Le revolver d’ordonnance suisse M. 1882

Le revolver d’ordonnance suisse M. 1878 était trop volumineux et trop lourd. L’arrêté du Conseil fédéral du 27 septembre 1878 prévoyait l’étude d’un revolver plus léger, une réduction de calibre à 7,5 mm. La Commission choisit un modèle construit et présenté par le Lieutenant-colonel Rudolf Schmidt, directeur de la nouvelle Fabrique fédérale d’armes à Berne, un perfectionnement du modèle 1878 qui fut en dotation dans l’armée sous la désignation « Modèle 1882 ».

En complément de son arrêté du 5 mai 1882 relatif à l’introduction d’un revolver léger, le Conseil fédéral approuva le 25 novembre 1882 tous les détails de l’ordonnance. Les premières livraisons de la Fabrique fédéral d’armes de Berne à l’Intendance fédérale du matériel de guerre eurent lieu au printemps de 1883. C’est plus de 37000 revolvers (sans compter les armes privées fabriquées par la Fabrique fédérale et la SIG de Neuhausen) qui ont été fabriqués et livrés à l’armée.

On peut diviser en deux groupes les revolvers d’ordonnance. 1882 : avec les plaquettes de crosse en ébonite noire jusqu’à 20000 environ et plaquettes de poignée en bois (noyer) compris entre 20001 et 37254. La calotte du revolver fut pourvue en plus de l’anneau de suspension d’un logement rectangulaire pour ajuster un étui-crosse. Ce logement a été supprimé sur le nouveau modèle 1929.

L’évolution du modèle 1882

En 1885, l’armée suédoise soumit le revolver d’ordonnance suisse 1882 à de nombreux tests. L’arme fut classée au premier rang pour sa balistique et son poids. Ce revolver ne fut pas retenu mais la Commission s’arrêta sur un compromis en combinant les avantages du revolver suisse à ceux du revolver belge Nagant qui était en tête pour la robustesse de son mécanisme et sa simplicité.

Les grands avantages du Modèle 1882 est son démontage facile et son maniement simple. Le démontage se fait aisément dans l’ordre des chiffres frappés sur les pièces. En 1886, on introduit le système Abadie. Une importante amélioration était apportée au modèle 82, le système de M. Decherin de Saint-Etienne, France, pour assurer la sûreté. Il consistait en un arrêt fixé à la porte de charge pour suspendre la fonction du chien. En 1886, il était impossible de charger ou d’expulser les cartouches sans avoir ouvert la porte de charge, position dans laquelle le chien ne pouvait être armé. En 1886, le canon octogonal est pourvu d’un épaulement cylindrique de 2 à 3 mm de long pour permettre un meilleur ajustage et serrage. Les tolérances au calibre 7,5 mm sont comprises entre 7,45 et 7,60 mm. Les quatre rayures tournantes de gauche à droite, ont une profondeur de 0,2 mm et une largeur de 3 mm, avec un pas de 430 mm.

L’encoche de mire est placée à 12 mm et le guidon à 14 mm au-dessus de l’axe du canon. La longueur totale de l’arme est de 235 mm, la ligne de mire est longue de 144,5 mm. Le poids de l’arme non chargée est de 780 grammes.

Une ordonnance du 11 août 1893 du Conseil fédéral, prévoit dans son alinéa 2, la production d’un revolver M. 1882 avec pour seule innovation un anneau de support fixe ; à celui-ci se fixe une courroie en cuir avec un mousqueton, longue de 240 mm, large de 15 mm. Elle se passe autour du poignet… Seul le numéro prouve que l’arme n’est pas un faux. Au total du 1er septembre 1893 au 19 février 1897, il a été livré 337 revolvers cyclistes numérotés comme suit : de 3231 à 3487, de 5701 à 5740 de 7086 à 7125. Le revolver arma les cyclistes du 11 août 1893 au 20 juin 1900 mais fut en fait utilisé pendant environ 10 ans. Les armes retirées qui, pour une partie, l’anneaux fixe fut enlevé et remplacé par une bouche modèle 1882, furent remises à des unités spéciales comme le service auto ou la poste de campagne. Pour l’identification de revolvers 1882/93, seul des livrets de services de cyclistes de la période de 1882 à 1901 seraient très précieux. Attention de nombreux faux ont circulé, seul le livret de service prouvant que l’arme n’a pas été remise dans son état premier validerait le revolver cycliste. Les armes vendues à des privés ont été fabriqué par la Fabrique fédérale d’armes à Berne et par la Firme SIG à Neuhausen et pour la SIG les inscriptions étaient, soit en allemand, soit en français.

 

Frédéric Pellaton 1995

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz