Fort Casso : le Petit Ouvrage de Rohrbach

Le Fort Casso s’inscrit dans un vaste programme de fortification nommé Ligne Maginot. Ce projet trouve ses origines au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Suite à la victoire des alliés, la France retrouve l’Alsace et la Moselle, dès lors toutes les fortifications construites en 1871 et 1914 n’étaient plus en mesure de protéger correctement le territoire national. Dès le début des années 1920, le gouvernement et l’état-major se penchent sur le problème de la protection des frontières. Les missions de cette ligne de fortifications sont nombreuses : dissuader toutes tentatives d’attaque surprise de l’Allemagne ou de l’Italie, protéger les frontières avec un contingent limité (les pertes de la Grande Guerre provoquant un vide démographique inquiétant en cas de mobilisation) et servir de point de départ pour contre-attaquer en cas d’agression et ainsi éviter les destructions sur le territoire national, etc…

Construction

Le Fort Casso, ou « Petit Ouvrage de Rohrbach » est un ouvrage de seconde génération. Sa construction débuta en 1934, dura 4 ans et nécessita 6000 m³ de béton et 500 tonnes d’acier.  L’ouvrage est doté d’une cuisine, d’une usine électrotechnique, d’un vaste casernement et de moyens de communication modernes. Pour sa défense rapprochée, l’ouvrage dispose de plusieurs créneaux de tir dans les blocs de combat et de 6 cloches blindées et 2 tourelles à éclipse, le tout équipé de 32 armes automatiques et 8 canons antichar.

Mobilisations et combats

Les travaux à peine terminés, les premières alertes se succèdent. Le 20 septembre 1938, la crise des Sudètes provoque la mobilisation des troupes de forteresse. Pendant 10 jours la troupe sera placée en état d’alerte maximale. Le 1er octobre 1938, suite aux accords de Munich, la démobilisation est ordonnée. Le 13 mars 1939,  les Allemands attaquent la Tchécoslovaquie et la France mobilise à nouveau ses troupes pendant un mois. Le 21 août 1939, la mobilisation est à nouveau ordonnée suite aux menaces allemandes contre la Pologne. Le 1er septembre 1939, l’Allemagne attaque la Pologne et la France réagit en déclarant la guerre à l’Allemagne le 3 septembre. A partir de ce moment, les troupes de forteresse ne quitteront plus leur poste jusqu’à l’armistice en juin 1940.

Dès le début du conflit, la France souhaite agir pour soutenir son allié polonais et lance une offensive limitée dans la Sarre. L’équipage du Petit Ouvrage de Rohrbach voit ainsi passer les troupes françaises qui entrent en Allemagne et se retirent quelques semaines plus tard. A partir de là débute la Drôle de Guerre, période qui durera jusqu’au 10 Mai 1940.

L’Ouvrage restera dans une relative tranquillité jusqu’en mai-juin 1940. Suite à une percée allemande dans la trouée de la Sarre, les combats vont s’intensifier. Le 21 puis le 24 Juin 1940 le Haut-Poirier suivi du Welschhof, ouvrages quasi-similaire au Fort Casso, doivent se rendre. La Wehrmacht compte continuer sur cette lancée et attaque à plusieurs reprises l’ouvrage. Ces attaques soutenues par de l’artillerie seront à chaque fois repoussées grâce au soutien des canons de 75 mm du gros ouvrage du Simserhof.

Le 25 Juin à 00h35, l’armistice entre en vigueur et les hostilités cessent. L’ouvrage sera remis aux autorités allemandes quelques jours plus tard en parfait état de fonctionnement. Les troupes allemandes rendront les honneurs de la guerre à la troupe lors de leur sortie, reconnaissant ainsi la bravoure et le courage de ces hommes restés invaincus. A partir de là, la plupart des hommes seront dirigés vers l’un des nombreux camps de prisonniers de guerre situés en Allemagne.

Après la capitulation

L’armée allemande ne réutilisera pas le fort, ni en 1940 ni lors des combats les opposants aux forces alliées lors de la Libération à l’hiver 1944/45. Ce sera l’armée française qui maintiendra la fortification en état et qui rétablira la Ligne Maginot dans l’après-guerre. La Guerre Froide aidant, les ouvrages sont pour certains maintenus en état opérationnel, ou pour d’autres légèrement modernisés afin de résister aux nouveaux armements. Mais avec l’avènement de l’arme atomique, la fortification semble devenir désuète. Dès les années 1960, décision est prise de ne plus entretenir que quelques rares ouvrages, la majorité étant condamnée par l’Armée.

Depuis 1989, une poignée de bénévoles travaillent à la rénovation, à l’entretien et à la sauvegarde de ce magnifique ouvrage et de son patrimoine militaire…

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz