Les parabellum de l’armée suisse

Peu d’armes ont eu, dans leur version militaire, une vie aussi longue que le pistolet parabellum d’ordonnance suisse. Comme arme d’officier, son temps de service a commencé avec l’adoption du « modèle 1900 » et s’acheva vers 1980, lorsque les derniers officiers qui ont reçu le « modèle 1929 » ont été libérés de leurs obligations militaires.

Actuellement le parabellum suisse est devenu un objet de collec­tion très prisé.

A la fin du XIXe siècle, les inventeurs ont cherché à remédier aux nombreux in­convénients des revolvers et ont été amenés à abandonner le système du ba­rillet pour rechercher la solution du pro­blème dans un pistolet à répétition. Ces inventeurs eurent l’idée de rendre auto­matique le fonctionnement de l’arme en empruntant au recul la force motrice né­cessaire : le pistolet automatique était né.

Commission et cahier des charges

En 1896, une commission, en Suisse, fut nommée pour l’étude des pis­tolets automatiques alors connus. Elle était composée de MM. le Colonel von Orelli. chef de la section technique de l’administration du matériel de guerre fé­déral, le colonel von Mechel, le profes­seur Dr Amsler-Laffon, le major von Stürler, directeur de la Fabrique fédérale d’ar­mes, le colonel Rubin, directeur de la fa­brique de munition, Schenker, chef du contrôle fédéral de la munition et le capi­taine Korrodi, adjoint de la section techni­que. Elle procéda, en juin 1897, à Thoune, à des essais de tir avec quatre systèmes différents de pistolets soit : Mauser, Borchardt, Bergmann et Männlicher, les trois premiers présentés par des maisons allemandes, le dernier par son inventeur de Vienne. En octobre, un rap­port très complet est rédigé par le colonel von Mechel et le professeur Dr Amsler. Ce rapport fait ressortir les avantages et les inconvénients des divers systèmes. Tenant compte des observations faites à leurs divers systèmes, les inventeurs cherchèrent à perfectionner leur arme, les uns se bornèrent à des modifications de détails, d’autres établirent des types en­tièrement nouveaux. Les travaux ayant duré près d’une année, les représentants des diverses fabriques furent invités à se présenter le 23 novembre 1898 à Thoune, pour y exposer, devant la commission, les transformations et perfectionnements ap­portés à leurs armes et pour procéder à de nouveaux essais.

Pour compléter cette commission, le Département militaire fédéral désigna :

  1. le Colonel Wilbolt. comme représen­tant la cavalerie, le lieutenant-colonel Chauvet comme représentant l’artillerie, le lieutenant-colonel Brunner, comme re­présentant l’état-major général et le major de Meuron, comme représentant de l’in­fanterie. Six armes étaient en présence : Mauser, fabriqué par la maison Mauser à Oberdorf, Wurtemberg et présenté par M. Paul Mauser, ingénieur ; Bergmann, fabriqué à Suhl et présenté par le colonel Gressly ; Borchardt-Lüger, fabriqué par la « Fabrique allemande d’armes et muni­tions » à Berlin, présenté par M. Lüger, in­génieur ; Mannlicher, premier modèle fa­briqué par la « Société Industrielle Suisse » (SIG) à Neuhausen et présenté par M. Frey, directeur de « SIG » ; deuxième modèle fabriqué et présenté par l’inventeur M. Manniicher de Vienne ; Roth, fabriqué par la maison G. Roth à Vienne et présenté par M. Roth, fils.

Le programme des essais était le suivant :

  1. Description des pistolets, démontage et remontage par les inventeurs ou leurs représentants.
  2. Feu de vitesse, pour chaque modèle, deux séries de 50 coups chacune, tirées par les inventeurs.
  3. Essais de précision, trois séries de 30 coups chacune, tirées à 50 mètres avec l’arme appuyée par un employé du contrôle des armes.
  4. Essais de 400 coups avec la même arme sans la nettoyer, ni la rafraîchir, tirés en partie par les inventeurs, en partie par les membres de la commission.
  5. Essais du fonctionnement de l’arme avec charge de poudre augmentée ou di­minuée, avec les parties de la culasse en­tièrement sèche (non graissées) et grais­sées ensuite avec de l’huile rance et dur­cie.
  6. Essais de poussière et d’eau, 50 à 100 coups à tirer, l’arme ayant été préalablement saupoudrée de poussière de route et ensuite arrosée d’eau.
  7. Essais de pénétration, trois coups à 10 mètres contre une série de plaques de tôle de fer de 0,8 mm d’épaisseur.
  8. Mesure de vitesse initiale, 5 coups par arme.

Les essais et la concurrence

Les essais durèrent trois jours. Après l’exécution de l’un des points du programme avec l’un des systèmes, les membres de la Commission faisaient part de leurs observations personnelles qui étaient discutées et cas échéant, consignées au procès verbal. Pour établir d’une manière aussi exacte que possible la comparaison entre les résultats obtenus par les armes essayées, il était attribué pour chaque arme, une note de 1 à 4 pour les différents points suivants :

  1. Avantages ou désavantages du principe même de construction de l’arme.
  2. Solidité.
  3. Formes de l’arme, en tenant compte :
  4. a) de la facilité de la porter.
  5. b) de la manière dont elle se tient dans la main.
  6. Fermeture contre la poussière et l’hu­midité.
  7. Fonctionnement de l’arme :

a)dans des conditions normales,

  1. b) l’arme non graissée,
  2. c) l’arme graissée avec de l’huile rance,
  3. d) l’arme saupoudrée de poussière et ar­rosée d’eau,
  4. e) avec des cartouches à charge réduite.
  5. Avantages et désavantages :
  6. a) de la charge du magasin,
  7. b) de la charge coup par coup,
  8. c) du déchargement.
  9. Position de la culasse (ouverte ou fer­mée) lorsque le magasin est vide.
  10. Armement automatique du chien.
  11. Système de sûreté.
  12. Vitesse du tir.
  13. a) Facilité de viser et qualité de la détente.
  14. b) Précision.
  15. c) Recul.
  16. Pénétration.
  17. Démontage et remontage de l’arme.
  18. Nettoyage de l’arme.
  19. Système de chargeur.

Ce fut le pistolet Borchardt-Lüger qui obtint le plus grand nombre de points et sortit premier avec une avance considéra­ble sur ses concurrents classés dans l’or­dre suivant : 2. Roth ; 3. Mannlicher ; 4. Bergmann ; 6. Mauser.

Le pistolet Roth a été éliminé car le tireur doit armer le chien avant chaque coup. Après l’étude minutieuse des divers types de pistolets présentés, la commis­sion prit les décisions suivantes :

  1. L’arme doit être entièrement automati­que.
  2. Le poids de l’arme ne doit pas dépas­ser 1 000 g.
  3. Le calibre doit être de 7,5 à 7,65 mm.
  4. La longueur ne doit pas dépasser 275 mm.
  5. Le poids de la balle doit être au mini­mum de 5,5 g.
  6. Le nombre de cartouches du magasin doit être de 8 à 10.
  7. Le recul doit être aussi restreint que possible.

Après constatation des résultats ob­tenus par les divers systèmes, il fut dé­cidé :

  1. Des essais seront continués en premier lieu avec le Borchardt-Lüger, en second lieu avec le Mannlicher.
  2. Les autres systèmes sont éliminés, les raisons de leur élimination seront commu­niquées aux inventeurs.
  3. M. le professeur Amsler et la Fabrique fédérale d’armes sont chargés d’étudier d’une manière plus détaillée, spéciale­ment au point de vue de leur construction, les deux armes qui restent en présence.
  4. La section technique fera procéder. par ses divers organes, à des essais rela­tifs à la précision, à la vitesse initiale, à la pénétration, etc.
  5. La commission sera convoquée à nou­veau pour prendre connaissance de l’étude et des essais.

Les deux derniers en lice

Le 1er mai 1899, la commission se réunissait à Thoune pour procéder aux essais avec les deux pistolets restant en lice. Depuis la dernière réunion deux offres nouvelles étaient parvenues, l’une de Hauff à Berlin, l’autre de la Fabrique nationale d’armes de Herstal, Belgique (système Browning). Ces deux offres ne sont pas prises en considération, la pre­mière de ces armes étant encore dans une période d’étude, la culasse de la se­conde n’étant pas accouplée au canon. La commission décide de procéder avec les deux pistolets aux mêmes essais avec les modifications et adjonctions suivan­tes :

Essais de durée, 500 coups au lieu de 400, tir avec des douilles entaillées, essais de pénétration dans des planches de hêtre et sapin.

Après ces essais, la commission constate :

Pistolet Borchardt-Lüger : après 500 coups, l’arme fonctionne comme au début, la précision n’a pas changé, l’en­crassement très restreint, presque nul ; deux fois la culasse n’a pas été repous­sée en avant, aucune observation sur la munition.

Pistolet Mannlicher : d’abord deux arrêts dans la charge par suite de deux cartouches ayant chevauché l’une sur l’autre, après 175 coups, le pistolet ne fonctionne plus, il doit être démonté, de nouveau deux douilles ne sont pas extrai­tes ; extraction très irrégulière, très fort en­crassement, le pistolet n’est pas bien en main.

Afin de procéder à de nouveaux essais sur une plus grande échelle, la commission décida la commande de 20 pistolets Borchardt-Lüger et une cer­taine quantité de cartouches. En outre, un certain nombre de « desiderata » furent indiqués à l’inventeur.

Les vingt pistolets commandés fu­rent livrés, ainsi que la munition, en octo­bre et novembre 1899 par la « Fabrique allemande d’armes et de munitions » à Berlin. Les modifications réclamées par la commission et spécialement celle concer­nant l’adjonction d’une sûreté dite mécanique avaient été conçues et exécutées, par les fabricants, d’une manière à la fois simple, solide et pratique. Ces armes fu­rent mises en essai de novembre 1899 à mars 1900, dans des cours de répétitions militaires et sociétés de tir, soit : les socié­tés suivantes ont eu l’occasion de tester ces pistolets : Société de tir au revolver, Berne, Société militaire de Bâle, Société de cavalerie de Bâle, Société de tir au re­volver de Lausanne.

Tous les rapports faits, à la suite de ces essais, s’expriment d’une manière très favorable. A Lausanne, au stand de tir de la Pontaise, sont invités les repré­sentants des sociétés de tir de la ville et des officiers des troupes montées. Devant ce public choisi, quatre des meilleurs ti­reurs à l’arme de poing exécutent trois exercices à 50 mètres, dont l’un est un tir de vitesse. Les résultats sont remarqua­bles au double point de vue du fonction­nement et de sa précision. Cette séance fut suivie d’une passionnante discussion. La conclusion unanime montre que le nouveau pistolet possède toutes les quali­tés d’une bonne arme de guerre et d’une remarquable arme de stand.

Les 2 et 3 avril 1900, la commission se rassemblait une dernière fois à Berne pour liquider quelques détails de cons­truction pour procéder à certains essais spéciaux et pour formuler ses proposi­tions définitives : l’arme doit être réglée pour une distance de but en blanc de 50 mètres ; à cette distance le point tou­ché doit se trouver à 20 cm, plus haut que le point visé de manière à permettre le tir sur visuel noir de 40 centimètres de dia­mètre. Le guidon devra être relevé de 0,4 mm. La forme de la détente sera amé­liorée suivant les indications de la Fabri­que fédérale d’armes de Berne. La commission unanime décide de proposer au Département militaire fédéral, « L’adoption du pistolet automatique Bor­chardt-Lüger, calibre 7,65 mm. en lieu et place du revolver, avec une dotation de 48 cartouches par arme.

Acceptation et premières commandes

Le 4 mai 1900. le Conseil fédéral dé­cide de l’accepter comme arme de poing de l’armée suisse. Une première commande de 5 000 pièces est exécutée comme suit par la « Deutsche Waffen und Munitionsfabrik à Berlin » : 2 000 pistolets livrés directement à l’Administration fédé­rale ; 1 500 exemplaires fournis à la Fa­brique fédérale d’armes, Berne ; 1 500 exemplaires expédiés en pièces déta­chées et assemblés à la Fabrique fédé­rale d’armes (Waffenfabrik).

La Suisse fut ainsi le premier pays qui choisit le Parabellum comme arme d’ordonnance. Grâce à la référence de la commande de la Suisse, la « Deutsche Waffen und Munitionsfabrik » put mettre en train la fabrication de série et fournir peu à peu le monde entier. A son tour, l’Allemagne reconnut la valeur de « son » Parabellum et l’introduisit dans la marine en 1904 et en 1908 dans l’armée.

D.W.M. ou Deutsche Waffen Und Munitionsfabrik, Berlin, fut constituée lors­que Ludwig Löwe. un fabricant berlinois d’armes à feu et de machines-outils, acheta la Deutsche Metallpatronenfabrik de Karlsruhe. cette association agissant par la suite avec la nouvelle raison so­ciale. En 1922, elle fût contrôlée par une société financière et fut appelée « Berlin-Karlsruhe Industriewerke » (BKIW), mais en 1936 elle reprit le nom DWM soit Deutsche Waffen und Munitionsfabrik.

WF + Waffenfabrik Berne (Fabrique fédérale d’armes) fut crée en novembre 1871. Au début la WF + effectuait du montage d’armes. Son premier directeur, le lieutenant-colonel Rudolf Schmidt fonctionna de 1871 à 1894; c’était l’ancien contrôleur fédéral d’armes. Louis von Stürler a été directeur de 1894 à 1920, il a été remplacé par AdoIf Furrer 1920-40.

Les variantes de 1900 à 1929

Marquages : La genouillère porte le monogramme « D.W.M. » entrelacé ; sur le tonnerre « croix fédérale rayonnée », sous le canon le numéro de série, devant, en haut de la sous-garde, les deux der­niers chiffres sont répétés sur différentes parties de l’arme, il en est de même pour le poinçon du contrôleur d’armes et de la petite croix fédérale.

Les boutons de la genouillère sont chanfreinés et le bouton de droite porte un cliquet de blocage qui s’engage dans un cran fraisé dans la carcasse pour as­surer le retour en position fermée de la culasse. Ce dispositif s’est révélé superflu et a été abandonné sur les autres modè­les.

Le magasin a un bouton guide qui a nécessité un fraisage dans la poignée. Par la suite, le bouton-guide est plat et ne nécessite pas de fraisage. Le ressort ré­cupérateur logé dans la poignée, est un ressort à lame, sur les modèles ultérieu­res ils ont un ressort à boudin. Bien que le modèle 1900 eut été soumis à des essais sérieux avant son adoption, il subit encore des modifications en cours de production. Les armes civiles, pour tes services de police, le tir, etc., portent l’ancien poin­çons du banc d’épreuve allemand « BUG ».

Ces modifications sont : ailette du le­vier de sûreté étroite jusqu’au numéro 2 000, puis dès n° 2 001, large. La dé­tente est étroite jusqu’au n° 3 900, large de 3 901 à 5 000. puis étroite. Le levier d’arrêt long de 14 mm, quadrillé de 750 à 2 000. haut et long de 10 mm. haut, long de 8 mm, cannelé dès 2 001. Le recul du canon jusqu’au moment où la culasse mobile se sépare et de 5 mm, le recul total du canon jusqu’à l’ouverture complète de la culasse est de 10 mm.

Dispositif de sûreté : il faut faire une distinction entre la fonction du levier de sûreté sur le dos de la poignée et celle du levier d’arrêt sous le coursier de gauche. Le levier de sûreté bloque l’appareil de percussion, tandis que le levier d’arrêt ne bloque que le levier de sûreté quand celui-ci est assuré. Le levier de sûreté est maintenu en arrière par le ressort situé près de son pivot. La languette appuie contre la partie postérieure de la gâchette et empêche l’appareil de percussion de fonctionner, comme la partie mobile de reculer. Quand on met le levier d’arrêt sur « S », sa griffe se place devant le contre­fort triangulaire du levier de sûreté, blo­que ce dernier et empêche qu’il puisse être désassuré.

Malgré des essais très approfondis, le pistolet subit au cours des ans des mo­difications de détails.

Modèle 1900 : extracteur forme res­sort, encoche de mire triangulaire, cylin­dre de fermeture plat et plus bas que les bords supérieurs de la boîte de culasse, boutons de genouillères fraisés, la ge­nouillère postérieure porte les trois der­niers chiffres du n° de l’arme derrière la pièce jaune molletée, percuteur à cône très accentué, guide de 7 mm, ressort ré­cupérateur à lame, arrêtoir de magasin à tête striée. La carcasse porte le crochet de fermeture de la genouillère sur la droite, porte une bride pour fixer une courroie, levier de sûreté (poignée) ailette de 30 mm de longueur, poinçons D.W.M. et croix fédérale flammée sur le tonnerre du canon, plaques de poignées en noyer strié jusqu’au bord, magasin pièce de fond en bois avec rondelle métallique, le levier d’arrêt se déplace entre deux dé­pressions.

Modèle 1906 première série : Extrac­teur rigide, rappelé par un ressort à bou­din, lorsqu’une cartouche est dans le canon, l’extracteur reste dans une posi­tion plus élevée ce qui permet de lire sur son flan gauche « geladen », cylindre lé­gèrement bombé et à la même hauteur que les bords de la culasse, boutons de la genouillère plats et striés. Percuteur à cône peu élevé, ressort récupérateur à boudin, carcasse sans crochet de ferme­ture, magasin fond bois sans rondelle. Sur le tonnerre du canon : Croix fédérale flammée.

1906 deuxième série: Sur le ton­nerre du canon : Croix fédérale dans un écusson.

Modèle 1917-24: Armes fabriquées par la Fabrique fédérale d’armes de Berne. Marquages : Waffenbabrik sans la croix fédérale, plaquettes en noyer ou en bakélite.

Modèle 1929 : La poignée est plus droite, les plaquettes de crosse sont en matière plastique, l’ailette de sûreté est plus longue et dont les deux côtés pénè­trent dans la poignée, la genouillère anté­rieure porte un écusson avec la Croix fé­dérale, l’encoche de mire a la forme d’un U, boutons de genouillères lisses, la nu­mérotation est entière sur la partie supé­rieure, verrou noir, non molleté, arrêtoir de magasin lisse, la longueur de l’ailette de sûreté est de 46 mm, magasin pièce de fond en matière synthétique, arme fa­briquée par la Waffenfabrik, pistolet fabri­qué jusqu’en 1947-48, numérotation de 60011 à 77 941.

La W+F a fabriqué des Parabellum M.29 pour la clientèle civile constituant deux petites séries de 25 001 à 26 600 et de 77 942 à 78 258 ; les numéros sont précédés de la lettre P. En 1949, aux « Championnats du monde » à Buenos Aires, au tir à 50 mètres à l’arme de gros calibre (pistolet et revolver), une nette vic­toire fut remportée par l’équipe suisse de 7 tireurs armés du pistolet M. 1929 de la fabrique fédérale d’armes. L’arme corres­pondait au modèle d’ordonnance mais avait été pourvue d’un canon allongé pour accroître la précision. Le pistolet pesait 1 010 grammes, la longueur totale était de 318 mm, le canon long de 200 mm nu­mérotation de 1 à 20.

Fonctionnement du Parabellum

 Au départ du coup, les gaz, agissant sur le culot de la douille, repoussent en arrière le canon et la boîte de culasse qui coulissent le long des rainures de la car­casse. Pendant ce mouvement, d’une amplitude de 5 mm, la culasse mobile et le canon sont solidaires. La culasse mo­bile suit le mouvement, la genouillère s’élève jusqu’au moment où le double ressort contenu dans la crosse, se trouve entièrement comprimé de même que le ressort de percussion. La douille, entraî­née par l’extracteur, vient buter contre l’éjecteur qui l’expulse. Le logement de la culasse mobile étant dégagé, la cartou­che supérieure du magasin, poussée par le ressort intérieur, vient se placer devant la tête du cylindre. Le double ressort, comprimé par le recul, repousse la culasse mobile en avant par l’intermé­diaire de la chaînette qui relie ces deux pièces. La genouillère s’abaisse à moitié, tout en communiquant son mouvement à la boîte de culasse et au canon. Le percu­teur bute contre un arrêt saillant sur la paroi intérieure de gauche de la boîte de culasse, le ressort de percussion reste comprimé. La genouillère entièrement ra­battue, le canon et la culasse mobile sont solidement reliés. En pesant sur la dé­tente, le percuteur devenu libre se porte en avant et frappe la cartouche. Après la dernière cartouche tirée, le bouton du ma­gasin pousse un ressort qui vient faire saillie dans la carcasse et s’engage dans l’entaille du cylindre. La ligne de mire étant masquée, le tireur est avisé que l’arme est vide. Après l’introduction d’un nouveau magasin, il suffit de retirer un peu en arrière la culasse et de la laisser revenir en avant, l’arme est prête pour le tir.

Le démontage : Il se fait dans l’ordre suivant : retirer les cartouches, prendre le pistolet désassuré dans la main droite, le pouce pèse sur le levier de sûreté, les autres doigts tirent les boutons de ge­nouillère directement en arrière jusqu’aux coursiers incurvés. De la main gauche, abaisser le bouton du verrou et enlever la plaque de recouvrement. Faire glisser la partie mobile en avant et l’enlever. Sortir la goupille de culasse de son logement en la poussant vers la gauche tirer la culasse en arrière et l’enlever.

Pour démonter l’appareil de percus­sion, presser fortement la broche d’arrêt avec un tournevis, lui faire faire un quart de tour vers la gauche, de sorte que le tenon soit libéré, l’enlever en cédant à la pression du ressort. Extraire du bloc obtu­rateur (cylindre) le ressort de percussion et le percuteur. Pour enlever la gâchette, il faut soulever le ressort de gâchette avec un tournevis mince et t’extraire en le faisant glisser ; la gâchette peut alors être enlevée. Enlever l’éjecteur : soulever la partie postérieure avec un tournevis jus­qu’au moment où le talon de l’éjecteur sort de son logement, enlever l’éjecteur en poussant son bec vers l’extérieur de la boîte de culasse. Enlever les deux pla­ques de poignée, poser la poignée à plat, côté gauche dessus, tenir le levier de sû­reté en pressant sur l’ailette, soulever le pivot et retirer le levier de sûreté. Pour en­lever l’arrêtoir de culasse, le soulever un peu et l’enlever en le tirant en arrière. Pour enlever la détente, la tirer au dehors suivant t’axe du pivot. On ne doit pas sé­parer la détente de son ressort. Enlever le verrou en position ouverte, pousser le le­vier vers le haut et tirer le verrou dehors.

Le remontage se fait en inversant le démontage.

Les incidents de tir

Le coup ne part pas :

  1. En prenant la poignée, le tireur n’a pas suffisamment pesé sur le levier de sûreté qui bloque en­core la gâchette,
  2. Un corps étranger s’est introduit entre la poignée et le levier de sûreté,
  3. Le levier coudé de détente est faussé, dans ce cas, le faire rempla­cer.

Le premier coup est parti, le second ne part pas : le ressort de détente est trop faible pour pousser la détente suffisam­ment en avant, de sorte que la goupille d’échappement n’a pas pu glisser sous le levier coudé de détente.

Le pistolet mitraille : le cran de rete­nue de la gâchette ou le tenon d’arrêt du percuteur est usé ou émoussé, le ressort de gâchette lâche, courbé ou usé.

La douille n’a pas été éjectée : elle est restée dans la chambre à cartouche où elle est coincée entre la culasse et la chambre à cartouche : le recul est insuffi­sant parce que le tireur ne tient pas son arme assez fermement, (il arrive aussi que le tireur accompagne de la main le mouvement de recul) il se peut alors que la force du recul soit en partie neutralisée et ne suffise plus à ouvrir complètement la culasse.

La culasse se ferme sans introduire une nouvelle cartouche dans la chambre à cartouche : le magasin est mal fixé, (dans la plupart des cas, il tombe au dé­part du coup) ; le magasin est encrassé ou faussé de sorte que l’alimentation en cartouches fonctionne mal.

La douille reste dans la chambre à cartouche après le départ du coup, la car­touche suivante est coincée contre la douille et la culasse :

  1. La griffe de l’ex­tracteur est usée ou cassée,
  2. b) La douille est coincée, la chambre à cartouche étant encrassée.

La culasse se ferme quand le maga­sin est vide :

  1. Le magasin est faussé ou encrassé ce qui empêche le bouton du guide de l’élévateur des cartouches de soulever l’arrêtoir de culasse,
  2. b) Le cran de retenue de l’arrêtoir ou du cylindre est usé.

Ratés : on entend fonctionner l’appa­reil de percussion, la cartouche n’a pas été percutée : la pointe du percuteur est brisée.

La cartouche n’a été que légère­ment frappée par le percuteur :

  1. La pointe du percuteur est usée, le ressort de percussion est lâche ou brisé,
  2. b) Il y a trop de graisse dans l’orifice de percus­sion et dans le logement du percuteur ce qui ralentit le mouvement. Ce dérange­ment se produit surtout par temps froid.

En 1960, une maison américaine de­manda à la W + F les conditions d’une reprise de la fabrication du Parabellum. La fabrique d’armes modifia, à cette occa­sion, la construction du M. 1919 et établit de nouveaux plans pour une rationalisa­tion plus poussée. La fabrication en Suisse se révéla trop onéreuse et la mai­son américaine renonça et prit contact avec la Firme Mauser. Cette dernière re­prit de la W + F la documentation techni­que. les gabarits, les jauges. La fabrica­tion débuta en 1968.

Caractéristiques techniques :

 Désignation de l’arme : Pistolet Borchardt-Lüger Parabellum.

Modèle : Suisse 1900.

Constructeurs-fabricants : MM. les Ingé­nieurs Borchardt et Lüger de la Fabrique d’armes et munitions à Berlin.

Principes de fonctionnement : Culasse à genouillère, chargée par le recul de la culasse.

Nombre d’armes fabriquées : Pistolets d’ordonnance : 5 100.

Années de fabrication : 1900 à 1905.

Longueur totale : 237 mm.

Hauteur hors toute : 140 mm.

Longueur du canon : 120 mm, vissé dans la boîte de culasse. Longueur jus­qu’au culot de la douille, 122 mm.

Epaisseur : 39 mm.

Poids de l’arme : Sans le magasin :

835 grammes, poids du magasin vide :

57 grammes.

Forme du canon : Rond et tronconique.

Calibre : 7,65 mm.

Nombre de rayures : 4 rayures concentri­ques de 3,1 mm de largeur, 0,125 mm de profondeur aux angles légèrement arron­dis.

Direction des rayures : Rayures tournan­tes à droite, constantes.

Pas : 1 tour sur 250 mm.

Longueur de la ligne de mire : 214 mm.

Hausse : Placée sur l’articulation posté­rieure de la culasse, réglée pour une dis­tance de but en blanc de 50 m, encoche de mire triangulaire.

Guidon : Triangulaire, arrondi en avant, sur queue d’aronde sur bloc soudé sur le canon, haut de 10 mm.

Carcasse : En acier, comprenant la poi­gnée, les appareils de détente, de ferme­ture et de sûreté.

Poignée : Avec deux plaquettes en noyer, quadrillées jusqu’au bord, elles sont arrondies, fixée au bas par une vis métallique.

Sous-garde : Ronde faisant bloc avec la carcasse et la poignée, à sa hauteur sur la poignée, bouton molleté d’arrêt du magasin.

Détente : Lisse, incurvée.

Alimentation : Par magasin amovible dans la poignée pour 8 cartouches.

Sûreté : Face gauche arrière de la boîte de culasse, levier de sûreté, sur la poi­gnée, pédale de sûreté. Protection extérieure : Bronzé bleu noir.

 F. Pellaton 1990

 

 

Poinçons utilisés par les pistolets Parabellum, armée suisse
  1. Poinçon de contrôle des armes d’ordonnance.
  2. Poinçon du contrôleur fédéral d’armes.
  3. Poinçon du banc d’épreuve allemand pour les armes civiles.
  4. Idem comme N° 3
  5. Idem comme N° 3 & 4
  6. Poinçon du contrôleur fédéral d’armes
  7. Poinçon de résistance (cartouche à double charge)
  8. Poinçon du contrôleur fédéral d’armes
  9. Idem, comme 2 & 8
  10. Poinçon du banc d’épreuve allemand dès 1920
  11. Poinçon du banc d’épreuve allemand dès 1930, arme civile
  12. Poinçon du banc d’épreuve allemand dès 1940
  13. Poinçon du banc d’épreuve allemand
  14. Poinçon du contrôle fédéral des armes
  15. Poinçon de la Waffenfabrik (Fabrique fédérale d’armes)
  16. Marquage privé Flückiger, armurier, Zürich
  17. Poinçon de libération de l’arme militaire, remise au privé
  18. Poinçon de la Waffenfabrik de Berne pour arme de remplacement
  19. Poinçon de contrôle final de SIG, à Neuhausen
  20. Poinçon de contrôle du matériel (chrome-nickel « acier »)

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz