Barricades ach et ouvrages minés 2ème guerre mondiale

Dès l’annonce de l’entrée en guerre de l’Allemagne contre la Pologne, la Suisse se couvre de barricades. Vu l’urgence de la situation et l’incertitude quant aux intentions réelles des Allemands, de nombreux travaux sont entrepris par la troupe dès les premiers jours de la mobilisation pour renforcer le terrain, barrer les axes de pénétration et contrôler les voies de communication. Un effort tout particulier est consacré en priorité au secteur frontière, mais l’intérieur du pays n’est pas oublié. Ces travaux, effectués dans l’urgence, viennent compléter les mesures déjà prises depuis les années 1930, elles visent à renforcer les positions de barrage et les ouvrages minés déjà existants. Les unités compartimentent le terrain, cloisonnent le territoire et cherchent à mieux contrôler les transversales situées dans leur secteur d’engagement, notamment les axes de pénétration nord-sud. On multiplie les positons de barrage jusqu’au cœur du pays, de façon à permettre une défense élastique en profondeur, avec l’idée sous-jacente de défendre chaque pouce de terrain en s’appuyant sur le terrain en utilisant toutes les possibilités qu’offre le relief.

Partout, de petits détachements se mettent au travail. En secteur frontière, on improvise des barricades avec des troncs d’arbre et des rondins, en attendant mieux. Sur les routes, des puits sont creusés et bétonnés dans la chaussée pour y installer des barricades antichars. Dans tout le pays, on s’assure que les ponts, les viaducs et les tunnels sont prêts à être détruits ; des explosifs sont installés sous les voies de chemin de fer et les ouvrages d’art qui n’étaient pas encore minés. Parallèlement, les positions de barrage existantes sont renforcées ou prolongées. Des milliers de mètres cubes de béton sont ainsi coulés pour ériger des dents de dragons et des « toblerones ». On craint les sabotages et plus encore une attaque par surprise ou un coup de main de la cinquième colonne. Partout, des sentinelles veillent et montent la garde nuit et jour. Le pays se couvre de barbelés, tel un hérisson qui sort ses piquants…

Finalement, l’attaque ne viendra pas, mais par prudence, on continua sans relâche à renforcer le pays jusqu’à la fin de la guerre, au cas où l’un des belligérants aurait l’intention de violer la neutralité suisse. Dès 1948, l’émergence de la guerre froide et la menace d’un conflit ouvert opposant en Europe les Russes aux Occidentaux ne firent que renforcer ce processus. Ce n’est qu’au milieu des années 1990, après la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’Union Soviétique, que la Suisse entreprit une refonte complète de son système de défense, avec pour corollaire l’abandon d’une grande partie des fortifications. A ce jour, on estime qu’environ 21’000 fortifications modernes ont été construites en Suisse pour un territoire montagneux d’à peine 41’000 km2

À propos Moret Jean-Charles

Fondateur de l'Association Pro Forteresse Co-fondateur de l'Association Fort Litroz