Le pistolet SIG P 210 de l’armée suisse

SIG pour Schweizerische Industrie Gesellschaft : en français, société Industrielle Suisse, à Neuhausen, près des chutes du Rhin à la frontière nord-est de la Suisse. Une énorme société, fondée en 1853 dont l’activité principale reste le matériel ferroviaire. Mais dès 1860, la SIG se mettait à la fabrication des armes, surtout militaire et elle reste aujourd’hui le principal fournisseur de l’armée suisse.

En 1937, la société acquiert le droit d’exploiter les brevets pris par Charles Petter, de la société Alsacienne de Constructions Mécaniques pour la fabrication d’un pistolet automatique. Charles Petter était le créateur de l’ancien pistolet réglementaire français  de 7,65 mm long, le modèle 1935 A. Les premières armes sorties de Neuhausen avant la guerre, en 7,65 et 9 Para, ressemblent donc au 1935 A. en 1942, la version est modifiée et aboutit au SP 44, avec chargeur de 16 cartouches en quinconce, cal. 9 mm P.

Ce modèle échoue aux tests militaires et, sensiblement remanié, devient le SP 47/8 ; SP pour Selbstlade Pistole (pistolet automatique), 47 pour 1947, année de sa fabrication et 8 pour les huit cartouches du chargeur. Offert sur le marché commercial en 1947, adopté par les armées suisse et danoise en 1948 avec le matricule M 49, il est actuellement connu sous le nom de P 210. Selon la finition, la longueur du canon, ou le type de hausse, il s’appelle P 210-1, 1, 5 et 6.

Conception générale

Dans son principe, le SIG relève du système Browning, dont le prototype reste le Colt 45 de l’armée US : culasse calée, déverrouillage par abaissement du canon, culasse enveloppante, détente à simple action. Mais le SIG s’en distingue par trois points : le guidage de la culasse, la came de verrouillage et la platine démontable.

Avec le dessin habituel, c’est la culasse qui enveloppe la carcasse et, pour en permettre le recul, les rainures de guidage ne courent que sur la moitié environ de la longueur utile. De ce fait, l’ensemble culasse-canon a presque toujours un jeu vertical sensible par rapport à la carcasse. Dans le SIG, c’est la carcasse qui enveloppe la culasse, et les rainures de guidage courent sur toute la longueur. Tout jeu vertical ou latéral est donc impossible. Le basculement du canon, ensuite, était assuré par une biellette dans le Colt ; inconvénient : le canon commence à descendre quand la balle est encore dans le canon.. Browning rectifiera le système dans le Herstal avec une came mâle sous le canon engageant une came femelle taillée dans la carcasse. Et, avec le SIG, le système est poussé à son ultime simplification, ce qui, en mécanique, rime avec perfection. L’axe de l’arrêtoir de culasse traverse une découpe oblique alésée dans le renfort inférieur du canon, et qui sert de came pour assurer le basculement. A noter que celui-ci ne commence qu’après 3 mm de course arrière, l’axe de tir restant fixe tant que la balle est dans le canon.

Ensuite, chien, gâchette, ressorts et autres sont montés dans une platine amovible, selon le procédé Petter du modèle 1935 A, qu’on retrouve aussi dans leTokarev TT33. Cette platine a toutefois été améliorée, et la gâchette est munie d’un ressort indépendant du ressort de chien.

Matériaux et exécution

Le SIG est construit dans la plus fine tradition de l’horlogerie suisse : du triple point de vue qualité des aciers, précision des ajustages et tolérances de l’usinage, c’est de fort loin le meilleur de tous les pistolets de combat existants. Pas d’alliages légers, de tôles pliées ou de pièces frittées : de l’acier forgé taillé dans la masse aux côtes les plus sévères : toutes pièces interchangeables, strictement. Parmi les dizaines d’armes examinées par nos soins, les canons de SIG sont les seuls qui, mesurés avec un pied à coulisse au 1/50 mm, soient rigoureusement identiques.

Une fois verrouillé dans la culasse, le canon n’a aucun jeu perceptible ; de même pour la culasse installée dans la carcasse. Le démontage sommaire st simple et facile.

Fonctionnement

L’arrêtoir, très dur, gratte beaucoup sur le chargeur, mais celui-ci se garnit aisément de ses 8 cartouches. La main a peu de prise sur la culasse, du fait de son montage, et il faut une bonne poigne pour le manœuvrer aisément. La détente est relativement douce, avec un départ en deux temps bien séparés. Sur le modèle de notre essai les instruments de visée sont fixes : cran de mire en U, guidon à section rectangulaire. Pas de réglage possible en hauteur, mais la SIG vend un outil permettant de déplacer latéralement le guidon pour le réglage horizontal.

Ces instruments de visée, sont bien dessinés et forts nets. Comme de coutume, le pistolet a été testé sur appui, à 25 m, par un tireur très entraîné au maniement des gros calibres. Quatre types de munitions 9 mm ont été essayés : standard suisse (fabrique de Thun), standard belge (FN), standard français (SF-1) et enfin 9 mm française de match, dite F1, avec balle à épaulement (arsenal de Toulouse).

Les écarts, centre à centre, entre les deux impacts les plus distants par groupe de 10 balles ont été les suivants :

 

Thun : 51 mm

FN :  78 mm

Sf-1:  97 mm

Disposant de peu de cartouches F 1, les groupements, faits sur 5 balles, ont donné en moyenne 37 mm, ce qui est remarquable pour une arme militaire. Il n’y eut aucun incident de tir ; le SIG est d’ailleurs renommé pour sa fiabilité. Un seul point noir :  en tant qu’arme de service, le P 210 est en principe remplacé par le SIG-Sauer P 220 à double action. Mais on le trouve encore dans le circuit commercial. Le jour où il n’y sera plus, disparaîtra le dernier pistolet impeccablement fabriqué.

 

Fiche technique SIG P 210

Calibre :  7,65 mm ou 9 mm Parabellum ou 22 LR

Longueurs : P 210-1, 2 et 6 : 215 mm ; P 210-5 : 245 mm

Poids avec chargeur vide :

-P210-2 : 995 g

-P210-5 : 1045 g

-P210-6 : 1030 g

Capacité du chargeur:  8 coups

 

 

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz