Exercice ABEX – aménagement autoroute en aérodrome de secours

Dès la construction du réseau autoroutier en Suisse, c’est-à-dire dès 1970 environ, l’Armée a réalisé un certain nombre de pistes d’aviation de secours sur les autoroutes.

Le surcoût était pris en charge par l’Armée.

Un tronçon rectiligne était choisi, en principe pas trop éloigné d’un aérodrome de guerre et également à proximité d’un lieu de ravitaillement possible en kérosène.

La piste mesure environ 2500 mètres de longs.

Un aménagement spécial permet de transformer l’autoroute, en quelques heures, en une piste d’aviation pour les Forces aériennes. La berme centrale de l’autoroute est revêtue d’un tapis bitumineux comme les deux pistes de l’autoroute. La glissière centrale est composée de montants métalliques, introduits dans des tuyaux métalliques noyés dans le revêtement. Ces montants supportent des câbles métalliques spéciaux, tendus entre les piquets et qui servent à guider et retenir les véhicules qui viennent les heurter, suite à un accident ou une perte de maîtrise. L’effet de retenue est exactement le même que celui d’une glissière de sécurité.

Les troupes d’aviation, arrivées sur place, procèdent immédiatement au démontage des câbles de la berme centrale. Elles enlèvent les montants qui supportent les câbles. Puis, elles mettent en place les couvercles des puits dans lesquels étaient enfoncés les montant et les verrouilles. Dès ce moment, la berme centrale a complètement disparu et une piste d’environ 20 mètres de large est à disposition.

Immédiatement, des balayeuses d’aérodrome parcourent la piste afin qu’aucune pièce ou particule quelconque ne reste sur la piste et puissent être aspirées par les réacteurs des avions.

Au même moment, des hélicoptères déposent les pièces de DCA 20 mm pour la défense rapprochée de l’aérodrome.

Les radars sont également déposés par les hélicoptères.

A proximité de la piste (en ce qui concerne Bex), à la moitié du parcours de celle-ci, un pylône de ligne à haute tension est conçu pour devenir une tour de contrôle. Deux plates-formes sont fixées à demeure dans celui-ci et servent au personnel de la tour. Les soldats d’aérodrome équipent cet emplacement de divers appareils, particulièrement d’appareils de transmission. Des câbles fixes aboutissent à ces plates-formes et permettent d’y acheminer les différentes données parvenant des couvertures radar du système Florako.

Le long de la piste, des dispositifs optiques très simples sont placés de chaque côté et permettent aux avions en approche de maintenir l’angle optimum pour l’atterrissage.

Dès qu’un appareil est au sol et arrêté, les mécaniciens d’aviation viennent le ravitailler en munition et en carburant. A proximité de cette piste d’atterissage, se trouve un grand dépôt de carburant souterrain (réserve de la Confédération) ou les camions-citernes vont se ravitailler.

Il faut souligner qu’à la moitié du parcours des avions au décollage ou à l’atterrissage, une ligne à haute tension (380’000 Volts) traverse perpendiculairement l’autoroute. Les avions passent à haute vitesse sous la ligne….c’est vraiment impressionnant à voir.

L’une des difficultés d’utilisation d’une telle piste, c’est le fait que l’autoroute, à cet endroit, est en surélévation d’environ 6 à 8 mètres au-dessus du niveau de la plaine du Rhône. Il ne s’agit pas pour le pilote de dégager à droite ou à gauche, il n’a que la largeur de l’autoroute pour décoller ou surtout pour se poser….Les pilotes prétendent que c’est ce qui les inquiètent le plus.

Les avions qui ont participé à cet exercice sont des Hawker Hunter (actuellement retirés).

J’étais incorporé dans ces troupes et j’en ai profité pour prendre les photos en annexe. Vous verrez, c’est intéressant.

 

JCM.

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz