LA TOURELLE  « MOUGIN » MODELE 1877 – France

Description

La tourelle cuirassée en fonte dure de type MOUGIN modèle 1877 est armée de 2 pièces de 155 mm DE BANGE Mle1877. Sa base est formée par une plate-forme de 6 m de diamètre reposant sur 14 poutres en fer qui se rejoignent au centre où elles sont boulonnées à un pivot en acier de 2 m de hauteur et de 0,3 m de diamètre. A l’extrémité et au-dessus de ces poutres sont fixés autant de montants de 2 m de hauteur, reliés par des tôles formant une enveloppe circulaire. En face des culasses des pièces, ces tôles sont mobiles sous forme de  portes roulantes afin de permettre le chargement des pièces ou le changement d’un tube détérioré. Les deux canons du type DE BANGE sont fixés au centre de la plate-forme.

La coupole émergeant du sol est composée de 5 voussoirs en fonte dure. Chaque élément a une épaisseur de 0,6 m et pèse 21 tonnes. L’ensemble repose sur les 14 montants dont il a été fait mention plus haut et est couvert par une calotte sphérique épaisse de 0,2 m et pesant 11 tonnes. L’un des 5 voussoirs est percé pour permettre l’insertion des deux rotules et le passage des deux tubes des pièces. La tourelle repose sur 16 galets de roulement. Elle est mise en mouvement par une chaîne sans fin actionnée par un treuil, le tout dépendant d’une chaudière à vapeur.

La protection des flancs de la tourelle est réalisée au moyen de 4 segments en fonte dure, d’un poids total de 84 tonnes, qui forment une collerette enveloppante circulaire insérée dans 2,5 m de béton. Cet ensemble constitue l’avant-cuirasse.

Rotation de la tourelle

La tourelle, d’un poids total de 150 tonnes, présentait quelques difficultés quant à sa manœuvre. Aussi, afin de faciliter sa rotation, une presse hydraulique agissant sur un circuit à base de glycérine développait une pression de 220 atmosphères sous le pivot central et soulevait légèrement l’ensemble en libérant environ les 9/10 de la masse totale. Un seul treuil manœuvré par deux hommes et situé à l’étage inférieur suffisait à faire mouvoir la tourelle pour son pointage en direction. Cependant, la force vive libérée par cette importante masse lors de sa rotation ne permettait pas d’immobiliser rapidement la tourelle dans la direction de l’objectif et plusieurs manœuvres d’avance et de recul étaient nécessaires pour l’immobiliser au point désiré.

Pour palier à cet inconvénient, le commandant MOUGIN imagina un ingénieux système  de mise à feu déclenchant le tir au moment précis où la rotation de la tourelle amenait les bouches à feu en face de l’objectif. Pour ce faire, la couronne graduée entourant la base fixe de la tourelle fut munie d’un curseur mobile que l’on déplaçait et bloquait sur l’azimut de l’objectif communiqué par l’officier de tir au chef de la tourelle au moyen d’un tuyau acoustique. A la plate-forme mobile de la tourelle fut fixé un ressort composé de deux lames métalliques d’inégale longueur et branchées sur un circuit électrique alimenté par une pile. Ces lames étaient connectées à l’étoupille de mise à feu électrique placée dans la culasse de chaque pièce. Lors de la rotation de la tourelle, la lame métallique la plus longue venait butter sur le curseur et, rejetée en arrière, entrait en contact avec l’autre lame, fermant ainsi le circuit électrique et produisant la mise à feu instantanée.

Pointage en hauteur

Le concepteur dut également résoudre l’épineux problème du pointage en hauteur, opération qui consiste à élever ou abaisser le tube du canon qui pivote au moyen de deux tourillons fixés symétriquement de part et d’autre du tube. Pour les pièces de casemate habituelles, cette opération requérrait une embrasure largement ouverte verticalement, par lesquelles pouvaient a tout moment pénétrer des éclats d’obus ou des balles, mettant ainsi en danger la vie des servants. Là encore, le Commandant Mougin résolut la difficulté : le point pivotal de la pièce, précédemment placée au niveau des tourillons, fut déplacé vers la bouche du canon au moyen d’une bague fixée dans une rotule incorporée à la cuirasse.

Visites

Sur la vingtaine d’exemplaires fabriqués, l’unique tourelle cuirassée de type Mougin subsistant à l’état complet est la tourelle « Jeanne-d’Arc »  du Fort du Barbonnet (Fort Suchet), près de Sospel, dans les Alpes-Maritimes. C’est elle que vous pouvez découvrir dans la galerie de photos ci-dessous. Restaurée avec soin et repeinte à l’état de neuf, elle mérite le détour, ne serait-ce que pour récompenser le splendide et minutieux travail accompli et pour admirer ce chef d’œuvre de la technique française.  Vous pouvez la découvrir à l’occasion des visites du fort qui sont régulièrement organisées par l’association EDELWEISS – ARMEE DES ALPES. Nous vous encourageons à découvrir ce splendide ouvrage de la Côte-d’Azur qui a été remis en valeur et restauré avec soin par cette association dynamique.

N.B. Les informations mentionnées ci-dessus sont tirées de la brochure Les fortifications  du Mont Barbonnet dans le système défensif des Alpes-Maritimes de 1886 à 1940, publiée par l’Association Edelweiss – Armée des Alpes.

Informations pour les visites:

Office du Tourisme de Sospel, Pont-Vieux, F-06380 SOSPEL, Tél. 04 93 04 15 80

Pour en savoir plus:

www.fortif.be > Index des Fortifications françaises 1874 – 1914. Tapez “Barbonnet” dans la case intitulée Chercher (dans l’angle supérieur droit du bandeau)

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz