Position de barrage de St-Gingolph – Fenalet

Située sur la rive sud du lac Léman, Valais, Suisse, à quelques centaines de mètres du poste de douane franco-suisse de Saint-Gingolph, la position de barrage de Fenalet verrouillait l’entrée nord-ouest du dispositif de la région fortifiée du Bas-Valais. C’est la première position fortifiée que l’on rencontre lorsqu’on vient de Haute Savoie et que l’on passe la frontière. Elle était destinée à interdire l’accès vers la plaine du Chablais et constitue, à ce titre, la première défense avancée du verrou de Saint-Maurice sur l’axe Genève-Thonon-Evian-Monthey-Saint-Maurice. L’emplacement est particulièrement bien choisi puisque le lieu, coincé entre la rive du lac et le flanc escarpé de la montagne, constitue un passage obligé absolument incontournable. Il permet en outre de contrôler à la fois l’axe routier et l’axe ferroviaire (ligne dite « du Tonkin »).

Cette position comprenait les éléments suivants : tout d’abord, face à la sortie est du village de Saint-Gingolph, une barricade antichars sur route barrant la chaussée entre un bâtiment situé au bord du lac et le mur de soutènement du chemin de fer. Cette barricade, qui forme un goulot d’étranglement du trafic, comporte un total de 30 puits répartis en quinconce et disposés sur 3 rangs de profondeur. Cette barricade est protégée par un petit ouvrage d’infanterie établi quelques centaines de mètres en retrait, dans une butte naturelle située entre le rail et la route.

Le fortin est entièrement souterrain et creusé dans le roc. Seules les embrasures sont visibles, mais elles sont si bien camouflées par des treillis peints en trompe-l’œil que des milliers d’automobilistes contournent la position chaque année sans même soupçonner son existence…L’entrée, fermée par une porte blindée, est située à contre-pente, côté Valais. L’armement comprend un canon antichar (à l’origine un canon de 4,7cm, remplacé plus tard par un Pak 50/57 de 9cm sur affût à pivot). L’ouvrage, aujourd’hui déclassé, a été entièrement vidé de son contenu (armement et mobilier) et a reçu une nouvelle affectation.

Etant donné sa situation en frontière, la position était complétée par des ouvrages minés sur rail et sur route, qui permettaient de faire sauter les axes de communication en cas de menace. Les chambres de minage ménagées dans le mur de soutènement de la ligne ferroviaire dite « du Tonkin », obturées par des portes métalliques cadenassées, sont encore visibles. Elles coïncident avec un tronçon où la voie ferrée franchit l’étroit passage en tranchée. Les talus du chemin de fer comportent encore une partie du réseau de fils de fer barbelés. Les puits de minage installés dans la route ont disparu lors de la dernière réfection du bitume de la chaussée.