Batterie WALDAM : Tourelle expérimentale en béton armé

Cette tourelle expérimentale du Mur de l’Atlantique, entièrement réalisée en béton armé et pesant 700 tonnes, est unique en France. Elle se trouve dans les dunes du Fort Vert, près de Calais, et constituait l’un des éléments de la batterie allemande « Waldam » installée sur le littoral du Pas-de-Calais. Les Allemands n’en ont construit que deux sur le Mur de l’Atlantique, la seconde étant en Norvège. Celle du Fort-Vert mériterait d’être classée monument historique par le Conservatoire du  Littoral. Elle vaut d’autant plus le détour qu’elle est intacte, à l’exception du canon de 15 cm qui a été ferraillé depuis longtemps.
Cette tourelle prototype n’a pas été coulée sur place : elle a été construite sur le site du Pionier-Park de Gennevilliers, sur ordre du Generalmajor der Marine Pionier Franz Habich, puis installée dans les dunes du Fort Vert, entre les 2 casemates M270 et le Leitstand de la Batterie allemande « Waldam ».

Pivotant sur 360 degrés, elle permettait de palier à l’inconvénient de la fixité des casemates traditionnelles, dont le champ de tir est par définition limité à un seul secteur de feu. Elle pouvait tirer tous azimuts, y compris vers l’intérieur des terres, ce qu’elle fit en 1944 lors de l’attaque de la Festung Calais par les Canadiens. La tourelle pivotait sur un chemin de roulement circulaire équipé de galets, au niveau de la couronne qui sépare la tourelle (hors sol) de la soute à munitions située à l’étage inférieur (partie enterrée).

Pour tirer sur les unités de la Royal Navy britannique, la tourelle orientait son embrasure face au large et ouvrait le feu avec son tube de 15 cm. Une fois la salve tirée, elle se remettait aussitôt en mouvement et pivotait de 180° pour protéger la pièce en présentant son dos très épais aux tirs de contrebatterie des vaisseaux. La masse couvrante de la tourelle était constituée par un épais sarcophage en béton armé ,profilé en rondeur et offrant des formes courbes pour faire ricocher les projectiles. Cette surépaisseur faisait office de bouclier et de carapace à la pièce. L’embrasure à redans était protégée par un filet pare-éclats à mailles d’acier, aujourd’hui disparu.
Le seul point faible de cette tourelle résidait dans la fragilité des galets de roulement. Les Allemands avaient deviné cette faiblesse et fait tout leur possible pour protéger la circulaire de roulement, notamment en faisant déborder largement le béton de la tourelle et en réduisant au minimum l’interstice séparant la partie mobile de la soute à munition souterraine.
Mais cela ne suffit pas. Lors de l’attaque de Calais par les Canadiens, en septembre 1944, un éclat pénétra par cet interstice et grippa la circulaire de roulement, bloquant définitivement la tourelle face à l’intérieur des terres. Celle-ci est demeurée depuis lors dans la position où elle tirait à ce moment là pour s’opposer à la progression des troupes canadiennes.

Le feu de la batterie était dirigé depuis un ancien poste de tir français à deux niveaux, réutilisé par les Allemands pour servir de Leitstand et dont la hauteur fut rehaussée d’un étage d’observation supplémentaire, après 1943.

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