A6243 Fort d’artillerie de Reuenthal – Argovie

Deux Musées – Une seule histoire

Le fort d’artillerie de Reuenthal est situé dans le canton d’Argovie, à quelques 6 kilomètres de la centrale nucléaire de Leibstadt, pratiquement en face de la petite ville allemande de Waldshut. Construit peu avant le début de la 2ème guerre mondiale, cette important ouvrage d’artillerie a été démilitarisé à la fin des années 1980, du fait qu’il ne correspondait plus aux standards et à la doctrine militaire de l’époque, mais aussi pour des raisons d’économie.
Cheville ouvrière de la préservation de ce patrimoine militaire suisse, l’Association du Musée militaire de Reuenthal a pu entrer en possession de la fortification en 1989 et s’est lancée avec succès dans la restauration et la protection non seulement du fort d’artillerie, mais aussi d’une bonne trentaine d’autres ouvrages militaires, toblerones (obstacles contre les chars), casemates et abris d’infanterie, datant de la même époque.

En juin 2004, l’Association, honorée de la présence du Conseiller fédéral Christophe Blocher, a pu fêter l’ouverture du Musée militaire suisse de Full. Situé dans l’ancienne zone industrielle de la petite bourgade du même nom, le musée est à seulement 10 minutes de marche du fort d’artillerie de Reuenthal. Le bâtiment abrite sur plus de 10 000 m2 de nombreux blindés ou véhicules militaires suisses et étrangers. Il présente également une collection exceptionnelle d’armements provenant de l’ancienne fabrique suisse de matériel militaire Oerlikon-Bührle, notamment toute la gamme des canons DCA antiaériens.
C’est ainsi que se trouvent réunis sous la même égide, deux Musées idéalement complémentaires, offrant un témoignage concret de l’Histoire militaire suisse du 20e siècle.

Le Musée militaire de Full
Grâce à un important travail de recherches de fonds, à des dons et à l’engagement personnel de nombreux membres, l’Association a pu acheter une ancienne halle de fabrication sur le site d’une usine désaffectée. Des travaux de rénovation, d’adaptation et de mise aux normes ont été réalisés pour offrir au visiteur un vaste panorama de ce que fut l’armement durant le deuxième conflit mondial et son évolution durant la guerre froide.
Une partie importante de la surface est réservée à l’imposante collection dont le Musée est devenu le conservateur et le dépositaire, qui provient de la fabrique d’armements Oerlikon-Bührle.
Spécialisée dans le développement et la fabrication de canons antiaériens et d’armes de bord pour avions et navires de guerre, cette firme, de renommée mondiale, a gardé depuis 1920 un exemplaire de tous les prototypes construits, des pièces produites en série et des armes achetées à l’étranger en vue de procéder à des essais comparatifs.
La collection comprend également les esquisses et des plans de ces armes, ainsi que ceux d’équipements dont l’étude fut abandonnée.
L’exposition montre également, dans la halle principale et sur les différentes plate formesdes étages qui s’élèvent à travers le bâtiment, tout une série de véhicules blindés chenillés et sur pneu, tous spendidement restaurés et pour certains remis en état de marche.
Ainsi, le char Praga tchèque datant de 1939, commandé à douze exemplaires par l’Armée suisse juste avant la guerre et qui servit dans la Wehrmacht sous différentes formes jusqu’en 1945. Des exemplaires du char de combat russe T 34 et T 85 figurent à côté de véhicules de transports de troupes comme les chenillettes anglaise Bren Carrier et française Hotchkiss, de pièces d’artillerie de 150, de matériel de transmission, de camions et de la fameuse jeep américaine. Depuis l’automne 2004, une rampe de lancement d’un missile allemand V1, datant de 1944, trône également au milieu de l’exposition. Le clou du musée demeure toutefois le mythique char de combat KÖNIGSTIGER, récupéré dans les années 2000 dans les Ardennes belges, et qui a été entièrement restauré et remis à neuf!
Des armes plus modernes, tel le char suisse type 68, un Léopard 1 allemand ou encore une batterie DCA guidée par radar figurent en bonne place.
Attraction unique dans un Musée, le simulateur de conduite d’un tank permet au visiteur, après quelques indications, de se lancer sur un terrain virtuel au commande d’un char suisse modèle 60/88 et de se déplacer comme s’il était réellement au poste de pilotage du blindé.
Le « Bistro militaire », au rez de chaussée, offre boissons et petite restauration. Une boutique à proximité propose tout une palette de souvenirs, cartes postales, militaria, livres et modèles réduits.
Le samedi, les visiteurs peuvent assister aux évolutions de véhicules à chenilles et à pneus sur l’aire de la grande cour devant le Musée. A ne manquer sous aucun prétexte!

L’ouvrage d’artillerie de Reuenthal
Mis en chantier en 1937, l’ouvrage était destiné, en cas de conflit, a interdire le franchissement du Rhin par des forces militaires venant l’Allemagne, dans un secteur s’étendant jusqu’au canal d’Albruck-Doggern. Cette construction, motivée par des considérations d’économie locale, avait pour but de détourner les eaux du fleuve, laissant un lit asséché au bas de la ville de Leibstadt.
Deux canons d’artillerie de 7,5 cm sous abris pouvaient tirer à une distance d’environ 10 à 11 km afin de soutenir par leur feu les troupes d’infanterie engagées pour combler et défendre la brèche laissée ouverte par la disparition de la protection naturelle qu’offrait le Rhin. L’ensemble de la forteresse était et reste entouré d’un réseau de défense rapprochée constitué de fortins équipés de mitrailleuses, de réseaux de barbelés et d’obstacles anti-chars.

Entièrement autonome, le fort pouvait abriter l’effectif d’une batterie d’artillerie, soit environ 90 hommes, disposant de 2 groupes électrogènes, d’approvisionnement en eau indépendant, d’un bloc opératoire, d’une cuisine avec réfectoire et de locaux de stockage pour munitions et nourriture, sans oublier les dortoirs pour la troupe et l’installation de ventilation / filtration.
L’accès aux pièces d’artillerie, aux postes d’observation et aux emplacements de combat est assuré par de nombreux couloirs s’étendant sur près de 3 km, dont certains sont équipés de rails à écartement réduit pour permettre le transport de la munition sur de petits wagonnets.

La construction a été entièrement rénovée par les bénévoles de l’Association du Musée. Le fort, remis dans l’état où il se trouvait au début de la 2ème guerre mondiale, à retrouvé son armement ainsi que son équipement d’origine.
La dimension des locaux permet la présentation d’une rétrospective retraçant l’histoire de la fortification, grâce à des documents et à du matériel, celle des mouvements d’extrême-droite en Suisse pendant la guerre, ainsi qu’une collection d’armes légères. Des expositions temporaires sont régulièrement organisées sur un thème particulier.
Une taverne souterraine, la « Barbara » , accueille les visiteurs à plusieurs dizaines de mètres sous terre, dans une ambiance conviviale style guerre froide, offrant une cuisine simple et un grand choix de boissons.

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz