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Le fusil SIG SG 550 Sniper (Suisse)

Le SG550 est devenu la nouvelle arme réglementaire de l’armée suisse, sous le nom de Fass 90 (ou StGw 90) et sa munition de 5,6 mm (parfaitement interchangeable avec le 5,56 x 45 mm) la GP 90 (Gewehr Patrone 90), SIG ne s’est pas endormi sur ses lauriers pour autant. Après avoir aménagé des versions semi-automatiques de ses nouveaux fusils à l’intention du marché civil, qui leur a réservé un accueil particulièrement enthousiaste, le constructeur suisse a entrepris d’en dériver une version « sniper », à laquelle nous nous intéresseront aujourd’hui.

Elément d’une nouvelle doctrine

On relèvera d’emblée que cette démarche rompt avec une tradition qui avait prévalu jusqu’ici à Neuhausen, dans la mesure où SIG, en association avec sa filiale allemande SAUER, avait opté, en matière de « sniping », pour des armes à répétition manuelle de très haute précision, dont le fusil SSG 2000 (Scharfstutzengewehr, fusil de tireur d’élite) est le fleuron le plus prestigieux. Cette rupture implique un changement assez radical dans l’approche du tir de précision, puisqu’on sait que les constructeurs d’armes se partagent classiquement en deux écoles : celles-ci voient s’opposer – pacifiquement – les tenants d’une précision la plus élevée possible, qui ne jurent que par les mécanismes classiques à verrou et qui focalisent tous leurs efforts sur le premier coup tiré, et les adeptes de l’arme semi-automatique qui donne au tireur l’avantage de disposer d’un puissance de feu de 20 ou 30 cartouches par chargeur, sans compter le bénéfice d’un retour plus rapide en visée qui permet plus facilement de doubler le premier coup – ou d’engager une autre cible dans les délais les plus brefs. C’est ce dernier choix qui a été posé, entre autres, par Heckler & Koch, qui offre toute une gamme de fusils de « sniper » automatiques ou semi-automatiques dérivés du G3, ou encore celui des Israël Military Industries dont nous comptons tester prochainement les dernières versions « sniper » du Galil. Est-ce dire pour autant que SIG a viré de bord et remis en question les principes mêmes qui sous-tendent l’existence du SSG 2000 ?

Militaire et civils

Nous ne le croyons pas – et ce n’est pas seulement parce que le SSG 2000 continue de figurer au catalogue. Le SG 550, qui a servi de base naturelle au SG 550 Sniper, a fait l’objet d’une mise au point particulièrement soigneuse qui fait de lui une arme à peu près parfaite dans sa catégorie. Mais ce n’est pas vrai que pour les éléments constitutifs du fusil, la qualité des matériaux utilisés, leurs traitements ou encore le soin apporté à l’ergonomie : ça l’est aussi tout particulièrement pour la précision, qu’on peut considérer comme exceptionnelle pour une arme de ce calibre. Nous sommes en Suisse, il est vrai, un pays où la pratique des tirs hors service est largement répandue, jusqu’à être encouragée par les autorités fédérales : le tir à 300 m au fusil réglementaire est une discipline nationale, et les tireurs civils (qui restent toujours, quelque part, des conscrits démobilisés) sont parfois plus exigeants que les décideurs militaires, dès qu’il s’agit de précision. C’est une donnée avec laquelle SIG a compté au moment de la conception de son arme, qui avait donc aussi à séduire le marché civil.

Il était assez logique que le constructeur exploite plus avant des qualités qui s’avéraient d’emblée supérieures à la normale : en opérant un tri supplémentaire parmi les armes de la série, qui passent de toute façon par des essais de tir, en fin de ligne de production, il devenait possible de sélectionner les plus précises pour obtenir à très faible coût les éléments constitutifs de basse d’un excellent « sniper » de petit calibre. Or, la demande existe bel et bien pour de telles armes, nous avons déjà eu l’occasion d’en faire état dans un dossier consacré à la problématique du « sniper ». Et cette demande n’émane pas seulement des milieux militaires, dans lesquels on songe de plus en plus volontiers à équiper les meilleurs tireurs d’un fusil d’assaut précis et flanqué d’une visée optique, qui permette de pratiquer le « sniping » aux courtes distances (jusqu’à 300m) et d’optimiser du même coup la rentabilité opérationnelle moyenne du fantassin, par ailleurs assez médiocre.

Le phénomène, n’est plus nouveau, les corps de police s’intéressent eux aussi de très près à tout ce qui touche au « sniping » – c’est un des nombreux effets bénéfiques de la prise de conscience qui s’est opérée dans la seconde moitié des années 70. Il n’est sans doute plus nécessaire de rappeler la multiplicité des situations critiques qui peuvent être dénouées avantageusement pour les forces de l’ordre par le recours à cette technique – qu’il s’agisse d’actions terroristes, de simple banditisme ou de tous les « forts Chabrol » imaginables. Par la force des choses, les policiers ont suivi un cheminement analogue à celui des militaires, pour ce qui est des matériels utilisés. La refonte des techniques et des tactiques aidant, ils ont d’abord adopté les armements existants, pour la plupart des fusils à répétition manuelle, systématiquement chambrés pour la munition militaire de 7,62 x 51 mm OTAN (ou .308 Win.) dont on connaît la variété des projectiles disponibles.

Le Sniping version police

Mais les policiers ne sont pas restés non plus indifférents aux possibilités offertes par les armes semi-automatiques. Dans leur cas, il s’agit moins de disposer d’une puissance de feu confortable, les situations véritablement proches des conditions de combat militaires étant l’exception plutôt que la règle (encore que dans certains pays, hors Europe, les missions de police soient souvent dévolues à des corps organisés selon des structures militaires). Pour eux, l’intérêt d’une arme semi-automatique réside surtout dans la réduction du relèvement du canon et les possibilités de revenir beaucoup plus rapidement en visée, qui favorisent la rapidité d’engagement. Par ailleurs, le problème du « sniping » de police ne se pose pas exactement dans les mêmes termes que le « sniping » militaire. C’est spécialement vrai pour les portées, qui n’excèdent pratiquement jamais les 300 m, à prendre comme distance d’engagement maximale, les distances habituelles se situant autour ou en dessous de 100 m. Dans de nombreux cas, en effet, les policiers doivent compter avec l’environnement de la cible, dans lequel il est exclu de faire courir des risques à des innocents, sauf nécessité majeure – une préoccupation dont les militaires n’ont pas à s’encombrer. Ce sera d’autant plus vrai que la plupart des interventions se font en milieu de type urbain, dans des zones construites où la densité de population est un paramètre non négligeable. Si les techniques de tir doivent être adaptées en conséquence (tir au commandement, association des « snipers »  en binôme, etc.), ces caractéristiques peuvent avoir des effets sur le choix des armes.

Ainsi, il n’est pas nécessaire de disposer d’une munition qui demeure efficace et précise jusqu’à 600 m ou plus, ce qui suppose le recours à un calibre relativement puissant, au moins égal au 7,62 x 51 mm. Pour les distances d’intervention qu’on vient de mentionner, si le petit calibre de 5,56 x 45 mm peut produire une balistique terminale (effets à la cible) comparable à celle du 7,62 mm, il offrira alors un avantage sur celui-ci, en raison de son recul moindre – qui sera d’autant moins prononcé qu’on utilisera un fusil semi-automatique. Dans l’absolu, autant préciser tout de suite que le 5,56 x 45 mm ne peut rivaliser avec le 7,62 x 51 mm, en termes de pouvoir de neutralisation immédiat. Mais en « sniping » de police, les régions du corps qui sont visées sont presque toujours des zones vitales qu’on cherche à toucher à coup sûr, dès la première cartouche et, rappelons-le, à des distances relativement courtes. Dans ces conditions, la puissance spécifique du calibre importe beaucoup moins : la plupart des projectiles d’armes d’épaule, y compris ceux de 5,56 mm, auront des effets dévastateurs et surtout incapacitants. C’est dans cette mesure que le petit calibre d’infanterie actuel peut se prêter aux techniques de « sniping » mises en oeuvre par les forces de l’ordre. Pour l’arme qui nous occupe, le SG 550, on notera d’ailleurs qu’elle est le fruit de la collaboration entre le constructeur et les unités spéciales des forces de police helvétiques, qui ont vu dans le calibre 5,6 mm (respectons l’appellation !) un bon compromis entre l’efficacité terminale et le comportement de l’arme.

Caractéristiques générales du SG550 Sniper

Nous ne disposons pas de comparaison systématique entre la nouvelle version du SG550 et d’autres armes spécifiques de « sniper », à répétition manuelle ou non, utilisées par les mêmes tireurs et dans les mêmes conditions (sous peine de rendre toute comparaison invalide, ces critères doivent être respectés). Nous pouvons cependant rappeler quelques valeurs qui sont propres au SG550 standard, et qui sont vérifiées à fortiori par le SG550 Sniper. Ainsi, à la distance de 300 m, au tir sur chevalet de séries de 10 coups avec un lot de munitions favorables à la précision (lot FS 2, 29.2.80), 73 fusils standards ont réalisé une moyenne des groupements de 14,3 cm x 12,1 cm – ce qui représente une valeur moyenne de 96,5 points sur 100, alors que les résultats obtenus par 50 fusils Fass 57 (l’ancien fusil d’assaut réglementaire suisse) tirés dans des conditions identiques correspondent à une valeur moyenne de 93,6 points sur 100 (donc un groupement plus large, pour une arme dont la réputation était fondée dans une large mesure sur une précision remarquable). Bien que des résultats soient déjà très acceptables pour des armes à fonctionnement automatique, on sait que la section des armes destinées à la réalisation des modèles Sniper permet d’obtenir des groupements qui, sur chevalet, sont encore beaucoup plus serrés : rien de plus logique, puisqu’on élimine d’office les armes qui présentent des écarts trop prononcés entre les impacts.

Nous ne nous attarderons pas à la base mécanique de l’arme, qui est identique à celle du SG550 de série. Bornons-nous à rappeler que les nouvelles armes SIG bénéficient d’une conception et d’une réalisation extrêmement soignées (c’est le résultat obtenu par des techniques de fabrication faisant appel à des technologies de pointe, que nous aurons sans doute l’occasion de présenter bientôt au lecteur) et quelles représentent probablement le nec plus ultra des fusils d’assaut de configuration classique. C’est vrai aussi au plan de l’ergonomie comme à celui de la robustesse et de la fiabilité, que l’Armée suisse a sévèrement testées sous les conditions les plus rudes. Le SG550 Sniper hérite nécessairement de toutes ces qualités, auxquelles viennent s’ajouter celles des dispositifs particuliers à la version Sniper.

L’organisation de détente

Commençons par ce qui est sans doute le moins directement visible, à savoir le mécanisme de détente. SIG a conservé le mécanisme à bossette très franche du SG550, dont la résistance totale est réglée en usine autour de 2,3 kg (résistance jusqu’au cran d’arrêt : 800 gr ; résistance au cran d’arrêt : 1,5 kg), ce qui est à la fois suffisamment élevé pour la sécurité et suffisamment faible pour la précision. Notons que l’utilisateur n’a pas la faculté de modifier lui-même ce réglage d’usine : cette option est discutable quant au principe, mais dans la pratique, on peut comprendre le souci de la sécurité qui a conduit les policiers suisses à s’y ranger, car tous les tireurs, même « snipers », n’ont pas forcément la même maîtrise ni la même discipline personnelle. La course de détente est très courte : 3,5 mm jusqu’au cran d’arrêt, puis 4,1 mm jusqu’en fin de course. La queue de détente est recouverte d’un patin en matériau synthétique qui assure un excellent contact de l’index avec l’arme ; en outre, sous basses températures, ce patin est moins inconfortable que l’acier et autorise plus volontiers le tir à main dégantée qui permet au tireur de garder une meilleure sensibilité à la détente. En cas de nécessité, toutefois, le pontet reste escamotable vers la gauche ou vers la droite, pour autoriser le tir avec gants. Enfin, la version Sniper ne dispose d’aucune possibilité de tirer en rafale : la configuration du mécanisme semi-automatique est le même que celle des versions civiles de l’arme, avec deux positions de sélecteur, une pour la sûreté et l’autre pour le tir en coup par coup.

Le système de crosse

On aborde ici, le composant de l’arme qui en fait la singularité la plus évidente. Le fait est suffisamment exceptionnel pour être souligné, le SG550 Sniper est le seul fusil d’assaut équipé d’un système de crosse aussi élaboré – du genre de ce qu’on retrouve d’habitude sur les « snipers » purs du type SSG 2000 ou PSG1. Réalisée dans un matériau composite à haute résistance, cette crosse est flanquée d’un appui-joue que le tireur peut ajuster à sa morphologie à l’aide d’une molette de réglage horizontale, l’idéal étant bien sûr d’effectuer ce réglage lorsqu’on est en joue, afin de placer l’œil directeur dans l’axe de la visée optique. Toute la partie arrière de la crosse – ou la plaque de couche, si l’on préfère – est réglable à la fois en longueur et en hauteur. Pour optimiser la distance entre la plaque de couche et la détente, l’utilisateur doit agir sur la molette verticale de réglage disposée au centre de la crosse : cette molette est asservie à une vis de serrage à six pans logée sur la tranche inférieur de la crosse : il s’agit évidemment d’éviter tout déréglage intempestif, chaque arme étant toujours servie par le même tireur qui lui donnera une configuration de crosse définitive. Enfin, on peut déplacer la plaque de couche vers le haut ou vers le bas, ou encor lui donner une position oblique. A cet effet, on utilise la même clé coudée à 6 pans pour desserre soit les deux vis de la plaque de couche (réglage en hauteur), soit les 3 vis de blocage disposée en triangle sur la tranche arrière de la crosse (inclinaison de la plaque de couche). Un coup d’œil permet de voir les cannelures antidérapantes qui garnissent la plaque de couche, pour assurer un interface optimal arme/épaule du tireur. Comme sur le SG550 de série, la crosse est évidemment rabattable au côté droit de l’arme pour en diminuer l’encombrement pendant le transport. Il n’est toutefois possible de rabattre la crosse qui si l’arme a été mise au préalable à la sûreté.

La poignée-pistolet

SIG a poussé plus loin encore le souci d’adapter parfaitement l’arme aux particularités de chaque tireur, puisque la poignée-pistolet porte, elle aussi, plusieurs réglages. Fait assez rare, on peut modifier l’angle d’inclinaison de la poignée en desserrant le bouton moleté disposé sous la poignée : ceci a pour objet d’éviter la torsion du poignet et la crispation des muscles du tireur, qui peut être appelé à demeurer en visée pendant un temps relativement long avant de pouvoir tirer, et qui ne se trouve pas nécessairement à l’horizontale de la cible qu’il doit engager. Dessinée selon un profil anatomique, la poignée-pistolet est revêtue aussi d’une matière granuleuse antidérapante qui évite à la main directrice de glisser insensiblement vers une position inappropriée. Pour parfaire le contact avec cette partie de l’arme, un appui-main réglable en hauteur vient compléter avantageusement le système de poignée, dont le bord arrière a fait l’objet d’un dessin particulièrement soignée, qui lui donne une position optimale par rapport à la queue de détente.

Le canon

Pour optimiser la précision et améliorer la balistique terminale des projectiles, le SG550 Sniper est équipé d’un canon lourd (nous dirions plutôt semi-lourd) d’une longueur de 650 mm, qui présente cette particularité d’être martelé d’une seule pièce avec la chambre, ce qui élimine définitivement tous les problèmes qu’aurait pu poser le centrage de celle-ci avec le canon (d’habitude, la chambre est forée après martelage, mais cette opération ne garantit pas toujours une concentricité parfaite – indispensable pourtant sur une arme de « sniper »). Dans ce canon, la munition GP90 atteint une vitesse initiale (Vo) de l’ordre de 930 m/s et développe une énergie à la bouche (Eo) de quelque 1800 joules.

Le SG550 Sniper dispose de série d’une optique Zeiss-Diavari Z 2,5-10 x 52 T qui reste très lumineuse, même par fort grossissement. Cette optique est pourvue d’un dispositif de réglage rapide du réticule, grâce à des bagues crantées – pour l’élévation et la dérive – qui ont été conçues en fonction de la balistique propre à la cartouche GP 90 et qui permettent de corriger la visée à des distances comprises entre 50 m et 300 m. Le réticule N° 8 est du type croisé (« crosshair ») et comprend 4 traits  épais prolongés par des traits fins, au centre de l’optique. Notons que la modification du grossissement entraîne une modification proportionnelle des traits du réticule : ceci offre l’avantage d’optimiser le réglage du réticule en fonction de la distance de tir.

Optique et embase

Le montage de l’optique sur son embase se fait à l’aide de 4 vis de fixation qui assurent la rigidité de l’ensemble en éliminant les risques de déplacement intempestif de l’optique. Comme le SG550 Sniper est dépourvu d’appareils de visée mécaniques, la lunette est montée au plus près de l’axe du canon, dont l’axe optique n’est écarté que d’une distance minimale. L’embase autorise un déplacement latéral de l’optique dans les deux sens : le tireur peut donc ajuster la position de la lunette pour que la mise en joue et l’acquisition de la visée aient lieu de manière naturelle, l’œil tombant immédiatement dans l’axe optique et à distance correcte de l’oculaire. Cette distance peut être réglée soit par le déplacement de la lunette dans l’axe de pointage, soit par optimisation de la longueur de crosse.

Au rayon des accessoires utiles et appréciés des utilisateurs, on trouve une bande anti-reflets amovible qu’on accroche au collier antérieur de l’arme portant la frette d’emprunt de gaz, puis dans la fente ménagée  à son intention dans l’embase de la visée optique. Improprement nommée, cette bande sert avant tout à maintenir une visibilité optimale dans l’axe de la lunette, en évitant les radiations d’air chaud que peut dégager un canon surchauffée et qui risquent d’altérer l’image perçue par le tireur à travers l’optique (image « tremblante »). Outre la bretelle, le guide de chargement et le nécessaire de nettoyage, les accessoires comprennent encore une mallette de transport plus courte et donc moins encombrante que les valises habituelles, dans laquelle on range le fusil crosse repliée et optique en place.

Le SG550 Sniper est incontestablement une réussite dans son genre, puisqu’on y retrouve toutes les qualités du SG550 de base auxquelles il convient d’ajouter tous les dispositifs spécifiques qu’on vient de mentionner, lesquels témoignent à eux seuls de la volonté du constructeur de rester à la hauteur de la réputation que lui ont assurée les différentes armes figurant aujourd’hui à son catalogue, qu’il s’agisse des fusils ou des armes de poing. Le SG550 Sniper s’inscrit aussi de façon on ne peut plus légitime dans la lignée des produits dont on dit, avec une respectueuse admiration, qu’ils sont « Swiss made » et on sait ce que cela implique de soin, de méticulosité et, quelque part aussi, de génie.

 

 

Jacques Lenaerts 1989

Le SIG 552 Commando (Suisse)

Le nouveau fusil spécial SG 552 Commando a été développé spécialement pour les groupes d’intervention et les unités spéciales pouvant être confrontées subitement à des cibles mobiles évoluant à des distances ne dépassant pas les 300 m. Cette donnée technique montre que cette arme a surtout une vocation urbaine comme l’indique très clairement la documentation du  fabricant qui ne parle pas d’ennemis comme on l’entend souvent dans le vocable militaire, mais de délinquants termes généralement attribué à des individus dangereux opérant dans les zones à forte densité de population. Le SG 552 se place résolument comme le concurrent le plus sérieux du HK 53.

Synthétique et solide

Sa conception repose sur la construction du fusil d’assaut SG 551. Comme ce dernier , le Commando fait appel dans sa fabrication à des matériaux composites, ce qui est le résultat d’une technologie maintenant parfaitement maîtrisée. Ce fusil complète une gamme déjà riche en modèles déclinés à partir de la version standard SG 550 en passant par les configurations spécialisées des SG 551, SG 551 LB et 551 Swat.

Les militaires des troupes de choc, les spécialistes des opérations de la dernière chance comme les policiers des sections opérationnelles sont des hommes qui, à l’instar du fantassin moderne, recherchent un équipement très performant, d’une grande légèreté, facilement dissimulable, d’une mise en œuvre rapide et d’une complète polyvalence. Le Commando doit répondre à chaque type d’engagement et possède pour cela les accessoires nécessaires allant de la lunette de visée à la lampe torche en passant par les appareils de vision nocturne et les dispositifs de pointage laser.

L’ensemble du système à emprunt des gaz est réalisé en matière synthétique et en matériau résistant fortement à la corrosion. Il convient en effet qu’un usage en milieu salin, par exemple dans les îles ou à l’intérieur de ville côtières, ne soit pas un handicap de nature à endommager le matériel ni à en altérer de quelconque manière le bon fonctionnement. A cet effet, les parties extérieures en acier sont revêtues de matière synthétique résistant aux chocs, certaines en matériau inoxydable, d’autres ont reçu un traitement thermique particulier pour que ce modèle puisse affronter sans dommage tous les agents climatiques susceptibles d’être rencontrés lors des missions sous différentes latitudes.

Compact et léger

Le SG 552 Commando est une arme très compacte qui paraît être la meilleure synthèse actuelle en la matière pour le calibre de 5,56 mm (223 Rem.).

Ce fusil mesure seulement 730 mm contre 833 mm pour la version la plus courte du SG 551 Swat. En position transport, crosse rabattue, la longueur est alors ramenée à 504 mm contre 607 mm. Ce modèle brille par son poids de 3,2 kg qui le place devant le Swat plus lourd de 200 g. Extérieurement, le dernier-né de SIG se caractérise par un canon plus court et un garde main qui bénéficie d’un look plus moderne. Du fait de sa configuration optimale et de la répartition de ses masses qui semblent un must en la matière, ainsi que des nombreuses possibilités de combiner l’arme avec un nouveau type de visée télescopique de jour et de nuit avec illumination du réticule « Beta-Light », ce modèle offre de nombreux atouts qui vont sans aucun doute peser lourd dans son choix par les responsables des unités d’élite.

La société SIG Arms est restée fidèle au choix d’un pas de rayures de 10″ au lieu du pas de 7″ plus conventionnel mais retenu par l’OTAN. Cette option a pour avantage d’augmenter la précision de l’arme en transformant un 9 cordon en 10 pleine mouche à des distances de 250 à 300 m. A l’inverse ce passage à 10″ tend à réduire très faiblement la puissance de perforation. En utilisation dans les villes, ce critère n’est pas forcément le premier à prendre en considération.

Si l’objectif est trop protégé, il est toujours temps d’avoir recours à des fusils d’un niveau supérieur à l’image de l’Hecate en 12,7 mm.

Le Commando est une arme individuelle automatique pouvant tirer avec son sélecteur soit coup par coup, en rafale limitées de trois cartouches ou en rafales libres.

L’arme bénéficie d’une fabrication excessivement poussée avec la mise en œuvre de techniques qui, si elles ne sont plus révolutionnaires aujourd’hui, sont parfaitement éprouvées et fiables. C’est ainsi que les logements de la culasse sont réalisés par un rayon laser dirigé par ordinateur. SIG Arms dispose d’unités de fabrication dotées de dispositifs de mesures à affichage optique et impression sur bande équipant ses centres d’usinage à commande CNC. On comprend mieux pourquoi tous ces fusils d’assaut possèdent une qualité proche voire identique à celle des armes réservées à la compétition.

Esthétiquement l’arme ne surprend plus avec son mélange de tôle emboutie et de plastique, mariage qui est à l’origine de son faible poids de 3,2 kg. La crosse, le garde main ainsi que le fût sont en matière composite dont la résistance à maintes fois été testée dans des conditions souvent difficiles. Le garde main est percé sur chaque face de 5 ouïes de refroidissement et laisse dépasser le canon terminé par le cache-flamme.

Sélecteur de tir ambidextre

Comme toujours la fabrication de la boîte de culasse en tôle d’acier est faite à la presse. Elle porte à l’avant le traditionnel renfort usiné dans lequel vient se glisser le canon.

Quant à la carcasse qui se compose du boîtier de mécanisme et du couloir d’alimentation, elle est fixée à la boîte de culasse par l’intermédiaire d’un axe à section renforcée. Le sélecteur de tir est ambidextre et se caractérise par ses quatre positions allant du « S » pour la sécurité au nombre 20 pour les rafales libres. La poignée pistolet en plastique comporte un talon mobile libérant une cavité dans laquelle est placé le nécessaire indispensable au nettoyage rapide de l’arme.

La crosse tubulaire sans pente est formée de deux branches en caoutchouc durci terminées par une plaque de couche à larges rainures d’accrochage. Elle est fixée à la carcasse par une charnière traversée par un axe. En position repliée, elle vient se rabattre sur la droite de la carcasse. Dans cette configuration, il est toujours possible de faire feu sans aucun problème pour l’éjection des étuis. On peut même s’appuyer sur le talon de cette crosse pour stabiliser parfaitement l’arme pendant les tirs en rafales. Par comparaison aux premiers modèles de la firme, notre Commando possède un verrouillage rapide basé sur l’encliquetage d’un ergot situé sur le garde main qui bloque complètement la crosse.

La boîte de culasse porte sur sa face gauche le modèle de l’arme, son nom et son numéro matricule reporté également sur la carcasse.

L’ensemble mobile est constitué principalement par une pièce de manœuvre rendue solidaire du piston par le levier d’armement. La culasse mobile est pourvue d’une tête portant des tenons de verrouillage fortement dimensionnés pouvant résister sans contrainte excessive, aux pressions. Comme toujours cette culasse sert d’appui au percuteur, à l’extracteur et à l’éjecteur. Nous verrons lors des essais techniques que la glissière reste en position arrière après le tir de la dernière cartouche. Elle est renvoyée sur l’avant par une manœuvre directe du tireur sur le levier d’armement qui libère l’ergot de blocage en amenant cette dernière totalement en fin de butée ou plus rapidement par l’abaissement du poussoir de calage.

L’arme est alimentée par des boîtiers chargeurs en plastique transparent de 5, 20 et 30 cartouches. Le système breveté par SIG pour coupler les magasins augmentant d’autant la capacité opérationnelle est un plus évident. SIG a été la première firme au monde à trouver un dispositif d’accrochage simple et efficace qui évite d’inverser les chargeurs et qui élimine tous les élastiques et autres montages dont la guerre du Viêtnam et les autres conflits locaux nous sont longuement décrit dans plusieurs articles.

Fonctionnement

Il reprend la cinématique de base des armes longues de ce fabricant. Une fois le chargeur introduit dans l’arme, il convient de tirer avec une certaine vivacité le levier d’armement vers l’arrière puis de le relâcher. A cet instant, il faut positionner le sélecteur sur la position désirée. Le chien est alors accroché sur la tête de gâchette, une cartouche à poste dans la chambre du canon.

En tir coup par coup, l’action du doigt sur la queue de détente provoque l’effacement de la gâchette dégageant le chien qui vient frapper avec force le talon du percuteur, occasionnant le départ du coup. Lorsque le projectile a parcouru environ les 2/3 du canon, il dépasse le trou d’évent libérant une partie des gaz qui pénètre alors dans le cylindre. Le piston sous cette action recule et entraîne avec lui l’ensemble mobile. A cet instant, la tête de culasse effectue une rotation hélicoïdale et se déverrouille. La phase suivante se traduit par l’extraction et l’éjection de l’étui. En fin de course de la culasse, le cycle est bouclé avec le chien qui se trouve à nouveau accroché sur la tête de gâchette. L’ensemble mobile est renvoyé sur l’avant accrochant au passage une nouvelle cartouche guidée par la tête de culasse jusqu’à la chambre du canon. La dernière opération se traduit par le verrouillage de la tête de culasse, l’arme est prête à faire feu.

En tir en rafales de 3 coups, un limitateur arrête le tir au bout du 3ème coup.

En tir en rafales libres, la gâchette de tir automatique libère complètement le mouvement de la pièce mobile qui fonctionne tant que le tireur garde son doigt en appui sur la queue de détente.

Le fraisage de la partie supérieure du boîtier de culasse offre la possibilité de monter un choix important d’équipement. Il est possible de fixer en quelques secondes une lunette de visée Hensoldt 6 x 42 BL spécialement étudiée pour répondre à la vocation première du Commando. Cette lunette autorise un réglage rapide en élévation et en dérive avec un ajustement du tir de 20 à 500m. Elle est dotée d’un réticule Z-Plex, éclairé aux rayons bêta dont l’intensité bénéficie également d’un réglage très fin. Il est de même possible d’opter pour une lunette de visée Trijicon ACOG 3,5 x 35 pour l’acquisition excessivement rapide de jour comme de nuit d’un point de visée. Cet équipement possède un collecteur de lumière combiné avec une source aux rayons bêta. Pour ces deux dispositifs de pointage, il est recommandé de monter un appui joue. On peut à la demande renforcer la visée avec une lunette Bushnell Holosight Police à visée par point lumineux. Bien entendu, l’arme d’origine est livrée avec son dispositif de visée standard par dioptre.

Les essais pratiques

La prise en main est agréable, l’accessibilité à tous les mécanisme est direct. L’introduction du chargeur ne se fait pas droite mais s’effectue maintenant comme il est de coutume en lui imprimant un mouvement de rotation vers l’arrière. Je regrette la forme droite du levier d’armement qui ne facilite pas le mouvement de déplacement de la culasse. Je préfère et de loin, le classique modèle en forme de demi-lune que l’on rencontre sur de nombreux fusils d’assaut à travers le monde. Malgré une résistance d’environ 3,5 kg, la détente est comme toujours chez cet industriel d’une excellente qualité proche de celle des armes de sport. La possibilité de faire pivoter le pontet est un plus certain pour le tir avec des mains protégées. Les unités spéciales interviennent sous toutes les latitudes par tous les temps et l’on comprend vite l’avantage opérationnel dans ce cas. Si le maniement du fusil est simple, l’arrêtoir de culasse n’est en revanche accessible que du côté gauche. Il est de même impossible, du fait de la conception de l’arme, de positionner le levier d’armement de la culasse sur l’autre face. L’arme, malgré son sélecteur ambidextre et son levier poussoir de chargeur permettant une manipulation aussi aisée pour les gauchers que les droitiers, donne un avantage pratique à ces derniers.

Les essais techniques en stand ont montré qu’il était possible avec la cinématique du Commando de vider un chargeur de 30 cartouches en moins de 2 secondes. Si au coup par coup, l’éjection des étuis se fait légèrement de trois-quarts avant à une distance pouvant atteindre plus de 5 m, ces derniers sortant avec violence, en tir par rafales courtes ou longues, la régularité d’éjection n’est plus la même. Les étuis s’entrechoquent et ne possèdent plus de trajectoires parfaitement définies. Un léger matage est visible en arrière de la fenêtre d’éjection occasionné par quelques douilles venues frapper presque en « ricochets » d’autres étuis. En coup par coup et par rafales le Commando est d’une grande stabilité et couvre, même en tir en mouvement, la partie centrale appelée « bouteille » de la silhouette d’une cible de tir pratique. Cette arme très compacte se contrôle sans effort et sa ligne de visée de 360 mm assure un confort visuel de bonne qualité au tireur. Avec un peu d’entraînement, des groupements sur appui de 80 mm à 100 m sur 10 cartouches sont facilement obtenus. Dans un véhicule, il est indispensable de faire dépasser suffisamment la fenêtre d’éjection pour ne pas « vivre » les désagréments de la brûlure des étuis. En coup par coup, ce qui est la configuration la plus logique en tir urbain en temps de paix, l’éjection des douilles ne pose aucun problème. En tir de rafales, il faut faire attention, comme indiqué plus haut à la trajectoire des douilles dont certaines viennent frapper avec force la vitre latérale ou le pare-brise suivant la position du tireur.

HK 53 et Commando

Le Commando représente un bon compromis entre le fusil d’assaut léger en 5,56 mm et le pistolet-mitrailleur en 9 mm parabellum dont il possède à la fois le poids et l’encombrement.

Par comparaison le HK 53 a un canon de 211 mm contre 226 mm pour le Commando avec un nombre de rayures identique. La puissance énergétique à la bouche du canon pour ces deux armes est de 1100 joules à une vitesse de l’ordre de 735 à 750 m/s suivant le type de cartouche. La cadence de tir du SIG est de 700 à 850 coups/minute légèrement lus rapide que celle théorique du HK 53.

A titre indicatif, le HK MP 5 en calibre 9 x 19 mm possède une cadence de tir de 800 coups/min. Son canon a une longueur totale de 225 mm pour une longueur totale de l’arme de 680 mm avec la crosse fixe ou de 490 mm avec la crosse escamotable rentrée. Avec son chargeur vide de 30 coups, ce PM pèse 2,71 kg.

Du fait de la balistique de la 5,56 mm et de la faible masse du projectile qui ne dépasse que rarement les 4 g comme la SS 109/M855, cette arme est de préférence destinée aux unités spécialisées de l’armée même si elle peut présenter des avantages pour certaines interventions très spécifiques sur des objectifs protégés ou circulant en véhicules que la police peut être amenée à réaliser. En milieu urbain, il est en effet rare d’intervenir à des distances de 200 à 300 m. Généralement ces distances ne dépassent pas les 50 m. Dans ce cas la puissance d’arrêt d’une 9 mm de 650 J environ tirée par un pistole-mitrailleur suffit dans la majorité des cas. Pour des objectifs très difficiles à neutraliser, on a tendance à avoir recours à des calibres plus lourds comme la 7,62 x 51 mm ou encore la 338 Lapua. Nous arrivons à  cet instant à une bataille « d’école » entre les inconditionnels et les adversaires des calibres dits « légers ou lourds ». Ce débat existe depuis la nuit de temps et n’est pas prêt de trouver une réponse, chacun restant sur ses positions.

Alors que dire de l’avantage dans ce cas de la 5,56 x 45 mm tirée entre la 9 mm et les 7,62 Otan ? Difficile question ! On peut simplement écrire que cette cartouche tirée dans un SIG Arms Commando ou dans un JK 53 représente une option offerte aux spécialistes de choisir le calibre et l’arme suivant les besoins du moment. Les faibles dimensions du Commando sont un plus pour pouvoir disposer à proximité d’une arme puissante offrant une capacité de réaction rapide à l’agression sans connaître les désagréments occasionnés par la mise en batterie d’un fusil de sniper.

La 5,56 mm  a ses limites en milieu citadin, pour preuve l’angle de tir et le type de balles ne font pas toujours « bon ménage » avec quelques pare-brise de véhicules. Il suffit de se souvenir d’un fait divers encore dans les mémoires qui a mis aux prises, il y a quelques années, la police et un individu désigné comme l’ennemi public numéro 1.

A l’inverse pour les militaires et les groupes opérationnels envoyés en pénétration profonde, ce type d’arme est un plus. Facilement dissimulable, utilisant un calibre aujourd’hui standardisé, il répond parfaitement à la neutralisation ponctuelle d’objectifs par sa précision et son équipement de visée perfectionné.

 

J.L. Courtois 1998

Le fusil d’assaut 90 (Fass 90) de l’armée suisse

Le culte du fusil reste un facteur déterminant pour le choix des armes légères dans cette Suisse où chaque localité a son stand de tir, et où sont brûlées annuelle­ment, hors service, pas moins de 80 millions de cartouches. Ce culte a tenu la Suisse à la pointe du développement des armes militaires durant un siècle : elle fut la première nation à introduire le fusil à répétition et parmi les premières, après la seconde guerre mondiale, à donner à ses fan­tassins un fusil permettant le tir en rafale. Mais ce même culte du tir allait tenir la Suisse à l’écart de la tendance moderne de développer des fusils d’assaut de petit calibre. Ce n’est pas moins d’un quart de siècle après l’avènement de l’Armalite, et après que le 5.56 soit devenu d’usage courant dans près de 60 pays, que la Suisse décida enfin de suivre le mouvement. La décision suisse témoigne de l’écart qui sépare la nouvelle géné­ration de 5.56 de son ancienne image d’une puis­sance de feu aveugle fondée sur le « spray and pray ». De même que la visée optique Susat de l’Enfield britannique, la hausse à 800 mètres du M16A2 de l’USMC et les exigences balistiques de la munition SS109, la décision suisse marque le rapprochement du concept du calibre 223 avec celui du calibre 222. Et c’est avec le nouveau fusil d’assaut 90, sur le point d’être remis à la troupe, arme militaire qu’apprécierait chaque connaisseur du tir de précision, que la Suisse est entrée dans le domaine du petit calibre.

Le concept d’emploi

Si les Suisses furent lents à suivre la mode du 5.56, ce n’est pas par manque d’expérience dans le domaine des fusils d’assaut. Ils furent en fait les pionniers du concept ! Alors que la légende populaire fait remonter l’origine de la combinai­son cartouche de puissance intermédiaire + fusil d’assaut à grande puissance de feu aux MP45 et Sturmgewehr 44 allemands, puis à la Kalashnikov, les Suisses expérimentaient déjà dans ce même domaine un quart de siècle plus tôt. Ayant analysé la paralysie des fronts de la première guerre mondiale, ils se concentrèrent sur le pouvoir défensif de la mitrailleuse qui, estimait-on, avait dépossédé le fantassin de son rôle traditionnel d’attaquant pour le réduire à celui de suiveur de barrage ; « l’artillerie con­quiert, l’infanterie occupe ». La question fon­damentale fut de savoir comment rendre sa mobilité à l’infanterie ; la réponse formulée par la Suisse fut celle d’une puissance de feu porta­tive capable de forcer l’adversaire à rester dans son couvert. Le mouvement tactique au combat, ainsi que le dit le Conseil Fédéral en 1925, devait être rendu possible en neutralisant pendant le mouvement le feu ennemi, c’est-à-dire en tenant, pendant le mouvement, l’adversaire sous un feu si violent que ses propres moyens de feu soient détruits ou au moins aveuglés. Vers 1921, la Fabrique fédérale d’armes, à Berne, avait déjà mis au point le prototype d’un fusil d’assaut ; le Pistolengewehr, arme semi-automatique tirant une cartouche de 7.65 X 55 mm.

Une longue gestation

Le Pistolengewehr, et son dérivé de 1922, le LMG-Pistole, font suite à un long développement anté­rieur. C’est jusqu’en 1886 en effet qu’il faut faire remonter les origines de la cartouche qu’ils uti­lisent, date des essais du remarquable colonel Rubin avec de la munition à moyenne puissance. Les essais d’un fusil semi-automatique remon­tent au fusil à cinq coups, calibre 10.4 mm, conçu par Georg Raschein en 1889, ainsi qu’à la tentative de la fabrique fédérale d’armes de transformer le fusil long de la même année en une arme semi-automatique. Au tournant du siè­cle, les connaissances suisses en matière d’armes semi-automatiques étaient variées : Ras-chein avait développé le système dit « primer-blowback » que Qarand allait reprendre plus tard ; Hans Stamm travaillait sur une culasse rotative à emprunt de gaz qui sortit victorieuse de tests de solidité lors de très nombreux tirs. Quant à la firme SIG, elle s’était engagée dans le projet du général mexicain Manuel Mondragon d’un fusil qui allait devenir l’un des premiers semi-automatiques du monde utilisé par les mili­taires.

Le développement du Pistolengewehr à la fin de la première guerre mondiale synthétisait les deux courants de recherche fusil automatique + cartouche de moyenne puissance en un fusil d’assaut basé sur une doctrine cohérente de tac­tique du feu de l’infanterie. Mais les bases tacti­ques et techniques, l’essence même du projet, disparurent dans le processus d’acquisition militaire. De même qu’une génération plus tard le développement du fusil d’assaut américain, et par la même celui de ses alliés, verrait son cours modifié par la demande des autorités militaires de conserver la cartouche de calibre 50 de l’épo­que des armes à culasse à action manuelle, le Pistolengewehr fut transformé par son adapta­tion à la munition de 7,5 mm, courante dans l’armée suisse. Tous les arguments logistiques habituels furent utilisés pour soutenir le refus des autorités helvétiques de standardiser une seconde cartouche et on leur donna une colora­tion tactique en exigeant une portée pratique de 600 mètres. Ainsi la Suisse se retrouva avec une arme de la taille d’un Bren Gun plutôt qu’avec un fusil d’assaut : le FM 1925.

SIG tenta de pirater le concept du fusil de moyenne puissance vers le milieu des années 1950 ; les Allemands réalisèrent cette idée avec leur fameux Sturmgewehr. Mais à la Fabrique fédérale, à Berne, où il avait vu le jour, le concept resta en gestation jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Puis, en 1946, 17 000 coups de 7.65 X 35, vieux d’un quart de siècle, furent exhumés d’un coin couvert de toiles d’araignées, et l’on se repencha sur le fusil d’assaut 1922. Inspirée par la vieille arme et les développements en cours à l’étranger, la Fabri­que fédérale de munitions, à Thoune, produisit une nouvelle version de la cartouche – la douille allongée à 38 mm, la balle recalibrée à 7,5 mm – et la Fabrique fédérale d’armes mit au point une nouvelle génération de fusils d’assaut. En 1947, alors qu la Kalashnikov en était encore, à Tula, aux tests des modèles de pré-série, la WF avait donné naissance à un fusil d’assaut bullpup à 30 coups, doté d’un sélecteur de feu, en 7,5 mm court, et mesurant un petit 65 cm de longueur.

A la remorque du 5,56

Pour une seconde fois cependant, le cours du développement du fusil d’assaut suisse fut dévié par l’exigence des autorités militaires d’aligner toute nouvelle arme sur la vieille cartouche 11 de 7,5 mm. De manière similaire à l’Otan, alors nouvellement créée, le conservatisme lié à la car­touche de calibre 50 conduisit à la création d’une génération de fusils automatiques lourds et hybrides. En 1956, pressés par les événements de Hongrie, les Suisses adoptèrent le Fass 57 de SIG. Comme le M14 américain, destiné à tout remplacer, de la carabine de calibre 50 au Bar, le fass 57 fut conçu comme une arme unique ; il devait prendre la place du FM, du vieux Mous­queton 51, du FM, et servir d’arme anti-char avec des grenades à fusil.

Toutes les merveilles de l’arme unique ne vinrent cependant pas sans prix ; trente ans et six cent mille Fass 57 plus tard, les Suisses ont été heu­reux de choisir un fusil d’un poids et d’un volume différent. Durant les deux dernières décades, ils ont développé un fusil plus léger et plus mania­ble et la clé de ces vertus a été, comme toujours, la réduction de la puissance de la cartouche. La bizarre contorsion de l’histoire fut que la Suisse, ayant passé plus d’un demi-siècle à jouer les pionniers du développement d’une cartouche courte qui allait gagner une formidable renom­mée mondiale avec la cartouche soviétique de 7,62 X 59, se voyait, cette fois, dépassée par la nouvelle mode du 5.56 mm lancée par les Amé­ricains.

La simple, pour ne pas dire simpliste, logique de gain de poids qui sous-tend la mode internatio­nale récente de fusils d’assaut de calibre 22 ren­contra cependant des problèmes immédiats lorsque les Suisses commencèrent les essais de leur nouvelle génération d’armes de petit calibre à la fin des années 1960. La cartouche existante en 225 Remington ne pouvait répondre de manière adéquate aux besoins traditionnels du tir dans cette nation de tireurs ; il lui manquait la portée, la puissance et la précision qu’ils demandaient, et fut bientôt réduite au rang de « cartouche 200 mètres ». Deux cents mètres peuvent satisfaire à l’analyse statistique du tir de combat qui a conduit les Américains à con­clure que la plupart des touchés sur le champ de bataille se font dans une marge de 150 mètres ; mais ils ne peuvent satisfaire les tireurs suisses qui ont soigneusement développé un programme de tir sur cible à 500 mètres. Lorsque le Groupe­ment de l’Armement chargea la Fabrique fédé­rale de munitions de développer une nouvelle cartouche de fusil d’assaut, une performance correcte de celle-ci à 500 mètres fut une condi­tion préliminaire ; de même, les fusils que SIG et la WF présentèrent devaient être aussi précis à 500 mètres que le Fass 57. On justifia militai­rement l’utilité d’une bonne performance à cette distance. Mais, se tournant vers le 5,56, les auto­rités suisses pourraient bien s’être faites l’écho de leurs prédécesseurs du Conseil Fédéral de 1953 – à propos de la création du nouveau Mous­queton 51 à la place d’une distribution générale du Mousqueton 11, moins précis ; considérée sous l’angle purement militaire, la précision n’eût pas été déterminante. Mais, pour l’activité volontaire des sociétés de tir, elle joue un rôle tel que l’on ne crut pas pouvoir s’arrêter à cette solution. A la fin du 19è siècle déjà, 300 mètres étaient devenus un dogme suisse dont l’exclusivité fut critiquée par plusieurs des avo­cats les plus conscients du tir pratique au fusil.

Mais dans la seconde moitié du 20è siècle, les 23 000 cibles à 300 mètres de Suisse jouèrent un rôle déterminant lors de l’acquisition des armes individuelles militaires. Le conservatisme international en matière de tir et d’utilisation des stands qui, en Grande-Bretagne, a servi à séparer le tir de compétition du tir militaire, et qui, aux USA, a conduit à l’extravagante adap­tation du M16 pour servir le bizarre dessein de concourir sur la base du vieux programme de tir à 600 yards (soit environ 550 mètres) prévu pour le calibre 30, existe aussi en Suisse. Par chance peut-être, il a mieux servi la Suisse que d’autres.

Les innovations suisses reprennent l’offensive

« Branchés sur la mode du calibre 22 ultra léger, mais insatisfaits par les performances du 223 Remington, les Suisses développèrent le 5.56 Eiger. Avec une douille beaucoup plus lon­gue, bien qu’un peu plus fine que celle du 7.5 mm court, l’Eiger fut un curieux hybride qui con­centrait beaucoup de poudre derrière une balle légère. Cette cartouche offrait peu en matière de gain de poids comparativement au 7.5 mm court et fut décevante tant au niveau de sa puissance que de sa précision. Après quelques six années d’essais infructueux, la Fabrique fédérale de munitions abandonna le projet en 1977 et utilisa la même douille pour un redéveloppement de son ancien concept de cartouche de fusil d’assaut, cette fois-ci en 6.35 mm. Le projet de 6.35 mm – Neue Schweizer Kaliber – transformé en 6.45 après une modification du calibre – fut ensuite développé parallèlement à une variante de 223 standard que les Suisses choisirent d’appeler 5.6 mm. En 1978, le Groupement de l’Armement commanda 105 fusils tests de cha­que calibre à SlG et à la WF.

Sur la base de ses performances balistiques, le Neue Schweizer Kaliber apparut comme le mieux placé pour devenir le nouveau calibre militaire suisse de la fin des années 1970. Mais en 1981, l’on ordonna de concentrer tout développement ultérieur sur le 5.6 mm. La cause de ce soudain revirement fut l’apparition de la cartouche belge SS109, la nouvelle cartouche miracle qui allait faire mieux que le vieux 7.62 Otan lors de tests de pénétration et qui allait changer le caractère du développement des armes en 223. Cette nou­velle munition donna aux Suisses les moyens de poursuivre dans la voie du petit calibre qu’ils avaient favorisé durant les dix dernières années. Le gain de poids comparé au 6.45 fut la justification évidente de ce choix ; moins tangi­ble fut l’utilisation d’un standard international en matière de calibre qui réduisait les risques du pari de développer un calibre unique en même temps qu’une nouvelle arme, et satisfaisait un désir sous-jacent des Suisses pour l’indépen­dance sans l’isolation.

La guerre n’est pas un tir à la cible

La nouvelle GF 90 fut développée dans la ligne de la SS109, avec un projectile sensiblement plus lourdenviron 4,1 grammes contre 4,0 à la SS109 et environ 5,5 grammes pour la vieille M195 américaine – propulsé par une poudre dont la technologie de production est encore en cours d’acquisition. Les exigences en matière de péné­tration pour la GP 90 sont un casque d’acier et 25 mm de bois de sapin à 400 mètres, mais elle devrait dépasser la munition Otan, si vantée, dans cette performance. Lorsqu’on sait que l’on demanda à la SS109 de faire mieux que la SS77, en 7,62, pour ce qui est de la pénétration d’un casque US à 1100 mètres, et qu’on la dit même capable de réussir cet exploit absurde d’abstrac­tion à plus de 1 300 mètres, nous pouvons admettre que la nouvelle munition suisse à enve­loppe d’acier percera un casque à une distance supérieure à celle où il pourra être touché ou même vu. Ce qui est certain, c’est que la GP 90 est une munition extrêmement précise qui se comportera brillamment dans les stands à 300 mètres de Suisse. Avec un prototype d’arme de tireur d’élite dérivé du nouveau fusil d’assaut, la GP 90 a groupé dans un rayon de guère plus de 5 cm à 300 mètres, avec la moitié des coups dans un rayon de 2,5 cm. La Fabrique fédérale de munitions à Thoune a déjà une remarquable réputation Internationale pour la qualité de sa munition : et cela ne surprendra personne si SIG- Hämmerli peut se présenter au concours UIT avec un fusil chambrant le nouveau 5.56.

Mais, ainsi que le grommelait le colonel Wieland des autorités militaires suisses, en 1862 : « La guerre n’est pas un tir à la cible ». Tout en lais­sant de côté la question des qualités de résis­tance aux courants d’un projectile de calibre 22, même plus lourd, tiré en terrain montagneux plutôt qu’en stand, il subsiste l’éternelle ques­tion du «  stopping power » du petit calibre. Ce terme mal défini n’en correspond pas moins à une attente ; à la fin du siècle passé, l’efficacité du nouveau et « petit » calibre 30 fut considérée en fonction de celle de la génération précédente de fusils en calibre 45. Et l’on peut remonter ainsi jusqu’aux observations faites après les guerres napoléoniennes qui laissaient entendre que le mousquet français de calibre 17 mm avait moins de stopping power que le Brown Bess bri­tannique de 19 mm – le toujours digne de con­fiance calibre 12. Ce qui est certain, c’est que les qualités qui permettent à la GP 90 de si bien se comporter balistiquement jusqu’à 400 mètres et même au-delà, vont à l’encontre de l’instabilité de la balle, que l’on dit être la source du stop­ping power du vieux 5.56. La tendance, réputée, de la cartouche américaine M193 à tournoyer et à éclater à l’impact fut une autre raison du désin­térêt des Suisses vis-à-vis de la première géné­ration des cartouches en 5,56. Tenant tout particulièrement compte du rôle de la Suisse comme foyer de l’internationalisme humanitaire, la GP 90 fut conçue en respect des accords de La Haye et des décisions des Nations Unies de 1980.

La nouvelle cartouche suisse est exactement ce que l’on avait prévu qu’elle serait. La seule ques­tion qui subsiste, de même qu’avec la SS109, est de savoir si ces prévisions seront les bonnes. Si l’innovation technologique s’est faite l’écho des tendances de la mode lors de la mise au point de la GP 90, elle a en revanche servi une philo­sophie des plus conservatrices en ce qui con­cerne le nouveau fusil d’assaut suisse. Le Fass 90 devait en effet être tout à la fois d’un manie­ment plus aisé, aussi précis et meilleur marché que son prédécesseur.

Au meilleur prix

En Suisse, comme partout, les coûts de produc­tion ont toujours été un élément clé lors de l’introduction d’une nouvelle arme. Le modèle SIG du Fass 57 était moins cher que son rival de la Fabrique fédérale d’armes. Il se révéla en revanche trop coûteux à produire, passant d’un prix nominal de 570 FS l’unité il y a 30 ans à un coût théorique de 1242 FS. Quant aux armes refaites, elles ne sont qu’un intérim, temporaire­ment et techniquement viable, mais aussi insa­tisfaisant dans la mesure où la tradition veut que le milicien quittant le service garde son fusil. Le coût du Fass 90, conçu selon des méthodes de production moderne et se composant de 174 piè­ces contre 257 pour le Fass 57, fut calculé pour être de 40 % inférieur à l’unité à celui d’un Fass 57 refait.

En termes de précision en stand, le Fass 90 pos­sède un léger avantage sur le 57, plaçant la moitié de ses coups dans un cercle d’environ 6 cm de diamètre à 300 mètres. La précision intrinsè­que de la cartouche à faible recul est combinée avec un canon lourd et une ligne de visée plutôt longue pour un fusil moderne. Les constructeurs ont préféré des instruments de visée métalliques à une visée télescopique, en raison notamment de la neige et de la buée qui se forme sur les len­tilles lors des changements de température. Le dioptre du Fass 90 peut être « zéroté » en dérive et en élévation puis simplement tourné pour obtenir une visée par cent mètres jusqu’à 400 mètres. Pour 200, 500 et 400 mètres, les orga­nes de visée se présentent sous forme d’un oeil­leton ; à 100 mètres, un cran de mire rend l’acquisition du but plus rapide. Les dioptres rotatifs sont par nécessité montés près de l’œil maître, mais il y a habituellement plus de dis­tance s’il s’agit d’une mire. Or, dans la peu ortho­doxe combinaison de SIG, les bords de la mire à 100 mètres apparaissent curieusement éloignés dans la vision périphérique de l’œil. Cette mire permet néanmoins une bonne précision. Le cran de mire facilite également l’utilisation d’un viseur de nuit à trois points, fonctionnant avec des pastilles C 14 sur le dioptre et au tritium sur le guidon de nuit rétractable,

Les résultats du Fass 90 en tir à la cible couché furent supérieurs à ceux du 57 ; mais la diffé­rence fut encore plus marquée lors des tirs de combat. C’est en effet en termes d’une amélio­ration de la maniabilité que le nouveau SIG s’est montré le vrai vainqueur. La réduction de l’encombrement en comparaison du 57, idée qui s’est retrouvée très marquée tant dans les vues populaires qu’officielles sur la question du nou­veau fusil suisse, n’est qu’une part du succès du Fass 90. Le nouveau SIG pèse environ 1,6 kg de moins que son prédécesseur. Mais le Fass 57 était une arme exceptionnellement lourde, et, en fait, le nouveau fusil d’assaut a simplement ramené le poids du fusil militaire suisse à celui du vieux Mousqueton 51 à culasse à action manuelle. Avec ses 4,1 kg à vide, le Fass 90 reste d’ailleurs l’un des fusils d’assaut les plus lourds de la génération des petits calibres. En longueur, il ne mesure qu’un petit 10 cm de moins que le 57. Mais on peut le raccourcir de bien 50 cm en rabattant la crosse ; cette crosse est un exem­ple de la qualité de conception qui fait du Fass 90 une arme si agréable à manier. La crosse se rabat sur la seule pression d’un bouton ; bloquée en position ouverte, elle est suffisamment rigide et solide pour satisfaire aux exigences d’un test consistant à tirer 600 grenades à fusil de 500 gr, depuis un sol en béton. L’on dit même qu’elle aurait résisté à plus de mille coups chez SIG. Bien que le sommet de la crosse soit aligné sur le canon, « à la mode », le fusil s’épaule aussi natu­rellement qu’une arme de sport. Et, toujours comme une arme de sport, et au contraire de fusils dont la forme est issue des seules préoc­cupations de techniciens concentrés sur l’idée abstraite d’un transfert en ligne droite du recul, comme le M16 ou l’Enfield SA80, le nouveau SIG a une ligne de visée proche du canon, près de 2,5 cm plus basse que celle du Fass 57. Ce profil plus bas est combiné avec un magasin plus court de façon à garder le tireur couché encore plus près du sol ; soit une cible 20 % plus petite qu’un sol­dat équipé du Fass 57. Et au contraire de cer­tains bullpups, le nouveau SIG ne présente aucun problème si le tireur doit changer son arme d’épaule pour tirer depuis un couvert, Les douilles sont en effet éjectées bien vers l’avant et ne gênent en rien un tireur gaucher. Quant au sélecteur de sûreté/feu, il est ambidextre et tombe commodément sous le pouce de l’une ou l’autre main,

Des tests draconiens

Les qualités de maniement d’une arme peuvent être pré-conditionnées et, pour une génération future n’ayant connu que le bullpup, il pourrait en effet ne pas sembler bizarre que l’Enfield bri­tannique se manie comme une tronçonneuse. Mais, par rapport aux normes établies en matière de facilité d’emploi, le nouveau SIG est excellent. Son entière conception reflète les priorités d’une arme de tireur et pas uniquement celles d’un technicien. D’un point de vue technique égale­ment, le processus de développement helvétique est tel qu’il permet d’éviter les désagréables sur­prises qui ont accompagné la mise en service du nouveau fusil britannique. La Suisse a fait subir une gamme étendue de tests auprès de la troupe durant les deux dernières années, à 2 000 fusils de série zéro, afin de mettre en évidence tout pro­blème qui ne se serait pas manifesté lors des pre­miers essais, et ce, avant que ne commence la production en série. Et ces premiers essais furent des plus complets : à – 20° C par exemple, à près de 4 000 mètres d’altitude, au Jungfraujoch, un Fass 90 fut rempli de neige et laissé à geler ; un soldat dut, en ouvrant la culasse à coups de pieds, le rendre opérationnel en 50 secondes. L’ingéniosité de la conception appela l’ingénio­sité dans les tests : ayant développé un maga­sin en matière plastique qui résisterait à une chute, les Suisses testèrent son bon fonctionne­ment après l’avoir jeté d’une hauteur de 1,50 mètre, plein et sur ses griffes, 45 fois. Lors des essais initiaux, avec 40 fusils, 800 000 coups furent tirés sans aucun dérangement imputable aux magasins. Les fusils eux-mêmes furent con­çus pour durer un minimum de 15 000 coups dont 7 500 sans rupture de pièce. Certains tirè­rent jusqu’à 40 000 coups.

Le nouveau fusil suisse est le résultat d’une con­ception minutieuse, et constamment raffinée durant plus de 20 ans. SIG possédait le premier des fusils de sa nouvelle génération en 1967 déjà : le modèle 550-1 à culasse à ouverture retardée par des galets de verrouillage. La diffi­culté d’appliquer cet ancien système au petit calibre conduisit rapidement à un mode rotatif à emprunt de gaz avec galets, qui donna à son tour la culasse rotative à emprunt de gaz actuelle qui équipa les armes de la série 540 dès le début des années 1970. Le 540 en calibre 7,62 Otan a été choisi par les Chiliens et, en 5.56, fut lar­gement exporté dans les anciennes colonies françaises sous licence Manurhin. Lorsque les Français eux-mêmes connurent des problèmes avec les premiers Famas, ce sont des SIG, cons­truits par Manurhin, qu’ils envoyèrent à leur contingent Onu du Liban. Le développement du fusil militaire suisse, avec les différentes cartouches indigènes, se fonda, depuis 1973, sur les séries 541, dérivées du 540. Muni d’un canon plus lourd et d’une boite de culasse plus solide que son prédécesseur, c’est le SIG 541 (rebaptisé SG 550) que le Conseil Fédéral approuva, sous la dénomination de Fass 90, le 16 février 1985. Le Fass 90 est un standard d’excellence pour les fusils de sa génération. Mais la question reste ouverte de savoir s’il sera celui des armes futu­res, ou s’il restera dans les mémoires comme le meilleur des derniers descendants des armes d’infanterie conventionnelles. Le spectre du G 11, l’incursion d’Heckler & Koch dans le domaine des cartouches sans douille, hanta toute la durée du processus d’acquisition suisse. Mais, après une décennie pleine de promesses, le G 11 en est toujours au statu quo. Le pro­gramme ouest-allemand de recyclage du G 3 a permis d’éviter la crise de ré-équipement qu’a connue la Suisse avec le Fass 57, et a offert à la RFA le luxe d’attendre le millénaire. Et au cas où, et quand, les Allemands se décideraient finale­ment à abandonner le G 11, ils auront à leur dis­position toute la nouvelle génération des 5,56 pour faire leur choix. Et si le mérite détermine ce choix, SIG-Sauer pourrait bien être le gagnant. Quel que soit l’avenir du fusil à cartouches sans douille, il existe au-delà les projets de ce que les Américains appellent inélégamment l’« Advanced Individual Combat Weapon », un concept dans lequel les munitions à effet de zone ont pro­gressivement usurpé le domaine traditionnel du fusil. Mais, dans une certaine mesure, la techno­logie du futur est déjà là ; les plans suisses d’emploi tactique du Fass 90 en ont tenu compte puisqu’ils envisagent la prise en charge de cer­taines tâches par un lance-grenades de 60 mm.

La supériorité du feu

Face à cette tendance, le Fass 90, et le retour d’une génération d’armes à vocation de tir de précision, peut paraître anormal. Mais ils repré­sentent une approche différente d’un même but : accroître la probabilité de toucher. Le fusil d’assaut a toujours été le curieux hybride d’une philosophie de puissance de feu greffée sur une arme de précision. Et l’utilité concrète du feu automatique ne s’est certainement pas clarifiée au cours des ans. C’est plutôt devenu une sorte de fétiche ; faire le geste magique de tourner le sélecteur sur la série de trois coups est peut-être une excuse pour compenser la puissance d’arrêt insuffisante de la munition de petit calibre en multipliant les impacts, peut-être aussi une invo­cation aux dieux pour toucher sans viser alors que le premier coup, intentionnel, est hors de la cible. La seule certitude est qu’une telle rafale réduit un fusil à 20 coups comme le Fass 90 en un fusil à 7 coups, avec par conséquent moins de puissance de feu que le vieux Vetterli à 12 coups de 1869. Imparfaite comme outil de la théorie de la puissance de feu, et peut-être dépassée par les munitions à effet de zone, la tendance de développement récente des fusils militaires s’est tournée vers le vieux concept du tir individuel, de celui du soldat comme chasseur sur le champ de bataille. C’est un écart intrigant d’avec cette panacée militaire habituelle que représentent les technologies nouvelles, car c’est un concept qui dépend, en fin de compte, des qualités et aptitudes de l’homme qui se trouve derrière l’arme. Mais en Suisse, c’est une grande tradition.

Caractéristiques techniques

 

Type : Fusil d’assaut

Nom militaire suisse : Fusil d’assaut 90/Sturmgewehr 90

Nom des versions commerciales : SG 550 ; SG 551 (version à canon court)

Variantes commerciales : La version semi-automatique destinée à la vente civile est connue

sous le nom de Fass 90 PE en Suisse et SG 550 SP ; SG 551 SP pour l’exportation

Fabricant : Schweizerische Industrie Geselischaft, CH-8212 Neuhausen am Rheinfall. La

production destinée à l’armée suisse sera partagée avec la Fabrique fédérale d’armes

à Berne et d’autres industries

Nombre de fusils prévus pour l’armée suisse : 600 000

Concepteurs :  Brodbeck, Baumann

Fabrication : Canon et chambre à cartouches forgés en même temps ; large utilisation de la tôle d’acier emboutie pour la boîte à culasse ; la crosse, le manchon et la poignée-pistolet

sont en matière synthétique

Fonctionnement : Par emprunt de gaz, culasse fermée ; sélection du feu

Système de fermeture : Culasse rotative à deux tenons

Genres de feu : Coup par coup, série de 3 coups, rafale

Cadence de tir : 700-850 cps/min Calibre : 5,6/5.56 X 45

Rayures : 6 à droite, pas de 254 mm (178 mm dans la version exportation)

Système de visée : Dispositif de hausse comprenant un tambour pouvant être zéroté en dérive et en élévation avec 5 œilletons pour 200, 300 et 400 mètres et un cran de mire pour

100 mètres avec deux pastilles C-14 pour le tir de nuit. Guidon conventionnel et guidon de nuit rétractable avec un point au tritium

Base de mire : SG 550 : 540 mm ; SG 551 ; 446 mm

Autres variantes : Accepte les systèmes de visée télescopiques et nocturnes standard STAPIAG

Contrôles : Sélecteur de feu combiné avec la sûreté, de chaque côté de la boite à culasse,

au-dessus de la poignée-pistolet

Poids de détente : 3 kg

Alimentation : Par magasin en plastique teinté transparent à 20 coups, d’un poids de 95 gr.

Un chargeur de 30 coups est disponible pour l’exportation

Longueur totale : SG 550 ; 99,8 cm ; SG 551 ; 85, 3 cm

Longueur, crosse repliée : SG 550 ; 77,2 cm ; SG 551 ; 60,1 cm

Longueur du canon : SG 550 ; 52,8 cm ; SG 551 ; 36,2 cm

Poids avec un magasin vide : SG 550 ; 4,1 kg ; SG 551 ; 3,5 kg

Poids avec 6 magasins pleins (120 coups) : SG 550 ; 6 kg ; SG 551: 5,4 kg

 

Richard A.I. Munday – 1988

 

Le fusil d’assaut 57 ou Sturmgewehr 57 (Suisse)

L’officier en tenue camouflée ne quittait pas des yeux les dix transports de troupes blindés qui serpentaient un peu plus bas dans la vallée. « Maintenant c’est bon ! Vas-y ! » Le jeune grenadier appuya sur la mise à feu et la montagne trembla. Une partie de la paroi se détacha entraînant dans le vide deux blindés. Une centaine de soldats giclèrent des véhicules épargnés et essayèrent de se déployer. Mais la crête au-dessus d’eux s’illumina. A cinq cents mètres, chaque Sturmgewehr marquait des points. Quelques grenades à fusil bien placées achevèrent de semer la déroute chez l’ennemi. Un officier qui essayait de réagir fut atteint d’une balle entre les deux yeux. Une fois de plus l’extraordinaire précision du fusil d’assaut 57 avait fait merveille.

On décroche ! Nébulogène ! hurla l’officier. Les grenades explosèrent et la fumé s’accrocha aux rochers, permettant aux grenadiers de montagne de se replier. Une vingtaine de soldats venaient de retarder une compagnie d’infanterie blindée ennemie en lui causant de lourdes pertes. Cela grâce à un excellent entraînement, mais aussi à un excellent fusil : le Sturmgewehr 57 ou fusil d’assaut 57 (Fass 57).

Le Fusil du citoyen soldat

Ce petit récit est bien sûr purement fictif. Mais en cas de guerre sur le territoire de la Confédération, il est sûr que des faits semblables se produiraient des centaines de fois, brisant le moral des assaillants et le rendant vulnérable aux grosses contre-attaques qui ne manqueraient pas de suivre de telles actions.

L’armée de milice helvétique est la plus importante d’Eu­rope avec 650 000 hommes mobilisables en trois jours et connaissant parfaitement bien le terrain. Même s’il va bientôt être remplacé par une arme plus moderne, le Sturmgewehr 57 est un des artisans principaux de cette politique de défense. Il ne faut pas oublier que la Confé­dération est truffée de sociétés de tir et que déjà, bien avant son service militaire, l’adolescent Suisse est déjà en contact avec les armes à feu et à l’occasion de s’entraîner au sein de sa société de tir régionale prémilitaire. Une fois qu’il a effectué son service militaire, le citoyen suisse garde en permanence chez lui son fusil d’assaut 57 et un chargeur de dix cartouches. Il est de plus astreint certains week-end à des séances de tir obligatoires et, de ce fait, restera toute sa vie lié à son arme,

Du climat subtropical au froid polaire des glaciers

Dans les années cinquante, l’état-major suisse émit un concours pour une arme moderne pouvant tirer en rafa­les et qui pourrait remplacer le mousqueton modèle 31, le fusil mitrailleur et la mitraillette. Ce fut le modèle Fass 57 de la célèbre firme S1G (Schweizerische Industriegeselschaft) de Neuhausen am Rheinfall qui remporta le concours. La S1G avait réussi à produire une arme dotée d’une grande puissance de feu tout en restant simple et maniable comparée au mousqueton. Ces trois conditions ne pouvaient alors être remplies par aucune des autres armes testées, et c’est pourquoi le produit de la SIG fut choisi non sans avoir subi d’éprouvants tests compara­tifs. L’arme fut notamment essayée dans les climats sub­tropicaux des grands lacs de la frontière italienne et dans les froids polaires des grands glaciers qui recouvrent le pays. En 1960, les premiers exemplaires arrivaient dans les écoles de recrues et l’année suivante le Sturmgewehr 57 entrait en service dans les unités,

Le fusil d’assaut 57 est une arme se rechargeant d’elle même par l’effet du recul. Il peut être engagé avec des munitions de 7,5 mm pour les distances jusqu’à 600 m ;

comme arme antichar tirant des grenades performantes à charge creuse à fusil pour les distances jusqu’à 100 m ;

comme mortier tirant des grenades d’acier à fusil et des grenades nébulogènes à fusil jusqu’à 250 m en tir à tra­jectoire tendue et jusqu’à 400 m en tir à trajectoire courbe ;

pour le combat à l’arme blanche.

Les Suisses ont un langage coloré et emploient nébulogène à la place de fumigène, De même, le levier de tir et de sûreté placé sur la poignée pistolet est marquée de trois lettres, à savoir S ; sûreté ou safe, E : Einschusse ou coup par coup et M ; curieusement mitraille pour désigner le tir automatique.

Quoique très longue, l’arme à un aspect classique avec une courte caractéristique, un peu du type MG 34, une boite de culasse, un chargeur lisse de 24 coups et un canon démesuré muni d’une bande ventilée. Un bipied rétractable assure la stabilité de l’arme lors du tir auto­matique. Ne vous fiez cependant pas à cette apparence un peu rétro, c’est une arme des plus redoutables.

A côté de la détente normale, la détente d’hiver est utili­sée pour le tir avec moufles et en particulier lors d’enga­gements des grenades à fusil en trajectoire courbe. Lors­que la détente d’hiver est abaissée, elle actionne la détente au moyen du tenon de détente d’hiver. Lorsqu’un soldat suisse termine sa période annuelle, il rentre chez lui avec son Sturmgewehr, mais doit néan­moins aller régulièrement au stand de tir de sa commune pour s’entraîner. Or, le tir en automatique est interdit sur ces stands. Le constructeur y a pensé et a placé sur la poi­gnée pistolet un petit arrêtoir de tir en rafales mobiles. Dès qu’il va quitter la caserne, le soldat place le coté peint en blanc de cette petite pièce vers l’extérieur du fusil, blo­quant ainsi le dispositif de détente de manière à ce que seul le coup par coup soit possible. Lorsque l’arrêtoir de tir en rafales est engagé du coté noir, le tir automatique est de nouveau possible.

Le dispositif de visée comprend un dioptre et un guidon qui se rabattent et un dispositif de visée pour tir nocturne adaptable. Le dispositif de visée permet de tirer de 100 à 640 m environ.

Le chargeur, comme nous l’avons dit plus haut, contient 24 cartouches de 7,5 mm, une munition très puissante, trop puissante même selon les critères actuels. Chaque soldat suisse emporte avec lui cinq chargeurs. Un char­geur spécial de 6 cartouches propulsives pour grenades à fusil existe. Pour éviter de tragiques méprises, il est peint en blanc et doté d’un système de blocage empê­chant le tir en automatique.

Fonctionnement

Lorsque l’arme est prête au tir, la culasse est fermée et verouillée. Le ressort de fermeture pousse avec sa pointe la came conductrice de la culasse vers l’avant ; la tête de culasse et le coin de la came conductrice sont donc pous­sés l’un dans l’autre et le coin, avec ses surfaces de gui­dage, pousse de côté les deux galets de verrouillage dans les contreforts. Dans cette situation, le chien et le levier de percussion sont tendus.

Le départ du coup s’effectue de la manière suivante : à la suite de la pression sur la détente, le chien est libéré. Sous la pression du ressort de percussion, il frappe le levier de percussion et celui-ci le percuteur, Le percuteur de son côté frappe l’amorce de la cartouche qui fait enfin partir le coup,

Le déverrouillage de la culasse s’effectue de la manière suivante : la pression des gaz provenant de la combus­tion de la poudre pousse d’une part le projectile et agit d’autre part sur la crosse par l’intermédiaire du culot de la douille, de la tête de culasse, des galets de verrouillage et de la boite de culasse. En même temps, la force qui s’exerce sur les galets de verrouillage agit également sur le coin de la came conductrice. Cette dernière glisse en arrière, les galets de verrouillage sortent de leurs contre­forts et la came conductrice tire la tête de culasse en arrière. La culasse ne s’ouvre pas avant que le projectile ait quitté le canon et toute la culasse glisse de ce fait en position arrière.

Pendant le recul de la culasse, l’éjecteur glisse le long de la rainure courbe de guidage. Il est tourné à droite et éjecte la douille. La came conductrice repousse le chien jusqu’à ce qu’il soit engagé à nouveau et le dispositif de détente ainsi que le ressort de fermeture sont tendus. Le ressort du magasin pousse la cartouche suivante devant la tête de culasse.

Pendant la course de la culasse vers l’avant, la cartouche suivante est saisie et poussée dans la chambre. De ce fait, l’index de charge est levé et sort visiblement de la boite de culasse. L’arme est à nouveau prête au tir.

Démontage de campagne

En Suisse, patrie de la propreté, les armes sont huilée et nettoyée de manière parfaite, et pour cela, il faut bien sûr démonter son Sturmgewehr 57. On commence par retirer le chargeur et la bretelle après s’être assuré que la cham­bre ne contenait plus de cartouche. Il faut ensuite enle­ver la crosse en pressant sur la sûreté de crosse et en tour­nant à gauche. La culasse sort tout de suite en la tirant vers l’arrière. On enlève ensuite la poignée de charge. La culasse sortie, avec la pointe de ressort de fermeture, on sort la goupille de la tète de culasse et on sépare la tète de culasse de la came conductrice. Il ne reste plus qu’à enlever le dispositif de détente en pressant des deux côtés l’axe de la boite de détente, Une fois chaque pièce bien nettoyée, on peut aller avec ses amis du stand de tir savourer une bonne fondue arrosée du fendant toujours exceptionnel.

Le remontage se fait bien sûr dans l’ordre inverse. Le fusil d’assaut 57 tire une cartouche de 7,5 mm pour fusil pesant 26,8 g. Cette cartouche très puissante perce 60 cm de bois de sapin à 5 m et 55 cm à 1200 m, Il existe également une cartouche propulsive 44 pour le tir de gre­nades, une cartouche lumineuse (traçante), une cartou­che de marquage (à blanc) et une cartouche de manipu­lation pour l’instruction.

Les grenades à fusil

L’armée suisse met un accent bien particulier sur le tir de grenades à fusil. Cette mini artillerie du fantassin peut dans un contexte bien particulier être utile. Il sera très difficile de détruire un char moderne avec ce type d’arme, mais pour l’équipage d’un char touché par une grenade à fusil, l’effet psychologique peut être désastreux et entraîner une perte de combativité. De plus, contre de l’in­fanterie à couvert encore la grenade à tir courbe demeure l’arme idéale.

Quatre types de grenades sont employés avec le Sturmgewehr 57 ; la grenade perforante à charge creuse 58 à fusil (antichar) ; la grenade d’acier 58 à fusil qui, lors de l’explosion, envoie, dans un rayon de 15 m au moins, deux éclats dangereux par m2 et dont le souffle est mortel dans un rayon de 4 m ; la grenade nébulogène 58 qui permet de couvrir un objectif ou un chemin de repli d’un brouil­lard artificiel pendant quelques minutes ; la grenade d’exercice 58 à fusil pour l’entraînement.

Une lunette permettant le tir jusqu’à 800 m et une lunette de nuit à infrarouge peuvent également être montées sur le fusil d’assaut 57.

Sur le terrain, défaut et qualité

Pour le terrain montagneux permettant des engagements à longue distance, le Sturmgewehr 57 était une arme par­faite. La précision est assurée à six cent mètres et la puis­sante munition traverse facilement un tronc de sapin. Une robustesse à toute épreuve lui permettait de supporter les chocs de la vie militaire. Mais cette arme exceptionnelle est très lourde (le Sturmgewehr 57 est le fusil le plus lourd du monde en service) et très encombrant. Il est difficile à caser dans un véhicule et sa longueur rend les prises de position et le tir difficiles. Le recul est relativement important, et quand on a dans les mains un Sturmgewehr, on peut dire qu’on a un réel  » fusil ». Cependant, à l’heure actuelle, de nouvelles techniques de construction et de nouveaux matériaux permettent la fabrication d’armes plus légères disposant de grandes capacités de tir. De plus les calibres se sont réduits et tous les pays essaient d’exporter leurs produits.

Techniquement, il n’y aurait pas de raison de remplacer le Fass 57. La précision de l’arme et l’efficacité de la car­touche satisfont pleinement aux exigences actuelles, Mais chaque Sturmgewehr 57 a déjà subi deux révisions tech­niques, ce qui est un maximum pour une arme de cette catégorie, Plus de 600 000 Sturmgewehr 57 furent cons­truits entre 1957 et 1983.

Exportation

La firme entreprit également la fabrication d’un Sturm­gewehr 57 en un calibre 7,62 OTAN plus vendable que le 7,5 Suisse. Cette arme baptisée SG 510-4 légèrement modifiée fut adoptée par les armées chilienne et aussi bolivienne.

Aussi, malgré toutes ces qualités, le Sturmgewehr 57 devrait être remplacé prochainement par le fusil d’assaut 90 en calibre 5,56 mm. Mais pendant quelques années, encore le fusil d’assaut 57 garnira les cheminées des citoyens soldats Helvétiques.

 

Données techniques

Arme et munition

Calibre : 7,5 mm (tolérance : + 0,05 mm)

Longueur du canon, y compris le tromblon : 690 mm

Longueur de la partie rayée du canon : 520 mm

Nombre de rayures : 4

Longueur du pas des rayures : 270 mm

Longueur de la ligne de visée : 635 mm

Longueur de l’arme sans baïonnette : 1100 mm

Longueur de l’arme avec baïonnette : 1300 mm

 

Cadence de tir

Tir coup par coup : jusqu’à 10 coups/mn

Tir coup par coup rapide : jusqu’à 60 coups/mn

Tir en rafales (cadence technique) : 450-600 coups/min

 

Grenades 58 à fusil, tir à trajectoire courbe : jusqu’à 3 coups/mn

 

Grenades 58 à fusil, tir à trajectoire tendue : jusqu’à 5 coups/mn

 

Poids

Arme complète, sans magasin : 5,700 kg

Magasin pour munition de 7,5 mm, vide : 0,250 kg

Magasin pour munition de 7,5 mm, rempli de 24 cart. : 0,900 kg

Gaine, vide : 0,800 kg

Gaine avec 4 magasins (96 cartouches) : 4,400 kg

Magasin blanc pour cartouches propulsives 44 pour fusil, vide : 0,230 kg

Magasin blanc pour cartouches propulsives 44 pour fusil, avec 6 cartouches : 0,325 kg

 

Munition de 7,5 mm

Vitesse initiale (Vo) : 750 m/s

Pression maximum des gaz : 3300 atm

 

Grenades 58 à fusil

Poids : 1,160 kg

Vitesse initiale (Vo) :  sans charge propulsive additionnelle : env. 35 m/s

avec charge propulsive additionnelle : env. 70 m/s

Portée maximum de tir en trajectoire courbe :

sans charge propulsive additionnelle : 125 m

avec charge propulsive additionnelle : 400 m

Les mousquetons Vetterli du corps des gardes frontière (Suisse)

En 1867 sort le fusil Winchester, arme à répétition avec un transporteur manœuvré par une suite de leviers, soit double genouillère.

Vetterli, sous-directeur de la jeune fabrique d’arme SIG à Neuhausen, cherchait une solution pour son fusil à répétition dérivé de la Winchester. Un jour, il arrive au bureau en criant : « Eureka, j’ai trouvé la solution pour le fusil à répétition ! » Et, ouvrant le pouce et l’index, fermant les autres doigts, il forme une équerre comme pour une sonnette. Il presse sur le pouce, l’index se relève : « C’est cette branche qui élèvera le transporteur ». L’invention était faite, mais il fallait la mettre au point. Un ouvrier fort intelligent et habile, fournit un précieux secours.

Une fois l’arme terminée, tout le monde voulut la voir partout en Suisse. A Lausanne, à une réunion des officiers, M. Burnand, le directeur de SIG, fit une démonstration de cette arme. Le seul contradicteur fut le colonel Delarageaz qui ne voulait rien de ce « Crain cra » de mouvement. Ce fusil d’essai Vetterli a un chien, le transporteur est manœuvré par un levier coudé actionné par le cylindre. La double genouillère de la Winchester est supprimée, remplacée par une noix mobile autour du cylindre munis de trois tenons d’arrêt et d’une poupée ; le chien a un échappement. Sur ce modèle, la baguette de nettoyage est encastrée sur le côté gauche. Pour armer ce fusil, il allait une certaine force. Il a été modifié en 1869, la chaînette a été supprimée ainsi que le grand ressort ; ils ont été remplacés par un ressort en spirale qui entoure le cylindre et agit directement sur les ailettes.

Il y eut du retard dans les premières livraisons, retard provenant d’erreurs et de malentendus du fait que l’élaboration des instructions et des modèles a été faite par la Maison d’Erlach de Thoune, constructeur, et non par l’inventeur, d’où conflits, divergences et retard.

C’est en 1848 que les douanes sont devenues fédérales. Jusqu’à cette époque, ce service était exercé par les cantons. Le corps des gardes frontière, qui dépend du département militaire fédéral, a été créé à cette date. Il est, avec le corps des instructeurs militaires, les gendarmeries cantonales, la seule armée permanente de Suisse. Le garde frontière que l’on voit en uniforme, a été doté, par l’administration fédérale des douanes à Berne, d’un mousqueton, modèle différent de celui des dragons.

 

 

Désignations de l’arme

Mousqueton à répétition, construit en 1869 et 1871.

Constructeur : Friedrich Vetterli

Fabriqué par :  Waffenfabrik Bern (Fabrique fédérale d’armes, Berne)

Longueur de l’arme :  946 mm, longueur du canon, 486 mm

Poids de l’arme :  3,900 kg

Nombre de rayures :  4, direction du pas : à droite, inclinaison des rayures : 660 mm

Hausse à quadrant, modèle 1869-71, élévation maximum 1350 m, minimum 225 m. Guidon sur l’embouchoir ; nombre d’anneaux : 1 plus l’embouchoir, en fer. Plaque de couche incurvée en fer, tenue par deux vis.

Tringle de nettoyage en acier.

Crosse et fût en deux parties, noyer du pays.

Genre de culasse :  Tournante avec cylindre tendeur automatique.

Calibre : 10,4 mm. Percussion annulaire, percuteur en fourche.

Magasin tubulaire sous le canon, capacité 6 cartouches + 1 dans la chambre.

Cadence en 1 minute avec le magasin : 21 coups

Vitesse du projectile : Vo 375 m/sec.

N° de l’arme : 144 145. Ce mousqueton n’a pas de baïonnette.

Cartouche :  Douille en tombac (94% cuivre, 6% zinc), balle à extension en plomb, poids 20,2 g, 3,65 g poudre noire, grain de diamètre 1 mm

Cette arme, contrairement aux différents modèles de Vetterli, n’a pas de canaux pour les gaz, mais est dotée d’un fermoir de magasin. Toute la construction de l’arme est semblable au fusil Vetterli 1869-71. La numérotation est à 6 chiffres mais la numérotation ne suit pas. La transformation de cette arme aurait été effectuée par l’arsenal cantonal bernois, mais aucune archive n’indique le nombre des mousquetons construits.

En 1878, un nouveau modèle de mousqueton à répétition a été construit pour le corps des gardes frontière.

 

Désignation de l’arme

Mousqueton à répétition, modèle 1878 pour le corps des gardes frontière.

Constructeur : Friedrich Vetterli

Fabricant : Waffenfabrik Bern (Fabrique fédérale d’armes, Berne)

Longueur de l’arme, sans la baïonnette :  945 mm, longueur du canon : 485 mm

Poids de l’arme sans la baïonnette :  3,300 kg

Nombre de rayures : 4, pas à droite, inclinaison 550 mm

Hausse, système Schmidt, élévation maximum 600 mm, minimum 225 m

Guidon sur porte guidon massif, brasé sur le canon.

Un anneau et un embouchoir en fer.

Plaque de couche incurvée en fer, tenue par deux vis.

Tringle de nettoyage en acier.

N° de l’arme :  270

Magasin tubulaire, capacité 5 cartouches + 1 dans la chambre.

Nombre d’armes construites :  400, numérotées de 1 à 400

Munition :  ordonnance 1878, douille en tombac, balle en plomb expansive, poids 20,2 g, poudre noire 3,65 g.

Vitesse du projectile :  408 m/sec.

Ce modèle est doté d’une baïonnette-sabre sans la scie, lame de 470 mm, longueur totale 587 mm ; l’embouchoir a le porte baïonnette à droite.

Mais surprise, il a été constaté que les mousquetons numérotés de 1 à 200 sont 15 mm plus courts soit :

Longueur de l’arme : 930 mm (au lieu de 945 mm)

Longueur du canon :  470 mm (au lieu de 485 mm)

Le vieil arsenal de Soleure (musée d’armes cantonal) possède plusieurs mousquetons numérotés en dessous de 200 dont la longueur est aussi de 930 mm.

 

  1. Pellaton (1981)

Les armes du système Schmidt-Rubin (Suisse)

Le fusil M 1889

Le fusil M 1889 fut le premier de la longue série des armes du système SCHMIDT-RUBIN. Le nombre d’exemplaires produits s’élève à 212’000. Il se caractérise par toute une série de points originaux, que l’on ne retrouve pas souvent sur les armes étrangères.

Il s’agit tout d’abord d’une arme à action rectiligne, c’est-à-dire que le tireur n’a qu’à tirer sur la poignée de charge pour actionner la culasse, et à la repousser pour recharger l’arme. Une rainure en spirale permet de faire tourner la douille de fermeture, dont les tenons sont situés très à l’arrière de la culasse.

Ce système d’action directe de la culasse était considéré comme supérieur au système plus classique où il faut faire pivoter la culasse à l’aide du levier, car il ne comporte que deux mouvements au lieu de quatre, et le chargement est donc plus rapide. Cet avantage est essentiellement théorique, car il exige une force plus grande pour l’extraction de l’étui, surtout si l’arme a été contaminée par de la boue. Mais à l’époque la guerre des tranchées était encore loin. Des systèmes à action rectiligne furent adoptés par l’Autriche-Hongrie (MANNLICHER), LES us Marines (LEE) et le Canada (ROSS). Le fusil américain Lee ne connut qu’une très brève vie car son très petit calibre (6mm) était mal adapté aux poudres de l’époque ; les armes canadiennes furent très rapidement retirées du service car la boue des tranchées les bloquait trop facilement, et seuls les Austro-Hongrois les utilisèrent durant toute la Grande Guerre. Les fusils suisses n’eurent pas à connaître l’épreuve du feu, mais on peut penser qu’ils auraient bien passé le test, car comparés aux armes étrangères mentionnées ci-dessus ils présentent deux avantages décisifs : d’une part la culasse se laisse démonter et nettoyer très facilement, et d’autre part le gros diamètre de sa douille de fermeture offre un bras de levier nettement supérieur à ce qui existe dans le ROSS et le MANNLICHER, permettant ainsi une rotation plus facile des tenons de verrouillage, ainsi qu’une bonne extraction primaire de l’étui de la cartouche.

Le système de sécurité est lui aussi remarquable, consistant en un gros anneau à l’arrière du percuteur qui permet de le retirer facilement en arrière avec le doigt, et de l’assurer en le tournant de 90°. Le maniement est aisé, et ce dispositif très visible permet d’éviter bien des accidents.

Le colonel SCHMIDT se tenant très au courant des différents développements étrangers, il choisit un magasin ressemblant à celui inventé par l’Américain J.P. LEE. Il s’agit ici d’une boîte amovible protubérante pouvant contenir 12 coups, c’est-à-dire la capacité du fusil Vetterli jusqu’alors en usage. Un levier interrupteur permet de mettre le magasin hors service, car les  conceptions tactiques de l’époque étaient que le tir à répétition ne devait intervenir que dans les cas d’urgence, pour repousser un assaut par exemple. Pour le tir ordinaire on chargeait coup par coup. Cette idée venait du fait que les premières armes à répétition comme le Vetterli ou la Winchester étaient dotées d’un magasin tubulaire très lent à recharger. Cela n’était plus nécessaire avec l’invention du chargement en paquet, qui permettait de regarnir le magasin de plusieurs cartouches à la fois aussi vite que si l’on chargeait un coup isolé. Bien que le M 1889 soit doté de cette capacité, les cartouches étant introduites à l’aide d’un chargeur de 6 coups en carton renforcé, l’interrupteur fut considéré comme nécessaire. L’usage allait démontrer qu’il était plus gênant qu’utile, l’interruption pouvant être actionnée par mégarde. On dota ainsi plus tard toutes les armes en service d’un petit dispositif en tôle qui bloque le levier en position répétition.

Par rapport aux armes étrangères le M 1889 présente le défaut d’être un peu plus lourd (tare qui caractérisera tout l’armement suisse jusqu’à l’adoption du fusil d’assaut 90), et sa culasse est démesurément longue. Avec ses tenons placés très à l’arrière elle a tendance à vibrer, ce qui nuit à la précision. Elle manque aussi de résistance, ce qui l’empêche de tirer une munition à forte pression. Ainsi il est absolument déconseillé de tirer avec un M 1889 la munition actuelle (GP++), car on risque l’accident.

Le fusil M 1889/96

On se rendit très vite compte de cette faiblesse, et l’on comprit qu’il fallait ramener les tenons de verrouillage plus à l’avant. Curieusement Rudolf SCHMIDT déclara que c’était impossible, et c’est un autre ingénieur, le contrôleur VOGERSANG, qui réalisa la transformation. L’arme qui en résulta fut le fusil M 1889/96, fabriqué à 137’000 exemplaires.

Avec le tournant du siècle, de nouveaux progrès furent réalisés dans le domaine des munitions : la France adopta une balle pointue, dite balle D, en 1898, et fut suivie par l’Allemagne qui fit de même en 1905. Un poids plus léger et un meilleur aérodynamisme permettaient une plus grande vitesse initiale, une plus longue portée et, ce qu’on ne découvrit que plus tard, un plus grand effet vulnérant.

La supériorité de ces munitions étrangères amena la Suisse à se pencher sur le problème, et en 1908 une nouvelle cartouche fut présentée. Elle allait être adoptée sous sa forme définitive en 1911, et est encore en usage dans notre armée, maintenant seulement pour les mitrailleuses, vu le retrait du fusil d’assaut 57.

La bonne solidité de la culasse du M1889/96 permit d’envisager la transformation de ces fusils pour la nouvelle munition. ON obtint ainsi le fusil M 1896/11. 135’000 fusils furent ainsi transformés.

La transformation consista, outre le remplacement du canon et de la hausse, en l’adoption d’un magasin à 6 coups, qui ne dépasse pratiquement plus sous le fût, ainsi que par l’ajout d’une pièce de bois sous l’avant de la crosse, lui donnant une forme de poignée de pistolet facilitant la tenue de l’arme et ainsi la précision.

Le fusil et le mousqueton M 1911

 Le modèle 1911, construit à 127’000 exemplaires pour les fusils d’infanterie, et plus de 185’000 pour les mousquetons, est une fabrication neuve incorpo9rant les transformations mises en œuvre sur le M 1889/96. La poignée de pistolet n’est plus rapportée, mais directement taillée dans la masse lors de la fabrication de la crosse.

La longueur du canon du fusil d’infanterie représentait l’optimum balistique possible pour la cartouche 1911. Les dimensions de cette arme correspondaient à ce qui était alors en usage dans les différentes armées étrangères.

Certaines armes, à commencer par la cavalerie, ne pouvaient s’accommoder d’un fusil aussi long. Ne pouvant obtenir une version raccourcie du fusil M 1889 la cavalerie fut dotée en 1893 d’une carabine du système autrichien MANN LICHER, qui ne donna pas satisfaction. On s’efforça donc de mettre au point une arme courte du système M 1896, qui fut adoptée en 1905. Avec l’adoption de la cartouche 1911 ce fut le mousqueton correspondant qui fut donné à la cavalerie, ainsi qu’^à l’artillerie, au génie, cyclistes, motocyclistes et mitrailleurs.

Le mousqueton M 1931

 L’avantage d’une arme courte dans le combat moderne avait été démontré durant la Grande Guerre. Hélas le mousqueton M 1911 était moins précis que le fusil, ce qui a son importance dans un pays pratiquent autant le tir sportif. Il n’était donc pas pensable d’en doter toute l’armée.

Fort heureusement, en étudiant notamment des modifications permettant d’en simplifier la fabrication et donc d’en diminuer les coûts, les ingénieurs de la fabrique fédérale d’armes réussirent à concevoir une modification radicale de la culasse, qui, si elle en gardait les principes généraux, n’en était pas moins révolutionnaire : les tenons de verrouillage furent placés tout à l’avant de la douille de fermeture, qui enveloppe désormais la culasse sur pratiquement toute sa longueur.

Le magasin est maintenant directement plaqué contre le pontet de sous-garde, et ce raccourcissement de la culasse permet un allongement correspondant du canon, lui donnant des caractéristiques balistiques identiques au fusil 1911.

Ce mousqueton fut larme personnelle du soldat suisse durant la deuxième guerre mondiale et jusqu’à l’adoption du fusil d’assaut 57. Il fit largement ses preuves, et connaît encore une certaine popularité auprès des tireurs.

Il fut aussi adopté par les forces de gendarmerie, et arma la garde pontificale.

Le mousqueton à lunette M 1931/55

 La seconde guerre mondiale mit en évidence le rôle que pouvaient jouer les tireurs d’élite. S’inspirant des exemples étrangers, notre armée s’équipa dans un premier temps de mousqueton M 1931 auxquels on vissa latéralement à la boîte de culasse une petite lunette de visée. Ces solutions ne se révélèrent pas satisfaisantes et finalement il fut décidé de créer une arme entièrement nouvelle, uniquement destinée à cette mission. Le mousqueton à lunette M 1931/55 représente ainsi l’ultime évolution du système SCHMIDT-RUBIN.

La Culasse est celle du M 1931, modifiée de manière à s’adapter à la nouvelle boîte de culasse, qui diffère de celle du mousqueton standard par son inclinaison, permettant ainsi de placer le paquet de cartouches dans l’ouverture supérieure lorsque la lunette est fixée sur l’arme.

Avec son bipied, son frein de bouche et sa crosse ergonomique, ainsi qu’un canon épais lui assurant une grande précision, ce fusil constituait une arme redoutable entre les mains d’un tireur entraîné.

Tiré du mensuel de la Société Militaire de Genève 2/2004

Coupole d’Helfaut-Wizernes – Base lancement V2 – Atlantikwall

La coupole d’Helfaut-Wizernes est un bunker de la Seconde Guerre mondiale situé dans la commune d’Helfaut dans le département français du Pas-de-Calais. De noms de code Bauvorhaben 21 et Schotterwerk Nordwest, il fut construit par l’Allemagne nazie entre 1943 et 1944 pour servir de base de lancement pour les fusées V2 visant Londres et le Sud de l’Angleterre.

La structure la plus importante de ce complexe, construit dans une ancienne carrière de craie, est un immense dôme de béton d’où est issu son nom moderne. Cette coupole fut bâtie au-dessus d’un réseau de tunnels, d’entrepôts, d’installations de lancement et de casernes. Le complexe était conçu pour abriter un grand arsenal de fusées, de carburant et de munitions et devait permettre de lancer des V2 à une cadence industrielle. Il était prévu que des dizaines de missiles seraient tirés chaque jour contre le Sud de l’Angleterre.

Néanmoins les intenses bombardements alliés dans le cadre de l’opération Crossbow empêchèrent les Allemands de terminer les travaux et le complexe n’entra jamais en service. Il fut capturé par les Alliés en septembre 1944, partiellement démoli sur ordre de Winston Churchill pour empêcher sa réutilisation comme base militaire, puis abandonné. Le site resta délaissé jusqu’au milieu des années 1990. En 1997, il fut transformé en musée et ouvert au public. Les expositions dans les tunnels et sous le dôme sont centrées autour de trois axes : l’occupation dans le Nord-Pas-de-Calais, les missiles allemands et l’histoire du vol spatial.

Contexte

La fusée V2 était l’une des nombreuses armes originales développées par les Allemands à la suite de l’échec de la Luftwaffe à remporter une victoire décisive contre le Royaume-Uni. En tant que premier missile balistique à longue portée au monde, il s’agissait d’une arme révolutionnaire dont le développement avait commencé en 1936. Les dirigeants nazis espéraient qu’un déluge de fusées contre Londres forcerait la Grande-Bretagne à négocier la paix[2]. Même si Adolf Hitler était initialement partagé sur cette approche, il devint un partisan enthousiaste du programme V2 quand les bombardements alliés commencèrent à ravager les villes allemandes[].

Le missile de 12,5 t et haut de 14 m sur son pas de tir était propulsé par la combustion d’oxygène liquide et de méthanol[]. Le déploiement de V2 à grande échelle nécessitait bien plus d’oxygène liquide que ce que produisaient les usines situées en Allemagne et dans les pays occupés. De nouvelles sources étaient nécessaires à proximité des sites de lancement pour réduire au maximum les pertes lors du transport. La portée du missile étant de 320 km, les sites de lancements devaient se trouver à proximité des côtes de la Manche ou du Sud de la mer du Nord donc dans le Nord de la France, la Belgique ou l’Ouest des Pays-Bas[].

Du fait de la complexité du missile et du besoin de nombreux tests avant le lancement, les concepteurs de la V2 au centre de recherche de Peenemünde privilégièrent la création de sites très fortifiés où les fusées pourraient être entreposées, armées et ravitaillées avec une usine de production d’oxygène liquide présente sur place. L’état-major allemand et le responsable du programme balistique, le major-général Walter Dornberger, firent cependant remarquer que ces sites seraient des cibles faciles pour les avions alliés et privilégiaient l’emploi de Meillerwagen , des batteries de lancements mobiles bien plus difficiles à repérer[].

La décision fut finalement prise par Adolf Hitler qui affichait de longue date une préférence pour les constructions imposantes et grandioses sur le modèle des bases sous-marines, virtuellement indestructibles, réalisées pour abriter la flotte des U-Boote allemands. En mars 1943[], il ordonna la construction d’un immense bunker (aujourd’hui appelé « blockhaus d’Éperlecques ») dans la forêt d’Éperlecques près de Watten. Le bâtiment fut rapidement repéré par les appareils de reconnaissance alliés et, le 27 août 1943, un raid de 187 B-17 endommagea le complexe avant son achèvement. Une partie fut réutilisée par les Allemands pour produire de l’oxygène liquide[].

Emplacement

L’attaque réussie contre le bunker de Watten força les Allemands à trouver un nouvel emplacement à proximité. Ils avaient déjà pris possession d’une ancienne carrière située entre les villages d’Helfaut et de Wizernes au sud-ouest de Saint-Omer et à environ 12 km au sud du bunker de Watten près du fleuve Aa. Le lieu se trouvait également le long de la ligne de chemin de fer de Boulogne-sur-Mer à Saint-Omer, à environ 1 km de la gare de Wizernes. La carrière fut choisie pour servir de lieu de stockage des fusées qui seraient entreposées dans les tunnels creusés dans la colline crayeuse avant leur transport vers le site de lancement[]. Les Allemands entreprirent d’importants travaux en août 1943 pour poser les rails entre la carrière et la voie ferrée principale[]. Les Allemands donnèrent deux noms de code au projet : Bauvorhaben 21 (« Projet de construction 21 ») et Schotterwerk Nordwest (« Gravière du Nord-Ouest »)[].

Le 30 septembre 1943, Hitler rencontra Albert Speer, le ministre de l’armement et Franz Xaver Dorsch, l’ingénieur en chef de l’organisation Todt, pour discuter de la création d’un nouveau site après la destruction de celui de Watten. Dorsch proposa de transformer le dépôt de Wizernes en un vaste complexe souterrain à l’épreuve des bombes qui demanderait un million de tonnes de béton. Le site serait composé d’un réseau de 7 km de tunnels creusés dans les flancs de la carrière abritant des ateliers, des entrepôts, des générateurs, des casernes et une usine de production d’oxygène liquide. Un dôme de béton de 71 m de diamètre, de 5 m d’épaisseur et de 55 000 t serait construit au-dessus du centre de l’installation pour la protéger des bombardements alliés.[

]Conception

Une voie ferrée d’écartement normal, de nom de code Ida, devait constituer une déviation de la voie principale pour permettre aux trains de traverser le complexe sans devoir reculer ou faire demi-tour. Les fusées et le ravitaillement déchargés du train seraient transportés par des chariots dans les galeries adjacentes Mathilde et Hugo. Hugo était connecté à son extrémité à Sophie, un cul-de-sac ferroviaire relié à Ida. Chacune de ces galeries principales possédait plusieurs tunnels adjacents, sans nom, de même taille dont la longueur pouvait atteindre 90 m. La structure principale du complexe était une grande salle hexagonale située directement sous la coupole et qui devait servir à préparer la fusée au lancement. Elle ne fut jamais achevée mais aurait mesuré 41 m de diamètre et 33 m de haut. Environ dix niveaux intermédiaires devaient être construits dans les flancs de cette salle.

Le coté occidental de la salle donnait sur deux hauts corridors appelés Gustav et Gretchen. Chacun devait être protégé par des portes en béton et en acier à l’épreuve des bombes. Ces tunnels mesuraient 4 m de large et 17 m de haut et débouchaient dans la carrière. Des plates-formes de lancement pour les fusées devaient être construites à l’extrémité de chaque corridor. Les deux tunnels étaient orientés respectivement à 64° 50′ et 99° 50′ ouest pour que les pas de tir soient suffisamment éloignés les uns des autres[].

Le complexe était conçu, comme son prédécesseur à Watten, pour accueillir, préparer et lancer les V2 à une échelle industrielle. Les trains transportant les V2 entreraient dans le cœur du site via la voie ferrée Ida, où ils seraient déchargés. Un grand nombre de V2 pouvaient être entreposés dans les tunnels et l’oxygène devait être produit sur place. Les missiles seraient ensuite déplacés dans la salle de préparation où ils seraient positionnés à la verticale, armés et approvisionnés en carburant. Les fusées seraient ensuite transportées par des chariots ferroviaires jusqu’au pas de tir via les tunnels Gustav et Gretchen[].

La cible principale des V2 était Londres, située à 188 km. Les Allemands envisageaient de tirer des dizaines de missiles chaque jour contre le Sud de l’Angleterre[]. Les Alliés furent alarmés par la taille du site qui pouvait accueillir des fusées deux fois plus grandes que la V2 comme le projet de missile balistique intercontinental A10[].

Bien que physiquement séparé, un autre complexe construit près de Roquetoire faisait partie intégrante du site de Wizernes. Umspannwerk C fut construit pour abriter une station de guidage radio devant être utilisée pour corriger la trajectoire des missiles lancés depuis Wizernes[].

Construction

Les Alliés repérèrent les activités de construction à Wizernes au mois d’août 1943 lorsque les Allemands commencèrent à construire une voie ferrée et les installations de déchargement dans l’ancienne carrière[]. Les travaux s’accélèrent après qu’Hitler eut décidé de transformer le dépôt en site de lancement. Les constructions du dôme et des tunnels commencèrent respectivement en novembre et en décembre 1943[]. Au début du mois de janvier, les appareils de reconnaissance alliés repérèrent un système de camouflage élaboré au sommet de la colline pour dissimuler la coupole[]. Le rythme de construction fut handicapé par les constantes alertes aériennes qui arrêtèrent le travail 229 fois pour le seul mois de mai 1944. Le nombre de travailleurs passa de 1 100 en avril à 1 400 en juin[]. Environ 60 % des ouvriers étaient des travailleurs qualifiés allemands ; des mineurs de Westphalie furent par exemple recrutés pour creuser les tunnels et bâtir le dôme[]. Le reste se composait essentiellement de Français enrôlés dans le service du travail obligatoire (STO) et de prisonniers de guerre soviétiques[]. Le projet était supervisé par plusieurs grandes sociétés de construction allemandes ; Philip Holzman A.G. de Francfort-sur-le-Main et la Grossdeutsche Schachtbau and Tierbohr GmbH étaient les principaux entrepreneurs[].

L’un des plus grands défis était de construire le dôme malgré les attaques aériennes régulières. Le concepteur de la coupole, l’ingénieur Werner Flos de l’Organisation Todt, décida de construire le dôme en premier sur le sol puis d’excaver le volume en dessous afin de protéger les travaux des bombardements. Une tranchée circulaire d’un diamètre de 84 m fut creusée au sommet de la colline surplombant la carrière. La coupole fut construite à partir de cette tranchée et les tunnels et la salle de préparation furent excavés en dessous[][].

Pour renforcer la résistance du complexe, le dôme fut surmonté d’une couche de béton armé appelée Zerschellerplatte large de 14 m et épaisse de 2 m au-dessus des tunnels Gustav et Gretchen. Cette couche n’était pas liée au dôme et reposait sur une série de contreforts. Une autre structure bétonnée située au nord-ouest du dôme devait peut-être servir de poste d’observation et de tour de contrôle. Un second complexe souterrain fut construit sur le flanc occidental de la carrière pour servir d’hôpital et accueillir les bureaux des ingénieurs[]. Une voie ferrée étroite de type Decauville fut installée au fond de la carrière pour acheminer le matériel depuis la voie ferrée principale jusqu’au site de construction[].

Un bâtiment en béton de forme carrée fut construit au sommet de la colline à côté du dôme. Il devait servir de bouche d’aération à l’épreuve des bombes et était un élément essentiel d’un complexe où des gaz dangereux et explosifs devaient être utilisés en grande quantité. Il ne fut jamais achevé et les Alliés découvrirent que le puits de ventilation n’avait pas été entièrement excavé. Le bâtiment ne fut pas touché par les bombes[] et est toujours visible en 2012.

À la différence du site de Watten, il n’y avait pas de centrale électrique sur le site. L’énergie nécessaire au complexe de Wizernes était fournie par une connexion au réseau électrique et sa consommation était estimée entre 5 000 et 6 000 kVA[].

Destruction par les Alliés

Les Alliés repérèrent le site de Wizernes dès août 1943[] et en novembre, l’unité de reconnaissance aérienne alliée rapporta que les Allemands avaient commencé la construction du dôme et réalisaient des travaux d’excavation dans la face orientale de la carrière. Ce n’est cependant qu’en mars 1944 que les Alliés ajoutèrent le site de Wizernes à la liste des cibles de l’opération Crossbow, la campagne de bombardement des sites de lancement des V1 et des V2 qui avait déjà détruit le site de Watten. Au cours des mois qui suivirent, l’USAAF et la RAF menèrent 16 raids impliquant 811 bombardiers qui larguèrent 4 260 t de bombes[]. Les bombardements touchèrent une large zone et tuèrent 55 habitants du village voisin d’Helfault[].

Le dôme ne fut touché que par une seule bombe lors de ces raids et les dégâts furent négligeables. En juin et juillet 1944, la RAF commença cependant à attaquer le site avec des bombes pénétrantes Tallboy de 5 443 kg[]. Les travaux de construction extérieurs furent anéantis par les bombes et une Tallboy explosa juste à côté du dôme pulvérisant tout le flanc de la carrière et ensevelissant les entrées des tunnels Gustav et Gretchen. L’entrée de Sophie fut également bloquée, laissant Ida comme seule entrée utilisable. La coupole en sortit indemne mais les contreforts soutenant la Zerschellerplatte furent touchés et glissèrent en partie dans la carrière. Les tunnels sous le dôme furent également sévèrement endommagés et les dégâts empêchèrent la poursuite des travaux. Le major-général Walter Dornberger se lamenta que « les attaques aériennes persistantes avec des bombes lourdes et super-lourdes avaient tellement labouré le sol que les glissements de terrain consécutifs avaient empêché tous nouveaux travaux au printemps 1944[] ». Son équipe rapporta le 28 juillet 1944 que, même si le dôme n’avait pas été touché par les Tallboys, « l’ensemble de la zone alentour avait été tellement défoncé qu’il était inaccessible et que les dégâts aux fondations mettaient en péril le bunker[]».

Bien que trois bataillons de lancements aient été formés par les Allemands à la fin de l’année 1943[], ils ne furent jamais déployés sur les sites de tir de Watten et de Wizernes. Le 3 juillet 1944, l’Oberkommando der Wehrmacht autorisa l’arrêt des constructions sur les sites sévèrement endommagés. Le 18 juillet 1944, Hitler abandonna les plans de lancement de V2 depuis des bunkers[] et autorisa la transformation du bunker de Wizernes en usine de production d’oxygène liquide[]. Les débarquements en Normandie entraînèrent l’annulation de ces projets et le site fut finalement abandonné quelques jours avant l’arrivée des Alliés au début du mois de septembre[]. Des ingénieurs britanniques inspectèrent le complexe le 5 septembre[].

Après-guerre

Peu après la capture du site de Wizernes en septembre 1944, Duncan Sandys, le directeur du Crossbow Committee britannique enquêtant sur le programme balistique allemand, ordonna la formation d’une mission d’enquête menée par le colonel Terence Sanders. Il reçut la tâche d’étudier les sites de Mimoyecques, de Siracourt, de Watten et de Wizernes. Le rapport de Sanders fut transmis au cabinet de guerre le 19 mars 1945[].

La raison d’être du complexe de Wizernes était relativement inconnue des Alliés avant sa capture mais Sanders supposa qu’il avait un lien avec les V2 d’après les dimensions du site et les quelques renseignements rassemblés. Le rapport de Sanders concluait qu’il s’agissait « d’un site d’assemblage pour des projectiles longs manipulés et transportés à la verticale ». Il évalua la taille approximative des projectiles d’après la hauteur des tunnels Gustav et Gretchen, même s’il faisait remarquer que la hauteur des portes à l’entrée des tunnels était incertaine. Des segments de portes furent retrouvés sur un site de stockage près de la gare de Watten. Suivant la taille des tunnels, les dimensions maximales des missiles étaient entre 17 et 24 m en longueur et 4 m en largeur[]. Cela était bien plus grand que la V2 qui mesurait 14 m de haut et 3,55 m de large. Deux témoins interrogés par Sanders rapportèrent qu’ils avaient « l’intention de tirer un projectile de 18 m de long[] ». Sanders nota que « les dimensions du site le rendait utilisable pour la fusée V2 mais la possibilité d’utiliser une nouvelle fusée une fois et demie plus longue et deux fois plus lourde n’était pas à exclure[] ». Il conclut en affirmant que la plus grande partie du site devenait dangereuse du fait de l’effondrement progressif des poutres de support et recommanda la destruction des tunnels et des salles sous le dôme pour éviter des accidents[].

Le site fut rendu à son propriétaire privé après la guerre. Comme la carrière était épuisée depuis longtemps, le complexe fut abandonné[]. Les tunnels ne furent pas détruits mais bouchés même s’ils furent rouverts par les habitants de la région. La salle centrale resta cependant fermée par des barricades. La carrière resta plus ou moins dans le même état qu’en 1944 avec des portions de rails toujours en place. La partie formant l’hôpital resta relativement intacte et fut utilisée comme champ de tir par les gendarmes[].

Musée de La Coupole

En 1986, l’Espace naturel régional de Lille accorda 10 millions de francs à un projet de développement touristique du site avec l’objectif de créer un musée sur la Seconde Guerre mondiale. Le plan fut médiatisé lors d’une ouverture exceptionnelle du site le week-end du 20 et 21 juin 1987 à laquelle participèrent 20 000 visiteurs. Le concepteur du dôme, Werner Flos, rencontra Reginald Victor Jones, un ancien membre du Crossbow Committee à Wizernes. Le tunnel Ida et les salles adjacentes furent ouverts au public et utilisés pour une exposition sur l’histoire du complexe[].

L’historien local Yves Le Maner fut chargé de développer le projet tandis qu’une étude de faisabilité était conduite pour étudier la possibilité d’achever les travaux d’excavation et sécuriser le site pour le public. Les plans furent approuvés en 1993 et le site fut acheté par la commune d’Helfaut. Le Conseil général du Pas-de-Calais acheta le site l’année suivante et apporta 35 millions de francs au projet d’un coût de 69 millions. 17 millions furent apportés par le Conseil régional, 12 millions par la Communauté économique européenne, 3 millions par l’État français et un million par la commune de Saint-Omer ; plusieurs actionnaires privés apportèrent également une contribution. La Société d’Équipement du Pas-de-Calais fut chargée de mener les travaux qui incluaient l’excavation de deux mètres supplémentaires sous le dôme, le dégagement et l’achèvement de certains tunnels, la construction du musée et du stationnement au fond de la carrière et l’installation d’un ascenseur pour emmener les visiteurs depuis l’ancienne salle de préparation jusque sous la coupole[].

Le musée ouvrit en mai 1997. Les visiteurs entrent par le tunnel ferroviaire Ida dont les rails ont été retirés. Les tunnels adjacents autrefois utilisés pour le stockage exposent des objets datant de la guerre. La visite se poursuit dans le tunnel Mathilde jusqu’à un ascenseur qui emmène les visiteurs dans l’espace sous le dôme où se trouve la principale exposition[]. Le musée présente l’histoire des missiles balistiques allemands, la vie en France occupée et la conquête de l’espace et les informations audiovisuelles sont disponibles en français, en anglais, en allemand et en néerlandais. Le musée abrite plusieurs objets d’époque dont un missile V1 fourni par le Science Museum de Londres et un V2 prêté par la Smithsonian Institution de Washington[] ainsi qu’un mémorial consacré aux 8 000 habitants du Nord-Pas-de-Calais tués ou déportés durant la guerre[]. En 2001, le musée a accueilli 110 000 visiteurs, neuf ans plus tard, c’est 120 000[]. En juillet 2012, le Centre de ressources numériques pour le développement de l’accès à la connaissance (CEREDAC) a implanté un planétarium dans le musée. Ce centre de 6 millions d’euros est financé par le département du Pas-de-Calais, la région Nord-Pas-de-Calais, l’État français, l’Union européenne et l’intercommunalité de Saint-Omer[]. Un des arrêts du chemin de fer touristique de la vallée de l’Aa dessert le site de La Coupole. Depuis 2010, le musée gère également le site du canon V3 à la forteresse de Mimoyecques[].

 

DISPOSITIF ANTICHARS TROMBLON POUR MOUSQUETON 31 (Suisse)

Ce dispositif permettait le tri de grenade ach a partir du Mousqueton 31. Ce dispositif, relativement simple, se fixait au bout du fusil. Un magasin « blanc » remplaçait le magasin d’origine du Mq 31 contenait des cartouches contant la charge propulsive qui expulsait la grenade à fusil.

Un tromblon lance-grenades est un dispositif à fixer au bout du canon d’un mousqueton 31, pour le tir de munitions explosives, antichar ou non-létales. La grenade est insérée dans ce manchon et propulsée par le tir d’une cartouche à blanc ou d’une balle spéciale

Le tir au tromblon n’étais pas apprécié car le départ du coup était si violent que l’arme était très souvent déréglée.

Ce dispositif a été supprimé après la IIème guerre mondiale.

DISPOSITIF ANTICHARS TROMBLON POUR MOUSQUETON 31 (Suisse)

Ce dispositif permettait le tri de grenade ach a partir du Mousqueton 31. Ce dispositif, relativement simple, se fixait au bout du fusil. Un magasin « blanc » remplaçait le magasin d’origine du Mq 31 contenait des cartouches contant la charge propulsive qui expulsait la grenade à fusil.

Un tromblon lance-grenades est un dispositif à fixer au bout du canon d’un mousqueton 31, pour le tir de munitions explosives, antichar ou non-létales. La grenade est insérée dans ce manchon et propulsée par le tir d’une cartouche à blanc ou d’une balle spéciale

Le tir au tromblon n’étais pas apprécié car le départ du coup était si violent que l’arme était très souvent déréglée.

Ce dispositif a été supprimé après la IIème guerre mondiale.

DISPOSITIF ANTICHARS TROMBLON POUR MOUSQUETON 31 (Suisse)

Ce dispositif permettait le tri de grenade ach a partir du Mousqueton 31. Ce dispositif, relativement simple, se fixait au bout du fusil. Un magasin « blanc » remplaçait le magasin d’origine du Mq 31 contenait des cartouches contant la charge propulsive qui expulsait la grenade à fusil.

Un tromblon lance-grenades est un dispositif à fixer au bout du canon d’un mousqueton 31, pour le tir de munitions explosives, antichar ou non-létales. La grenade est insérée dans ce manchon et propulsée par le tir d’une cartouche à blanc ou d’une balle spéciale

Le tir au tromblon n’étais pas apprécié car le départ du coup était si violent que l’arme était très souvent déréglée.

Ce dispositif a été supprimé après la IIème guerre mondiale.