle et début du 20ème siècle

Ces quelques photos portent à notre connaissance le matériel d’éclairage de l’Armée suisse à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle.

Plusieurs engins figurant sur ces photos peuvent être vu au musée de l’Armée à Burgdorf.

Appareil d’observation B 200

Code : B 200 S/R IV

Portée : jusqu’à 500 m suivant les conditions atmosphériques

Agrandissement : environ 3,5 fois

Poids de l’instrument :

-instrument proprement dit environ 40 kg

-plaque de base 6,5 kg

-siège 1,3 kg

-trépied environ 9 kg.

-poids total environ 57 kg

Groupe électrogène : environ 25 kg

Caisse de carburant : environ 29 kg.

Tambour avec 50 m de câble : 13,7 kg

Production d’énergie : environ 210 W

Mobilité : portable avec bretelles

Lunette :

Optique : objectif à miroir

Distance focale : 16 cm

Réglage de la distance : de 10 m à l’infini

Ouverture relative : environ 1 : 1

Angle de vision : environ 12°

Oculaire : grossissement 5 x

Réticule : +/- 30 0/000 artillerie

Tube convertisseur d’image : type R IV

Tension : 6V courant continu

A62 Fortin d’infanterie de Finhaut

Cet ouvrage est situé en contrebas de la route Finhaut – Giétroz. Il est atteignable par un petit sentier qui descend au-dessous d’une paroi rocheuse dans laquelle est situé le fortin.

Celui-ci est le contre-ouvrage du fort A61 de Litroz et permet, d’une part de diriger le feu de sa mitrailleuse en direction de celui-ci en cas d’attaque par de l’infanterie et également de couvrir de son feu le lieu-dit Tête Noire, de l’autre côté de la vallée, qui comporte un ouvrage miné et une barricade ach. Il peut atteindre des secteurs qui ne sont pas couverts par la mitrailleuse du fort de Litroz.

Le fortin, après un couloir d’accès, comporte un poste d’observation (qui permet également le tir avec un fusil d’assaut), puis un local de combat avec une mitrailleuse Mg 51. Un WC est situé dans le couloir près de l’accès au cantonnement. Celui-ci est prévu pour 6 hommes. A l’intérieur de celui-ci, se situe la ventilation et la filtration de l’air actionné par l’électricité qui est fournie par une ligne aérienne. A l’origine, une groupe électrogène existait, mais à été démonté pour des raisons inconnues (certainement panne du groupe). La ventilation peut être actionnée manuellement.

Le fortin est équipé d’installations téléphoniques dans chaque pièce et également de lignes extérieures à l’ouvrages reliées à deux FAK (Feldanschlusskasten = boîte de raccordement téléphonique de campagne). Le poste d’observation est encore raccordé au local de combat situé à environ 20m, par l’ancien système de transmission par  la voix comme sur les navires et nommé tube acoustique. C’est assez exceptionnel, car ceux-ci ont été démontés partout au moment de l’installation du téléphone.

Le camouflage des embrasures est assez exceptionnel.

A62 Fortin d’infanterie de Finhaut

Cet ouvrage est situé en contrebas de la route Finhaut – Giétroz. Il est atteignable par un petit sentier qui descend au-dessous d’une paroi rocheuse dans laquelle est situé le fortin.

Celui-ci est le contre-ouvrage du fort A61 de Litroz et permet, d’une part de diriger le feu de sa mitrailleuse en direction de celui-ci en cas d’attaque par de l’infanterie et également de couvrir de son feu le lieu-dit Tête Noire, de l’autre côté de la vallée, qui comporte un ouvrage miné et une barricade ach. Il peut atteindre des secteurs qui ne sont pas couverts par la mitrailleuse du fort de Litroz.

Le fortin, après un couloir d’accès, comporte un poste d’observation (qui permet également le tir avec un fusil d’assaut), puis un local de combat avec une mitrailleuse Mg 51. Un WC est situé dans le couloir près de l’accès au cantonnement. Celui-ci est prévu pour 6 hommes. A l’intérieur de celui-ci, se situe la ventilation et la filtration de l’air actionné par l’électricité qui est fournie par une ligne aérienne. A l’origine, une groupe électrogène existait, mais à été démonté pour des raisons inconnues (certainement panne du groupe). La ventilation peut être actionnée manuellement.

Le fortin est équipé d’installations téléphoniques dans chaque pièce et également de lignes extérieures à l’ouvrages reliées à deux FAK (Feldanschlusskasten = boîte de raccordement téléphonique de campagne). Le poste d’observation est encore raccordé au local de combat situé à environ 20m, par l’ancien système de transmission par  la voix comme sur les navires et nommé tube acoustique. C’est assez exceptionnel, car ceux-ci ont été démontés partout au moment de l’installation du téléphone.

Le camouflage des embrasures est assez exceptionnel.