Le mortier de 81 mm modèle 1932 des ouvrages Maginot – France

Le mortier de 81 modèle 32, d’un poids de 2 tonnes, équipait de nombreux forts de la ligne Maginot, aussi bien dans l’Est que dans les Alpes. Cette arme à tir courbe était destinée à battre  les replis du terrain qui ne pouvaient être atteints par le tir direct des canons, de façon à supprimer tout angle mort aux abords des ouvrages.

L’idée de placer systématiquement le mortier 81mm sous tourelle à éclipse, envisagée un temps par la CORF, fut très vite abandonnée pour des raisons budgétaires, le coût étant jugé trop onéreux (2,5 millions de francs) par rapport à la puissance de feu de l’arme. Seuls certains ouvrages importants de l’Est, situés sur les fronts les plus exposés, furent effectivement équipés de tourelle de mortiers de 81 mm, les autres devant se contenter de mortiers sous casemates.

La cadence de feu réglementaire était de 13 à 15 coups/min., mais elle pouvait être momentanément doublée en cas de situation d’urgence. La portée des pièces permettait de battre les abords des ouvrages dans un rayon de sécurité assez large. Le chargement s’effectuait par la culasse. Le tube, incliné à 45°, tirait avec un angle constant, ce qui permettait de réduire au minimum les dimensions des embrasures des casemates et des masses couvrantes des tourelles (le tube ne mesurant que 1,57 m de longueur).

L’inclinaison du tube étant invariable, le réglage de la portée s’effectuait par l’intermédiaire de charges et de charges-relais d’appoints qui permettaient de rallonger le tir et de dépasser les 3’500 m de portée avec le projectile F.A. modèle 1936 de Région fortifiée à empennage spécial. L’affinage était obtenu en ouvrant plus ou moins des évents sur le tube, qui laissaient échapper une partie des gaz de propulsion au moment du départ du coup, diminuant ainsi plus ou moins la portée du projectile. Le refroidissement était à eau et nécessitait 50 litres par jour en moyenne.

Au total, 128 mortiers de 81 mm modèle 32 furent installés dans les divers ouvrages de la Ligne Maginot, soit en casemate, soit sous tourelle. Pour des raisons de sécurité, ces armes furent systématiquement installées par groupe de deux, de façon à garantir une continuité du feu en cas de problème sur l’une des pièces. A ce total, il convient d’ajouter un certain nombre de mortiers utilisés pour l’instruction ou comme matériel de remplacement.

Les 42 pièces installées sous tourelle (soit 21 tourelles) sont toutes situées dans l’Est et le Nord-Est de la France. La seule tourelle de mortier de 81 mm prévue dans les Alpes était celle de l’ouvrage de Plan Caval, mais elle ne fut pas montée.

Les 86 pièces installées sous casemates équipent soit des ouvrages de flanquement, soit des installations d’action frontale, en blocs isolés ou associés à d’autres armements. La majorité de ces mortiers sous casemates – 68 pièces – est située dans les Alpes où le relief très accidenté et compartimenté impliquait une utilisation très importante des armes à tir courbe. On n’en compte que 18 dans la région du Nord-Est.

Durant les combats de  1939-40, plusieurs accidents survinrent avec des mortiers de ce type sous tourelle, notamment à l’Immerhof et au Métrich, provoqués par l’éclatement du tube ou le départ prématuré de l’obus en raison de l’échauffement important de la culasses lors de feux de série. Ces accidents étaient dus à la précipitation et au stress des servants, ou à des cadences de tir trop élevées.

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz