L’avant-poste de Pont-Saint-Louis – Menthon – Alpes Maritimes – France

Il s’agit d’une casemate construite au début des années 1930, faisant partie de la ligne Maginot alpine, servant à bloquer la route littorale en cas de guerre. Elle servait d’avant-poste à la ligne d’ouvrages située en retrait, un peu plus à l’ouest. Cet avant-poste est surtout connu pour avoir été utilisé pendant la bataille de Menton (combat de Pont-Saint-Louis) en 1940, bloquant la route du 10 au 27 juin malgré plusieurs attaques italiennes.

Description

L’avant-poste est en bordure de la route menant de Menton à Vintimille, l’ancienne RN 7 côté français qui devient la via Aurelia côté italien). La frontière franco-italienne, fixée en 1861, se trouve au débouché occidental du pont enjambant le ruisseau Saint-Louis (le rio San Luigi italien), avec l’avant-poste quelques mètres à l’ouest. Les abords ont été transformés après la Seconde Guerre mondiale, avec notamment l’élargissement de la route et le réaménagement du poste frontalier : la petite esplanade actuelle était occupée par l’ancien poste des douanes et celui de police

Barrage de route

Juste devant l’avant-poste, un barrage de route permettait d’interdire le passage de véhicules automobiles. Cette barrière en acier, de sept mètres de large, était ajourée pour empêcher un adversaire de se protéger derrière. Ce barrage était amovible, grâce à un treuil à manivelle, roulait dans un rail et se rangeait dans un local étroit bordant la paroi rocheuse, entre la casemate et la frontière. La barrière était complétée derrière elle par un petit champ de mines antichars (six obus de 105 mm chacun dans un trou creusé dans la chaussée, surmonté d’un piquet reliée à la fusée).

Une des particularités de l’avant-poste est qu’il a été creusé dans la falaise bordant la route, juste devant un virage de la route, ce qui permet à l’avant-poste de tirer dans l’axe de la route. En façade se trouve d’une part une porte blindée portant un FM, d’autre part un mur de béton armé percé de deux créneaux de tir. L’un était armé d’un fusil mitrailleur modèle 1924/29, l’autre d’un armement mixte pour jumelage de mitrailleuses (deux MAC 31) et un canon antichar de 37 mm (dit JM/AC 37). Ce dernier type de créneau est dit mixte, car le même poste de tir peut recevoir deux armes différentes, soit le jumelage de mitrailleuses soit le canon antichar, permutables entre eux à volonté. Ces ouvertures sont protégées par des cuirassements : des trémies à rotule obturant les créneaux. L’armement était complété par une goulotte lance-grenades.

Cette casemate (synonyme de blockhaus) était conçue pour être indépendante, avec à l’intérieur ce qui fallait pour que l’équipage tienne pendant plusieurs jours. Derrière la porte blindée et étanche se trouvait un couloir formant un angle droit, reliant deux pièces. La première fait environ 5 m2, avec dedans le ventilateur (fonctionnement avec des manivelles à bras ou à pédales avec une selle de bicyclette), le filtre à air (en cas d’alerte au gaz, l’air était pompé, filtré et maintenu en légère surpression) et les réserves d’eau potable (100 litres). La seconde est la chambre de combat, d’environ 7 m2, où se trouvaient le stock de munitions (les chargeurs de FM, les boîtes-chargeurs des mitrailleuses, les milliers de cartouches de 7,5 mm, ainsi que les centaines d’obus de 37 mm), un poste téléphonique et un autre de radio reliaient l’avant-poste à l’ouvrage de Cap-Martin, à 5 200 mètres plus à l’ouest. Les WC (publics) étaient à l’extérieur.

Il accueillait un total de neuf combattants fournis par un bataillon alpin de forteresse, ce qui correspond à l’effectif théorique nécessaire au service d’un jumelage de mitrailleuses (un chef de chambre de tir, deux caporaux-tireurs, deux chargeurs, deux pourvoyeurs et un mécanicien d’armement).

 

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz