Tiger III-A Reichstiger, le “Tigre impérial” du IIIe Reich

Le Tiger III-A REICHSTIGER (« Tigre impérial ») aurait dû entrer en fabrication à partir de 1946 pour être aussitôt affecté au sein des Panzerdivisions. Il s’agissait d’un projet de Panzer lourd, destiné à succéder aux Tiger I et II pour maintenir la suprématie des divisions blindées allemandes sur le champ de bataille.

Plus lourd, plus gros, plus puissant et mieux armé que le Tiger II « Königstiger », il aurait sans doute constitué l’échine dorsale des Panzerdivisions du IIIe Reich à l’horizon 1947-1950, aux côtés de l’énorme E-100 de 100 tonnes et du Panzer VIII MAMMUTH de 189 tonnes, rebaptisé ironiquement MAUS.

Les origines du projet

A l’origine de la genèse du Tiger III-A, il y a le tout premier projet E-100 présenté par la firme Adler dans le cadre du programme « Entwicking 100 » visant à développer un Panzer de 100 tonnes destiné à succéder au Tiger II Königstiger. Ce premier projet fut rebaptisé par la suite E90 comme on le verra plus bas. Le second projet de Adler, connu aujourd’hui sous le nom de Panzer E100 n’interviendra que plus tard et il convient de ne pas confondre les deux.

Entretemps, la firme Porsche présenta son propre projet pour succéder au KÖNIGSTIGER. Il s’agissait, en l’occurrence, du projet « MAMMUTH » de 189 tonnes, rebaptisé plus tard Panzer VIII MAUS, non sans humour !

Le problème c’est qu’une nouvelle directive du Heereswaffenamt précisait que le futur char de combat lourd devrait être armé d’un tube de 150 mm. Or, Adler avait prévu d’équiper son premier projet E-100 d’un canon de 128 mm, qui constituait alors la meilleure pièce antichars en dotation dans la Wehrmacht. Ce problème pouvait, à la rigueur, être résolu (quoique difficilement), mais Adler fut informé en outre que son projet de Tiger III devrait recevoir la même tourelle que le projet concurrent, à savoir la gigantesque tourelle développée par Krupp pour le projet « MAMMUTH ». Or, l’installation de cette énorme tourelle sur le châssis du premier projet E100 s’avérait impossible. Non seulement cela impliquait de rallonger la caisse et d’installer un galet de roulement supplémentaire, mais on s’aperçut que le diamètre de la circulaire de la tourelle Krupp dépassait la cuve prévue sur le projet Adler, ce qui impliquait d’élargir la caisse pour agrandir la cuve.

En conséquence, Adler décida de soumettre un nouveau projet E100 entièrement revu et corrigé en conséquence, tandis que le projet E100 initial fut débaptisé et renommé E90.

En toute logique, le nouveau concept E100 aurait dû être dénommé E140 – et non E100 – car l’installation de la pesante tourelle Krupp de 50 tonnes fit grimper d’un seul coup le poids de 108 à 140 tonnes ! Malgré tout, le nouveau concept E100/E140 paraissait bien plus crédible et viable que le projet de 189 tonnes de Ferdinand Porsche.

Le « Reichstiger »

En conséquence, puisque Hitler tenait impérativement à installer un canon de 150 mm et que cette pièce ne pouvait tenir que dans la tourelle Krupp de 50 tonnes, Adler proposa de développer le nouveau concept E100/E140 en tant que char de rupture et de barrage. Ce blindé super lourd aurait été destiné à être engagé dans le cadre de combats défensifs ou de batailles de position, vu son manque de mobilité et sa pesanteur.

Quant à l’ancien projet E100 initial, rebaptisé E90 et armé d’un canon de 7,5 cm, la firme suggéra de lancer sa production en parallèle, en tant que futur char d’accompagnement et de protection du Tiger III Reichstiger.

La proposition de Adler fut très bien accueillie par le Heereswaffenamt qui trouva l’idée très séduisante, tant concernant le E90 que le E100/E140.

La production du REICHSTIGER aurait pu démarrer dès 1944 si Ferdinand Porsche n’avait pas forcé la main à Hitler pour privilégier celle de son joujou géant. C’est ainsi que Hitler donna finalement la préférence au projet du Panzer VIII MAMMUTH, dont le gigantisme flattait la mégalomanie du Führer. Cinq prototypes du MAMMUTH, rebaptisé MAUS, furent donc passé à la firme Porsche, au détriment du REICHSTIGER. Au moment de la capitulation allemande, seuls deux MAUS avaient été terminés et un troisième était en cours de construction.

Quant au REICHSTIGER de 140 tonnes, une sorte de version améliorée, plus lourde, plus puissante et encore mieux armée que le KÖNIGSTIGER, il était destiné à devenir une sorte de Super-Tigre ! il était prévu de l’équiper de la meilleure technologie disponible en 1945/1946 au sein du IIIe Reich. Le char de bataille devait notamment être équipé d’un système de visée à infrarouge UHU permettant le combat nocturne et d’un système de pointage laser, logé dans deux protubérances latérales arrondies de part et d’autre de la tourelle, fournissant très précisément la distance et l’azimut du but, comme sur les grosses unités de la Kriegsmarine. Munis de ces équipements high-tech mis au point dès 1944 par les techniciens et les scientifiques nazis, le char lourd aurait été à même de détecter et d’engager avec une très grande précision les blindés adverses, même de nuit, avec de fortes probabilités de détruire le but au premier coup. Ces équipement de haute technologie auraient conféré aux Panzerdivisions allemandes un énorme avantage sur le champ de bataille, sans parler du blindage très épais qui offrait une excellente protection aux équipages et qui aurait fait du REICHSTIGER un engin pratiquement indestructible.

La fin rapide de la guerre contre l’Allemagne, en mai 1945, fit que les Allemands n’eurent pas le temps de le développer si bien que le monstre de bataille ne vit jamais le jour… Mais si ça avait été le cas, il ne fait aucun doute que le REICHSTIGER aurait surclassé tous les chars lourds adverses, qu’il s’agisse du CENTURION, du CONQUEROR et du TORTOISE britanniques, du PERSHING américain ou du JOSEPH STALINE III soviétique.

Doté d’un puissant moteur Maybach de 1500 ch et d’une puissance de feu inégalée, le Tiger III-A REICHSTIGER se serait sans doute acquis, par sa mobilité et sa puissance de destruction, la même réputation légendaire d’invincibilité que le Tiger I et le Tiger II.