V1 Concept général

Parmi les armes miracles (Wunderwaffen), le V1 occupe une place spécifique du fait de sa sinistre renommée et de sa forme caractéristique. Son étrange silhouette s’explique par le fait qu’il a été impossible d’intégrer le système de propulsion dans le corps de la cellule, faute de place. Les concepteurs se sont donc contentés d’installer le pulsoréacteur au-dessus du corps de la bombe volante, en le décalant fortement vers l’arrière, ce qui confère au V1 un aspect insolite, à nul autre comparable.

Le corps de la cellule, construits en tôles d’aciers, est compartimenté en plusieurs parties que nous détaillerons par la suite. Il se présente sous la forme d’un long fuseau cylindrique, effilé aux deux extrémités, terminé à l’avant par un cône. Ce cône abrite une sphère de bois renfermant le compas magnétique chargé de fournir les indications de cap aux instruments de vol. A l’avant du nez se trouve une petite hélice actionnée par le vent relatif engendré par le déplacement du missile: le Loch. Il sert à mesurer la distance parcourue par la bombe volante.

Le deuxième compartiment du corps de la bombe renferme l’ogive tactique, constituée d’un explosif brisant de forte puissance. Pour éviter qu’un V1 ne tombe intact aux mains des Alliés, le système d’amorçage de la charge est triplé: il comprend 3 détonateurs à fusées distincts. Cette redondance garantit une explosion dans tous les cas de figure, y compris en cas de crash prématuré sur le ventre ou d’une défaillance des détonateurs à percussion.

Le compartiment central abrite le réservoir de carburant. Il est traversé de part en part par un montant vertical sur lequel est soudé un manchon horizontal servant à emboîter les ailes. Ce montant vertical est terminé à sa partie supérieure par un té de levage qui facilite la manutention du missile. Sa base est prolongée par le sabot ventral renforcé, servant à accrocher le V1 sur le berceau de lancement de la catapulte.

La voilure du V1 est démontable pour faciliter son transport jusqu’au front et sa manutention sur les bases de lancement.  Elle est constituée par deux ailes droites qui viennent s’emboîter dans un manchon horizontal traversant le réservoir.

Le compartiment situé directement en arrière des ailes renferme deux réservoirs sphériques contenant de l’air comprimé. Celui-ci est non seulement nécessaire au bon fonctionnement des instruments de vol et de guidage, mais sert également à relayer les ordres du pilote automatique aux gouvernes de vol, par le biais de servocommandes. Derrière ces 2 sphères se trouvent les batteries alimentant les circuits électriques, la pompe d’injection du carburant et la tubulure renfermant le système d’alimentation du pulsoréacteur.

Les instruments de vol et de guidage, comprenant le pilote automatique, sont regroupés dans le compartiment arrière du fuselage, ainsi que le compteur électrique chargé de déclencher la chute du V1 sur sa cible.

La queue de la cellule abrite les servocommandes relayant les ordres du pilote automatique aux gouvernes. L’empennage comprend une dérive verticale équipée d’un gouvernail de direction et un stabilisateur horizontal muni de deux volets de profondeur.

Le pulsoréacteur, perché au-dessus de la cellule, se présente sous la forme d’un long tube cylindrique de forme convergente-divergente. De l’avant vers l’arrière, il comprend  une entrée d’air frontale, une grille d’admission munie de clapets de venturi et d’injecteurs, une chambre de combustion, un propulseur et une longue tuyère faisant office de détendeur, qui permet l’éjection brutale des gaz de combustion engendrant la poussée.

Cet ensemble disparate compose le V1 qui constitue le premier missile de croisière à guidage automatique de l’histoire…

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz