Camp des Fourches sur la route de La Bonette

Le Camp des Fourches est un casernement de montagne situé à 2291 m d’altitude, dans le massif du Mercantour, sur la route de La Bonette (M2205). Il est situé à 8 km environ du Col de la Bonette, sur la commune de Saint-Dalmas-le-Selvage en venant de Saint-Etienne-de-Tinée. 

Historique du camp

Utilisé comme emplacement de bivouac dès les années 1890, le camp a été construit entre 1896 et 1910 et amélioré jusqu’à  la seconde guerre mondiale.

L’ensemble est constitué de vingt-six petits bâtiments, dont une vingtaine quasiment identiques ayant des allures de chalets mais qui, compte tenu de la différence des matériaux utilisés, n’ont certainement pas été construits en même temps. On y a ajouté par la suite la recette supérieure d’un téléphérique ainsi qu’un poste de commandement doté d’un mess pour les officiers et d’un poste de télégraphie optique à l’étage.

Ces chalets servaient principalement de logement et pouvaient accueillir un bataillon de chasseurs alpins à quatre compagnies de 150 hommes qui vivaient en quasi-autarcie. Le camp était en effet équipé de cuisines, de magasins, de sanitaires et d’un four à pain. Le téléphérique, construit dans les années 1930 pour relier le camp au hameau du Pra, permettait d’assurer le ravitaillement ou l’évacuation des blessés. La recette supérieure a malheureusement été détruite en 2005 afin de permettre l’élargissement de la route à l’entrée du village. Des écuries permettaient enfin d’abriter les mulets.

Le camp était occupé en permanence, mais pendant l’hiver il n’y avait qu’un effectif réduit chargé d’assurer le gardiennage et l’entretien ; la circulation entre les chalets se faisait sous la couche de neige, dans des galeries en planches. Une esplanade située au sud de la position permettait également de dresser des tentes marabouts à la belle saison.

Bien que situé à proximité immédiate de l’avant-poste du Col des Fourches qui a été attaqué en juin 1940 et en septembre 1944, il ne semble pas que le camp lui-même ait été affecté par ces combats.

État actuel

Aujourd’hui, le Camp des Fourches est dans un état d’abandon apparent et il se dégrade d’année en année. Les chalets sont tous en ruine et ouverts à tous les vents. A ce jour, il ne font l’objet d’aucune mesure de sauvegarde de la part du Parc national du Mercantour ou des monuments historiques. L’ancien poste de commandement, qui n’a pas encore perdu sa toiture, est encore décoré intérieurement de splendides peintures murales qui illustrent le quotidien et les préoccupations des soldats isolés en altitude. Ces peinture se détériorent d’année en année et auront bientôt disparu. On peut voir notamment des scènes de la vie des chasseurs alpins en haute montagne ainsi que d’autre inspirées de la “Revue nègre” avec la célèbre artiste noire Joséphine Baker et sa fameuse ceinture de bananes.

En 1988, le Conseil Général des Alpes-Maritimes avait décidé d’y aménager une auberge, un restaurant et un musée dans le cadre du projet « les Balcons du Mercantour ». Ce projet visait à mettre en place un nouvel itinéraire de randonnée entre la haute vallée de la Tinée, la Vésubie, la Roya et la Bévéra. En septembre 2015, fenêtres et portes de ce poste de commandement sont murées, et des panneaux de mise en garde interdisent l’accès et la visite des lieux pour éviter tout accident d’éboulement des ruines sur des promeneurs.

Des travaux de rénovation ont commencé en juin 2016. Ils doivent couvrir la réhabilitation de l’ensemble du lieu à moyen terme. Espérons que ce sera le cas ! L’avenir nous le dira…