Fort Lupin et La Fontaine Lupin

Fort Lupin

En 1666, sous Louis XIV qui a de grandes ambitions maritimes, Colbert ordonne la construction d’un grand arsenal maritime à Rochefort pour accueillir et ravitailler les grands vaisseaux de la flotte du Ponant qui sillonne l’Atlantique. Très vite, la nécessité de défendre l’accès à Rochefort se fait sentir.

Pour défendre la rade contre les flottes adverses, Vauban fortifie les îles et le littoral de la côte charentaise. Des citadelles et des forts bastionnés sont érigés sur les îles de Ré, d’Aix et d’Oléron, ainsi que le long de l’embouchure de la Charente. Dès le début du XVIIIe siècle, ce système défensif forme une véritable « muraille maritime » face à l’océan. Il sera renforcé au début du XIXe siècle par la construction des forts Boyard, Enet et Liédot qui complètent le dispositif au large.

Le petit Fort Lupin, installé sur la rive sud de la Charente, fait partie intégrante de cette « muraille atlantique », aux côtés du fort de Fouras, de la citadelle de Saint-Martin-de-Ré et du Château-d’Oléron.

Edifiée de 1683 à 1686 sur la base de plans dressés par Vauban, il interdit toute remontée du fleuve à une flotte qui aurait réussi à pénétrer dans la rade. Posé en plein marais sur un rocher avançant dans le lit du fleuve, il couvre non seulement la remontée de la Charente mais aussi, vers l’aval, l’ « aiguade » de la fontaine Lupin qui constituait le point d’approvisionnement en eau douce des vaisseaux appareillant de l’arsenal ou mouillant dans la rade.

Implanté sur le premier méandre de la Charente, le fort est constitué, dans son état primitif, de deux formes géométriques harmonieusement imbriquées : un carré sur diagonale inscrit dans un demi-cercle. Cette imbrication de volumes géométriques élémentaires est une caractéristique typique des petits forts côtiers établis par Vauban. L’ouvrage comprend d’une part, une batterie basse semi-circulaire s’avançant dans le cours de l’estuaire et, d’autre part, un tour à éperon couronnée de hourds en bois, retranchée par une coupure du côté du marais.

La batterie basse semi-circulaire comportait 22 embrasures à canons disposées en éventail, permettant d’effectuer des tirs rasants à fleur d’eau pour trouer la coque des vaisseaux au niveau de la ligne de flottaison. De son côté, la tour-réduit permettait d’effectuer des tirs plongeants et faisait à la fois office  de donjon, de tours à canons et d’observatoire.

L’ensemble est protégé du côté du marais par un large fossé inondé à chaque marée et par une berge sur laquelle se développe un large chemin couvert au tracé bastionné. Le niveau de remplissage des douves est régulé par des écluses communiquant avec le fleuve et des  batardeaux coiffés de dames interdisent la circulation entre les diverses parties.

De part et d’autre du donjon et suivant une géométrie axiale rigoureuse, se trouvent les casernes percées de meurtrières.

Inscrit dans un vaste ensemble d’éléments défensifs côtiers, le Fort Lupin fut souvent désarmés et avait un rôle principalement dissuasif. Dès le XVIIIe siècle, il fait l’objet de sévères critiques de la part des ingénieurs militaires qui réclament son arasement. Il ne possède en effet aucun abri à l’épreuve des bombes, mais surtout, le seul point d’eau existant se trouve à plus de 100 mètres au sud du fort.

Véritable témoignage de l’évolution des techniques de fortification, cet ouvrage est le mieux conservé de tous les petits forts établis par Colbert le long de l’ensemble du littoral français. Abandonné par l’armée et classé au titre des Monuments historiques en 1950, le Fort Lupin est aujourd’hui une résidence privée. Il ne se visite pas et n’est pas ouvert au public.

Au XVIIe siècle, Louis XIV recherche sur la côte atlantique, entre Nantes et Bayonne, un site propre à accueillir de grands vaisseaux de la Marine du Ponant (l’Atlantique).

Dès 1666, son choix se porte sur Rochefort, à l’embouchure de la Charente, où il ordonne de créer un grand arsenal maritime. Mais la ville a peu de ressources en eau potable. L’eau des marais environnant, saumâtre et putride, est impropre à la consommation. L’approvisionnement en eau douce est donc problématique pour les hommes et les vaisseaux du Roy mouillant à Rochefort.

Dès 1667, l’amiral Duc de Beaufort, petit-fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrée, réclame la création d’une « aiguade », c’est-à-dire d’une fontaine destinée à remplir les tonneaux dont on chargeait les vaisseaux du Roy. L’existence de plusieurs sources situées en haut du bourg de St-Nazaire, près de l’embouchure de la Charente, sont signalées à Colbert, Intendant de la Marine à Rochefort. Celui-ci décide aussitôt de les faire capter et d’acheminer l’eau potable jusqu’à la rive gauche de la Charente pour permettre le ravitaillement aisé des vaisseaux mouillant dans la rade ou descendant le fleuve depuis Rochefort.

La Fontaine Lupin

Construite par le chevalier de Clerville en 1670, la Fontaine Lupin est construite à quelques dizaines de mètres au large du rivage. Idéalement implantée près de l’embouchure de la Charente, dans la rade de guerre protégée par les îles d’Aix, d’Oléron et de Ré, cette « aiguade » constituait un poste de ravitaillement rêvé pour les vaisseaux de guerre qui pouvaient ainsi descendre le fleuve depuis Rochefort et gagner du temps sur la marée. Elle était également utilisée par les flottes mouillant en rade, car elle évitait aux navires de devoir remonter la Charente jusqu’à l’arsenal.

Son fronton classique, superbement décoré de symboles rappelant le prestige et le rayonnement du « Roi Soleil », est une œuvre d’art de l’architecture de la fin du XVIIe siècle.

Sa défense était assurée par le petit Fort Lupin, élevé à quelques centaines de mètres de distance par Vauban entre 1683 et 1686.

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz