Ossuaire de Douaumont – 1914-1918 (Bataille de Verdun)

Ossuaire de Douaumont (Bataille de Verdun)

 Le monument fut conçu après la bataille de Verdun à l’initiative de Mgr Charles Ginisty, évêque de Verdun. Il abrite un cloître long de près de 137 mètres avec des tombeaux pour environ 130 000 soldats inconnus, allemands et français, indéfectiblement entremêlés. En face de l’ossuaire se trouve un immense cimetière composé de 16 142 tombes individuelles de soldats français, dont un carré pour 592 soldats musulmans de l’Empire colonial[].

La bataille de Verdun est une bataille de la Première Guerre mondiale qui eut lieu du 21 février au 19 décembre 1916 près de Verdun en France, opposant les armées française et allemande. Conçue par le général Erich von Falkenhayn, commandant en chef de l’armée allemande, d’après la version qu’il en donna dans ses Mémoires, comme une bataille d’attrition pour « saigner à blanc l’armée française »[3] sous un déluge d’obus dans un rapport de pertes de un pour deux, elle se révélera en fait presque aussi coûteuse pour l’attaquant : elle fit plus de 714 231 morts, disparus ou blessés, 362 000 soldats français et 337 000 allemands, une moyenne de 70 000 victimes pour chacun des dix mois de la bataille[]. On peut noter que selon les travaux historiques récents, notamment ceux de l’historien allemand Holger Afflerbach, l’objectif allemand était plus simplement de prendre le saillant de Verdun, la version d’une bataille d’attrition étant une justification inventée après coup par Falkenhayn pour masquer son échec.

C’est la plus longue et l’une des batailles les plus dévastatrices de la Première Guerre mondiale et de l’histoire de la guerre. Verdun apparaît comme le lieu d’une des batailles les plus inhumaines auxquelles l’homme se soit livré : l’artillerie y cause 80 % des pertes, le rôle des hommes y consiste surtout à survivre – et mourir – dans les pires conditions sur un terrain transformé en enfer, tout cela pour un résultat militaire nul.

Elle se termina par un retour à la situation antérieure. Elle n’en constitue pas moins une grande victoire défensive de l’armée française, jugée a posteriori par les Allemands comme de même nature que la victoire de l’armée rouge dans la bataille de Stalingrad. Parallèlement, de juillet à novembre, l’armée britannique ainsi que l’armée française seront engagées dans la bataille de la Somme, tout aussi sanglante. De plus, du 4 juin au 20 septembre, l’armée russe sera engagée dans l’offensive Broussilov, la plus grande offensive sur le Front de l’Est de l’armée russe de toute la guerre qui contraindra l’état-major allemand à retirer des divisions sur le front de l’Ouest pour les envoyer à l’Est, ce qui contribuera à alléger une partie de la pression allemande sur Verdun.

Alors que, côté allemand, ce sont pour l’essentiel les mêmes corps d’armée qui livreront toute la bataille, l’armée française fera passer à Verdun, par rotation, 70 % de ses Poilus, ce qui contribua à l’importance symbolique de cette bataille et à la renommée du général Pétain qui en commanda la première partie. C’est au général Nivelle que revint le mérite de l’enrayement définitif de l’offensive allemande (juinjuillet 1916), puis de la reconquête du terrain perdu entre octobre et novembre 1916 avec la récupération du fort de Douaumont, aidé en cela par son subordonné le général Mangin.

Verdun sera, comme la Somme, une terrible leçon que certains théoriciens militaires allemands sauront comprendre. L’immobilité du front, malgré les moyens engagés, est due à l’absence de moteur : en 1940, soumise au feu motorisé des Panzers, Verdun tombera en 24 heures.

Contexte militaire au début de l’année 1916

Le jeu des alliances contractées par les différents États en Europe entre 1879 et 1912 avait entraîné la division des puissances européennes en deux blocs à la veille de la guerre : l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois et l’Italie étaient regroupés au sein de la Triple-Alliance; la France, le Royaume-Uni et l’Empire russe formaient quant à eux la Triple-Entente.

Néanmoins, à la suite de la signature du Pacte de Londres, le 4 septembre 1914, les Alliés parvinrent à faire quitter la Triplice (contraction du terme « Triple Alliance ») à l’Italie.

Au déclenchement des hostilités, les puissances centrales se trouvent donc encerclées à l’ouest par les forces anglo-françaises et à l’est par les troupes russes. La stratégie adoptée par le haut-commandement allemand, afin de lui éviter de combattre sur deux fronts simultanément, préconise une offensive massive en France. L’objectif est de prendre Paris à l’intérieur d’un délai de sept semaines pour ensuite développer un effort complet contre les armées russes, plus longues à mobiliser. La première phase de l’offensive allemande, sous le commandement du général von Moltke, est une réussite totale : la poussée a permis l’occupation de la quasi-totalité du territoire belge et d’une bonne partie du nord-est de la France. Ce n’est qu’à partir de la fin du premier mois des hostilités que l’avancée allemande commencera à s’essouffler, alors que le 25 août 1914 von Moltke retire le corps de réserve de la Garde et le XIe corps d’armée du front occidental pour parer une offensive russe en Prusse-Orientale. Ce ralentissement de la progression allemande permet au haut-commandement français de se réorganiser et de placer la 6e armée, nouvellement créée, sur l’aile droite du front, aux environs de Paris. Le 4 septembre 1914, le général Joffre, avisé que le flanc gauche de l’offensive allemande, en continuant sa route vers le sud, devient à découvert, saisit l’occasion et ordonne à Gallieni, commandant de l’armée de Paris, d’attaquer. S’ensuivit la bataille de la Marne, où les forces anglo-françaises repoussèrent les armées allemandes le long de l’Aisne. À la suite de la contre-attaque française, les deux belligérants tenteront réciproquement de déborder le flanc de leur adversaire par le nord, ce sera la course à la mer. Finalement, le front se stabilise sur une ligne faisant 750 km, de la mer du Nord à la Suisse, en passant par Nieuport, Compiègne, Reims, Verdun et la région de Nancy. Les armées s’enterrent. La guerre de mouvement est terminée. Un conflit que tous croyaient ne devoir durer que quelques semaines s’annonce plus long que prévu[].

Durant l’année 1915, le nouveau commandant en chef des forces allemandes, von Falkenhayn, souhaite concentrer son attention sur le front oriental. L’état-major allemand, après les difficiles batailles sur l’Yser et à Ypres à la fin de l’année 1914, prend conscience que toutes les percées sur le front occidental ne pourront avoir lieu, dans la guerre nouvelle, qu’au prix de pertes immenses. La décision est donc prise de profiter de la position du front, lequel est presque totalement en territoire ennemi, pour y conserver une position généralement défensive. Le haut-commandement peut ainsi tenir ce front avec des unités en moins, lesquelles seront redéployées à l’est en vue d’une importante offensive. Le plan de Falkenhayn mise sur la faible densité défensive du front russe et sur les problèmes logistiques de l’armée pour pousser le tsar Nicolas II à signer une paix séparée. En février 1915, une première offensive en Prusse-Orientale, menée par le maréchal von Hindenburg obtient des succès limités. Ce n’est qu’à partir du 2 mai qu’une nouvelle offensive, menée cette fois-ci par le maréchal von Mackensen, permettra la poussée décisive : sur un front de 160 km, les troupes russes sont bousculées de toute part ; le 22 juin la Galicie est libérée. Le 13 juillet, la Grande Retraite se poursuit alors que le commandement allemand est réunifié sous les ordres de Falkenhayn. Quant l’offensive s’arrête le 19 septembre, les forces allemandes occupent Varsovie, Novogeorgievsk, Brest-Litovsk et Vilnius, mais elles n’ont jamais été capables d’encercler les troupes russes, qui se dérobaient toujours vers l’arrière.

Sur le front occidental, les forces anglo-françaises, malgré l’arrivée de nouvelles troupes, connaissent la défaite en Artois et en Champagne. Les tentatives de percée se terminent en combats locaux sans importance stratégique. Alors que ces offensives font entre 310 000 et 350 000 morts dans les rangs français[6], elles n’arrivent pas à ralentir le déplacement des troupes allemandes vers l’est. La guerre sera non seulement longue mais aussi meurtrière[].

C’est au cours de l’hiver 19151916 que les états-majors adverses préparent leurs plans de campagne pour l’année à venir. Après plus d’une année complète d’expériences, les commandements commencent à ajuster leurs stratégies en fonction des conditions de la guerre de positions moderne : la stratégie qui sera adoptée chez tous les belligérants sera celle de la guerre d’usure. Dans les formes nouvelles du combat qui émergent, le rôle du soldat s’efface de plus en plus devant celui du matériel.

Forts de leurs succès offensifs en Russie, les généraux allemands se questionnent sur la marche à donner aux opérations pour l’année 1916. Von Falkenhayn reste sceptique quant à l’opportunité de poursuivre l’offensive sur le front oriental. La campagne précédente a démontré que la stratégie adoptée par le haut-commandement russe empêchera les forces allemandes de réussir toute manœuvre d’encerclement. De plus, il craint les effets pervers d’un engagement trop profond en Russie : les distances séparant le front de l’état-major et la déficience des moyens de communication en Russie pourraient entraîner les troupes allemandes dans une situation identique à celle de la Grande Armée napoléonienne un siècle plus tôt.

C’est donc sur le front occidental que l’armée allemande devra prendre l’initiative. Le général Falkenhayn est toutefois conscient que les méthodes qui ont assuré le succès en Russie ne peuvent mener qu’à la faillite en France. À l’ouest, le front est tenu bien plus solidement par les effectifs anglo-français, toujours plus nombreux. La France et le Royaume-Uni, grâce au crédit octroyé par les financiers américains et au contrôle des mers, ne sont pas confrontés aux problèmes d’approvisionnement que connaissent l’Empire russe et les puissances centrales. Un réseau développé de chemins de fer permet au haut-commandement français de déplacer rapidement troupes et matériel sur tous les endroits du front. Devant cet état de fait, Falkenhayn choisit d’adopter une stratégie tout à fait novatrice : au lieu de tenter une rupture sur un endroit particulier du front, il décide d’amener l’armée française au bout de ses ressources matérielles et morales. Par une suite ininterrompue d’attaques répétées, il souhaite user l’ennemi dans son ensemble.

Du côté des forces de l’Entente, la priorité devient l’organisation concertée des forces sur les deux fronts afin de fixer les troupes des puissances centrales en position. Entre les 6 et 8 décembre 1915, une conférence interalliée à Chantilly adopte le principe d’une offensive simultanée, entreprise « avec le maximum de moyens » sur les fronts occidental, italien et russe. Contrairement au plan allemand, le but de l’offensive est encore ici de créer une percée dans les lignes ennemies. Toutefois, les moyens, eux, seront les mêmes : l’avancée des soldats sera précédée à chaque fois par une gigantesque préparation d’artillerie répartie sur plusieurs jours. Le nouveau credo des forces anglo-françaises est celui du général Foch : « L’artillerie “conquiert le terrain, l’infanterie [l’]“occupe”[]. » Toutefois, la coopération entre les différents alliés demeure très déficiente ; seuls les Français et les Britanniques réussissent à élaborer un plan commun. Les états-majors prévoient d’engager conjointement, autour du 1er juillet, une attaque massive sur un front de 70 km dans le secteur de la Somme. La date choisie avait le double avantage d’être située à la fois dans la période où l’industrie devait fonctionner à son plein rendement et où l’armée russe devait elle aussi engager une offensive[].

Sceptique à propos de la stratégie de l’Entente, où le haut-commandement anglo-français ne semble jamais envisager la possibilité d’une offensive allemande à l’ouest, le général russe Mikhail Alekseïev prophétise que « l’adversaire n’attendra pas que Joffre ait achevé ou non sa préparation ; il attaquera dès que les conditions du climat et l’état des routes le lui permettront[]. »

Contexte socio-économique au début de l’année 1916

Avec la fin de la guerre de mouvement dans les derniers jours de novembre 1914, les États belligérants doivent revoir complètement l’organisation des opérations militaires. Malgré la mobilisation générale des troupes, la guerre n’avait été jusque-là qu’une affaire militaire. Dans la perspective d’un conflit de courte durée, les armées des différents belligérants disposaient d’un stock d’approvisionnement suffisant pour couvrir leurs besoins durant les premières semaines de la guerre. Avec l’enlisement du conflit, la victoire ne reposera désormais plus uniquement sur le jeu des forces militaires : elle dépendra aussi désormais des capacités de l’industrie nationale, de la disponibilité du crédit, de la liberté du commerce, de l’état de l’opinion publique et de l’unité politique du pays. Alors que les tranchées sont creusées tout le long du front, outre le soldat, c’est toute la société qui s’enlisera dans le conflit ; la guerre devient totale.

À la fin de la campagne de 1914, tous les belligérants sont confrontés aux mêmes difficultés économiques. Durant les premiers mois du conflit, l’activité économique avait presque cessé complètement : la mobilisation avait retiré un très grand nombre d’hommes des usines et des champs, le commerce était paralysé parce que l’armée avait réquisitionné les principales voies de communication et le matériel roulant. Cette crise laissait la majorité des non-mobilisés sans emploi : alors que les taux de chômage en France et en Allemagne s’établissaient respectivement à 4,5 % et à 3 % en juillet 1914, ceux-ci grimpent à 43 % et à 22,5 % dès le mois d’août. Avec l’enlisement du conflit et la baisse rapide des stocks des armées, les nations en guerre, en plus de relancer leur commerce et leur industrie, doivent s’assurer de subvenir aux besoins de la troupe et de ceux restés à l’arrière. Dans les conditions de la guerre moderne, le simple jeu des intérêts individuels ne peut permettre de surmonter rapidement l’état de crise dans lequel l’ensemble de la société est plongé. Peu à peu, l’État prendra donc en charge lui-même le développement de la production et de la distribution des biens ; l’interventionnisme économique atteindra des sommets nouveaux, se rapprochant d’un « communisme de guerre ».

Si tous les États sont confrontés aux mêmes problèmes, ils ne disposent toutefois pas des mêmes moyens pour les surmonter. Les Empires centraux, encerclés par les pays de l’Entente, sont soumis à d’importantes pressions économiques. Pays essentiellement industrialisé, l’économie allemande repose en grande partie sur l’importation de matières premières en provenance de Lorraine et de Russie et sur l’exportation de produits manufacturés vers cette dernière. Avec le conflit, le commerce avec ces deux régions est totalement arrêté. Soumis au blocus maritime imposé par la Royal Navy, le commerce allemand tentera de se réorganiser avec les pays demeurés neutres, mais l’influence des pays de l’Entente ainsi que la rareté du crédit et des devises étrangères limiteront grandement ce mouvement. Durant les premiers mois de la guerre, sous la pression de l’industrie, le gouvernement allemand crée plusieurs Offices destinés à rationner l’usage des matières premières et à planifier la production en fonction des besoins de guerre. Les ressources des territoires occupés sont employées afin d’alimenter l’effort de guerre allemand. De leur côté, les industriels se regroupent en spécialités et organisent la répartition de la main-d’œuvre. Malgré tous ces efforts, l’économie allemande sera, à différents degrés, tout le long du conflit, en perpétuel état de pénurie. La menace économique et ses conséquences sociales seront un des grands déterminants de l’attitude générale adoptée par l’Allemagne tout au long du conflit. Consciente de l’urgence, elle sera amenée à faire preuve d’une grande agressivité pour éviter l’étouffement économique. La stratégie adoptée sera celle des luttes d’usure pour presser les nations ennemies vers la paix et de la guerre sous-marine à outrance afin de contrebalancer les effets du blocus.

Pour le commandement français, dirigé par le général Joffre, la guerre de mouvement reste d’actualité. Le chef des armées prête toute son attention à la préparation d’une offensive importante sur la Somme. Il faut percer, reprendre la guerre de mouvements et en finir.

Pour le commandement allemand, en la personne du général von Falkenhayn, chef de l’état major impérial, ce n’est pas tout à fait la même façon d’aborder le problème. Effectivement, il faut en finir avec ce conflit, car pour lui, l’Angleterre cherche à asphyxier les empires centraux dans une guerre d’usure. Mais pour cela il faut rendre la guerre coûteuse aux Anglais par une nouvelle méthode, la guerre sous-marine, et surtout il faut détruire les forces françaises : « les forces de la France seront saignées à mort… que nous atteignions notre objectif ou non »[]. Pour des raisons de stratégie et de fierté nationale, l’Armée Française ne peut reculer et devrait donc s’accrocher à défendre tout objectif sous le feu allemand. D’après la version que von Falkenhayn donne de son plan dans ses Mémoires après la guerre, le but est d’engager une bataille au ratio de pertes favorable à l’armée allemande, et donc de décourager la France pour obtenir l’arrêt des combats.

Le site de Verdun est finalement choisi pour de multiples raisons :

  • Tout d’abord, c’est une position stratégique importante car elle se trouve à proximité immédiate des usines d’obus de BrieyThionville et du complexe ferroviaire de Metz[];
  • Le saillant de Verdun est entouré par les forces allemandes de trois côtés, qui bénéficient d’un réseau logistique de voies ferrées performantes, alors que, du côté français, Verdun ne peut être approvisionné que par une mauvaise route et une ligne de chemin de fer à voie étroite.
  • Les forts du complexe défensif de Verdun sont vétustes, et Joffre a dégarni le secteur, laissant moins de 300 pièces d’artillerie et des unités à faible valeur combattante, ce qui devrait permettre aux Allemands de prendre l’avantage en première partie de bataille.

Des travaux historiques récents, notamment ceux de l’historien allemand Holger Afflerbach, mettent en doute la version donnée par von Falkenhayn. Selon eux, il s’agit d’une justification imaginée après-coup. La bataille aurait plus classiquement eu pour objectif la prise du saillant de Verdun et c’est seulement l’échec allemand qui aurait conduit von Falkenhayn à imaginer de justifier son plan par un objectif d’attrition de l’armée française. À l’appui de cette thèse, on peut notamment signaler que les commandants d’armée allemands à Verdun ont nié avoir eu connaissance d’un plan ayant comme objectif une simple attrition[].

Enfin, il est clair que les Allemands mettent en œuvre leur plan d’attaque plus rapidement que les Français. Sinon, la confrontation aurait très certainement eu lieu sur la Somme[].

État de la défense de Verdun début 1916

C’est un saillant des lignes françaises, cerné de tous les côtés, la Meuse compliquant la défense du secteur. Dans le saillant, se trouve une double ceinture de forts dont ceux de Douaumont et de Vaux. Mais depuis la destruction des fortifications de Liège, Namur et Maubeuge par les obusiers allemands, le commandement français ne croit plus aux places fortes. Les canons des forts de Verdun sont retirés par décret du 5 août 1915, diminuant ainsi très fortement leur capacité opérationnelle[]. Joffre a besoin de ces canons pour l’offensive qu’il projette dans la Somme. De même, les garnisons occupant les forts sont réduites bien souvent à quelques dizaines de combattants, voire moins. Le système de défense est lui aussi parfois ramené à une tranchée au lieu de trois, et les barbelés sont en mauvais état.

Pour ravitailler le secteur, il ne reste plus qu’un chemin de fer à voie étroite (le Chemin de fer meusien) reliant Bar-le-Duc à Verdun, la prise de Saint-Mihiel par les Allemands en 1914 coupant définitivement la ligne de chemin de fer à voie normale reliant Verdun à Nancy par Saint-Mihiel. Véritable tortillard, le Chemin de fer meusien est impropre au transport de matériel lourd. Parallèlement au Chemin de fer meusien se trouve une route départementale que Maurice Barrès appela « la voie sacrée »[]. Ce manque de voies de communication avec l’arrière rend encore plus fragile cette partie du front.

Préparatifs

Le général allemand Falkenhayn choisit donc Verdun pour sa vulnérabilité et aussi du fait qu’il n’aura pas à déplacer beaucoup de troupes. Comptant sur la supériorité allemande en artillerie lourde, il va employer la méthode du Trommelfeuer (roulement de tambour): Les canons ne tirent pas par salves mais en feu à volonté, ce qui effectue un pilonnage continu. La préparation d’artillerie devrait permettre de détruire les défenses du terrain à conquérir.

Les Allemands rassemblent face à Verdun quelque 1 225 pièces d’artillerie de tous calibres dont 542 obusiers lourds. En moyenne, on peut compter un obusier rapide de 210 mm tous les 150 m. Ils déploient 13 obusiers Krupp de 420 mm, 17 obusiers Skoda[] de 305 mm, 2 pièces de marine de 380 mm et les munitions en conséquence, environ 2 500 000 obus. Ils massent 72 bataillons d’infanterie dans des abris enterrés (Stollen)[].

Sur les vingt divisions affectées à l’opération, dix sont prévues pour la bataille proprement dite, les dix autres étant réservées pour une éventuelle bataille décisive sur un autre secteur dégarni en conséquence.

Tous ces préparatifs ne peuvent échapper à l’attention des défenseurs de Verdun qui ne manquent pas de rapporter le renseignement aux plus hautes instances militaires. Ainsi le lieutenant-colonel Driant, commandant des 56e et 59e bataillons de chasseurs, profite de sa qualité de parlementaire, membre de la commission de la défense nationale, pour attirer l’attention du commandement sur le secteur[].

Joffre envoie un détachement du génie, mais il est bien tard. Le général Herr, chef de la région fortifiée de Verdun, dit lui-même « chaque fois que je demande des renforts d’artillerie, le GQG répond en me retirant deux batteries ! »

Depuis la mi-janvier, les préparatifs allemands sont confirmés par le 2e bureau des services de renseignements français, par la reconnaissance aérienne qui prend des photographies inquiétantes et par des déserteurs Alsaciens et Lorrains[]. Joffre reste sourd à ces renseignements

L’apocalypse sur la rive droite de la Meuse

Le lundi 21 février 1916 vers 7 heures, un obus de 380 mm explose dans la cour du palais épiscopal de Verdun. C’est le début d’une bataille inhumaine — opération baptisée Gericht (tribunal) par les Allemands — qui dure dix mois et fait plus de 300 000 morts et 500 000 blessés[].

Un déluge de fer et de feu s’abat sur un front de quelques kilomètres (le bombardement est perçu jusque dans les Vosges, à 150 km). Deux millions d’obus — un obus lourd toutes les trois secondes — tombent sur les positions françaises en deux jours[].

Sur la partie centrale, de long de 15 kilomètres, les allemands installèrent 800 canons[].

À 16 heures, le même jour, 60 000 soldats allemands passent à l’attaque sur un front de six kilomètres au bois des Caures, croyant s’attaquer à des troupes à l’agonie, totalement désorganisées[]. Le 7e corps d’armée (Allemagne) commandé par le général Johann von Zwehl, le 18e corps d’armée (Allemagne) commandé par le général Dedo von Schenck et le 3e corps d’armée (Allemagne) commandé par le général Ewald von Lochow.

L’infanterie allemande effectue une progression limitée, aménage immédiatement le terrain afin de mettre l’artillerie de campagne en batterie. La portée ainsi augmentée, les canons allemands menacent directement les liaisons françaises entre l’arrière et le front.

Les forces françaises sont écrasées par cette pluie d’acier. Le lieutenant-colonel Driant trouve la mort le 22 février dans le bois des Caures. Avec lui, 1 120 hommes tombent. Il n’y aura que 110 rescapés parmi les 56e et 59e bataillon de chasseurs à pied[]. Sur le reste du secteur, les défenses sont broyées, disloquées, écrasées. En quelques heures, les massifs forestiers disparaissent, remplacés par un décor lunaire. Les massifs de Haumont, de Herbebois et des Caures sont déchiquetés, hachés, nivelés. Derrière le feu roulant, le 7e corps rhénan, le 18e hessois et le 3e brandebourgeois avancent lentement.

Le fort de Douaumont, qui n’est défendu que par une soixantaine de territoriaux, est enlevé dans la soirée du 25 février 1916 par le 24e régiment brandebourgeois. Ce succès fut immense pour la propagande allemande et une consternation pour les Français. Par la suite, 19 officiers et 79 sous-officiers et hommes de troupes de cinq compagnies différentes occupent Douaumont qui devient le point central de la défense allemande sur la rive droite de la Meuse. Par cette prise, les Allemands ne se retrouvent plus qu’à 5 km de la ville de Verdun, se rapprochant inexorablement[].

Malgré tout, la progression allemande est très fortement ralentie. En effet, la préparation d’artillerie présente des inconvénients pour l’attaquant. Le sol, labouré, devient contraignant, instable, dangereux. Bien souvent, la progression des troupes doit se faire en colonne, en évitant les obstacles.

Contre toute attente, les Allemands trouvent une opposition à leur progression. Chose incroyable, dans des positions françaises disparues, des survivants surgissent. Des poignées d’hommes, souvent sans officiers, s’arment et ripostent, à l’endroit où ils se trouvent. Une mitrailleuse suffit à bloquer une colonne ou la tête d’un régiment. Les combattants français, dans un piteux état, résistent avec acharnement et parviennent à ralentir ou à bloquer l’avance des troupes allemandes.

Un semblant de front est reconstitué. Les 270 pièces d’artillerie françaises tentent de rendre coup pour coup. Deux divisions françaises sont envoyées rapidement en renfort, le 24 février 1916, sur ce qui reste du front. Avec les survivants du bombardement, elles arrêtent la progression des troupes allemandes. Joffre fait appeler en urgence le général de Castelnau à qui il donne les pleins pouvoirs afin d’éviter la rupture des lignes françaises et une éventuelle retraite des troupes en catastrophe. Le général donne l’ordre le 24 février de résister sur la rive droite de la Meuse, du côté du fort de Douaumont, au nord de Verdun. La progression des troupes allemandes est ainsi stoppée grâce aux renforts demandés par Castelnau jusqu’au lendemain, jour de la prise du fort de Douaumont.

C’est la fin de la première phase de la bataille de Verdun. Manifestement, les objectifs de Falkenhayn ne sont pas atteints. Un front trop limité, un terrain impraticable et la hargne du soldat français semblent avoir eu raison du plan allemand.

Le commandement français réagit

Le 25 février 1916, Joffre décide de l’envoi à Verdun de la IIe Armée, qui avait été placée en réserve stratégique, et dont le général Pétain était le commandant depuis le 21 juin 1915. À la suite des recommandations du général de Castelnau[], il lui confie le commandement en chef du secteur de Verdun.

C’est dans l’hôtel où il se trouve avec sa maîtresse que Pétain est averti de son affectation par son ordonnance, qu’il rejoint aussitôt.

Philippe Pétain est un fantassin de formation, qui n’ignore pas que « le feu tue », comme il le répète sans cesse. Pour lui, la progression de l’infanterie doit s’effectuer avec l’appui de l’artillerie. L’année précédente, la justesse de sa tactique a été démontrée. Il est économe des efforts de ses hommes et veille à adoucir au maximum la dureté des épreuves pour ses troupes.

Dans un premier temps, le général Pétain réorganise la défense. Elle s’articule sur les deux rives de la Meuse, en quatre groupements: Guillaumat, Balfourier et Duchêne, sur la rive droite, Bazelaire, sur la rive gauche. Une artillerie renforcée dans la mesure des disponibilités couvre les unités en ligne. Les forts sont réarmés. Pour ménager ses troupes, il impose « le tourniquet ». Les troupes se relaient pour la défense de Verdun. En juillet 1916, 70 des 95 divisions françaises ont participé à la bataille[].

Dans un second temps, il réorganise la logistique. La seule voie de ravitaillement possible consiste en une voie ferrée sinueuse doublée d’une route départementale. La route ne fait que sept mètres de large et se transforme en bourbier dès les premières pluies. Sur ces 56 km de piste, il fait circuler une succession ininterrompue de camions roulant jour et nuit.

Cette artère vitale pour le front de Verdun est appelée « La Voie sacrée » par Maurice Barrès. Il y circule plus de 3 000 camions, un toutes les quinze secondes. 90 000 hommes et 50 000 tonnes de munitions sont transportés chaque semaine.

Des carrières sont ouvertes dans le calcaire avoisinant. Des territoriaux et des civils empierrent en permanence la route. Des milliers de tonnes de pierres sont jetées sous les roues des camions qui montent et descendent du front. Les deux files font office de rouleau compresseur et dament les pierres.

Un règlement draconien régit l’utilisation de cette route. Il est interdit de stationner. Le roulage se fait pare-chocs contre pare-chocs, de jour comme de nuit. Le flot ne doit s’interrompre sous aucun prétexte. Tout véhicule en panne est poussé au fossé.

La voie ferrée existante est une voie métrique. Elle est intensément exploitée à partir du matériel roulant d’origine (celui du “Petit Meusien mais comme cela ne suffit pas, l’armée utilise aussi des locomotives, voitures et wagons en provenance de toute la France. Alors que le réseau n’est pas dimensionné pour absorber un tel trafic, aucun accident n’est à déplorer. Dans le même temps, les sapeurs construisent une nouvelle voie de chemin de fer, à voie normale cette fois, pour desservir Verdun : la ligne 6 bis. Construite en un temps record, elle contribue à la victoire française en évitant les transbordements en particulier[29].

Enfin, il réorganise l’artillerie. L’artillerie lourde restante est récupérée. Un groupement autonome est créé et directement placé sous ses ordres. Cela permet de concentrer les feux sur les points les plus menacés. Ces changements apportés à cette partie du front font remonter le moral de la troupe qui sent en Pétain un véritable chef qui les soutient dans l’effort et la souffrance.

Pour la première fois depuis le début de la guerre, l’aviation intervient de manière véritablement organisée avec la création de la première grande unité de chasse, chargée de dégager le ciel des engins ennemis, et de renseigner le commandement sur les positions et les mouvements de l’adversaire : « Je suis aveugle, dégagez le ciel et éclairez-moi », leur dira-t-il. Les Allemands sont arrêtés à quatre kilomètres de leurs positions de départ, avance très faible eu égard aux moyens qu’ils ont engagés.

Les combats se livrent sur les deux rives de la Meuse

Le Kronprinz supplie Falkenhayn d’attaquer la rive gauche pour faire taire les canons français. Les Allemands attaquent autour du Mort-Homme, du côté de la rive gauche, du bois des Bourrus, du bois de Cumière et du bois des Corbeaux. Puis ils attaquent sur la rive droite autour du fort de Vaux, de la Côte du Poivre et d’Avocourt. Ce sont à chaque fois des boucheries pour les deux camps. En ces lieux, tant du côté français qu’allemand, ces hommes ont fait preuve tout à la fois de courage, de désespoir, de sacrifice et d’abnégation.

Sur ces positions, les armées françaises et allemandes sont impitoyablement usées et saignées à blanc. Nombreuses sont les unités qui doivent être entièrement reconstituées à plusieurs reprises ou qui disparaissent.

Le 6 mars 1916, les Allemands pilonnent et attaquent le Mort-homme sur la rive gauche. Mais le feu français les arrête. Cette « bataille dans la bataille » va durer jusqu’au 15 mars. Au cours de ces 10 jours, le secteur est transformé en désert. Les combattants des deux bords y connaissent toutes les souffrances.

Simultanément, le 7 mars, les Allemands lancent une offensive sur la rive droite, à partir de Douaumont. Cette partie du front fut le secteur le plus durement touché de la bataille. Le fort de Souville (aujourd’hui totalement en ruine), l’ouvrage de Thiaumont (totalement rayé du paysage), l’ouvrage de Froideterre (qui a bien résisté, bien que les différents organes du fort ne soient pas reliés par des souterrains) permirent à l’armée française de s’accrocher sur la dernière position haute dominant la ville de Verdun. Le village de Fleury-devant-Douaumont fut le théâtre de combats particulièrement intenses, il fut pris et repris seize fois. Mais les Allemands n’iront pas plus loin. Ce village, qui fait aujourd’hui partie des huit villages fantômes de France (qui ont un maire, mais n’ont plus d’habitants), a représenté l’avance extrême de l’armée allemande devant Verdun.

Le saillant de Verdun se transforme en une innommable boucherie où la sauvagerie l’emporte sur toute sorte de compassion.

Le fer, le feu et la boue forment la triade infernale composant la vie du « poilu », mais aussi celle du « Feldgrau » allemand.

Pétain réclame des renforts à Joffre. Mais ce dernier privilégie sa future offensive sur la Somme. Cela fait dire à Pétain « Le GQG me donne plus de mal que les Boches ».

La 11e division bavaroise investit, le 20 mars, la cote 304 qui couvrait de son feu le Mort-Homme. Malgré ces succès, l’offensive générale allemande sur les deux rives de la Meuse est arrêtée par les Français. « Les assauts furieux des armées du Kronprinz ont partout été brisés. Courage… on les aura ! » dira Pétain.

Au début de la bataille les effectifs français étaient de 150 000 hommes. En avril, ils s’élèvent à 525 000 hommes. Cette concentration humaine sur une si faible surface pourrait expliquer dans une certaine mesure le bain de sang que constitue Verdun. Cependant, les Allemands étant arrêtés, Joffre veut quelqu’un de plus offensif pour diriger la bataille. Il nomme Pétain chef du groupe d’armées Centre et le général Nivelle à Verdun.

Ce dernier charge le général Mangin de reprendre le fort de Douaumont. La bataille s’engage par six jours de pilonnage du fort par les Français. L’infanterie prend pied sur le fort le 22 mai, mais en est chassée le 24.

Durant ce temps, 10 000 Français tombent pour garder la cote 304 où les Allemands sont accrochés sur les pentes.

L’artillerie, pièce maîtresse de ce champ de bataille, est toujours en faveur du côté allemand avec 2 200 pièces à ce moment-là pour 1 800 pièces côté français. On dirait que Verdun agit comme catalyseur. Les belligérants ne semblent plus pouvoir renoncer et sont condamnés à investir de plus en plus de forces sur ce champ de bataille qui a déjà tant coûté.

Falkenhayn reprend l’offensive sur la rive droite de la Meuse. Sur un front de six kilomètres, les Allemands sont à quatre contre un. Ils mettent les moyens pour emporter la décision qui tarde depuis si longtemps. À trois kilomètres au sud-est de Douaumont se trouve le fort de Vaux. Il est défendu par une garnison de 600 hommes. L’eau, les vivres et l’artillerie sont en quantité insuffisante. Après une intense préparation d’artillerie, le 1er juin 1916, l’infanterie allemande se lance à l’attaque du fort. Le 2 juin, elle pénètre dans l’enceinte. Toutefois, il faut encore « nettoyer » la place. Les combats se livrent couloir par couloir. Il faut gazer la garnison pour la réduire. Une expédition de secours est anéantie le 6 juin. Finalement, le commandant Raynal, chef de la place, capitule car les réserves d’eau à l’intérieur du fort sont tombées à zéro. Les honneurs sont rendus par l’ennemi aux défenseurs de la place, tous les soldats allemands ainsi que les officiers se sont mis en rangs et ont salué les soldats français, sortant du fort au-delà de l’épuisement.

Les Allemands sont tout près de Verdun dont ils peuvent apercevoir les spires de la cathédrale. Falkenhayn croit la victoire à sa portée. Le 18 juin 1916, il fait bombarder le secteur avec des obus au phosgène. Mais les 70 000 Allemands doivent attendre, l’arme à la bretelle, que le gaz se dissipe pour attaquer. Ce temps précieux est mis à profit par les forces françaises pour renforcer la position. Lorsque l’assaut recommence, le 23 juin, il réussit à occuper la crête de Fleury. Puis les Allemands repartent à l’assaut le 11 juillet après une préparation d’artillerie de trois jours visant le fort de Souville. Ce dernier est écrasé par les obus de très gros calibre car il est le dernier arrêt avant la descente sur la ville de Verdun. Néanmoins, l’artillerie de 75 lointaine ainsi que des mitrailleurs sortis des niveaux inférieurs du fort de Souville portent un coup d’arrêt définitif aux vagues d’assaut allemandes. Une cinquantaine de fantassins allemands parviennent quand même au sommet du fort mais ils sont faits prisonniers ou regagnent leurs lignes : le fort de Souville était définitivement dégagé le 12 juillet dans l’après-midi. Souville marque donc l’échec définitif de la dernière offensive allemande sur Verdun en 1916.

Le sort de la bataille bascule

Le 1er juillet 1916 au matin, les Alliés ont attaqué sur la Somme (Bataille de la Somme). Les Russes avancent sur le front oriental. Les Italiens font reculer les Autrichiens. Des troupes et de l’artillerie ont été prélevées sur le front de Verdun. Ces conditions compliquent la situation du commandement allemand pour continuer les opérations à Verdun.

Le 11 juillet, Falkenhayn lance l’offensive de la dernière chance. Elle est bloquée par le fort de Souville, à trois kilomètres de la ville de Verdun. À ce moment, les Allemands perdent l’initiative.

Du 21 au 24 octobre les Français pilonnent les lignes ennemies. Écrasés et gazés par des obus de 400 mm, les Allemands évacuent Douaumont le 23 octobre. Les batteries ennemies repérées sont détruites par l’artillerie française.

Puis, le 24 octobre, trois divisions françaises passent à l’attaque sur un front de sept kilomètres. Douaumont est repris et 6 000 Allemands sont capturés.

Le 2 novembre, le fort de Vaux est évacué par les Allemands. À la mi-décembre, les troupes allemandes sont refoulées sur leurs positions de départ.

Bilan

C’est une guerre de position, les pertes ont été considérables, pour un gain en territoires conquis nul. Après 10 mois d’atroces souffrances pour les deux camps, la bataille aura coûté 378 000 hommes (62 000 tués, plus de 101 000 disparus, et plus de 215 000 blessés, souvent invalides) aux Français, 337 000 aux Allemands. 60 millions d’obus (une estimation parmi d’autres, aucun chiffre officiel n’existe[]) y ont été tirés, dont un quart au moins n’ont pas explosé (obus défectueux, tombé à plat, etc.[] et 2 millions par les allemands le 21 février 1916. Si l’on ramène ce chiffre à la superficie du champ de bataille, on arrive à 6 obus par mètre carré[]. Ainsi, la célèbre cote 304, dont le nom vient de son altitude, 304 mètres, ne faisait plus que 297 mètres d’altitude après la bataille. Du fait du résultat militaire nul, cette bataille, ramenée à l’échelle du conflit, n’a pas de conséquences fondamentale[].

Le symbole de Verdun

La résistance des combattants français à Verdun est relatée dans le monde entier. La petite ville meusienne, surtout connue pour le traité de Verdun signé en 843, acquiert une réputation mondiale. Cette victoire défensive est considérée par les combattants comme la victoire de toute l’armée française, dont la plus grande partie du contingent a participé aux combats. Sur les 95 divisions de l’armée française, 70 y ont participé. « Verdun, j’y étais ! » affirment, avec un mélange de fierté et d’horreur rétrospective[], les poilus qui en sont revenus. Pour la nation tout entière, Verdun devient le symbole du courage et de l’abnégation.

Tiré de Wikipedia / http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr.

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz