On confond trop souvent le radiorepérage et le radioguidage.
- Le radioguidage consiste à diriger l’engin à distance, grâce à l’émission de un ou plusieurs faisceaux radio qui servent de guide au missile et qui l’amènent droit sur sa cible. Cette technique nécessite d’équiper l’engin d’un récepteur radio, en plus de l’émetteur embarqué. Des essais pour radioguider les V1 furent effectivement menés à Peenemünde à la fin de la guerre, mais le projet, bien que très avancé, ne put être appliqué en conditions opérationnelles avant la fin des hostilités. Aucun V1 tiré en opération n’a donc jamais été radioguidé, comme on l’entend encore trop souvent !
- Le radiorepérage consiste, en revanche, à suivre à distance la trajectoire d’un engin grâce à un signal radio émis par celui-ci. Ce signal est capté par trois stations d’écoute au sol, qui, par recoupement et triangulation des gisements, permettent de situer la position de l’engin. C’est ce qu’on appelle la radiogoniométrie. Cette technique ne permet en aucun cas de modifier ou d’influencer la trajectoire du V1 en vol.
Contrairement à une idée très répandue, les V1 tirés durant la seconde guerre mondiale n’étaient pas tous radiorepérés. En moyenne, seul un engin sur sept l’était. Au cours d’une salve, ces engins étaient intercalés parmi ceux qui ne l’étaient pas, de façon à suivre leur trajectoire finale pour déterminer leur point de chute. Cela permettait de modifier le réglage des engins suivants, de façon à corriger la trajectoire en compensant les éventuelles déviations dues aux conditions météorologiques (force et direction du vent, pression atmosphérique, etc.).
Pour éviter la détection prématurée du V1 par les Britanniques, l’émetteur télémétreur FuG 23 (Funk Gerät 23) logé dans le compartiment arrière était désactivé durant la majeure partie du vol de croisière au-dessus de la Manche et de l’Angleterre. Le signal n’était émis que durant la phase finale de la trajectoire, à l’approche de l’objectif. L’activation de l’émetteur était déclenchée par une impulsion électrique envoyée par le compteur (Zählwerk), environ 50 km avant que le V1 n’atteigne sa cible (la distance parcourue étant mesurée par le Loch). L’émission du premier signal débutait 30 secondes plus tard, temps nécessaires pour préchauffer les 2 lampes du poste émetteur. La durée de l’émission était limitée à 5 à 6 minutes pour éviter un brouillage du signal.
Le FuG 23 n’émettait pas un son continu, mais envoyait un signal discontinu toutes les 10 à 12 secondes environ. Pour éviter un repérage trop facile par les Britanniques ou d’éventuelles contre-mesure, la fréquence était modifiable et variait d’un lancement à l’autre. Elle était réglée avant le départ, dans le Richthaus, sur une longueur d’onde comprise entre 340 et 500 KHz. Le son émis avait la particularité d’être modulé tant que le V1 était en vol et d’être démodulé dès l’arrêt du moteur provoquant la chute de l’engin. Cette subtilité technique permettait aux opérateurs radio des stations de repérage de déterminer avec précision le moment où le V1 amorçait sa plongée vers la cible. L’émission était captée au sol par 3 stations d’écoute goniométriques équipées de puissants radars FREYA (ou dérivés). Par triangulation, le recoupement des gisements obtenus permettait de déterminer la position exacte du V1 au moment de sa chute. L’information était aussitôt transmise au central radio « DOHLE » pour permettre l’exploitation par le PC du 155 FLAK REGIMENT et, le cas échéant, la modification éventuelle du paramétrage des engins suivants.
Les différents composants de l’émetteur télémétreur FuG 23 sont décrits plus en détail sous la rubrique « Emetteur radio ».