V1 Les précurseurs

Le concept du pulsoréacteur utilisé pour propulser le V1 n’a pas été inventé par les Allemands. Son principe de fonctionnement théorique avait déjà été énoncé au début du 20ème siècle et plusieurs brevets déposés dans différents pays européens:

1865             : Ce concept fut imaginé en 1865 par Charles de Louvrié qui déposa le Brevet numéro 60 712 le 3 novembre 1863. Brevet qui se voit ensuite complété par deux certificats d’addition… Le deuxième, en 1865,  décrit, schéma à l’appui, le fonctionnement de ce type de réacteur.  Cet inventeur aurait même testé son invention, probablement en version réduite, comme le rapporte différent communiqués scientifiques.(communiqué par M. G. Pujol)

1907             :  Viktor de Karavodine dépose un brevet français pour un pulsoréacteur à clapets très similaire à celui qui sera développé 35 ans plus tard par la firme allemande ARGUS pour propulser le V1.

1909             :  Le Belge George Marconnet dépose un brevet pour un système de propulsion très semblable, basé également sur le concept vibratoire d’un pulsoréacteur à clapets. Un second brevet sera déposé une année plus tard en France.

1913             :  René Lorin, officier d’artillerie français, publie dans la revue L’aérophile un article intitulé « Propulseur par réaction directe » qui fait grand bruit en Allemagne et qui servira de base de départ aux futurs chercheurs allemands.

 

1919             :  Lorin, publie un ouvrage de référence intitulé « L’air et la vitesse » où il résume ses recherches. Dans ce livre, il développe ses idées élaborées durant la première guerre mondiale au sujet d’un avion sans pilote, stabilisé par un gyroscope, guidé par avion et propulsé par un pulsoréacteur. C’est, à quelques différences près, le concept même du futur V1…

L’idée de propulser un missile guidé au moyen d’un pulsoréacteur existait donc en germe depuis au moins une trentaine d’années. Si la théorie était connue, il restait à la concrétiser dans les faits, en résolvant les nombreux problèmes techniques inhérents à toute nouvelle invention. Le mérite en revint aux ingénieurs et techniciens allemands qui surent relever avec succès ce défi technologique. Leurs recherches furent favorisées et soutenues en secret par les milieux proches de l’armée allemande et par la grande industrie, qui cherchaient par tous les moyen à  « contourner » les clauses du « Diktat de Versailles », notamment en favorisant toute innovation technique qui permettrait de propulser un obus sans canon…

En Allemagne, la première impulsion fut donnée par l’ingénieur allemand Paul Schmidt, spécialiste de la dynamique des fluides, qui commença dès 1920 à travailler à Munich sur le projet d’un pulsoréacteur baptisé SR 500, développant 450 kg de poussée. Il fut suivi par Eugen Sänger qui étudia dès juillet 1930 un projet assez proche baptisé Lorin-Triebwerk, fortement inspiré des travaux du Français Robert Lorin, correspondant en fait à un statoréacteur.

Il en résulta, vingt ans plus tard, le « V1 » qui fut – on l’oublie trop souvent – le premier missile de croisière de l’histoire…