LE FUSIL VETTERLI (Suisse)

Le Vetterli – ou plutôt la famille des Vetterli – présente des particularités qui constituent un “cas” unique  dans l’histoire de l’armement. Jugez plutôt :

C’est la première arme à répétition adoptée dans une armée européenne. C’est aussi l’arme qui a été “suivie”, tout au long de sa carrière, par son créateur avec une vigilance qui s’est traduite par de très nombreuses modifications. Enfin, c’est une “famille” nombreuse puisqu’elle compte, le long de ses vingt ans d’existence, quinze types différents… ceci, sans doute, pour combler les collectionneurs du siècle suivant !

Dans le langage militaire suisse, les Vetterli caractérisent une époque : “le temps du Vetterli”. Voici son histoire…

Dans son rapport à la Haute Assemblée fédérale sur l’armement, le Conseil fédéral suisse se prononce fermement pour l’adoption du chargement par la culasse et ajoute : …D’après notre manière de voir, la préférence devrait être accordée aux fusils à répétition contre les fusils à culasse simple, attendu que l’arme à répétition possède à un bien plus haut degré que l’arme simple les propriétés qui caractérisèrent les armes à chargement par la culasse. Le gouvernement laisse aux représentants du peuple la responsabilité de décider si on adoptera l’arme simple ou l’arme à répétition.

Ces vues témoignent d’une prescience rare ; en Europe, il n’y a aucun précédent.

La France introduira le Lebel vingt ans plus tard, précédé en 1878 du fusil Kropatschek pour sa marine, L’AIlemagne modifiera en 1884 le Mauser 1871 en y adaptant le système Kropatschek du ma­gasin-tube sous le canon. L’Italie attend 1887 pour compléter, par un magasin, son Vetterli-Vitali, L’Autriche, après un es­sai en 1886, adopte en 1888 la répétition d’après le système Mannlicher où la boîte-magasin fait corps avec le pontet ; enfin l’Angleterre fournira à son armée, après des essais poussés, le Lee-Medfort, mo­dèle 1889, avec magasin à 10 cartou­ches.

Les systèmes à répétition permettent de tirer chaque cartouche en deux secondes, alors qu’il en faut cinq à sept pour l’arme à un coup. L’avantage de la suppression d’un travail mécanique, à un moment cri­tique d’un combat, est mis en balance dans l’esprit des militaires du temps avec le risque, pour le soldat, de tirer inutile­ment et d’épuiser ainsi très vite ses mu­nitions. Il faut reconnaître qu’avec la pou­dre noire la vue de l’adversaire est voilée par la fumée et qu’alors, si on ne laisse pas à ce nuage la possibilité de se dissiper – avec largement le temps de recharger – le tir a lieu “au jugé’. C’est la raison de l’estimation des écrivains militaires : 10000 cartouches pour chaque homme hors de combat.

Sans tenir compte de la circonspection des chefs d’armée en Europe, en dehors de tous préjugés, l’Assemblée fédérale dé­crète, avec vingt ans d’avance répétons-le, le 20 juillet 1866 : … il est adopté pour les carabiniers et l’infanterie de l’armée fé­dérale (élite et réserve) une arme à répé­tition.

La Commission d’essais des fusils poursuit ses travaux; en janvier 1866 déjà, elle teste le fusil Henry et constate la précision et les qualités de l’arme. En octobre de la même année, elle a en mains le fusil Winchester, c’est-à-dire le même fusil, mais avec la trouvaille géniale du remplis­sage du tube-magasin sous le canon, par l’ouverture latérale ménagée sous la cu­lasse.

Les perfectionnements qui en résultent sont appréciés ainsi par la Commission :

…ils sont si marquants que ce n’est que depuis qu’ils ont été faits que le fusil Henry est devenu une véritable arme de guerre.

tandis qu’auparavant il n’avait aucun avan­tage sur les fusils à un seul coup du mo­ment que l’on avait épuisé le magasin.

Aussi la proposition est faite aux autorités fédérales, le 12 octobre 1866, d’acquérir 8 000 fusils Winchester pour les carabi­niers mais à la condition que l’arme soit construite au calibre suisse de 10,5 mm et non au calibre du constructeur de 11,17 mm (.44) et avec la cartouche char­gée de 4g de poudre au lieu de 1,8g.

Le “perfectionnisme” suisse se remarque déjà avec la volonté d’unification… Celle-ci inscrira dans l’histoire de l’armement le nom de Vetterli qui parviendra, partant de la Winchester au fusil qui porte son nom et qualifie une époque de l’armement hel­vétique ; le temps du Veterli.

Donc, le 28 novembre 1866. le Conseil fédéral adresse à l’Assemblée fédérale un long message traitant du nouvel arme­ment. Il envisage l’achat de 90 à 110 000 fusils Winchester  mais à condition que ceux-ci soient construits en Suisse. “La branche d’industrie nationale qui s’oc­cupe de cette partie a pris un beau dé­veloppement bien qu’elle doive lutter avec de grandes difficultés et elle a droit à des égards.” Le message apporte une préci­sion importante: …les machines des usi­nes de New Haven construisent le fusil Henry mais les fusils Winchester expédiés en Suisse pour les essais sont faits à la main… donc un long délai s’avérera néces­saire pour l’achèvement de l’armement fé­déral. délai accentué encore par la modi­fication du calibre et les recherches exigées par l’établissement de la munition ( 160 car­touches par fusil).

LA PREMIÈRE MENTION DU VETTERLI

La Commission technique comprend que le nouveau fusil à répétition au calibre et à la cartouche suisse doit être créé en Suisse. Dans le courant de septembre 1867, elle essaie à Thoune diverses ar­mes, entre autres … un fusil a 13 coups présenté par l’armurier Fetterli (sic) paraît réunir toutes les qualités désirables et sera vraisemblablement le modèle définitif.

L’opinion publique, dans tout le pays, se passionne pour ces problèmes de l’arme­

ment et bouscule les experts. L’atmo­sphère est tendue en Europe ; pour le peuple suisse, une arme efficace aux mains des soldats est la plus sûre pro­tection contre une agression possible. Le chroniqueur bernois de la Revue militaire suisse, dans le numéro du 4 novembre 1867, exprime l’amertume de ceux qui at­tendent :…Quant au modèle définitif… on le cherche toujours. C’est maintenant un fusil Vetterli, soit Winchester très perfec­tionné et simplifié qui est le bijou à la mode, sous la réserve, bien entendu que M. Amsler (l’armurier qui avait transformé les fusils pour le chargement par la culasse)  le favori de la Commission technique, n’an­nonce pas bientôt quelque chose de mieux. Les vues à ce sujet sont encore tellement dans le pot au noir qu’il serait même ques­tion de revenir de l’idée d’un fusil à répé­tition à celle du fusil simple… Qu’on se hâte d’en finir avec les essais et les perfection­nements. Qu’on se hâte d’avoir des armes et non plus des projets… Sera-t-il dit que grâce aux lenteurs de notre Commission technique, la Suisse sera la dernière en Eu­rope munie de son armement ? Ah ! les gens qui veulent tout accaparer pour eux, qui entreprennent tous les métiers et qui finalement ne savent rien faire à temps, se chargent d’une lourde responsabilité devant le pays.

FREDERIC VETTERLI

Johann-Frédéric Vetterli (1822-1882) originaire de Wagenhausen dans le canton de Thurgovie, entre en apprentissage chez un armurier de Schaffhouse. Il perfectionne ses connaissances à Paris, à la manufacture d’armes de Saint-Etienne et à Londres ou il prend femme à l’âge de 33 ans. Le grand patron de la jeune Société industrielle Suisse à Neuhausen, créée en 1853 pour construire des wagons, développée en 1860 par une section « armement », lui offre le poste de second directeur technique et Frédéric Vetterli entre en fonctions le 24 juin 1864. Nous trouvons, dans les savoureux mémoires d’Edouard Burnand, inventeur du système Prélaz-Burnand de 1867, et directeur du département « armes » de la S.I.G., la relation de la trouvaille de Vetterli en 1867, pour la construction d’une arme nouvelle en partant du Dreyse (fermeture dans l’axe du canon) et du Winchester (tube-magasin et transporteur). Frédéric Vetterli : …arrive dans son bureau en criant, eurêka ! J’ai trouvé le véritable fusil à ré­pétition. Et, ouvrant le pouce et l’index, fer­mant les autres doigts, il forme une équerre comme pour une sonnette. Il presse sur le bout du pouce, l’index se relève; c’est la branche qui élèvera le transporteur. L’inven­tion était faite, mais il fallait la mettre au point. Un ouvrier, fort intelligent, Elternich fournit un  précieux secours pour la mise en œuvre  de ce fusil qui va marquer la fin de ce siècle.

LA LONGUE ROUTE

Donc, en 1867, les milieux que cela concerne apprennent la prochaine diffu­sion de l’arme à répétition due à Frédéric Vetterli. Le 6 mars 1868, le Conseil fé­déral l’accepte et décide de mettre au concours la fabrication en Suisse de 80000 exemplaires. La mise au concours est annoncée quelques jours après, le 19 mars, avec un délai au 1er mai 1868 pour la remise des offres au département militaire fédéral. Les fabri­cants intéressés peuvent voir le modèle du fusil à répétition déposé au bureau de l’administration du matériel de guerre. La solution semble assez avancée pour que l’ordonnance, précisant les modalités d’exécution, soit publiée le 8 janvier 1869 et les conventions avec sept constructeurs signées vers le milieu de février. Mais, lors des exercices des écoles de tir de Bâle, au cours de 1869 (août et octobre), où une centaine de nouveaux fusils sont entre les mains de la troupe, il est néces­saire, souvent sur l’initiative de l’inventeur, d’apporter quelques changements impor­tants. Ceux-ci conduisent à un remanie­ment des types et des machines cause de retards considérables dans la livraison des fusils terminés conformes à l’ordon­nance. Ce que ce rapport ne dit pas, c’est que non seulement les modifications étaient cause de retard, mais qu’il y eut aussi une erreur administrative monumen­tale, les instructions de fabrication sont mises en œuvre non par l’inventeur, mais par la maison d’Erlach de Thoune. … De là, entre l’administration du matériel et le contrôleur chef, entre le contrôle et les fa­bricants, entre l’inventeur et l’administra­tion, des tiraillements qui avaient absorbé un temps précieux ! Le rapport de la Com­mission du Conseil des États sur la ges­tion du Conseil fédéral pour 1869, qui donne ces renseignements, se termine par l’indication du nombre de fusils livrés à fin mai 1870: 60 exemplaires !.

Jusqu’à quel point les essais “privés” des sociétés militaires du pays – largement publiés et pas toujours favorables au nou­vel armement – ont-ils perturbé l’avance­ment des travaux ? Certainement pour une part non négligeable. Enfin, la qua­trième édition des planches officielles donne le modèle parfaitement définitif’.

Un an après les “échantillons” cités ci-dessus, l’armée dispose de 12531 fusils vérifiés et à fin mai 1872, de 48 368 fusils. On est 4ncore loin des 119 000 pièces représentant le total des commandes.

 LE VETTERLI EN EUROPE

Citons rapidement une incursion du fusil Vetterli en Angleterre, devant le Comité chargé par le ministère de la guerre du choix d’un modèle définitif se chargeant par la culasse ; l’opinion des membres de ce Comité est favorable à l’arme à un coup : c’est le Martini-Henry qui sera adopté. Toutefois, les experts étudièrent le comportement de quatre systèmes à répétition dans les derniers mois de 1868. Le Vetterli fut opposé au Winchester ; ce dernier est jugé plus simple et mieux adapté à ce que l’on demande d’une arme militaire. En France, les démarches du colonel Edouard Burnand, directeur de S.I.G., sont patronnées par Gastinne-Renette, père et fils et ont lieu au camp de Châlons en septembre 1868. L’empereur, emballé par les résultats de l’arme, tient à obtenir 50000 mousquetons pour sa cavalerie. Le général Lebœuf, commandant le camp de Châlons, s’oppose à cet achat en fai­sant état du nombre de ses chassepots.

Le Vetterli est encore présenté à l’Egypte qui le fait essayer à Vincennes, devant Minié et Nessier, puis à Madrid, sans succès. A Turin, il tire à 500 mètres avec des ré­sultats si enthousiasmants que, le dernier jour des essais on réunit sur la place de tir un régiment d’infanterie et un de ca­valerie pour faire apprécier aux soldats l’arme que l’on allait mettre en leurs mains. Le résultat : un traité pour la ces­sion d’un brevet italien jusqu’à 500 000 armes. C’est le Vetterli à un coup, puis à magasin (1887), remplacé par le Paraviccino-Carcano en 1891. Ce fusil pré­sente la particularité d’avoir subi deux transformations importantes : la répétition en 1887 et la diminution du calibre à 6,5 mm par tubage du canon, en 1915.

LES PRIMES D’INVENTION

Donc, le 29 mai 1865, le département mi­litaire fédéral ouvre un concours auprès des “inventeurs-armuriers” ou “fabricants” pour un fusil modèle se chargeant par la culasse. Le texte prévoit expressé­ment une prime de 20 000 F pour récom­penser l’inventeur du système adopté. Cette prime sera répartie entre M. Amsler pour le système de transformation (8 000 F) et la Société Industrielle Suisse pour le fusil à répétition (10000 F). Or, la décision d’adjudication de la prime relève que le Fusil Vetterli est un système mixte, entre l’américain Winchester et le fusil prussien. La traditionnelle loyauté hel­vétique fut là en défaut : ni M. Milbank, ni la firme Dreyse, ni encore M. Olivier Winchester ne participèrent à la distribu­tion de la manne fédérale – ni même aux remerciements – pour leurs apports indis­cutables à l’armement suisse. Avec un siè­cle de retard, disons-leur merci ! et à nous… dommage !.

Fonctionnement

Les cartouches sont introduites dans le tube-magasin, sous le canon, par l’ouver­ture prévue à cet effet sur le côté droit de la boîte. Une cartouche est dans l’auget-transporteur, une autre dans le canon. En appuyant sur la détente, la gâchette articulée s’abaisse, la broche sous l’action du ressort est projetée en avant et frappe par un double choc de sa fourchette contre le bourrelet de la cartouche qui contient le fulminate et fait explosion par écrasement. La percussion ne se fait donc pas au centre de la cartouche mais à la périphérie du culot.

En retirant en arrière le cylindre obtura­teur, l’extracteur dégage la douille vide de la chambre et l’expulse au-dessus de l’arme. L’auget-transporteur s’élève et présente, devant le canon, la cartouche qu’il contient. Le mouvement en avant du cylindre obturateur pousse la cartouche, remet l’auget à sa place, en face du tube-magasin, lui permettant ainsi de recevoir une nouvelle cartouche. Le magasin peut être réapprovisionné en cours de tir.

Dimensions

Fusil à répétition, modèle 1869:

– Longueur totale : 1 300 mm ;

– Longueur du canon en acier fondu bronzé : 842 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 820 mm ;

– Calibre : 10,4 mm ;

– Poids total sans bretelle : 4 850 g (Waffenfabrik-Bern, nr 143248);

– 4 rayures concentriques : un pas sur 660 mm, largueur 4,5 mm, profondeur 225 mm ;

– Mécanisme d’obturation : par cylindre ;

– Magasin : tube sous le canon à 11 car­touches (plus une dans l’auget et une dans le canon);

  • Hausse: à cadran, graduée de 100 en 100m de 400 jusqu’à 1000m.

Cartouches :

– Longueur totale : 56 mm ;

– Poids total : 30,4 g ;

– Poids de la balle: 20,13g;

– Plomb dur :

– Pointe : arrondie ;

– Poids de la charge : 4 g de poudre noire ;

– Vitesse initiale à 25 m : 408 m/sec;

– Portée maximale : 2 800 m ;

– Élévation : 27° ;

– Longueur de l’étui : 38 mm en tombac (94 % de cuivre et 6 % d’étain) ;

– Inflammation : périphérique

-Cadence de tir avec magasin: 21 coups/minute.

Baïonnette :

– D’estoc à quatre carres: douille avec anneau ;

– Longueur de l’estoc : 480 mm.

Cette baïonnette est semblable à celle du fusil d’infanterie 1863, mais un peu plus légère : 290 g contre 365 g, par amincis­sement des carres.

Fusil de cadet, modèle 1870, numéro 3909, arme à un coup :

– Longueur totale: 1 130mm;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 659 mm ;

– Calibre : 10,4 mm ;

– Poids total sans bretelle: 3240g;

  • Hausse à cadran graduée : de 225 à 600m.

Projectile :

– Comme celui du fusil;

  • Poids de la charge : 3 g.

Il existe un premier modèle avec tôle de fermeture entourant la fenêtre d’expulsion de la cartouche qui est située sur le côté droit de la culasse.

FUSIL A RÉPÉTITION, MODÈLE 1871

 Quelques modifications sont apportées au modèle de 1869. Voici les principales: le couvre-culasse et le fermoir du magasin sont supprimés, la sous-garde est séparée en deux parties, celle du modèle 1869 servait de support pour le levier coudé (voir photographie mécanisme) et il fallait donc l’enlever pour sortir le transporteur. Dans le nouveau modèle, la partie anté­rieure – support du levier coudé – est in­dépendante et s’enlève seule pour le dé­montage. La largeur des anneaux passe à 15 mm afin de répartir la pression sur une plus grande surface et éviter de com­primer le tube-magasin lors du serrage des vis. Le canon est octogonal sur 75 mm au lieu de 65 mm. La feuille de hausse est allongée.

CARABINE A RÉPÉTITION. MODÈLE 1871

Le Vetterli de l’infanterie est bientôt suivi de l’arme des carabiniers, à double dé­tente, déterminée par la décision des au­torités fédérales du 27 février 1871. La carabine est moins longue que le fusil, son canon est maintenu par un anneau (au lieu de deux sur le fusil) et l’embouchoir est fixé par une vis traversante au lieu du te­non à ressort à ergot sur le fusil. Sur les premiers exemplaires construits, une tôle enveloppante glisse pour fermer l’ouver­ture d’éjection alors qu’une plaque obtu­ratrice est placée à l’entrée du magasin. La crosse est aussi plus courte, de sorte que la longueur totale des premières ar­mes est de 1 425 mm et le poids de 4 620 g avec la bretelle ; deux canaux d’évacuation des gaz sont ménagés au-dessus de la chambre à cartouche, jusqu’en 1877.

Dimensions

(voir fusil pour les renseignements non ci­tés):

– Longueur totale : 1 260 mm ;

– Longueur du canon : 783 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 762 mm ;

– Calibre: 10,4mm;

– Poids total sans bretelle : 4 540 g ;

  • Magasin: 10 cartouches, plus une dans l’auget et une dans le canon, double dé­tente : système Thury.

L’embouchoir est maintenu par un tenon à ressort à ergot au lieu de la vis tra­versante sur les premiers exemplaires.

FUSIL A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1878

Dans ce modèle apparaît la recherche du mieux de nos armuriers. Deux douzaines au moins de modifications améliorent l’uti­lisation de l’arme. Notons ci-dessous les plus marquantes, mais auparavant disons qu’une commission spéciale, nommée en 1877 par le département militaire fédéral, est responsable des changements propo­sés pour le fusil et la carabine. Son ex­pertise a conduit à une sensible amélio­ration de l’emploi des armes. Le nouveau modèle est prescrit par la décision du Conseil fédéral du 30 avril 1878, toute­fois, l’ordonnance d’application n’est pu­bliée qu’en mars 1879.

Modifications

A l’embouchoir est soudé, à droite : le te­non, pour la nouvelle baïonnette que nous présenterons ci-après. Le canon est main­tenu contre le fût par un seul anneau au lieu de deux. Le bois est lisse, sans le qua­drillage de prise pour la main gauche du modèle précédent. L’allongement des joues du pied de hausse permet d’insérer entre elles, presque complètement, la feuille de hausse qui est ainsi protégée contre les chocs. La graduation de 225 à 1 200 mètres est marquée et permet de décider des distances de 50 en 50 mètres; les deux canaux à gaz sont sup­primés. La boîte de culasse porte à gau­che le nom du fabricant, le numéro de l’arme et M 78. La détente a été allongée pour rendre le départ du coup plus facile. L’éperon de sous-garde assure une meil­leure pression du médius. L’allongement de la détente a obligé celui de la crosse qui est équipée d’une plaque de couche concave, comme celle de la carabine.

La modification la plus importante est celle de la baïonnette : l’ancien modèle d’estoc est remplacé par une longue ba­ïonnette-scie en fourreau de cuir.

Dimensions

– Longueur totale : 1 325 mm ;

– Longueur du canon : 843 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 822 mm ;

– Poids total sans bretelle : 4815g.

Comme là carabine 1881, le fusil 1878 comporte une fourchette de percussion de rechange dans une cavité sous la pla­que de couche. Les collectionneurs de ces armes, qui connaissent ce détail, trouvent très souvent la fourchette neuve à sa place.

Baïonnette-scie

– Longueur totale : 600 mm ;

– Longueur de la lame : 480 mm, pan creux d’un côté ;

– Pointe à deux tranchants dans l’axe;

– Poids : 485 g ;

  • Fourreau : en cuir noir pressé, gouttières de chaque côté. Il y aura jusqu’à la fin du Vetterli sept types de baïonnettes et trois modèles de fourreau.

CARABINE MODÈLE 1878

Cette arme se confond pratiquement avec le fusil modèle 1878, à l’exception de la double détente, celle de Thury ayant été modifiée par R. Schmidt. La baïonnette est semblable à celle du fusil.

FUSIL A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1881

La différence avec le modèle de 1878 ré­side dans le système de visée mis au point par Rudolf Schmidt. Les joues de protection du pied de hausse sont un peu plus hautes, celle de gauche est graduée à l’extérieur de 250 à 1 200 mètres, de 50 en 50 mètres; dans sa position infé­rieure, la hausse correspond toujours à 225 mètres. La feuille de hausse se meut à l’intérieur des joues, mais elle est ac­compagnée à gauche par une lame de renfort. Pour tirer aux distances de 1 250 à 1 600 mètres, une rallonge à glissière sort de la feuille de hausse, mais alors le cran de mire domine le canon de 94 mm I La boîte de culasse porte à gau­che le nom du constructeur, le numéro de l’arme et M 81. Les dimensions et perfo-mances sont celles du fusil modèle 1878.

CARABINE A RÉPÉTITION. MODÈLE DE 1881

Elle a la même ligne que le fusil, même plaque de couche, hausse semblable. Il a été fortement question, à l’époque, de supprimer la double détente pour réaliser la complète uniformité des armes de l’in­fanterie, mais cette tentative s’est heurtée à la volonté farouche des carabiniers de conserver leur principale distinction vis-à-vis des fusiliers, la “détente carabinière”… Au stand, celle-ci est favorable puisque le poids normal de 2 500 g est abaissé à 250g!

Les armes des corps spécialisés

MOUSQUETON DE CAVALERIE

… C’est à contre-cœur que la cavalerie est entrée en campagne avec des pistolets à canon lisse. La carabine qui, depuis quel­ques années, a été introduite à titre d’essai dans plusieurs écoles et cours, paraît jouir d’une grande popularité et si l’on réussit à établir une arme qui réunisse les conditions d’efficacité, de portée et de poids désirables, la cavalerie la recevra avec plaisir. Un re­volver sera de même bien accueilli par tes sous-officiers et trompettes aussitôt qu’un modèle convenable aura été adopté…

Donc, une première carabine de dragons est construite en 1871 avec un levier d’armement dessiné avec un épaississe-ment progressif, sans boule de prise, l’en­trée des cartouches et la culasse possé­dant leur dispositif d’obturation. Deux ca­naux pour l’évacuation des gaz sont amé­nagés à travers le canon.

Ce modèle est vite modifié : le levier de­vient classique avec sa boule terminale, la partie “prise” du fût quadrillée. Dès 1874, la hausse est prévue, suivant le système Schmidt, pour tirer à 600 mètres. La pro­tection de la culasse est supprimée, tou­tefois la fermeture du magasin subsiste. Dès 1878, on ne voit plus les deux ou­vertures pour les gaz.

Dimensions

– Longueur totale : 930 mm ;

– Longueur du canon : 470 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 448 mm ;

– Calibre: 10,4mm;

– Poids sans bretelle : 3 330 g ;

– Rayures : quatre ;

– Pas : un tour sur 550 mm au lieu de un tour sur 660 mm pour le fusil ;

-Vitesse initiale: 375 m/sec.;

– Tube-magasin : 6 cartouches plus une dans l’auget et une dans le canon ;

– Hausse : feuille de hausse se déplaçant entre les deux joues. Celle de gauche est taillée afin de ménager  une partie plate sur laquelle les traits marquent les distan­ces de 100 m en 100 m jusqu’à 600 m ;

– Pas de baïonnette.

MOUSQUETON A REPETITION POUR GARDE-FRONTIERES, MODELE 1878

En 1878, une petite série de mousque­tons est fabriquée ; il s’agit de l’armement des garde-frontières qui sort à 400 exem­plaires. Cette arme se présente comme le fusil de dragon, mais l’extrémité du canon est dégagée du fût et il y a un tenon pour la baïonnette-scie.

Dimensions

– Longueur totale : 945 mm ;

– Longueur du canon : 485 mm ;

– Longueur du canon hors de la boîte de culasse : 462 mm ;

– Poids sans bretelle : 3 540 g ;

– Hausse : de 225 m à 600 m comme celle du mousqueton de dragon.

MOUSQUETON A RÉPÉTITION POUR GARDE-FRONTIÈRES, MODÈLE 1895

280 mousquetons de dragon sont modi­fiés en 1895 pour être utilisés par les garde-frontières. C’est l’arme de la cava­lerie complétée par une bretelle, donc par un anneau soudé sous l’embouchoir. Ce mousqueton fait partie de la famille des Vetterli qui s’est répandue dans des em­plois mineurs. Le petit nombre d’armes ainsi transformées augmente encore l’in­térêt de celles qui subsistent.

***

Le système Vetterli comprend toute une famille d’armes avec les carabines, les mousquetons, le fusil de cadet. Tout au long de ses vingt années de service, il su­bit des dizaines de changements et d’améliorations de détail (le “perfection­nisme” helvétique). Lorsqu’il sera remplacé par le Schmidt-Rubin de 1889, les arse­naux fédéraux emmagasineront ces armes jusque vers 1950, date à laquelle les der­niers exemplaires seront cédés pour… trois francs ! Toute collection suisse d’armes d’ordonnance commence par le Vetterli… mais à un autre prix que les trois francs d’il y a un quart de siècle !

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz