Le revolver de cycliste ordonnance 1882-1893

C’est une arme rare qui suscite toujours des controverses parmi les collectionneurs d’armes d’ordonnance. Ce revolver, qui ne se différencie des modèles 1882 et 1887 que par l’anneau d’attache serti dans la calotte, n’a été distribué, aux sections de cyclistes, que du 11 août 1893 au 11 juin 1900.

Lors des manœuvres du « Premier corps d’armée » en 1890, on utilisa des volontaires détachés de leur unité comme cyclistes. Le 3 juin 1891, le Conseil fédéral soumit aux Chambres fédérales, un projet de loi fédérale établissant la formation de compagnies cyclistes.

Les cyclistes étaient obligés de fournir leur machine, elle était considérée comme louée par la Confédération pour l’armée. Le corps devait se composer de 232 hommes au total. Les soldats qui avaient déjà fait leur école de recrues dans l’infanterie ou une autre arme, purent être incorporés, à titre définitif, dans le corps des cyclistes, après l’accomplissement d’une école de cyclistes de 22 jours.

L’uniforme, l’armement et l’équipement des cyclistes militaires ont été réglés par l’ordonnance du Conseil fédéral du 11 août 1893 qui resta en vigueur jusqu’au 11 janvier 1898 et pour l’armement jusqu’au 20 juin 1900.

Le deuxième alinéa de l’ordonnance prescrivait : « Un revolver du modèle 1882, avec un anneau support fixe et une baïonnette d’infanterie, modèle 1889 avec dragonne de laine cramoisie. A l’anneau du revolver se fixait un mousqueton par lequel se terminait une courroie en cuir longue de 24 cm et large de 1,5 cm ; l’arme était logée dans un étui de cuir noir avec un passant sur sa face postérieure qui le maintenait sur le devant du corps, à gauche, par le ceinturon ».

 Ce n’est qu’à partir du 1er mars 1901 que le revolver fut retiré et remplacé par le fusil court, modèle 1900 et la baïonnette quadrangulaire.

La fabrique fédérale d’armes de Berne livra, le 1er septembre 1892, une première série de 257 revolvers, puis le 9 juillet 1896, 40 revolvers et le 19 février 1897 une dernière série de 40 revolvers, soit au total 337 armes dont le numéros de contrôle sont :

1er septembre 1892 : 257 revolvers des N° 3231 à 3487

9 juillet 1896 :           40 revolvers des N° 5701 à 5740

19 février 1897 :        40 revolvers des N° 7086 à 7125

Total :                         337 revolvers

Le revolver a été choisi parce que c’était l’arme de poing la plus légère et la plus confortable à manier ; les résultats du tir au revolver sur la bicyclette en mouvement était exceptionnellement bon.

Ce qui fait la valeur d’une pièce de collection, c’est sa rareté, et le revolver de cycliste n’échappe pas à cette vérité. Une bonne partie de ces revolvers, lorsqu’ils ont été échangés contre le fusil court, modèle 1900, ont été retransformés dans les ateliers fédéraux et sont devenus des revolvers M 1882. Il en resta peu qui n’ont pas été retransformés.

 

Caractéristiques techniques

 Désignation de l’arme : revolver de cycliste, modèle 1882-1893

Constructeur : Rudolf Schmidt, contrôleur fédéral d’armes

Fabricant : fabrique fédérale d’armes, Berne

Années de transformation :  1892, 1896 et 1897

Nombre d’armes transformées :  337 revolvers

Longueur totale : 235 mm

Épaisseur : 37 mm

Longueur du canon :  115 mm

Hauteur, boucle comprise :  140 mm

Calibre : 7,5 mm (minimum 7,45 mm, maximum 7,59 mm)

Canon :  octogonal à 4 rayures de 3 mm

Pas :  un tour sur 430 mm, de gauche à droite

Barillet :  pour 6 cartouches, diamètre 37,5 mm, longueur 36 mm

Mire :  encoche de mire en U sur la carcasse

Guidon : de forme ronde, sur bloc haut de 7 mm brasé sur le canon

Ligne de mire :  longue de 144 mm

Plaquettes de crosse :  en caoutchouc durci, celle de gauche avec croix fédérale, celle de droite avec rosace et vis métallique. Elles sont finement striées.

Poids de l’arme :  non chargée, 750 g

Nombre de pièces :  33

Cartouche :  modèle 1886, douille laiton à bourrelet, balle en plomb chemisée, longueur totale 35 mm, poids 11,45 g, à percussion centrale

Sûreté :  suspension de l’action du chien d’après Abadie ; avec la porte de charge ouverte, on ne peut abattre le chien. On ne peut ni charger, ni expulser les cartouches sans avoir ouvert la porte de charge

Chien :  à percuteur fixe, à crête striée, fonctionnant en simple et double action

Détente : fortement galbée et arrondie

Pontet :  de forme ovale, faisant bloc avec la plaque de recouvrement

Poinçons et marques :  suivant les conventions et prescriptions régissant la fabrication et la fourniture des pièces du revolver, les poinçons sont appliqués à une place qui se trouvera cachée lorsque l’arme sera montée. Chaque pièce est soumise au contrôle et poinçonnage réglementaire par le contrôleur d’armes et sont munies du poinçon qui constate l’acceptation et qui s’applique aux places désignées, ou le poinçon qui signale le rebut et qui s’applique sur la place défectueuse. Ces poinçons portent la première lettre du nom du contrôleur d’armes et sont pourvus de la croix fédérale. Le poinçon pour la réception des armes finies a une forme légèrement différente.

Numérotation de l’arme : on trouve cette numérotation en entier sur le cylindre, sur la face gauche en haut du châssis, sur-le-champ vertical gauche du canon sur la porte de charge ; les trois derniers chiffres se trouvent sur les autres pièces

Protection extérieure :  bronzé noir de guerre, à l’exception de la détente, de la portière de chargement, du chien, de l’axe du cylindre et de la baguette d’éjection qui sont jaunes

Démontage : le démontage est facilité par la numérotation de 1 à 12 de certaines pièces, soit :

  1. axe du cylindre. 2 cylindre. 3  plaque de recouvrement à gauche et plaquette de crosse. 4 ressort de percussion. 5 levier. 6  pousseur. 7  détente. 8 chien avec chaînette. 9 vis (deux tours) du ressort de baguette. 10  ressort de baguette. 11 broche de baguette. 12 baguette (expulseur),

(termes employés dans l’armée suisse)

On prend l’arme dans la main gauche, on tourne la baguette vers la gauche jusqu’à ce que sa tête touche le canon, (cela dégage le ressort de l’axe du cylindre). 1.  retirer l’axe du cylindre. 2.  sortir le cylindre, etc.

Le remontage :  s’effectue tout simplement en sens inverse

Précision : rayon de dispersion de tous les touchés (100%) à 30 m, 13 cm ; à 50 m, 23 cm ; à 100 m, 36 cm ; à 120 m, 50 cm ; à 150 m, 60 cm.

Pénétration dans du bois de sapin :  à 50 m, 78 mm

  1. Pellaton 1985

 

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz