Archives de l’auteur : Moret Jean-Charles

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz

Les châteaux de Bellinzone – canton du Tessin – Suisse

Introduction

Bellinzone est le verrou des cols permettant le franchissement des Alpes et est en même temps la porte de l’Italie. Bellinzone joue donc un rôle stratégique et cela implique de fortifier cette cité. Les cols alpins suivants aboutissent à Bellinzone: col du Nuffenen, du Saint-Gotthard, du Lukmanier et du San Bernardino, ouverts au trafic alpin contemporain. Au moyen-âge des sentiers permettaient également de franchir les alpes à pied ou à dos de mulet. Toutes ces voies aboutissaient à Bellinzone avant de se séparer, en aval, en plusieurs axes menant dans la plaine lombarde.

Dès la plus haute antiquité, les fouilles archéologiques nous révèlent la constructions de forts et d’ouvrages défensifs en ce lieu.

Un promontoire rocheux sur le flanc Est crée un verrou naturel, particulièrement favorable à l’édification de fortifications.

Au haut moyen âge, sur ce promontoire rocheux de Castelgrande,  une place forte difficile à conquérir fut construite.  Les rois lombards avaient tout intérêt à conserver ce verrou qui contrôlait les passages à travers les Alpes.

Au moyen âge, vers la fin du XIIIème siècle, le château de Montebello fut construit sur une crête rocheuse situé à l’est de l’agglomération.

Dès 1340, la place forte de Bellinzone appartient au duc de Milan, Gian Galeazzo Visconti. Le trafic commercial par le col du Saint-Gotthard prit un grand essor dès cette époque.

Durant le XVème siècle, les Confédérés essayèrent vainement de s’emparer de Bellinzone.

Ce n’est qu’en 1503 que le roi de France Louis XII reconnut les revendications des Suisses et leur céda Bellinzone.

Les Confédérés ne voyaient pas de raison de maintenir cette place forte qui avait été érigé contre eux-mêmes et négligèrent l’entretien de celle-ci.

En 1803, lorsque le canton du Tessin accéda à l’indépendance et rejoignit la Confédération suisse, les trois château devinrent la propriété du canton. Vers 1900,  la Murata était pratiquement en ruine. En 1850, la Confédération helvétique commença à fortifier l’axe du Gotthard et intégra le château de Castelgrande dans les installations logistiques.

Ce n’est qu’à partir de 1900 que le canton du Tessin se préoccupa de conserver ces témoins important de son passé militaire et entreprit des restaurations qui s’achevèrent en 1992.

Château de Castelgrande

Le crête rocheuse de Castelgrande est le centre naturel de la défense de Bellinzone. Les terrasses sur lesquels le château fut édifié, représentent un plateau d’environ 150 à 200 m de diamètre, entourées de falaises presque verticales et d’escarpements prononcés. La majorité des constructions datent du XIIIème siècle jusqu’au XVème siècle. Au centre du complexe s’élève la « Torre Nera » contruite au début du XIVème siècle. A l’est de celle-ci se trouve la « Torra Bianca », plus haute que la « Torra Nera ». Elle date certainement du XIIIème siècle. Cette tour et les différents murs qui l’entourent constituent le « Ridotto » (réduit), lieu dans lequel les défenseurs se retranchent dans les cas désespérés.

La Murata

En prolongement de la crête rocheuse de Castelgrande, à l’ouest, se dresse la Murata, (construite à partir de 1478) la muraille fortifiée qui à l’origine, reliait le château de Castel Grande au fleuve Tessin qui longe le flanc droit de la vallée. Cette muraille avait une longueur d’environ 1200 mètres, dont 500 mètres subsistent. Elle est composée de deux murs parallèles qui abritent un couloir voûté d’environ 2 mètres de large et d’une hauteur de 4 mètres environ. Elle permettait une défense soit au nord, soit au sud. Trois tours permettaient un tir de flanquement depuis la muraille. Deux bastions circulaires en saillie sur les murs sont encore conservés.

Château de Montebello

La crête rocheuse située à l’est de Bellinzona a permis de réaliser le château de Montebello. Le château fut certainement construit au XIIIème siècle. Des agrandissements furent entrepris au XIVème siècle. Entre 1460 et 1490 d’autres constructions donnèrent au château son aspect actuel.

En 1900, le château menaçait ruine. Le canton entrepris dès 1903 des travaux de rénovation.

Le château étant beaucoup plus facilement accessible que Castelgrande, de profonds fossés entourent celui-ci. Le plan du château forme un losange dont les angles obtus sont reliés aux fortifications de la ville. L’espace situé entre les deux châteaux et les murailles qui les relient permettait la protection de la ville de Bellinzone.

Château dei Sasso Corbaro

Le château de Sasso Corbaro se dresse sur la pointe la plus élevée du promontoire rocheux, au sud-est de la ville. Contrairement aux deux autres château qui sont reliés par les dispositifs de défense, celui-ci est une construction isolée. Une tour de défense devait déjà exister vers 1400. Les travaux de construction débutèrent vers 1478.

L’enceinte du château forme un carré de 25 mètres de côté. Deux tours carrées occupent les angles nord-est et sud-est. L’intérieur a été profondément modifié lorsque le château, vers la fin du XIXème siècle, servit de résidence secondaire à trois familles de Bellinzone, avant de devenir à nouveau la propriété du Canton du Tessin.

Conclusion

Si vous passez dans ce beau canton du Tessin, il faut absolument visiter ces trois châteaux. Vous pouvez accéder à ceux-ci en voiture. Cela vous prendra quelques heures, mais vous ne regretterez pas votre visite.

Les châteaux de Bellinzone font partie du Patrimoine mondial de l’humanité.

 

Château de Hallwyl – canton d’Argovie  Suisse

Le château à douves était le siège de la famille de Hallwyl. Cette petite noblesse du canton d’Argovie s’est illustrée pendant 800 ans à plusieurs titres: sur les champs de bataille du pays, dans les cours européennes, en sciences, en politique, dans le commerce et les finances. La visite des salles du château permet de découvrir les modes de vie médiévaux et modernes selon 11 thématiques.

Des membres de la famille relatent leur propre histoire aux visiteurs via l’audioguide, et la parole est également donnée au peuple, aux paysans et au sujet des seigneurs de Hallwyl. Un circuit audio adapté est proposé aux enfants.

À certaines dates, le public profite d’un programme varié avec des visites guidées ainsi que des manifestations et des événements.

Les visiteurs sont invités à se faire plaisir, à flâner dans la cour du château et à apprécier une collation et une boisson au Bistro.

Photos prises d’un avion de différents ouvrages sur l’axe du Grand Saint Bernard

Ces quelques photos vous donneront une autre vision lorsque les ouvrages sont vus à partir d’un avion.

Photos prises d’un avion de différents ouvrages sur l’axe du Grand Saint Bernard

Ces quelques photos vous donneront une autre vision lorsque les ouvrages sont vus à partir d’un avion.

Le camouflage végétal dans la fortification suisse

Depuis la seconde guerre mondiale, l’Armée suisse a toujours pratiqué la politique du camouflage naturel en matière de fortifications. La doctrine en vigueur parmi le Corps des Gardes Fortifications (CGF) préconisait de laisser pousser la végétation autour des installations militaires hors sol, devant les embrasures, ainsi que sur la superstructure des ouvrages, de façon à créer un écran de verdure masquant les fortifications, en plus du camouflage artificiel appliqué directement sur la structure.

Le développement de buissons, de futaies ou de rideaux d’arbustes permettait de mieux dissimuler les surfaces unies du béton et de masquer l’ombre des ouvertures, en les fondant dans l’environnement végétal. Cette technique astucieuse contribuait à intégrer les ouvrages dans le paysage et rendait d’autant plus difficile leur repérage et leur identification, tant depuis le ciel que du sol.

Il est d’ailleurs fréquent de croiser des touristes stupéfaits de tomber, au détour d’un chemin, sur un bunker dissimulé au creux d’un fourré ! Ou de voir d’éminents spécialistes de la fortification tenter vainement de localiser un ouvrage qu’ils savent pertinemment se trouver dans leur champ de vision mais qu’ils ne parviennent pas à repérer ! Qu’y a-t-il en effet de plus anodin qu’un inoffensif bosquet d’arbres ou une touffe de buissons fournis au milieu d’un pâturage? Le camouflage végétal n’accroche pas le regard et n’éveille donc pas l’attention. En outre, le feuillage engendre des ombres portées qui bougent et varient sans cesse, en fonction de la lumière, de l’éclairage, des conditions météorologiques et de la saison. Ce patchwork de taches d’ombre et de lumière contribue à « casser » et à « déstructurer » les formes anguleuses du béton, tout en troublant le regard qui ne parvient pas à percer cet écran virtuel.

Outre son aspect peu onéreux, l’un des avantages de ce type de camouflage est d’être rapidement et totalement réversible. En cas de menace et d’occupation de l’ouvrage, il suffit de couper le rideau végétal pour rétablir les lignes de feu et dégager les champs de tir. C’est pour cette raison que les ouvrages de barrage étaient systématiquement équipés d’une caisse militaire contenant une tronçonneuse, ainsi que le carburant et le matériel nécessaires pour effectuer ces travaux de déboisage. Nul besoin de faire appel au génie, l’équipage disposait sur place du matériel adéquat.

Cette technique ne se limite pas uniquement aux ouvrages : elle a été étendue à d’autres installations (aviation), ainsi qu’aux lignes d’obstacles antichars et aux réseaux de barbelés. En l’espace de plusieurs décennies, ceux-ci ont parfois été complètement envahis et recouverts par une végétation luxuriante, constituée majoritairement d’herbes folles et d’épineux vivaces (ronces, muriers, églantiers). Cela ne diminuait en rien  l’efficacité de la position de barrage qui prenait ainsi de faux airs de haies naturelles.

Le développement de véritables « écosystèmes militaires » au sein de ces réseaux défensifs a parfois abouti à une situation cocasse au début du 21e siècle  : le classement de certains réseaux d’obstacles en zone de protection naturelle par les organes militaires officiels. C’est notamment le cas de la ligne antichars de Collonges, face au Fort d’infanterie d’Evionnaz, qui abrite une flore et une micro-faune très diversifiée et qui a donc été décrétée « zone verte» après son abandon. En protégeant ces biotopes de toute intrusion humaine (et pour cause !), les réseaux de barbelés ont parfois démontré une utilité que leurs constructeurs n’avaient certes pas prévus…

 

 

 

A 109 Local matériel – Les Martinaux – Dailly

Ce petit local est situé à proximité de l’ASU F10312 situé aux Martinaux, au-dessus de Dailly à 1650 mètres d’altitude.

Il a certainement été construit avant ou durant la guerre de 1914-1918 pour servir d’abri ou delocal matériel. Il est creusé dans la roche et il n’a pas de revêtement.

La porte blindée fermant l’entrée de ce petit local date certainement de la construction de l’abri et est particulièrement belle.

A 370 Fort d’infanterie de la Porte-du-Scex – Vouvry – Valais

Cet ouvrage, situé à un à proximité du château de la Porte-du-Scex (une fortification déjà à une époque reculée !) et du pont sur le Rhône donnant accès au Chablais vaudois. Un avancement rocheux dans la plaine du Rhône ne laisse qu’un étroit passage entre le Rhône et la paroi de rocher dans laquelle se trouve l’ouvrage. Cet étroit passage donne l’accès au canton du Valais lorsque l’on vient de la rive française du Lac Léman.

Le fort est établi dans la paroi rocheuse qui domine ce passage et le canon antichar et la mitrailleuse qui l’équipent sont dirigées sur la route qui vient de la rive française du lac.

Cet ouvrage a comme particularité d’avoir un couloir en pente, assez incliné, qui conduit aux différents locaux.

C’est le premier ouvrage d’une certaine importance qui défend l’entrée du canton du Valais lorsqu’on vient de la rive française du lac Léman.

Il ne peut pas être visité.

A46 FORT D’ARTILLERIE DE CHAMPEX – VALAIS – SUISSE

Situé sous la station de Champex-Lac, à 1473 m d’altitude, le fort d’artillerie de Champex est entièrement souterrain. Il  a été creusé sous roc durant la seconde guerre mondiale et est demeuré actif jusqu’à la fin du 20e siècle. Il formait un binôme avec l’ouvrage d’artillerie de Commeire, situé sur l’autre versant de la vallée d’Entremont, au-dessus d’Orsières. Les deux ouvrages jumelés étaient chargés d’assurer la couverture et l’appui-feu du secteur des Dranses, entre la cuvette d’Orsières et la frontière italo-suisse, au Col du Grand-Saint-Bernard, face à une éventuelle menace d’invasion italienne venant du sud.

Commencé en 1942, puis modernisé et adapté à un conflit nucléaire durant la guerre froide, il a été régulièrement occupé par la troupe jusque en 1994.

L’équipage, dont l’effectif de guerre pouvait atteindre environ 300 hommes, était protégé des coups de l’ennemi par la masse rocheuse de la montagne et par des portes blindées verrouillant l’entrée. Des portes étanches et des sas anti-gaz permettaient d’isoler hermétiquement l’intérieur de l’ouvrage contre les toxiques de combat, les retombées radioactives et les fumées d’incendie en cas de bombardement, de façon à éviter la contamination ou l’intoxication de l’équipage.

La partie casernement comprend le logement pour la troupe (3 dortoirs avec lits à étages), une chambrée pour les officiers, 1 chambre pour le chef d’ouvrage, 1 chambre pour le chef du groupe, un mess officier, un bureau, une cuisine et un réfectoire, un quartier sanitaire équipé d’une salle d’opération, d’une salle de stérilisation et d’une infirmerie, ainsi qu’un central téléphonique pour les communications de l’ouvrage.  Les locaux techniques assurant la survie de l’équipage comprennent une salle des filtres et ventilations, une salle des machines comportant deux groupes-moteurs électrogènes et un réservoir d’eau de 300 m3 creusé au cœur de la montagne.

La zone protégée (ZP) abrite également les bureaux de tir des batteries (PCT), ainsi que le poste de conduite de tir du groupe d’artillerie de forteresse 22 auquel étaient subordonnés les ouvrages de Commeire et de Champex.

Un long couloir rectiligne, s’enfonçant dans la montagne et traversant le cantonnement, conduit vers la partie combat, située plus bas que la zone protégée. C’est là que se trouvent les quatre pièces d’artillerie de l’ouvrage, groupée en deux batteries de deux pièces abritées dans quatre casemates creusées à même la paroi de rocher. La batterie gauche, constituée de deux pièces de forteresse de 10,5 cm L42 sur affût à levier, était chargée principalement de battre le Val d’Entremont et l’axe routier du Col d Grand-Saint-Bernard, afin d’y engager d’éventuels colonnes de véhicules. La seconde comprenait deux canons Krupp de 7,5 cm sur affût à levier, pointés principalement sur le Val Ferret et chargés d’engager d’éventuelles colonnes d’infanterie progressant depuis l’Italie.

A l’origine, l’ouvrage ne comportait qu’un seul magasin à munitions creusé au cœur de la montagne. Un second fut ajouté après les explosions accidentelles de Dailly et de Mittholz, pour diminuer les risques d’accident. Le premier (MM1), d’une longueur de 60 m, renfermait les obus et les fusées contenant le système de minuterie permettant de régler l’explosion des projectiles. Le second, d’une longueur de 45 m, abritait les gargousses renfermant les charges destinées à propulser les obus. L’ensemble était surveillé par un système chargé de détecter une hausse anormale de la température des magasins à munitions, pour prévenir tout accident. D’épaisses portes anti-souffles en béton armé furent également ajoutées pour protéger le casernement en cas d’explosion des munitions, de même qu’une galerie d’échappement permettant au souffle de déboucher directement de la montagne.

La partie combat comporte également trois postes d’observation donnant dans la falaise, un pour chaque batterie et le troisième pour le commandement de tir (PCT).

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Bunker de protection pour canons de campagne allemands 1914-1918 – Mangienne/Meuse

Près du village de Mangienne, dans la Meuse, lors de la guerre 1914-1918, les Allemands ont construit d’importants ouvrages en béton pour la protection de canons de campagne. Ces ouvrages ressemblent étrangement aux « Dombunker » construit durant la 2ème guerre mondiale, à la différence que ceux-ci devaient abriter des canons de 280mm sur rail, alors que ceux construits près de Mangienne pouvait accueillir des canons de campagne tractés.

La terre qui recouvrait à l’origine ces constructions a disparu, mais on peut bien s’imaginer ces ouvrages recouverts de végétation et munis de portes de protection contre les éclats.

A 944.01   Fortin d’infanterie avec canon ach 9cm – Neuchâtel

Cet ouvrage à été placé à cet endroit, pour protéger lr village de Couvet  d’une intrusion mécanisée en provenance  de la Brévine. Il est situé sur une rocade qui aurait permis d’éviter une grande partie des ouvrages du Val de Travers pour accéder sur l’axe Neuchâtel-Berne

A l’étage supérieur se trouve un canon 9 cm. A l’étage inférieur,  l’abri de repos. Pas de mitrailleuse, ce qui est curieux car son feu peut battre trois barricade : une routière et deux sur des chemins de forêt.

Il y a un couloir d’une quinzaine de mètre  qui donnait accès à une entrée situé dans la falaise, et qui à été murée pour une raison totalement inconnue.

Pour visites : Association Pro Fortin : fberset@bluewin.ch