Importance stratégique de l’axe du Grand-Saint-Bernard

L’axe du Grand-Saint-Bernard constitue la transversale alpine la plus directe reliant la péninsule italienne à l’Europe nord-occidentale. Nulle part ailleurs, la chaîne des Alpes n’est aussi étroite que dans les parages du Mont-Blanc, où sa largeur atteint à peine 200 kilomètres (contre près de 400 en Autriche). A vol d’oiseau 150 kilomètres seulement séparent Turin, dans la plaine padane, de Lausanne, sur la rive nord du Lac Léman, à l’extrémité occidentale du Plateau suisse.

En outre, l’arc alpin est percé à cet endroit de larges vallées alluvionnaires qui pénètrent profondément le massif, réduisant d’autant le parcours ” montagneux ” proprement dit. Ces vallées très basses (Valais, vallée d’Aoste), d’altitude similaire à celle des plaines environnantes (plaine du Pô, Plateau suisse), constituent des couloirs de pénétration idéals pour un assaillant cherchant à déborder rapidement au nord ou au sud des Alpes. Entre la ville italienne d’Aoste, au pied du versant sud du Grand-Saint-Bernard, et le coude du Rhône de Martigny à son débouché nord, il n’y a que 70 km en ligne droite et 80 km par la route !

En revanche, la dénivellation d’altitude est très importante. Aoste n’est qu’à 400 mètres, Martigny à 470 mètres, alors que le col du Grand-Saint-Bernard, l’un des plus hauts d’Europe, culmine à 2469 mètres au-dessus du niveau de la mer. Soit un dénivelé à franchir de 2000 mètres ! De quoi décourager plus d’un voyageur.

Le col, situé idéalement au cœur de l’Europe, constitue malgré tout l’une des principales artères de communication nord-sud du continent. Ceci explique qu’il ait été aménagé pour le trafic et le passage des armées dès l’époque romaine, puis par Napoléon. Il n’est réellement carrossable, au sens moderne du terme, que depuis 1898, date de construction de la route actuelle. Cette carrossabilité est toutefois relativisée par le fait que le col est bloqué par la neige durant les deux tiers de l’année vu son altitude (en général 8 mois, de mi-octobre à mi-juin). Cette caractéristique, qui facilitait jadis grandement sa mise en défense en garantissant une frontière hermétique durant la mauvaise saison, n’existe plus depuis le percement du tunnel routier qui assure, depuis 1964, une liaison permanente à l’année entre le Valais et la vallée d’Aoste…

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