Le carrefour stratégique de Martigny

Le nœud routier de Martigny a une importance stratégique aussi grande que le verrou de Saint-Maurice pour la région fortifiée du Bas-Valais. Il constitue un passage obligé au point de convergence des différents axes de pénétration potentiels, et ceci quelle que soit la direction d’où surgisse la menace. Celui qui contrôle Martigny tient la clef du Valais. De là, un assaillant peut en effet progresser dans quatre directions opposées correspondant aux 4 points cardinaux :

VERS LE NORD, en direction du verrou de Saint-Maurice, pour gagner la plaine du Chablais, déboucher hors de la vallée du Rhône et progresser soit en direction du Plateau suisse (axe Fribourg – Bern – Basel ou Zürich) pour gagner la vallée du Rhin, l’Allemagne ou le Jura français; soit en direction de l’arc lémanique, par la rive suisse ou la rive française du lac (axe St-Gingolph – Evian – Thonon), en direction de Genève, Anneçy et Lyon.

VERS LE SUD, en remontant la vallée des Drances (Entremont) pour franchir la crête des Alpes au col du Grand-Saint-Bernard (2470 m) et pénétrer en Italie par la vallée d’Aoste, soit dans le but de déboucher rapidement dans la plaine du Pô (Turin), soit pour remonter la Doire Baltée et pénétrer en France voisine par le col du Petit-Saint-Bernard.

VERS L’OUEST, en direction de la France et du département de la Haute-Savoie, par les cols de La Forclaz (1527 m) et des Montets (1450 m), pour déboucher par la vallée du Trient dans la vallée de Chamonix et poursuivre vers Genève, Anneçy, Albertville ou Grenoble.

VERS L’EST, en remontant la vallée du Rhône en direction du Haut-Valais pour gagner Brig, autre nœud de communication important qui permet soit de déborder vers Milan et l’Italie par l’axe du Simplon (col et tunnel ferroviaire), soit de déboucher vers l’Oberland bernois et le Plateau suisse par l’axe du Lötschberg (tunnel ferroviaire sous les Alpes bernoises), soit de gagner le massif du Gothard, pivot central de la défense helvétique au cœur du réduit alpin, en empruntant le col de la Furka, près des sources du glacier du Rhône.