Historique du Fusil mitrailleur Fm 25

Au printemps de 1921 prévalut l’idée de donner à notre infanterie une arme très légère: le pistolet automatique.

On en construisit à cette époque quelques modèles pour l’infanterie et pour l’aviation. Les essais donnèrent, techniquement, d’excellents résultats. On fit rendre au principe mécanique son maximum en réalisant un débit de 1200 coups à la minute. Mais le pistolet qui, par essence, a toujours été l’arme des très courtes distances,ne donnait plus de résultats utiles au-dessus de 300 m, avait une force de pénétration beaucoup moins grande que celle du fusil et ne pouvait produire l’effet moral qu’on demande à l’arme automatique. Pour ces diverses raisons,, il fut abandonné.

En été 1921, des tirs comparatifs entre le pistolet automatique et le pistolet Bergmann (modèle allemand) furent exécutés devant la Commission de Défense nationale. Pour la première fois, la Fabrique fédérale d’armes reçut des ordres précis pour la fabrication d’une arme qui devait remplir les conditions suivantes: précision et force de pénétration suffisantes jusqu’à 600 m; le poids de l’arme ne devait pas dépasser 8 à 9 kg. C’est sur cette base que la Fabrique d’armes procéda à de nouveaux essais. Des calculs faits à cette époque, il résulta qu’un projectile de 8 gr. avec une vitesse initiale de 600 à 650 m/s devait suffire. Tout en utilisant les principes qui régissaient la construction du pistolet automatique, il fallait en modifier, dans une certaine mesure, la réalisation pratique. La cadence de tir du pistolet automatique devait être ralentie. On obtint ainsi un double avantage: force de recul moins sensible, permettant d’utiliser l’arme sans appui, et cadence de tir comparable à celle de la mitrailleuse lourde. De nombreux essais, basés sur les expériences faites avec le pistolet automatique, permirent d’établir la relativité entre l’énergie et la vitesse.

En février 1922 fut terminé un premier modèle de mitrailleuse légère. Les tirs de contrôle prouvèrent l’exactitude des calculs balistiques. Quelques modifications de construction permirent d’utiliser la cartouche du fusil d’ordonnance. En automne 1922, deux modèles furent envoyés à Wallenstadt. On y fit, en février 1923, des essais d’où résultèrent quelques modifications de détail.

En automne 1923, deux compagnies, faisant leur cours de répétition à Wallenstadt, furent armées de la nouvelle mitrailleuse légère. Un rapport envoyé à la Fabrique d’armes permit de régler définitivement la question des appuis (pieds antérieurs et postérieur).

En février 1924, le modèle actuel était au point. On le soumit encore à de nombreuses épreuves de précision et de résistance. Un tir consécutif de 10 000 cartouches fut exécuté sans graisser ni nettoyer les canons. Aucun dérangement ne survint.En mars 1924, le nouveau Fusil Furrer fut présenté à la Commission de Défense nationale et adopté. Enfin, durant l’hiver 1924/25, trente de ces armes furent utilisées à Wallenstadt à l’occasion des cours d’informations pour officiers instructeurs.

Principes de la construction

La mitrailleuse légère suisse, modèle 1924, est une arme à tir automatique utilisant la force du recul. Elle fait partie des armes de cette catégorie fonctionnant par long recul du canon. Elle tire la cartouche du fusil mod. 11. L’alimentation se fait par chargeurs de 30 cartouches. L’arme permet 3 genres de tir: coup par coup, par paquets (7 à 10 cart.) et par série (30 cart.).

Dans toute arme automatique, il faut assurer «automatiquement » à un moment donné, la séparation du canon et de la culasse, afin d’obtenir:

  1. l’extraction du culot;
  2. son éjection;
  3. l’introduction d’une nouvelle cartouche;
  4. la tension du ressort de percussion.

La vitesse de recul du canon et de la culasse est de 3 m/s; le canon recule de 74 mm. Le canon et la culasse commencent leur mouvement de recul ensemble, mais la culasse ne s’ouvre qu’après avoir parcouru 10 mm dans sa position initiale, et au moment où la pression des gaz disparaît. Cela permet d’utiliser tous les gaz pour le tir proprement dit. Un des grands avantages que présente la construction de notre F. F. est que toutes les pièces de la culasse ne subissent qu’une «pression» correspondant au travail à fournir. L’ouverture de la culasse se fait sans choc. On n’utilise que l’énergie nécessaire à l’extraction et à l’éjection du culot. La combustion de la poudre étant retardée (feuillettes graphitées et recouvertes d’un sel minéral) le recul est moins violent que si la combustion avait le caractère d’une «explosion». Le recul ne peut naturellement pas être complètement neutralisé, mais le fait que la force produite par le développement des gaz est «utilisée» pour un certain travail, le diminue sensiblement.

Source : R. Masson, «Revue militaire suisse».