Usine eau lourde Vemork – Norvège

En 1934, Norsk Hydro construit à Vemork, en Norvège, la première installation de production d’eau lourde commerciale, d’une capacité de 12 tonnes par an. Pendant la seconde guerre mondiale, les Alliés décidèrent de détruire l’usine afin d’empêcher l’Allemagne de développer des armes nucléaires.

En 1942, un raid de parachutistes anglais échoue dans cette mission, leur planeur s’écrasant près du site. Tous ses membres décèdent dans l’accident ou sont tués par les Allemands.

En février 1943, un groupe de douze agents britanniques est parachuté en Norvège ; le commando parvient à perturber la production pendant deux mois, en dynamitant les installations. Le 16 novembre 1943, les Alliés larguent plus de quatre cents bombes sur le site de production, incitant le gouvernement nazi à déplacer en Allemagne toute la production.

Le 20 février 1944, Knut Haukelid, un partisan norvégien, coule le bac convoyant l’eau lourde sur le lac Tinn (Tinnsjå en norvégien). Ce sabotage coûta la vie à quatorze civils norvégiens ; Contrairement à ce que les Alliés ont longtemps prétendu, les Allemands auraient en réalité eu vent de ce raid et auraient leurré les Alliés, l’essentiel de l’eau lourde ayant été évacuée en réalité par camions, si bien qu’elle parvint intact en Allemagne où elle fut pleinement intégrée au programme de développement d’armes atomiques et nucléaires alors en cours.

L’histoire du sabotage de l’eau lourde de Vemork a servi de fil conducteur au film Les Héros de Télémark produit en 1965 et interprété entre autres par  Kirk Douglas.

Histoire

En 1906, Norsk Hydro a lancé la construction de ce qui devait devenir le plus grand complexe hydro-électrique au monde. Après six ans de travaux, la centrale de 60 MW de Vemork, près du village de Rjukan, était la plus puissante au monde en 1911. Le coût du projet était si grand qu’il fallut obtenir des prêts en dehors de l’Europe. Les unités de production 1 à 5 furent construites par Voith et AEG, alors que les unités 6 à 10 furent construites par Escher Wyss et Oerlikon.

Le site devait alimenter en énergie le procédé Birkeland-Eyde. Plus tard, il fut modifié pour fabriquer l’eau lourde grâce à l’électrolyse de l’eauNorsk Hydro fit construire une unité pour fabriquer de l’eau lourde à haute concentration, mais n’a jamais motivé sa décision. La production commença en décembre 1934.

Sabotage

En 1940, le gouvernement français acheta le stock complet d’eau lourde de la Norvège. Les autorités allemandes avaient également offerts d’acheter le stock, mais le gouvernement norvégien avait reçu des informations sur un possible usage militaire et préféra le remettre à un agent français, qui le fit parvenir en contrebande en France via l’Angleterre. Après la défaite de la France, le stock fut remis aux Britanniques pour éviter que l’Allemagne nazie ne fasse main basse sur le précieux liquide stratégique.

Lors de l’occupation de la Norvège par les forces armées allemandes, durant la seconde guerre mondiale, plusieurs tentatives de sabotage furent commandées par le SOE britannique dans le but de freiner la progression du programme atomique allemand. Cinq attaques furent effectuées contre le site[] :

  1. Le 18 octobre 1942, des commandos norvégiens du SOE effectent une mission de reconnaissance (opération Grouse) pour préparer le raid de sabotage.
  2. En novembre 1942, le SOE lance l’opération Freshman, visant à saboter les installations. L’avion du commando s’écrase et les survivants sont capturés et exécutés par l’armée allemande.
  3. Le 28 février 1943, un commando norvégien détruit le bâtiment d’électrolyse de  Vemork à Rjukan, provoquant la perte de 500 kg d’eau lourde.
  4. Le 16 novembre 1943, l’armée américaine lance une  attaque aérienne sur Vermork, mais n’obtient pas de résultats significatifs.
  5. Le 20 février 1944, enfin, la résistance norvégienne parvient à couler le ferry D/F HYDRO qui emporte des barils d’eau lourde en Allemagne. C’est en réalité un leure, les Allemands ayant finalement pris soin d’évacuer l’essentiel de l’eau lourde par convoi terrestre.

En 2009, le site est classé musée industriel par la Norvège. L’une de ses expositions présente en détail les faits survenus pendant les missions de sabotage.

 

 

 

 

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz